Un homme est mort de Etienne Davodeau Kris - 10 critiques

Edition : Futuropolis/Gallimard
Pages : 80 pages en couleurs
Parution : octobre 06
Auteurs : Etienne DavodeauScénaristeDessinateur KrisScénariste

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Par : Coacho Voir les critiques de Coacho (30 sept. 2007)

On connaît l’engagement d’Etienne Davodeau et ses livres trouvent un écho dans les mass-médias qui fait plaisir aux passionnés de BD que nous sommes.
Là, il s’associe avec le scénariste Kris pour mettre en image une nouvelle aventure sociale qui prend naissance dans le combat syndical.
Tiré de faits réels (et les notes en fin de livre sont des sources d’information d’une grande richesse), les auteurs nous racontent comment René Vautrier, caméraman, va mettre en image le courage des ouvriers et va ainsi modifier profondément le panorama industriel de la région.
Une œuvre forte et encore une belle réussite qui donne ses lettres de noblesse à la bande dessinée.

Par : yannick Voir les critiques de yannick (30 mai 2007)

A moins de détester les ouvriers, je ne vois pas comment on ne peut pas aimer cette bd !

Les auteurs ont réalisé un album dont l’histoire se passe en 1950 à Brest. Cinq ans après la deuxième guerre mondiale, la ville est encore en ruine et tout est à reconstruire. Le travail ne manque pas et des milliers ouvriers s’activent pour reconstruire ce port.
Cependant, pour revendiquer de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire, les ouvriers montent des manifestations. Ces rassemblements ne sont pas au goût des responsables politiques et du patronat qui feront en sorte de les désamorcer même par la force…

C’est en s’intéressant au témoignage de René Vautier et des gens qui ont vécu cette époque que Kris a eu l’idée de scénariser cette bd. Au vu du mini-dossier en fin d’album, il a réalisé de nombreuses recherches allant jusqu’à avoir l’idée d’intégrer un aspect documentaire dans son projet. Après plusieurs tentatives de contact avec des dessinateurs, Kris rencontra Etienne Davodeau. Ce dernier fut intéressé par son scénario et réalisera le découpage complet de l’album en encourageant Kris de laisser tomber en grande partie ces séquences documentaires.
Le résultat est plus que satisfaisant, la bd présente une narration fluide et des personnages très attachants.
N’ayant pas vécu cette époque, je ne peux pas vraiment juger la véracité de cette histoire mais je suis très admiratif du travail de fourmi qu’a réalisé Kris. Militant ou pas, je pense que les lecteurs apprécieront énormément la partie historique de ce livre. Je trouve très intéressant de découvrir que l’après la deuxième guerre mondiale ne fut pas facile à vivre : les logements et la nourriture manquaient, l’économie du pays avait beaucoup de difficultés pour repartir…

La mise en couleurs d’ »un homme est mort » est vraiment excellente, Etienne Davodeau a, à mon avis, su trouver la meilleure ambiance à adapter pour cette histoire. A partir d’anciennes photos, il a su de reproduire avec réalisme la ville de Brest dans les années 50. Les détails ne manquent pas et certaines planches comme celle où on voit défiler les manifestants sont sublimes. Certains passages traités au ralenti et celles avec « p’tit Zef » m’ont procuré beaucoup d’émotions.

Par son thème et son travail graphique impressionnant, « un homme est mort » est une de mes bds préférées. L’album ne plaira pas à tout le monde à cause de son côté engagé mais je pense que ce livre présente un témoignage fort et assez réaliste des années 50. Le dessin de Davodeau est sublime et figure, à mon avis, parmi les plus belles réalisations de cet auteur.

Par : Ronny Voir les critiques de Ronny (02 févr. 2007)

Bien que vendu un peu cher, cet album mérite que l'on s'y attarde... Tout d'abord par la personnalité des protagonistes, dont M. Vautier, qui est au demeureant très intéressante et attachante, et pour la qualité du dessin et de la recionstitution de Brest... Bon, il est possible que Brest n'ai pas été comme ça après sa destruction, mais c'est comme ça qu'il aurait pu être.
Le scénario explore un sujet intéressant, dont on ne peut que regretter qu'il ne s'étende pas un peu plus loin que le sujet qu'il s'est fixé (l'histoire du film perdu de René Vautier). Mais il aurait fallu plus de page.
P.S. A ceux qui n'étaient pas là à l'époque et qui estime qu'Edouard Mazé n'a pas été tué par les gendarmes mais par un obscur tireur embusqué à l'hopital Morvan, j'oppose celui de mon grand père, au premier rang de la manifestation ce jour là, et qui a toujours dit que c'était un garde mobile qui avat tiré. 1951 n'est pas si loin, il vaut mieux faire comme Kris et chercher des témoins vivants plutôt que lire le Télégramme.

Par : Khyron Voir les critiques de Khyron (09 janv. 2007)

L'intérêt suscité par ce tragique épisode de la France de 1950 m'a fait lire cet album (techniquement bien réalisé au demeurant). Malheureusement, il donne une vision biaisée et partiale des évenements et se révèle une redite de la propagande communiste stalinienne de la période, déjà représentée par le film éponyme. Dommage, pour un fait réel qui méritait mieux.

Par : okilebo Voir les critiques de okilebo (21 déc. 2006)

Je suis fan de Davodeau et donc on pourrait croire que cet auteur aurait difficile de me surprendre.
Et bien non, j'ai été carrément bluffé par cet album. La lecture de cette bd est un pur régal sur le plan graphique et scénaristique (merci Kris). Nous avons droit, ici, a beaucoup de pudeur et de justesse. Malgré le contexte dramatique, le ton est léger et on plonge dans l'histoire avec beaucoup de facilité.
Si je devais choisir entre Les Mauvaises gens et "Un Homme est Mort", (choix difficile car de qualité égale), je pense que mon coeur balancerait vers ce dernier car Les Mauvaises gens met plus en valeur l'aspect politique, ce qui peut parfois être saoûlant.
Incontestablement, "Un Homme est mort" est un album à lire.
Cette page d'histoire, peu connue du grand public, est vraiment intéressante.
Sans parler des protagonistes du récit qui sont souvent bouleversants.

PS : Dommage que les auteurs n'aient pas eu la possibilité de retrouver la trace de Désiré et de P'tit Zef.
Que sont-ils devenus ? Sont-ils encore de ce monde ?
Des questions qui, je l'espère, trouveront, un jour, des réponses.
Indispensable !!!!

Par : yvan Voir les critiques de yvan (11 déc. 2006)

Avec des œuvres comme "Rural !" et "Les mauvaises Gens", Etienne Davodeau avait déjà su montrer son affinité pour la BD-documentaire sociale et pour le militantisme. On comprend donc aisément que Kris ("Le monde de Lucie", "Déserteur"), petit-fils du militant communiste Guy Hennebaut, se soit tourné vers Davodeau pour mettre en image cet hommage au film de René Vautier sur les mouvements sociaux de Brest en avril 1950.

Il ne reste pourtant plus rien du film de René Vautier sur les affrontements entre les ouvriers syndicalistes de Brest et les forces de l’ordre, ni de la bande son inspirée d’un poème de Paul Eluard et dont le titre orne la couverture de ce one-shot. Pourtant, un homme est mort pendant ces affrontements et c’est grâce à ce témoignage poignant de Kris et Davodeau, que la fin tragique du manifestant Edouard Mazé sera conservé dans nos mémoires.

L’aptitude du dessin de Davodeau à faire ressortir les émotions de ses personnages de façon réaliste n’est plus à démontrer. Mis à part un petit manque d’uniformité au niveau des formats qui n’agacera que les maniaques du stockage, la qualité d'édition des albums de Futuropolis n’est quasi plus à démontrer non plus. En plus, grâce à un copieux dossier en fin de tome on en apprend plus sur l’origine de ce projet BD, tout en découvrant des documents et photographies d'époque.

Un film est mort, mais le poème qui l’enveloppait résonne encore dans nos oreilles et la mort de Mazé n’est plus anonyme car cette œuvre de Kris et Davodeau l’a ressuscité !

Par : Véracité (21 nov. 2006)

Tout ce qui touche à Brest de cette époque m'intéresse, et évoque pour moi une belle tranche de vie... mais :
Rédaction à partir d’extraits du livre que je suis en train de rédiger sur la période 45/58 sur Brest. A propos des grèves et manifestations d’avril 1950, et du décès d’Edouard Mazé.

Je crois que la façon la plus précise de se faire une idée de la réalité de cette tragédie, est de lire tout simplement les nombreux articles de presse, et notamment ceux du « Télégramme » du lendemain, relatant cette journée sanglante, et ainsi de constater la violence inouïe de la manifestation, (qui n’avait rien de romanesque), et de vérifier également une certaine vérité, qui pourrait amener les auteurs de la bande dessinée, à modifier leur titre pour « deux hommes sont morts », en sachant que le deuxième décès concernait un père de famille anonyme, oublié au panthéon inexistant de la martyrologie des serviteurs de l’ordre républicain, tombé sur le pavé de la rue Karabécam, sous la grêle des projectiles lancés par les manifestants, amnistiés à jamais par l’effet « Marabounta* » (un film très en vogue à cette époque), où on ignore la responsabilité individuelle, et où l’on hurle ou bien danse avec les loups, selon la tournure des évènements.
Si la « Marabounta » tue, la terminologie est « voies de fait », alors que les forces de l’ordre, en état de légitime défense « assassinent »… Au bilan, il y a deux morts, deux morts qui à mes yeux ont la même valeur, et pour lesquels deux familles ont pleuré…

Par : Michel CORRE (18 nov. 2006)

N.B. Je ne souhaite pas critiquer l'excellent travail que constitue, dans sa forme, cet album, mais, ayant vécu cette époque, je voudrais que les auteurs lisent ce qui suive :
A propos des grèves et manifestations d’avril 1950, et du décès d’Edouard Mazé.

Je crois que la façon la plus précise de se faire une idée de la réalité de cette tragédie, est de lire tout simplement les nombreux articles de presse, et notamment ceux du « Télégramme » du lendemain, relatant cette journée sanglante, et ainsi de constater la violence inouïe de la manifestation, (qui n’avait rien de romanesque), et de vérifier également une certaine vérité, qui pourrait amener les auteurs de la bande dessinée, à modifier leur titre pour « deux hommes sont morts », en sachant que le deuxième décès concernait un père de famille anonyme, oublié au panthéon inexistant de la martyrologie des serviteurs de l’ordre républicain, tombé sur le pavé de la rue Karabécam, sous la grêle des projectiles lancés par les manifestants, amnistiés à jamais par l’effet « Marabounta* » (un film très en vogue à cette époque), où on ignore la responsabilité individuelle, et où l’on hurle ou bien danse avec les loups, selon la tournure des évènements.
Si la « Marabounta » tue, la terminologie est « voies de fait », alors que les forces de l’ordre, en état de légitime défense « assassinent »… au bilan, il y a deux morts, deux morts qui à mes yeux ont la même valeur, et pour lesquels deux familles ont pleuré…

Parler en termes romanesques de ce drame, avec en support un film oublié, commandité à l’époque par la CGT, avec pour témoignage actuel celui d’un des protagonistes de ce chausse-trappe, député communiste et conseiller municipal, humaniste à ses heures sauf pour voter un don de la ville de Brest aux réfugiés hongrois victimes des chars soviétiques en novembre 1956, m’apparaît comme déni de vérité, d’autant que je ressens une très grande compassion pour le sort d’Edouard Mazé, (il méritait mieux qu’une bande dessinée, même très bien faite), et que je reconnais la légitimité des revendications des salariés de ces dures années.

On ne parlait d’ailleurs guère à l’époque de manifestations, mais de « luttes ouvrières », et même de «bagarres» : c’est par ce terme que fut qualifié le violent affrontement qui opposa les grévistes aux forces de l’ordre, dans le quartier de Coat-ar-Guéven, le jour fatidique où le jeune manifestant (26 ans) trouva la mort : alors qu’une pluie de projectiles divers (boulons, pierres, morceaux de ferraille) tombaient sur les gendarmes, et que 49 d’entre eux étaient déjà blessés, dont certains grièvement atteints, des coups de feu éclatèrent venant, dit-on, des forces républicaines, sans que l’ordre de tir ne fut donné.
Instinct de conservation, réflexe d’auto ou de légitime défense de ces gendarmes coincés dans le piège de la venelle de Kérabécam, face à des manifestants déchaînés, ou résultat d’un tir provenant d’éléments incontrôlés ? : le drame brestois jeta la consternation sur la ville et même sur l’ensemble de la nation. Malheureusement, le jeune ouvrier reçut une balle dans la tête, et décéda à son arrivée à l’hôpital Ponchelet.
L’autopsie du défunt révéla que cette balle aurait pu être tirée d’une fenêtre du futur hôpital Morvan, encore en travaux à cette date, et situé à quelques dizaines de mètres du lieu du drame, mais l’affaire ne semble pas avoir été totalement élucidée. Cette version, bien que plausible, ne peut convenir à la martyrologie ni du PCF, ni de la CGT, aussi, par soucis d’apaisement, les autorités et la presse oublièrent cette éventualité, déjà dans le souci du politiquement correct.
Grièvement blessé à la suite de ces affrontements, le gendarme Gourvès, de Plougastel Daoulas, devait également mourir, ce qui confirme, si besoin était, qu’il s’agissait en l’occurrence d’une véritable émeute urbaine, et non pas d un simple défilé revendicatif « pour obtenir une distribution de lait destinée aux nourrissons », comme certains voudraient nous l’enseigner aujourd’hui.

Pour preuve, il s’en suivi 4 arrestations spectaculaires : celles de deux syndicalistes CGT, et surtout celles de 2 députés communistes du Finistère : Marie Lambert et Alain Signor, qui écopèrent respectivement de 5 et 6 mois de prison avec sursis, pour voies de fait, et ceci en dépit de leur immunité parlementaire.
Leur procès avait fait grand bruit : encadré par la « nomenklatura » politique et syndicale, une masse impressionnante de sympathisants, pesa de tout son poids sur le jugement, ce fut, je le pense, la plus grosse affluence que connut le petit «Palais de Justice » provisoire de la place de l’Harteloire !
Comme toujours, en pareilles circonstances, les véritables responsables des évènements manquent totalement de courage, s’en tirent à très bon compte, et osent, plusieurs années après, tirer gloire de ces épisodes douloureux. Dans cette affaire, il conviendrait de dire : deux hommes sont morts : il n’y a pas de vie d’homme qui vaille plus que celle d’un autre.

* « Marabounta » : énorme colonie de fourmis d’Amérique du Sud, qui dévaste tout sur son passage, et qui fait preuve d’une incroyable intelligence collective pour survivre.

Michel CORRE

Par : Philippe Belhache Voir les critiques de Philippe Belhache (08 nov. 2006)

"Un homme est mort", de Kris et Davodeau. Futuropolis.

Un mouvement social, une victime innocente, un cinéaste engagé, un film disparu... L'écrivain Didier Daeninckx en aurait fait un polar, revisitant la mémoire sociale pour interroger les consciences, mettre en lumière les pans d'ombre de l'Histoire, la réécrire du point de vue de ceux qui ne sont jamais apparus dans les manuels. "Un homme est mort" procède de la même démarche, même si Kris et Davodeau ont écarté l'hypothèse de la fiction pour se fixer sur le réel, une véritable aventure humaine. Celle de René Vautier, cinéaste engagé mandaté par la CGT pour tourner un documentaire dans la tourmente des mouvements ouvriers de 1950, avec pour toile de fond le chantier de reconstruction de Brest, cité mise à genoux par la Seconde Guerre mondiale. Ce récit développé par le scénariste breton Kris, au demeurant diplômé d'histoire, ne pouvait que séduire Etienne Davodeau, auteur plusieurs fois primé l'an passé pour "Les mauvaises gens" (Delcourt).

Les deux hommes se sont attaché à une reconstitution aussi minutieuse que sensible du parcours de Vautier dans le chantier, prenant pour point de départ la mort d'Edouard Mazé, fauché par une balle en pleine manifestation ouvrière. Ils suivent pas à pas le futur réalisateur de "Avoir 20 ans dans les Aurès" (Grand prix de la critique internationale à Cannes en 1972), ancien étudiant de l'IDHEC alors âgé de 23 ans et déjà recherché pour avoir filmé la répression de la grève des mineurs dans l'immédiat après-guerre. La découverte d'une ville en perte d'identité, le tournage du film dans des conditions précaires, le montage effectué avec des bouts de ficelles, la projection renouvelée soir après soir comme un nouvel exploit... Et en toile de fond, omniprésent, le poème de Paul Eluard "Au rendez-vous allemand", rédigé à l'origine en hommage au résistant Gabriel Péri, adapté sur mesure à la mémoire d'Edouard Mazé. Remontant ainsi le temps, Kris et Davodeau sacrifient à un devoir de mémoire militant. Le film lui-même, dont l'unique copie réalisée avec des bouts de ficelle - "le système Vautier - Afrique 50" - n'a pas résisté aux multiples représentations nocturnes sur les chantiers de Brest.

En tête de l'ouvrage, Kris a fait figurer une citation extraite de l'ouvrage d'Howard Zinn, "Une histoire populaire des Etats-Uni" (Ed. Agone). Un choix qui n'a rien d'anodin. Ce professeur émérite de l'université de Boston bientôt octogénaire, militant de la première heure pour l'égalité raciale aux Etats-Unis, profondément impliqué dans la lutte contre la guerre au Vietnam comme en Irak, a fondé sa démarche sur la ré-écriture de l'histoire des Etats Unis du point de vue de ses populations et non plus de ses élites. Kris et Davodeau ne font rien d'autre, épousant ainsi le point de vue de René Vautier, déniant au pouvoir alors en place le pouvoir d'imposer un seul point de vue, de contrôler le droit à l'image.

Le graphisme rond d'Etienne Davodeau, fait merveille dans l'évocation de cette période troublée, véhiculant la violence et l'énergie, la détermination comme l'abattement. L'homme fait la part de l'historique et de l'interprétation, privilégiant l'émotion sans s'embourber dans le piège d'une reconstitution visuelle trop pointue. Il s'ouvre ainsi au témoignage, traduisant la mobilisation, mais aussi le désarroi d'ouvriers réunis face à une machine gigantesque et sans états d'âme, à des policiers qui ont tiré sur ordre à balles réelles. Il franchit ainsi, avec un regard engagé mais lucide, une nouvelle étape dans ce domaine encore en friche qu'est le documentaire en bande dessinée, sillon inégalement creusé depuis Art Spiegelman, avec des regards aussi différents et complémentaires que ceux de Joe Sacco ou Philippe Squarzoni.

Par : herve Voir les critiques de herve (14 oct. 2006)

Comment transformer une mort presque anonyme (ayant pourtant fréquenté Brest pendant presque 20 ans, je n'avais jamais entendu parler d'Edouard Mazé) en une épopée flamboyante. C'est le pari de trois hommes : Kris, Etienne Davodeau et de René Vautier, "le cinéaste franc-tireur".
Davodeau a un talent qui n'est pas donné à tout le monde, celui de prendre parti intelligemment dans toutes ses bandes dessinées. L'alchimie entre ces deux auteurs (Kris et Davodeau) nous offre un témoignage engagé, sur les luttes syndicales féroces dans une ville de Brest où "tout n'est plus pareil et tout est abimé" (comme l'écrivait Jacques Prévert), méconnaissable (d'où la réaction de René à sa descente du train) en pleine transformation dans les années d'après guerre (je devine d'ailleurs dans la présentation faite au cinéaste, page 23, la ville d'aujourd'hui).
Il est des livres qui font un travail de mémoire, "la mort d'un homme" est de ceux-là. Outre le dossier fort bien documenté à la fin, il ne faut pas oublier que la période de l'après guerre fut dominée par des conflits sociaux d'une rare violence (d'où la création en 1947, de la Compagnie Républicaine de Sécurité - les CRS -), inimaginable aujourd'hui. Et là, à Brest ce 17 avril 1950, un homme est mort...
"un homme est mort" sonne comme une litanie tout au long de ce livre.
Après "Rural" et "Les mauvaises gens ", c'est encore un chef-d'oeuvre que nous livre Davodeau (n'oublions pas Kris, au scénario) chez Futuropolis, décidement très prolixe en petits bijoux ("Le sourire du clown", "Les petits ruisseaux").
Un très beau travail à tout point de vue : dessin, scénario, recherche documentaire. Ici, l'émotion succède au rire, la révolte au désarroi.
Aventure d'un film, dont, tout comme la ville de Brest, "il ne reste rien"... sauf ce témoignage.


 


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