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Première époque (1914-1915) de Jean-Pierre Gibrat
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3 critiques
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Par :
Coacho
(22 oct. 2010)
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Ca y est, je le dis, Gibrat m’a gonflé.
Mattéo est une énième version de ses fantasmes nourris par les prémices de chaque guerre mondiale et on y retrouve une poignée des mêmes clichés, des mêmes relations, et ça finit par gaver.
De plus, son dessin, toujours d’un académisme que l’on peut ne pas apprécier mais qu’il faut reconnaître de grand talent, finit par dessiner les mêmes têtes, les mêmes personnages, les mêmes attitudes, les mêmes environnements.
Et ça ne loupe pas. Une belle introduction, un gros plan sur un journal à la calligraphie parfaite et paf, dès la troisième planche, revoilà le fantôme de Cécile !
L’astuce a consisté à donné un tout petit plus d’angle au menton, mais c’est la même fille et rapidement, l crayon corrige sa trajectoire et Cécile renaît, intégralement.
Alors après, cette histoire de gars qui s’engagent, cet amour bafoué qui se transforme en jalousie, et blablabla, voilà quoi, ça ne me passionne plus.
Quand on sait qu’on est apparemment partis pour 4 tomes, ça se fera sûrement sans moi.
Remarquez, les livraisons devraient être accélérées puisque Gibrat décide maintenant de crayonner le plus proprement possible et de passer ses couleurs directes, chaudes et belles au demeurant, directement sur la page.
Le triple effet positif est de dessiner ses planches sans se soucier des contraintes de l’encrage, de passer ses couleurs directes et répondre ainsi à une certaine attente esthétique des lecteurs, et de livrer ses planches plus rapidement, compressant ainsi le délai faramineux que représente un projet de 4 tomes 64 planches.
Maintenant, faire l’esthète, c’est bien, mais continuer à dessiner des militaires dans les tranchées sous la pluie et la boue sans noircir leurs ongles, sans les salir, ça perd beaucoup en crédibilité pour moi !
Enfin, je ne doute pas un instant du succès de Mattéo hein, c’est juste mon modeste avis !
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Par :
herve
(23 oct. 2009)
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Gibrat est le dessinateur des Femmes par excellence. Même si dans Le Sursis , on suivait l'histoire de Julien, c'est l'image de Cécile qui nous revient en tête.
La même chose pour Le Vol du Corbeau où Jeanne vole la vedette à tout le monde.
Pourtant là, avec "Mattéo", je sens un changement, un changement notable car même si Juliette et Amélie sont toutes deux des personnes très attirantes, elles s'effacent devant la Camarde, à savoir la guerre de 14-18, axe principal de cette bande dessinée.
Plus que les personnages, ce sont les évènements qui font de ce premier album une BD exceptionnelle : du pacifiste bellant de 1914, nous passons à l'amoureux transi des tranchées de 1915, le tout dans une atmosphère pesante et oppressante, avec parfois des raccourcis saisissants de la part de Gibrat, scénariste : comme celui du départ à la guerre -page 23- ou de l'amnésie du commandant -page 50-.
Le dessin de Gibrat est toujours aussi bon, aussi bien dans l'horreur de la guerre que dans les méandres de l'amour.
En changeant d'éditeur, de Dupuis à Futuropolis, Gibrat n'a rien perdu de son talent, au contraire ; seules les couleurs me paraissent quelque peu plus transparentes que sur ses précédents albums.
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Par :
yannick
(03 oct. 2009)
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En réalisant « Mattéo », Jean-Pierre Gibrat ne cache pas ses penchants sur la guerre. Ça tombe bien parce que je les partage !
Le récit nous conte le destin de Mattéo, un jeune espagnol vivant en France (dans les landes). Nous sommes en 1914 et Mattéo est secrètement amoureux de Juliette, cette dernière a été recueillie par une famille bourgeoise, les Brignac, propriétaire de terrains vinicoles qui emploie d’ailleurs Mattéo.
Lorsque la guerre éclate, Mattéo, par sa nationalité hispanique n’est pas mobilisé et c’est tant mieux parce que sa famille est hautement pacifique. Ce n’est pas le cas pour Guillaume de Brignac qui est aussitôt envoyé, fier de lui, au front en tant qu’aviateur.
Au fil des jours, Mattéo va se culpabiliser de plus en plus de ne pas avoir rejoint les rangs de l’armée… ce remord, il va l’avoir en constatant que Juliette prendra de plus en plus d’affection pour Guillaume de Brignac, ce « jeune homme courageux, ce héros qui combat pour l’honneur de la patrie »…
C’est un récit engagé, un plaidoyer contre la guerre et la bêtise humaine que nous propose Jean-Pierre Gibrat… et ce n’est pas fini car, apparemment, l’auteur va emmener son personnage principal à travers toute la première moitié du XXème siècle en quatre tomes.
La trame de ce récit est très classique puisque le lecteur suivra certainement l’affrontement (à distance ?) entre Mattéo et Guillaume de Brignac pour conquérir le cœur de Juliette. Pour ma part, ce n’est pas ce sujet qui m’intéresse dans cette bd même si les protagonistes (et les « seconds rôles ») me sont apparus attachants (comme d’habitude chez Gibrat, l’héroïsme est… craquante !).
En fait, ce qui fait –à mon avis- le véritable intérêt de cette histoire, c’est qu’elle nous emmène à travers les hauts faits de cette époque en France et peut-être même ailleurs. Rien que pour ça, je pense que cette nouvelle série de Jean-Pierre Gibrat sera plus intéressante sur le plan historique que « Le sursis » et « Le vol du corbeau » du même auteur. Dommage que l’auteur ait cru bon de caricaturer les bourgeois en méchants et les paysans en gentils… mais -je le répète- ce n’est pas ce sujet qui me fait passionner pour cette histoire.
Graphiquement, c’est du… Gibrat, je veux dire par-là que les lecteurs retrouveront le même dessin que dans « Le sursis » et « Le vol du corbeau » (collection « Aire libre ») : même personnages (seuls les noms changent), même mise en couleurs, même décors (sauf pendant les scènes de combats bien entendu)… ils ne seront pas dépaysés ! Je pense qu’on ne peut pas reprocher à Jean-Pierre Gibrat de ne pas faire évoluer son dessin tellement c’est beau et maitrisé ! Bref, graphiquement, c’est du grand art !
Il est à noter que le papier des éditions Futuropolis rend les tons de cette bd plus granuleux, moins nets et moins brillants que ceux reproduits par la collection « Aire libre » (éditeur « Dupuis »), c’est assez curieux puisque les couleurs ont tendance à dépasser le bord des cases et le crayonné est visible par endroits, mais ça reste très beau à contempler !
Etant fan de récits historiques, je me réjouis du fait que Jean-Pierre Gibrat réalise une épopée où ses personnages principaux vont apparemment traverser la première moitié du XXème siècle. C’est cet aspect qui m’intéresse dans « Mattéo » loin devant la passion du héros pour Juliette et sa rivalité avec Guillaume de Brignac.
Et comme j’aime beaucoup le dessin de Jean-Pierre Gibrat, je ne demande qu’une chose : vivement la suite !
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