Ce sont les nombreuses critiques enthousiastes des bédéphiles qui m’ont donné l’envie de lire « Asterios Polyp ». A vrai dire, à première vue, je n’étais pas attiré par ce comics parce que le dessin ne me plaisait guère. Mais je sais par expérience qu’il faut savoir mettre de côté cette impression pour apprécier une série car le scénario et le dessin forme un tout. « Asterios Polyp » a été réalisé par David Mazzucchelli, c’est un auteur que je ne connais pas. Apparemment, il a travaillé sur des comics mettant en scène des superhéros. Avec ce présent album, il change radicalement de thème en concevant son premier roman graphique où le personnage principal est un « enseignant-architecte » américain mondialement célèbre qui a tout plaqué pour devenir un simple mécanicien automobile dans un bled paumé. Bref, je crois que vous avez compris : David Mazucchelli nous propose une histoire sur un type prénommé Asterios qui a une crise existentielle. Généralement, j’aime bien ce genre de récit mais quand c’est traité sans lourdeur et avec un minimum de cohérence… ce qui n’est –à mon avis- pas vraiment le cas avec cet album… Je m’explique : faudra d’abord m’expliquer comment un gus qui voit son appartement flambé ne cherche t-il pas à rencontrer son assureur pour être dédommager de ce sinistre (d’autant plus que ça s’est déclenché à l’extérieur de l’immeuble) ? Ok, il a des problèmes existentielles, il n’a plus de sous et désirent refaire sa vie… mais alors pourquoi l’auteur n’a-t-il pas mis en scène un personnage qui glisse progressivement et volontairement vers la précarité par au lieu de nous proposer une scène d’incendie bidon ? Bon, supposons que ça marche… Faudra aussi m’expliquer comment il arrive à se faire embaucher tout de suite par un garagiste sans démontrer qu’il en a les compétences ? Malgré la (supposée) crise, c’est le plein emploi en Amérique ou quoi ? Bon, supposons que ça marche… Faut ensuite m’expliquer comment un homme peut se retrouver mécanicien en quelques jours en ne lisant que des bouquins dans une bibliothèque… Bon, supposons que ça marche… Et cette conclusion ? Je ne vais pas mettre de spoilers, qu’en pensent ceux qui ont lu cet album ? Bon, supposons que ça marche… J’arrête là car des incohérences de ce type, j’en ai relevé encore une bonne dizaine dans ce seul ouvrage ! Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un auteur de bds et nous avons parlé de cinémas. A un moment donné, il m’a dit « Actuellement, les américains ne savent pas faire des films simples, ils en rajoutent des tonnes », c’est exactement à ça que j’ai pensé en refermant ce livre… Et après ? Que l’auteur veut nous apporter comme messages à travers son personnage ? Qu’un couple aux tempéraments différents ne veut pas automatiquement dire qu’ils se complètent ? Que la vie ne se résume pas à la logique pure et dure (Asterios m’apparaît comme un homme ayant peu de considération sur les rapports humains, sur les sentiments… du moins quand il était « architecte de papier ») ? Que la célébrité fait perdre à tout homme la notion de la réalité ? Franchement, je m’en fous complètement que l’auteur puisse m’apporter des réponses à ce genre de questions ! Ça me passe entièrement par-dessus la tête ! Et après ? Est-ce que ce comics m’a apporté du plaisir à sa lecture ? Comme vous pouvez en juger sur ce que je viens d’écrire sur ce bouquin, pas vraiment mais je reconnais qu’ »Asterios Polyp » m’est apparu comme un comics assez attachant parce que j’aime quand un récit me fait réagir de cette manière que ce soit positivement ou négativement, et parce que sa narration est très bonne ! En effet, David Mazucchelli intègre dans son récit beaucoup d’originalité dans la façon de mettre en page les péripéties de son personnage principal : il est agréable de constater que, de nos jours, le monde du 8ème art continue de nous proposer des bds novatrices à ce niveau ! Au fait, parlons un peu du personnage principal : arrogant, égoïste, péteux, se croyant supérieur… on a juste une envie : le tabasser ! Finalement, je ressors de cette lecture avec un avis mitigé. A mon sens, ce comics présente une excellente narration et d’un dessin bien en rapport avec le récit. Cependant, il m’est apparu doté d’un scénario rempli d’invraisemblances et de séquences mélodramatiques/philosophiques trop disproportionnées par rapport aux péripéties du personnage. Comme Roedlingen, j’ai refermé ce livre en me disant « Tout ça pour ça »… Après, il faut voir si vous êtes prêt à mettre près de 30 euros pour un comics comme « Asterios Polys » dont vous n’êtes pas sûr que ça va vous plaire… Note finale : 2,5/5