Traversée du désert de Christophe DabitchJean-Denis Pendanx - 3 critiques

Série : Abdallahi - T. 2
Edition : Futuropolis/Gallimard
Parution : novembre 06
Auteurs : Christophe DabitchScénaristeJean-Denis PendanxDessinateur

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Par : yannick Voir les critiques de yannick (21 déc. 2010)

« Tombouctou », vous savez ce que c’est ? Pour peu que vous ayez quelques connaissances en géographie, c’est une ville située au Mali (Afrique). Mais, au début du XIXème siècle, aucun européen n’avait mis le pied dans cette cité que les arabes ne disaient que du bien. A cette époque, tous hommes autres que musulmans qui avaient comme objectif d’atteindre Tombouctou étaient promis à la mort. Et pourtant, Réné Caillet fut le premier à pénétrer dans cette ville et surtout d’en revenir vivant ! C’est cet exploit que nous conte Christophe Dabitch (au scénario) et Jean-Denis Pendanx (au dessin).

C’est le traitement graphique de Jean-Denis Pendanx qui m’a donné l’envie de lire « Abdallahi ». Il me semble que ce type de dessin est assez inhabituel dans le monde de la bd car en lisant ce diptyque, le lecteur a l’impression de regarder des tableaux. Il en résulte que l’ambiance de l’Afrique du XIXème siècle y est très bien rendue. Le mode de vie des habitants et les paysages y apparaissent criants de vérité (enfin, disons que c’est l’idée que je me fais de ce continent à cette époque). A ce sujet, il me semble que les auteurs se sont très bien documentés. J’ai également apprécié la façon dont Jean-Denis Pendanx dessinent la peur, la gaieté, la colère -et j’en passe !- à travers les expressions de ses personnages.
Cependant, si certaines planches sont vraiment éclatantes de beauté, d’autres me sont apparues assez difficiles à discerner notamment lorsque les séquences se passent dans la nuit (trop sombres).

C’est une histoire très accrocheuse que nous propose les auteurs, les bédéphiles y découvriront un personnage complexé, René Caillet, par ses origines modestes qui veut se faire un nom dans l’histoire et qui surtout veut, en réussissant à rallier Tombouctou et en revenir vivant, donner du tort à ses détracteurs !
Les lecteurs y discerneront aussi un héros malin qui usera avec l’aide d’Arafamba de tous les stratagèmes pour rejoindre Tombouctou et se soustraire à ses ennemis, un personnage très humain qui luttera contre l’esclavagisme jusqu’à la fin de sa vie et va sortir marquer physiquement par son voyage sur les terres africaines.
Le bédéphile y verra également la richesse de l’Afrique à travers ses paysages et ses peuples où René Caillet partagera leur quotidien.
Cependant, n’allez pas croire que Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx ont retranscrit à cent pour cent le périple de René Caillet, puisque ce récit est romancé faute de renseignements. Malgré tout, je suis admiratif devant le travail de Christophe Dabitch d’avoir réussi à m’intéresser à ce personnage et d’avoir réuni suffisamment d’informations pour le rendre le plus proche de ce qu’il était.

« Abdallahi » est classé comme roman graphique, pourtant, ce récit peut être catalogué comme un album historique au vu des références signalées par Christophe Dabitch. « Abdallahi » m’est apparu comme un bd riche en renseignements sur l’Afrique noire et du Nord au XIXème siècle, elle nous fait découvrir aussi un homme tiraillé par sa situation modeste et par son volonté de réussir ce qu’aucun européen n’avait fait avant lui : aller à la légendaire Tombouctou et y revenir ! J’y ai apprécié le dessin de Jean-Denis, le réalisme (il me semble) du quotidien des habitants à cette époque et le fait que Jean Caillet m’est apparu comme un héros proche de nous.
A découvrir !

Par : Quentin Voir les critiques de Quentin (07 juin 2007)

René Caillé arrive enfin à Tombouctou après un véritable calvaire. Mais le pire est à venir puisqu’il doit traverser le Sahara pour rejoindre la France, via le Maroc, traversée qui va être encore plus éprouvante physiquement et psychologiquement. Pas vraiment de surprise dans ce second tome. Les faiblesses scénaristiques du premier tome s’accentuent (les jugements moraux trop politiquement corrects, la réécriture de l’histoire de Caillé, le rôle improbable d’Arafanba, les longs dialogues bavards et grandiloquents rendant les personnages distants, etc). L’histoire devient délirante, ce qui aurait peut-être pu bonifier l’album en représentant les divagations d’un René Caillé souffrant mille maux si l’épisode avait été mieux exploité et n’était pas si confus. La fin est plutôt décevante et ne parle pas de l’accueil de Caillé en France ni de sa réadaptation au pays. Tout cela aurait facilement pu être abordé, vu le grand nombre de pages (dont la lecture finit par être longue vu qu’il ne se passe pas grand chose). J’ai refermé ce livre en restant sur ma faim et avec le sentiment que Dabitch avait gâché une superbe occasion de raconter une histoire exceptionnelle – qui reste néanmoins originale dans sa forme actuelle. Les dessins de Pendanx, quant à eux, sont toujours aussi beaux et bien documentés.

Par : yvan Voir les critiques de yvan (14 janv. 2007)

Afin de conclure ce diptyque en beauté, Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx continuent de romancer la biographie de René Caillé, alias Abdallahi, et les carnets de son laborieux voyage vers la ville mythique de Tombouctou en 1827.

Alors que le tome précédent consacrait encore une partie de l’histoire aux préparatifs, ce deuxième album se concentre maintenant sur le pèlerinage éprouvant de 4500 kilomètres à pied, de cet aventurier français qui se converti initialement à l’Islam pour servir sa gloire personnelle, mais qui finira par trouver refuge dans la prière et la lecture du Coran pour survivre mentalement à la dureté de son périple.

Une odyssée au sein d’un continent africain encore vierge de toute colonisation qui fera vaciller ce Charentais fils de bagnard physiquement, en flirtant avec la mort, mais également mentalement, en l’entraînant au bord de la folie.

Une aventure qui va étaler les beautés non souillées de l’Afrique au lecteur, tout en lui ouvrant les yeux sur les négriers, et en imbibant ce premier Européen à revenir vivant de Tombouctou, ville interdite aux Blancs, de désespoir et de détresse au fil des pages. Une traversée du désert du Sahara qui parsèmera de doutes notre pèlerin concernant l’utilité de son exploit et qui laissera les auteurs dans l’incertitude quant aux réelles motivations de cet explorateur, pionnier de la colonisation française en Afrique ou humaniste anti-esclavagiste ?

Le dessin en couleurs directes brûlantes et brillantes de Jean-Denis Pendanx, fait transpirer cette Afrique poussiéreuse à la chaleur palpable. La désolation de Tombouctou et la noirceur des pensées d’Abdallahi lors du retour contrastent magnifiquement avec la luminosité du désert et avec le décor final plein de quiétude, imaginé par les auteurs.

Finalement, alors que cette fin d’année permet de retrouver côte à côte le cinquième tome du "Le chat du rabbin", qui offre une réflexion subtile sur le voyage d’étrangers allant d’Alger jusqu’en Éthiopie, et le deuxième tome de cette traversée du désert qui pousse un être humain au-delà de ses limites, on finit par se dire que c’est très beau de philosopher, mais qu’il n’y a quand même rien de tel qu’un témoignage poignant tel qu’Abdallahi.


 


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