Mélodie au Crépuscule de Jean-Philippe BouchardRenaud Dillies - 5 critiques

Edition : Paquet
Collection : Blandice
Parution : septembre 06
Auteurs : Jean-Philippe BouchardColoristeRenaud DilliesScénaristeDessinateur

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Par : Coacho Voir les critiques de Coacho (31 déc. 2006)

Retour de Renaud Dillies dans la Collection Blandice. Retour du gaufrier strict en 6 cases par planche. Et retour d’un pluri-thème qui lui est cher : l’amour déçu, le vague à l’âme, la rédemption par la musique, le jazz…
Après le truculent Betty Blues et l’émouvant Sumato, voilà la troisième partition musico-amoureuse de l‘auteur et celle-ci se nomme : Scipion Nisimov.
Un peu rompu à l’exercice, j’espérais un peu autre chose qu’une recette éculée…
Et je dois reconnaître que Renaud Dillies s’est appliqué à faire vire à son personnage une histoire à la trajectoire similaire aux deux précédents, mais en s’attardant sur un autre évènement. Dans celui-ci, Scipion est un personnage un peu rêveur, éperdument amoureux de sa belle Daphné. Mais lors d’une journée un peu différente, il va rencontrer Tchavolo, homme du voyage, qui lui redonnera le goût de la musique et de la mélodie Tzigane. Heureux de cette rencontre, il rentre chez lui le cœur léger et il découvre alors sa belle dans une fâcheuse posture et le monde s’écroulera autour de lui (un procédé/image déjà utilisé par ailleurs par Lewis Trondheim ou Laurent Percelay au passage).
Tout en rêverie et résolument onirique, cet album sent bon les bonnes trouvailles graphiques, et les allégories touchantes…
La façon dont la musique le bouleverse et le balade au gré de son tempo est vraiment très imagée, très musicale.
L’auteur insiste aussi sur le regard de l’autre et le refus de la différence. Dans un monde régit par des règles strictes, on voit la grande ville comme un hachoir aux personnalités, agressive à souhaits, comme un Brazil des grands jours !
La place belle est faite à la vie de bohême, à l’accomplissement de son plaisir accompagné d’une quête d’idéal toujours délicate à mener.
Mais dans les brumes de son chagrin, l’espoir renaît…
Contrairement à ce qui est généralement dit, je ne trouve pas la fin bancale, et même plutôt l’idéale conclusion de cet être qui se consume de l’intérieur au point d’en perdre la raison.
Tout est fugace, tout est temporaire, tout est rien… Et cela, Renaud Dillies nous le souligne très bien durant ces 78 pages.
Cependant, même si on retrouve le trait plaisant de l’auteur, si on retrouve ses thèmes favoris, si on peut saluer la tentative de sortir de son schéma classique, il n’en est pas moins vrai que la mayonnaise prend beaucoup moins bien que lors de ses 2 précédents albums sur le sujet…
Un peu déçu donc, je file me replonger dans Betty blues et Sumato, deux partitions qui, elles, étaient vraiment sans fausse note.

Par : yannick Voir les critiques de yannick (20 déc. 2006)

Après ses one-shots « Betty Blues » et l’excellent « Sumato » et un petit crochet avec le démarrage d’une série loufoque « mister plumb » scénarisé par Régis Hautière, j’attendais un peu Renaud Dillies au tournant d’autant qu’il est un des mes jeunes auteurs préférés… quoique, maintenant, avec ce quatrième album à son actif, je ne peux plus vraiment le présenter comme un « jeune » auteur…

« Mélodie au crépuscule » est finalement dans la lignée des précédents récits complets de Renaud Dillies. On y retrouve les thèmes favoris de l’auteur : la musique, un amour déçu, le sentiment d’abandon, la rencontre avec des personnages pittoresques… donc pas de surprise de ce côté.

Dans cette BD, plusieurs séquences semblent être reprises sur d’autres BD comme celles où l’on voit la terre s’écrouler autour de Scission le personnage principal. D’autres comme celle où Scission rencontre un employé « modèle » semble sortir tout droit d’un film des Monty Python… donc rien de vraiment original de ce côté non plus.

Contrairement à « Betty Blues » et à « Sumato », le scénario de « Mélodie au crépuscule » semble être un assemblage mal construit de plusieurs idées. Ainsi, les séquences de rêveries me sont apparues trop brutales… d’autant plus que le dénouement qui reprend un de ces moments de béatitude de notre héros m’a semblé assez quelconque.

Graphiquement, le style de Renaud Dillies dans « Mélodie au crépuscule » se rapproche énormément de « Betty Blues ». Ainsi, le gaufrier à 6 cases et le remplissage du noir au feutre refont leurs apparitions après un graphisme plus « lisse » remarqué dans « Sumato »… donc, là encore, rien d’original de la part de l’auteur de ce côté… sauf que j’aime énormément le coup de patte de Renaud Dillies !

« Mélodie au crépuscule » est finalement un album qui m’a déçu. Je m’attendais à ce que Renaud Dillies nous fasse davantage surprendre, qu’il essaye autre chose que des histoires d’amour perdu sur fond de musique. Je suis resté sceptique sur le dénouement de l’histoire où notre héros s’est réfugié de plus en plus vers la rêverie d’autant plus que l’introduction inaugurait un album plutôt bien construit et intéressant.
Je pense que « Mélodie au crépuscule » est un album qui pourrait éventuellement plaire à ceux qui ne connaissent pas encore les one-shots de Renaud Dillies. Quant à moi, je ne peux que vous conseiller les lectures de « Betty Blues » et surtout de « Sumato » dont les scénarii me semblent plus aboutis.

Par : Jean-Marc Lernould Voir les critiques de Jean-Marc Lernould (26 sept. 2006)

"Mélodie au crépuscule" de Renaud Dillies. Editions Paquet.

Cet album atypique se veut un hommage à la musique de Django Reinhardt et ce dernier doit approuver le cadeau du haut de sa roulotte céleste. Ce livre est un rêve, celui d'un échassier qui marche dans sa tête, qui erre sans but jusqu'à ce que ce gadjo baptisé Scipion rencontre le gitan Tchavolo dont les notes si particulières redonnent l'envie de vivre et de liberté (d'autant que Scipion vient de se découvrir cocu). Cette amitié est traduite par un graphisme étonnant que l'on retrouve tout au long de l'album, comme ces pages dont les cases deviennent des fenêtres d'immeuble, avec toujours beaucoup de cohérence dans l'agencement des dessins. Sur des couleurs somptueuses de Christophe Bouchard.

Puis la vie éloignera les deux compères et notre échassier finira par perdre ses rêves en retrouvant son travail administratif qui n'est pas sans rappeler le film "Brazil". Mais les rêves et la musique suffisent-ils pour survivre ?

Rappelons que Dillies a été primé à Angoulême en 2004 et que son album a été un véritable déclic pour que Pierre Paquet lance sa collection "Blandice" (Blandice peut signifier charme, délice, séduction et toutes autres sortes de bonnes choses). Et comme c'est le dixième anniversaire des Editions Paquet, pour chaque "Blandice" acheté, on recevra gratos un recueil de couvertures où les auteurs se rendent mutuellement hommage : décidément Pierre met le paquet…

Par : herve Voir les critiques de herve (23 sept. 2006)

C'est avec grand plaisir que je retrouve Renaud Dillies, que j'avais rencontré il y a deux ans lors d'une séance de dédicaces pour "Sumato".
"L'amour (est) trompé, fugitif ou coupable" (Chateaubriand) semble être le point de départ de l'aventure de Scipion, qui va trouver refuge dans la musique pour noyer son chagrin. Comme dans sa première bande dessinée, "Betty Blues", le jazz est salutaire aux héros de Renaud Dillies.
Car c'est un hommage indirect à Django Reinhardt que nous propose Dillies ; mais d'autres allusions se glissent subreptissement dans cette bande dessinée, notamment à Lewis Caroll ("Alice aux pays des merveilles"), avec, comble d'ironie, un lapin chef de service des bureaux du retard, et une page entière se déroulant sur les cheminées faisant étrangement songer à "Mary Poppins" de Pamela London Travers (ces deux livres ayant comme point commun d'avoir été adaptés par les studios Disney). Bref, le rêve est le dénominateur commun à tout ceci.
J'ai commencé par Chateaubriand mais c'est plutôt Baudelaire qu'il fallait citer; en effet cette bande dessinée est une véritable "invitation au voyage", voyage intérieur d'un Scipion désemparé, d'un Scipion écrasé par le poids de sa propre Administration, ne rêvant que d'une seule chose, retrouver son ami musicien tsigane.
Certes, Renaud Dillies garde un style bien particulier que l'on retrouve aussi bien dans "Betty Blues" que dans "Sumato", livres publiés dans la très élégante collection "Blandice" des éditions Paquet. Mais comme Pierre Paul, dans une critique précédente, j'ai trouvé la fin un peu bancale. Reste la beauté des dessins et un scénario fort original. A découvrir, à lire et à relire.

Par : Pierre-Paul Voir les critiques de Pierre-Paul (22 sept. 2006)

Renaud Dillies a un style bien à lui : de loin, on pourrait dire que c'est dans la même famille que Lewis Trondheim mais de près, la seule ressemblance réside dans le fait que les personnages sont des animaux. Sa méthode narrative, non dénuée de dérision, mélange la description "technique" des personnages destinée aux lecteurs, des idées graphiques tout à fait originales (voir - Spoiler ! - le monde qui s'écroule au propre et au figuré autours de Scipion quand il découvre que sa compagne le trompe) et des récitatifs sous forme d'enluminures, voire même de fronstispices (allez voir au dico, béotiens ! ;-)) . Ce mélange est propre à Dillies, et cela donne une dimension tout à fait particulière à ses albums.

Après le désopilant Mister PLumb, lapin (pardon ! plombier !) de son état, "Mélodie au Crépuscule" est beaucoup plus intimiste, avec quelques points communs avec Betty Blues. Scipion, bel échassier voyageant beaucoup (surtout dans sa tête) se retrouve sans amour, trompé par sa belle qui s'envoie en l'air avec un pachiderme. Voilà de quoi le mettre l'esprit sous une chape de plomb (et rebelotte pour la représentation graphique de cet état !). C'est la musique qui le sauvera, grâce aux encouragements de Tchavolo, gitan de passage et vaguement musicien lui aussi, et le voilà parti pour une belle petite aventure. Mais comme on l'a dit, Scipion voyage surtout dans sa tête, et je me garderai de "spoiler" l'album davantage, qui est à découvrir absolument ! Seule petite déception (sinon je mettais 10/10): la fin en... queue de poisson. Mais comme le poisson intervient lui aussi on peut y voir une des multiples métaphores graphiques du génial Renaud Dillies.
Cap sur Angoulème ?


 


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