Les 475 critiques de Coacho sur Bd Paradisio...

Ca y est, je le dis, Gibrat m’a gonflé. Mattéo est une énième version de ses fantasmes nourris par les prémices de chaque guerre mondiale et on y retrouve une poignée des mêmes clichés, des mêmes relations, et ça finit par gaver. De plus, son dessin, toujours d’un académisme que l’on peut ne pas apprécier mais qu’il faut reconnaître de grand talent, finit par dessiner les mêmes têtes, les mêmes personnages, les mêmes attitudes, les mêmes environnements. Et ça ne loupe pas. Une belle introduction, un gros plan sur un journal à la calligraphie parfaite et paf, dès la troisième planche, revoilà le fantôme de Cécile ! L’astuce a consisté à donné un tout petit plus d’angle au menton, mais c’est la même fille et rapidement, l crayon corrige sa trajectoire et Cécile renaît, intégralement. Alors après, cette histoire de gars qui s’engagent, cet amour bafoué qui se transforme en jalousie, et blablabla, voilà quoi, ça ne me passionne plus. Quand on sait qu’on est apparemment partis pour 4 tomes, ça se fera sûrement sans moi. Remarquez, les livraisons devraient être accélérées puisque Gibrat décide maintenant de crayonner le plus proprement possible et de passer ses couleurs directes, chaudes et belles au demeurant, directement sur la page. Le triple effet positif est de dessiner ses planches sans se soucier des contraintes de l’encrage, de passer ses couleurs directes et répondre ainsi à une certaine attente esthétique des lecteurs, et de livrer ses planches plus rapidement, compressant ainsi le délai faramineux que représente un projet de 4 tomes 64 planches. Maintenant, faire l’esthète, c’est bien, mais continuer à dessiner des militaires dans les tranchées sous la pluie et la boue sans noircir leurs ongles, sans les salir, ça perd beaucoup en crédibilité pour moi ! Enfin, je ne doute pas un instant du succès de Mattéo hein, c’est juste mon modeste avis !
Les gens honnêtes, ou le récit d’une chronique anodine et ordinaire de gens de classe moyenne, dont le quotidien fragile peut basculer du jour au lendemain. Gibrat brosse donc les contours d’une intéressante famille moyenne qui fête l’anniversaire d’un chef de famille dont la vie va être balayée par son licenciement après une vie passée à se dévouer pour sa société. Avec douceur, lenteur, Gibrat nous conduit sur le chemin de la longue déchéance d’un homme qui tenait pourtant sa famille à bout de bras. Et puis à quoi peut-on se raccrocher pour renaître ? Dans la première partie de ce diptyque, le trait simple et efficace de Durieux sert parfaitement la narration de Gibrat qui s’aventure sur un terrain qu’on ne lui connaissait pas. Et je dois avouer que le tout est réalisé avec brio et efficacité, malice et vice même parfois ! Un récit plus qu’honnête !
Ce bon Marini, dans ses temps de folie, n’hésitait pas à nous sortir près de 2 albums par an, et en couleurs directes s’il vous plait. Le voilà de retour, toujours en suivant la trame de Desberg, pour sa saga façon « Capes et épées » des grands jours. Quid de cet album, au-delà du plaisir de retrouver cet excellent dessinateur, malheureusement limité dans ses choix de visages pour ce qui est des personnages ?! Et bien ce tome 8 est finalement plus calme, plus manichéen, plus basé sur la conspiration et l’intrigue, ce qui offre une pause somme toute intéressante. Car même si on a la concrète impression qui ne se passe pas grand-chose, des pions sont tout de même avancés et des prises de position avérées. Au bout de quelques corps transpercés, on s’aperçoit que la haine de Trebaldi devient une obsession proche de la folie, mais on le voit affaibli et le final de ce tome promet une issue proche à ce conflit. Le Scorpion est toujours aussi beau, aussi torturé, aussi élégant, et aussi rageur, excellent bretteur. Les scènes de combats sont toujours aussi étourdissantes et vivantes, pleines de mouvements. Pour les couleurs, toujours la même façon de rehausser les ambiances par une chaleur issue des oranges et rouges savamment distillés. Un vrai bon album, et un retour attendu de l’autre monstre suisse ! A vous de lire !
Hippolyte nous offre une somptueuse adaptation du chef d’œuvre de Stevenson particulièrement mis en valeur par Denoël dans cet écrin qui ressemble à une toile de peinture, et du beau papier au grammage épais. Vraiment, d’un point de vue confection, il n’y a rien à redire sur ce bel ouvrage. Maintenant, il reste la lecture de ce diptyque et là, ça coince un peu plus. Non pas que ce soit foncièrement compliqué, surtout si on a lu le roman auparavant, mais bien parce que la narration souffre de quelques à coups qui nuisent un peu à la compréhension du tout. Alors personnellement, j’ai alterné les phases de pure enthousiasme, avec d’autres vraiment à la limite de l’exaspération, obligé à quelques allers et retours pour savoir où j’en étais. Et c’est dommage car Hippolyte sait nous servir les moments clés de cette histoire fratricide, nous régale d’envolées hautes en couleurs, dans tous les sens du terme, mais il manque un soupçon de passion, ou de terreur, ou de jalousie pour bien rendre l’épais malaise familial qui est la clé de voûte du roman de Stevenson. Dommage.
Quand Delcourt se rend compte du succès d’une série comme celle-ci et qu’elle pousse son auteur à allonger la sauce, voilà comment je perçois cet album. Attention, je ne suis pas en train de me méprendre sur les intentions purement mercantiles et de l’éditeur, et de l’auteur, ça me semble un jeu justifié. Non, je m’interroge sur l’intérêt réel que représente une énième digression sur le territoire d’Eaux-Folles ? Et je dois avouer que je suis bien embêté. Tout simplement parce que malgré cette impression de me faire balader en attendant la fin, j’avoue prendre plaisir néanmoins à errer en compagnie des personnages dans ce 48cc. Parce que cet univers surréaliste, cette espèce de monde que l’on croit sans fin mais qui est pourtant bien contenu dans un contenant, se prête parfaitement à ces chemins labyrinthiques qu’emprunte Turf. De plus, avoir le plaisir de se brûler les pupilles sur ces cases splendides, ces couleurs chatoyantes, ce n’est pas non plus forcément pour me déplaire. Il y a toujours des trouvailles, de l’inventivité, et un vrai plaisir à enricir chaque fois un peu plus l’univers déjanté d’Ambroise Premier. Alors sentiment mitigé dont le plaisir immédiat est contrebalancé par l’absence de progression. Mais rien qui ne m’empêchera de me perdre dans le ou les tomes suivants !
La main verte par Coacho
Ce livre est vraiment intéressant. Sa conception, son ton et son environnement, si je puis dire, sont vraiment justes. L’histoire est simple, un dessinateur, à la ressemblance étonnante avec l’auteur du présent livre, se rend faire des courses en supermarché avec sa famille et passe alors en fond une allocution du Président de la République à laquelle il ne prête pas attention. Et c’est une erreur puisqu’il ne se rendra pas compte de la teneur du propos, à savoir la fin des réserves en carburant sur toute la planète… De ce postulat, il va tisser un récit qui s’articule sur la survie, la réorganisation, mais pas d’un niveau mondial, juste autour de lui, dans son microcosme. Avec finesse et humour, il brosse les contours d’une vie sans ressources pétrolières, et démontre les conséquences que ça pourrait avoir sur les choses les plus simples. Il va montrer aussi de possibles alternatives à cette pénurie, mais aussi des revers violents, extrémistes, qui ne sont pas loin des ambiances post apocalyptiques à la Mad Max ! Il va malgré cela tracer son chemin, en emmenant son fils chez ses grands-parents, à la recherche du savoir ancestrale, intégrant ainsi une dimension affectueuse, ce qui donnera lieu à des très belles scènes sentimentales, comme celle de la page 65… Il y a un peu de tout, et, avec de bonnes proportions, le mélange est gouteux, et le livre très bien équilibré, comme un Dauvillier en béquilles ! Un coup de crayon simple, efficace, des couleurs douces, le récit est lui aussi bien calibré oserai-je dire. Est-ce encore la façon que Futuropolis a de manger les parts de marché ? Gros livre, dos rond, cartons épais, papier au gros grammage, tout pour faire une belle BD d’auteur ? Mais comment dire… Malgré cela, on ne peut pas occulter qu’il y a de bons livres qui sortent à la pelle chez Futuropolis, et celui-ci en fait partie ! Une belle fable sur le courage, la survie, la démerde, l’amour, la pénurie, mais sans catastrophisme. Un livre que je vous conseille de lire tranquillement, vous apprécierez sûrement.
Je sais, j’avais émis des doutes à la lecture du tome 2 que je trouvais un peu en deçà du très bon premier. Mais il me faut avouer maintenant que mon entêtement a payé et que le tome 3 est à la hauteur de mes espoirs ! Ce qui forme un tout globalement compact et très intéressant. Ce tome 3 renoue avec l’étrange, le déjanté, le curieux… Et on remonte la piste des origines, disons, exceptionnelles, de Raymond Koppola, le père de Lydia. Un destin exceptionnel dont notre héroïne est la continuité dans une histoire en trois actes qui vaut le détour !
Ah mais qu’il est fort cet Etienne Davodeau. Sa faconde unique de traiter de sujets banals, de parler du quotidien sans le sublimer, mais en y donnant assez de sel pour y être attaché comme à un bon thriller. Etienne Davodeau n’est pas une star du dessin, rien d’envoûtant comme Giraud pourrait faire, mais il pose une ambiance comme personne. Avec l’histoire banale de Lulu qui s’offre une respiration dans une vie commune et triste, il va tisser un intéressant et intelligent discours sur la remise en question que tout un chacun peut avoir à un moment de sa vie. Et il va nous livrer les informations au compte goutte, de façon détournée, intégrant lentement les personnages centraux, et en ménageant un suspense assez hallucinant. Les dernières pages sont un modèle du genre quant à l’ambiance et à la relance pour préparer le deuxième tome. Des histoires de ce genre, j’en redemande !
Autant la surprise avait été excellente lors de la lecture du premier tome, autant le deuxième n’est clairement pas du même acabit. Ce qui faisait la force du premier, c’était cette empathie que le lecteur pouvait ressentir pour Simon. De plus, le tome était plus fluide dans sa narration, les scènes plus éloquentes. Je ne veux pas non plus dire que la suite n’est pas un bon album mais il se révèle assez classique, rien de particulier ne le faisant dépasser la production actuelle en fait. Cela étant, même si on peut reprocher certains chemins narratifs dans les camps de la mort, le récit reste tout de même sans concession sur l’horreur qui y est violente et quotidienne. Cela reste finalement une assez bonne surprise car Bamboo ne s’est pas fait spécialiste de ce genre de récit mais on lui préfèrera d’autres albums qui traitent du sujet. Un peu dommage mais je pense que ce diptyque trouvera néanmoins son public, mérité.
Ca s’annonçait mal… Dès la première case, un horrible « Que ce passe-t-il ? », oui, avec un « c », venait d’emblée me crisper mâchoire et mains… Y’a des choses comme ça qui vous irritent plus que d’autres… Faisant fi de cette erreur que je croyais annonciatrice de nombreuses autres, je me suis plongé dans l’univers d’un Dufaux dont je ne suis pas spécialement amateur. Un fond assez classique de société animale qui se dresse contre une société humaine, torts partagés, cruauté égale pour chacune des parties, c’est à un moment crucial pour les 2 peuples que nous prenons l’histoire en route. Avec l’espoir de cesser les massacres respectifs des 2 camps, les 2 plus puissants seigneurs de guerre loups et humains décident de marier leurs enfants respectifs en gage de paix. Mais les choses vont déraper très rapidement, embrasant les 2 peuples de la pire des colères. Il s’agit d’un tome introductif mais j’aimerai pourtant dès à présent savoir si ça se résoudra en 2 ou 3 tomes ou si on est partis pour une chiée d’album. Parce que bien qu’intéressant, plantant bien le décor et brossant de bons portraits des personnages centraux, ce tome n’en est pas moins un peu lent, ce qui laisse présager une longue série pour décrire quelques épisodes de guerre… De plus, même si c’est très bien écrit, on n’évite pas quelques écueils classiques dans cette représentation belliqueuse animalo/humaine… Les caractères, les situations, rien de grandement novateur, mais pourtant un album qui se lit avec intérêt, sans grande passion, mais avec une accroche assez forte pour tenir éveillé le lecteur. Béatrice Tillier, qui nous avait enchanté avec les 2 premiers tomes de « Fées et tendres automates » nous revient là dans un album lumineux, coloré, et vraiment très plaisant à lire tant on peut s’immerger dans son dessin. Comme à son habitude, une plume gracile pour les pourtours, des couleurs délicates et toujours bien choisies, et un souci du détail qui comble le lecteur, sans pour autant le dérouter par une abondance qui pourrait nuire. C’est un travail de longue haleine qu’elle a très sûrement fourni sur cet album et cette diligence à l’égard de ses lecteurs est un gage de qualité et de respect de ce dernier. Un album qui se laisse lire avec plaisir, sans être la révolution ultime, mais ne serait-ce que pour Madame Tillier, dévorer ce livre les crocs à l’air, ça le fait !
Ca tombe bien cette intégrale. J’adore séparément François Duprat et Vanyda pour leurs facultés personnelles à savoir raconter une histoire. C’est toujours impeccable, prenant, finement observé et analysé. Mais le risque était-il que l’addition des talents puisse ne pas fonctionner ? Et bien ce livre démontre que non. Ce triptyque à 4 mains est une vraie réussite ! On reconnaît bien les styles graphiques caractéristiques des 2 auteurs mais sans que cela ne pénalise la fluidité et l’équilibre de l’ensemble. C’est déjà en soi une réussite certaine. Nous allons donc suivre les pérégrinations Bernadette, Kim et Franck, tour à tour amis, amants, aimants, et on va découvrir leurs doutes, leurs peurs, leur vie quoi. Celles de jeunes adultes trouvant lentement leur place dans le tumulte du quotidien. Je vous laisse cependant découvrir toute l’allégorie et les ellipses intelligentes liées au Dragon, mais elles sont aussi savoureuses que finement rendues. J’ai eu une petite question anatomique en lisant la case 3 de la page 98. Comme je me sais peu souple, je me suis interrogé sur la possibilité d’avoir le pied de Bernadette dans cette position douloureuse car ça doit terriblement tirer sur les ligaments. Si je pouvais avoir confirmation que le mouvement peut se faire dans ce sens et non dans l’autre ! Mais ce n’est que pinaillage psychopathiques ! Le livre reste une véritable petite perle de laquelle vous saurez retirer le plaisir immense qui s’en dégage !
Après ses excellents « Petits Ruisseaux », Rabaté continuait de creuser plus avant la veine des personnages dits normaux, des familles moyennes, et de l’ascendance des anciens, comprendre aînés, dans les familles… Il confie cependant le soin de mettre le tout en image à Prudhomme qui s’acquitte de sa tâche par un trait fin, minime, et qui utilise peu de décors, laissant ainsi l’essentiel au rythme du scénariste. Un repas de famille, des personnalités qui s’entrechoquent, et un phénomène étrange va animer ce diptyque. Une vierge Marie en plastique pas comme les autres. A la manière d’une caméra témoin à la Strip-Tease, les auteurs nous font pénétrer l’univers religieux de gens simples, qui se plient aux traditions judéo-chrétiennes comme avec la communion des filles, et qui voit son patriarche jouer le trublion et agiter tout ce bocal. Ces 2 albums sont en fait un regard tendre non pas sur les petites gens mais sur les phénomènes qui agitent toutes les familles françaises à un moment ou un autre. Le soin portés aux détails de la vie, des couples qui s’enlisent, de la tendresse qui surnage dans les dernières années des vieux couples, l’école, les enfants, les moments de jeu, les superstitions… Tout est une excuse pour approfondir sans lourdeur ces petits réflexes de la vie, un peu comme Delerm le ferait avec ses petites gorgées de bière… Un chouette diptyque au rythme langoureux et entêtant.
Jimmy Corrigan par Coacho
Et dire que je n’ai cessé de repousser ma lecture de cet album unique, prétextant tout et n’importe quoi, ne voulant pas laisser ce livre me ruiner le moral... A force de lire tellement de choses sur ce looser névrotique, j’en avais développé une forme d’allergie dont je m’accommodais bien volontiers. Et pourtant, quelle erreur ! Ce livre est non seulement unique, mais il est tout simplement génial ! Génial dans sa conception, dans ses moindres détails, dans l’inventivité de sa narration, dans la folie de son découpage, dans la folie de son concept, dans le délire de sa psychologie. Et, passée un début délicat, exigeant même, d’un cinquantaine de page, la démonstration devient une évidence : Chris Ware est un pur génie. Je ne vais pas m’attarder à expliquer l’évolution et la construction du récit mais le fait d’étaler celui-ci sur 4 générations permet de comprendre ce qu’est l’atavisme, et le résultat sur ce pauvre Jimmy que je ne qualifierai pas de looser, cette sentence me semblant trop définitive et facile. Jimmy n’est que l’accumulation d’échecs générationnels générateurs de frustrations reportées sur le plus jeune… A l’âge où l’enfant doit s’affirmer, prendre confiance en lui, les parents doivent se donner, valoriser l’enfant, le rassurer. Là, il n’y a qu’une accumulation de brimades, de punitions, d’humiliations même qui auront pour effet de ruiner toute l’assurance du jeune Jimmy. Parmi les images marquantes de ce que j’énonce ci-dessus, il y a les phylactères de Jimmy et son bégaiement systématique. Chaque première syllabe est doublée, renforçant ainsi ce sentiment hésitant fort. Il y a ensuite l’autre récurrence des hommes peu confiants en eux : le fantasme. Généralement d’ordre sexuel, les envies dévorantes et inavouables de Jimmy sont parfaitement intégrées au récit et ajoutent une autre dimension au pathétisme de cette famille. Et enfin, même s’il m’est difficile de dire qu’il s’agit d’une révolution narrative, car elle me semble emprunter à la culture manga cette faconde de la surmultiplication des cases qui s’attardent sur des micros évènements, Jimmy Corrigan donne le temps au temps en offrant des focus sur des détails infimes du récit qui finissent par prendre une importance quasi capitale. En démultipliant justement les cases, en zoomant sur ces détails infimes, et faussement insignifiants, l’impression de névrose est magistralement rendue. La maladie, la dépression, la peur, et mille autres sentiments brillamment mis en image sont au menu de ce livre copieux, cher, exigeant, mais qui est assurément un des chefs-d’oeuvre d’une intelligence supérieure auquel Delcourt a su offrir le plus bel écrin.
J’étais de ceux qui furent moyennement convaincus par cette historiette des années 20 au Canada… Une sorte de chronique de vie un peu insouciante, un peu aseptisée, dans laquelle il ne se passait pas grand-chose. L’arrivée de Serge devait bouleverser les habitudes de ce petit bourg enneigé dans lequel Marie tente de tromper son ennui de jeune veuve. Et bien ça continue… lentement… On passe 70 planches à suivre la mise en morceaux d’un cochon et tout ce que ça induit dans la vie de village, et puis on fait un peu dans l’épicurisme aussi puisque Serge va ouvrir un restaurant dans le magasin général, va inviter tout le monde et fédérer le tout grâce au pouvoir qu’il exerce sur les papilles de ses invités. Mais si le but est toujours de faire 5 tomes au long cours, alors c’est réussi car effectivement, on prend le temps de s’installer et de s’acclimater et on ressent un peu l’ennui des journées longues de l’hiver canadien… Sinon, graphiquement, l’aventure est toujours aussi intéressante et les planches envoûtantes. Je vais essayer encore une fois et on verra…
On pouvait craindre la redite, l’enlisement, le déjà vu, mais il y a toujours un je ne sais quoi de positif et d’inventif qui rend les lectures de chaque album d’Aya intéressant. D’une façon plutôt attendue mais néanmoins habile, un courant de l’histoire va se déplacer vers la capitale parisienne et parler de l’intégration, des difficultés rencontrées par les immigrants, et donc nous parler un plus clairement, passé l’exotisme des situations ivoiriennes que nous ne connaissons finalement que très peu. Et il est une fois encore agréable de voir ce positivisme, cet allant, cet enthousiasme qui anime les personnages de Marguerite Abouet. On ne s’appesantit jamais, il y a toujours de l’optimisme, des réactions contraires à celles de l’abattement, et un fond de joie qui permet d’avancer. Il y a aussi des scènes terribles au pays d’origine, avec les abus dont sont victimes certaines étudiantes. Et on continue de suivre tout ce beau monde dans une saga qui ferait une bonne série télévisée, et qui reste un plaisir de lecture constant. 4 albums déjà. A recommander.
Et voilà, les albums s’imposent lentement mais sûrement dans le panorama BD français. Ce n’est pas anodin de le dire. Car effectivement, il n’y a plus d’histoire précise dans Aya de Yopougon. Il est juste question de suivre les pérégrinations quotidiennes d’une poignée de personnages dans leur village ivoirien. Et pas anodin non plus d’imposer une série d’histoire dans un village africain sans histoire, dont les personnages centraux sont des gens comme tout le monde, mais que la magie opère par ce ton toujours positif qu’emploie Marguerite Abouet. C’est ciselé, drôle, enjoué, juste dans l’analyse des travers de chacun, et le tout avec un langage imagé et si particulier… C’est une vraie réussite que ces pages offertes par Sfar et sa collection Bayou de chez Gallimard. Le thème central de cet album est probablement le rapport des hommes aux femmes, femmes fortes, de tête, et la possible polygamie autorisée en Côte d’Ivoire. Et puis il y a toujours cette conscience, sorte de Jiminy Cricket de Yopougon, qu’est la douce et délicieuse Aya dont la clairvoyance est souvent salvatrice. A ajouter à cela le toujours intéressant lexique et le jubilatoire bonus en fin d’album. Une fois encore, la réussite est au rendez-vous.
J’aime l’humour sous pratiquement toutes ses formes. Et plus c’est con, plus ça joue sur le comique de répétition, plus je suis friand. Apparemment, Plunk était donc fait pour me plaire. Oui mais voilà, malgré une paire de très bon gags, j’ai tourné les pages sans passion, souriant vaguement, et ayant été partiellement diverti. A noter le retour de l’universalité des gags puisque ceux-ci se déroulent sans texte ni dialogue. Mais dans ce sens, je me rappelle de l’inventivité de Don Martin dans Mad, de la finesse de Mordillo ou de la poésie de Sempé et je me dis que ça n’apporte qu’un dépoussiérage du genre là où James, par exemple avec Comme un lundi, amène un complément modernisé. Le tome 2 sera sans moi et pourtant, il a une super tronche ce Plunk !
Quatrième chapitre des remarquables aventures du Marquis d’Anaon que l’on avait laissé sur un bateau en bien fâcheuse posture. Cette fois, il sera appelé à la rescousse par un ami de toujours confiant en ses capacités d’analyse afin de résoudre le mystère d’une bête effroyable qui terrorise tout un Comté. Le doute assaille notre héros mais il est ici pour aussi retrouver confiance, et ça se fera avec une sorte d’effet d’écluse… Les auteurs montrent à quel point ils maîtrisent leurs personnages et on ressent une certaine maestria tant dans le scénario que dans le dessin ! Une histoire finement découpée, qui n’a pourtant rien en soi d’exceptionnel, mais qui fait monter habilement la tension. Le dessin set à merveille les ambiances, et le récit a cette vraie dose d’inquiétant qui en fait un moment vraiment sombre. Les moments de solitude sur le glacier sont eux-aussi à couper le souffle ! Vraiment brillant ! Et à lire, forcément !
Album dédié jeunesse ? Difficile à dire... Empli de clins d’œil, de références, et d’un humour ravageur et cracra, on se demande vraiment quel lecteur est visé ? D’un charme délicieusement désuet, cet album alterne les gags en une planche au rythme de 32 pour l’album complet. Jouant souvent sur l’imagerie du passé, le propos est quant à lui nettement plus moderne et plus décapant. Une sorte de dualité assumée qui livre de belles choses. Jusqu’à cette pixellisation des jeu vidéos qui s’intègre parfaitement à l’histoire. Superbe double planche aussi qui rappelle les films muets de la grande époque des débuts du cinéma, jouant d’effets de lumières somptueux. De vieux Disney à des propos Frediens, en passant par les images des Crados, d’un propos doucereux à un autre plus virulent, les auteurs nous envoient dans les cordes et nous mettent KO technique. Mais peut-être suis-je encore à trop m’interroger à la nature du lecteur visé… Bon album mais… Argh !
Un album sombre, et pourtant intimement plaisant tant il s’adresse à nous avec une forme de sourire caché entre mélancolie et nostalgie. Deux amis reviennent faire le chemin qu’ils avaient fait 1 an auparavant avec leur troisième ami disparu… Tout en délicatesse et en transitions douces, nous revivons en même temps que Serge et Igor ce week-end en montagne qui allait être le dernier ensemble mais qui se déroule en parfaite insouciance et dans une franche rigolade. Un trait graphité qui reste gras et joue des ombres en donnant de la profondeur et des reliefs, autant aux perspectives qu’aux sentiments, sert une histoire lourde qui aborde le thème du suicide. Une écriture subtile et tendre qui, en plus, sait jouer de la situation sans pathos et avec un humour léger et fin qui font que l’alchimie existe et nous offre cet album très fort. J’ai vraiment aimé.
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