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Les sous-sols du révolu de Marc-Antoine Mathieu
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5 critiques
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Par :
Quentin
(16 mai 2007)
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Les sous-sols du révolu est pour moi un des meilleurs albums de Marc-Antoine Mathieu ce qui, au regard de la qualité des albums précédents, en fait tout de suite un chef d’œuvre – ce qui est d’ailleurs le sujet du livre. L’album présente une réflexion extrêmement poussée sur l’art, la représentation du réel, la conservation des œuvres et leur exposition, servie avec une intelligence rare, un humour très fin, et une sensibilité pleine d’humilité qui, ultime qualité, met en pratique la théorie discutée dans le livre par un va et vient incessant entre différentes chaînes de représentés et de représentants. Il est vrai que le lien entre les différents chapitres semble ténu, le fil conducteur étant la découverte des diverses fonctions et aspects du Louvre plutôt qu’une histoire construite linéairement - cela déconcertera les lecteurs s’attendant à lire une BD classique. Mais il existe bel et bien un fil conducteur et la construction du livre, qui fait penser à l’histoire publiée dans l’album collectif sur « Le retour de Dieu », inscrit tous les chapitres dans un très grand dessein, en incluant d’ailleurs le lecteur qui devient partie intégrante de l’œuvre par une ultime mise en abyme sur le mystère liant l’œuvre au regard et sur les spécificités du 9e art. Plus encore que dans ses précédents albums, Marc-Antoine Mathieu fait constamment appel à l’intelligence et à l’œil du lecteur, qui se transforme en complice d’Eudes le Volumeur et en élément essentiel de son œuvre. C’est tout simplement génial. Nul doute que des livres seront écrits pour décrypter l’incroyable richesse de celui-ci, contribuant ainsi à reproduire la chaîne des experts dont Eudes ne constitue qu'un maillon.
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Par :
yannick
(20 déc. 2006)
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Lorsqu’on me parle de Marc Antoine Mathieu (alias MAM), je pense immédiatement à ses séquences pleines d’inventivités de l’excellente série « Julius Corentin Acquefacques ». Autant le dire tout de suite, « Les sous sols du révolu » est moins original que la série phare de MAM (surtout pour les lecteurs habitués des BD de cet auteur) mais l’album vous fera passer un très agréable moment de lecture.
« Les sous sols du révolu » est une BD faisant partie d’un projet qui vise à réaliser des albums ayant pour cadre le musée du Louvre sous le label « Futuropolis ». Ainsi, « Les sous du résolu » est le deuxième album de cette collection après l’intéressant « Période glaciaire » réalisé par De Crécy.
L’heureuse surprise de cet album vient du parti pris de MAM de nous avoir proposer un scénario qui nous fait découvrir les dessous du musée du Louvre, alors que je m’attendais à lire une histoire basée sur une banale promenade dans ce haut lieu de l’art mondial.
Le résultat m’a donné un très bon moment de lecture, la visite des deux personnages principaux dans ces lieux inconnus du public est ludique et captivante. Bien entendu, MAM glisse dans cette « balade » ses habituels délires visuels, ces hallucinations m’ont semblées bienvenues car elles dynamisent l’histoire.
Il faudra certainement un temps d’adaptation aux néophytes habitués aux BD colorisées pour qu’ils apprécient le noir et blanc très personnel de MAM. Pourtant, son trait est très lisible et j’avoue avoir beaucoup d’admiration devant sa capacité à maîtriser à merveille la perspective (à mon avis et à ma connaissance, MAM est un des meilleurs auteurs dans cet exercice actuellement).
Après « Période glaciaire », « Les sous sols du révolu » démontre que cette idée de réaliser des BD ayant pour cadre le musée du Louvre est intéressante… pour peu que cette collection soit confiée à des auteurs aux scénarii originaux et aux styles très personnels. Pour l’instant, je contacte que le pari de « Futuropolis »est bien parti pour être une grande réussite. J’attends prochainement le prochain album de cette collection !
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Par :
Coacho
(03 déc. 2006)
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Je n’aurai jamais cru avoir tant de mal à écrire quelques lignes sur un album de MAM.
Fan inconditionnel depuis ses débuts en bande dessinée, je m‘étais peu à peu approprié son univers, pour mieux le comprendre, mieux le savourer.
Avec cet album, 2° commande du Musée du Louvre après De Crécy, on ne se perd pas. On sait que l’on est dans l’univers de Mathieu.
Le graphisme tout d’abord, même si je n’avais jamais vu autant de gris que dans celui-ci, mais surtout les mêmes dédales dans lesquels on se perd, géographiquement et intellectuellement.
Puis, les rouages administratifs lourds, les relevés précis, l’obsession de la forme, tout est terrain de connaissance. Mais alors je me demande comment cet album va pouvoir trouver son autre public, celui qui n’est pas les consommateurs effrénés que nous sommes ?
Trop habitués à son univers, nous allons lui reprocher un petit manque d’audace, les autres pourront lui trouver une difficulté particulière à lire, pour pénétrer l’esprit de l’auteur…
Mai qu’importe, quiconque lira ce livre sera étonné de toute l’intelligence et de la subtilité dont il fait preuve. Que ce soit au niveau des multiples anagrammes et de leurs utilisations, jusqu’au méandres insondables d’un Musée unique en son genre, en passant par les prouesses graphiques de la case dans la case, et de sa page pliée qui n’est pas sans rappeler L’origine et Le Processus, deux moments inoubliables de lecture !
Alors notre expert chargé de répertorié l’inventaire du Musée du Louvre sera happé par le temps qui n’a plus cours en ces murs… Il passera en revue tous les corps de métiers, toutes les formes d’Art, et leurs innombrables catégories, et les années défileront ainsi, rendant ainsi hommage à l’importance du Musée et à sa collection hors norme, et à la contemplation de l’Art dans ce qu’il est et ce qu’il a de plus pur…
Amusantes aussi ces cases noires et grises, censées montrer comment la pénombre protège les couleurs sensibles à la lumière, le tout dans un album tout en noir et blanc !
Marc-Antoine Mathieu arrive à faire passer ce sentiment au lecteur médusé d’être aussi bien baladé dans un univers où il est censé se perdre…
Finalement, je me rends compte que j’avais un peu de choses à dire mais quand même… il me manque des choses là ! Faudrait que j’en fasse l’inventaire ! A lire !
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Par :
Jean-Marc Lernould
(08 nov. 2006)
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"Les sous-sols du Révolu, extraits du journal d'un expert", de Marc-Antoine Mathieu. Une association du musée du Louvre et de Futuropolis.
Après Nicolas de Crécy ("Période glaciaire, 2005 ans après J-C"), c'est Mathieu qui s'y colle pour explorer les dessous du musée du Louvre, mieux que dans "Belphégor". Et le récit se décline durant des jours et des mois au fur et à mesure qu'un "expert" explore l'établissement et ses multiples fonctions, loufoques ou réalistes, ou bien secrètes.
Les anagrammes fleurissent et les "Sous-sol du révolu" n'en est qu'un parmi tant d'autres pour évoquer ce labyrinthe dont les fondations (les fameux vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste) sont en fait le sommet à partir duquel il faut descendre au fond du fond.
L'expert qui pour une fois n'est pas un personnage tout-puissant dans l'oeuvre de Mathieu parcourt et découvre les différentes fonctions du musée façon "Fantôme de l'Opéra", avec la visite de l'atelier conservation, la galerie inondée, la salle de restauration.
Le noir et blanc de l'auteur s'adapte à la quête de l'expert, avec davantage de gris que coutume et un noir qui vire quasiment au négatif photo dans les galeries les plus anciennes. On aurait envie d'allumer sa torche mais un ancien spécialiste des moules fait tâter à l'expert le premier caillou sculpté par l'homme dont on ait retrouvé la trace. "Cette beauté n'est-elle pas plus évidente ici, dans l'obscurité totale, que la haut, dans une vitrine écrasée de lumière ?" demande le vénérable archiviste. Ce qui n'est pas faux puisque de nos jours nombre de musées jouent soigneusement sur la lumière afin de protéger les oeuvres les plus fragiles (certains tableaux du musée d'Orsay par exemple, sont exposés dans la pénombre pour leur pérennité. "La lumière n'est-elle pas l'ennemie de la couleur ?" demande-t-on dans l'atelier de restauration.
Mathieu explore réellement le bâtiment, assistant à une formation des guides à faire "Tss tss tss : on ne touche pas aux oeuvres." La Joconde a bien sûr sa place dans l'histoire, pleine de mises en abîmes. Les oeuvres visitées au fil du récit sont citées en fin d'album, qui est loin de ce moquer du Louvre mais qui le présente comme une immense mémoire. Les sous-sols de Mathieu révèlent bien des trésors.
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Par :
Ro
(28 oct. 2006)
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Ce n'est peut-être pas le meilleur album de M-A Mathieu ni le plus original, ce n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre à même de plaire à tout public, mais les Sous-sols du Révolu est un très bon album qui fourmille d'idées excellentes.
Il nous emmène dans les profondeurs du Musée du Révolu, ou bien du Musée du Voleur, ou de l'Oeuvre du Muselé, ou de... Bref, un Musée du Louvre magnifié, onirique, comme M-A Mathieu sait si bien retranscrire son univers absurde et ordonné à la fois.
On retrouve une structure de récit proche de "L'ascension" sauf que ce sont vers les profondeurs mystérieuses que nos deux héros se dirigent. On retrouve des jeux sur l'image et des reflexions sur l'art qui rappelleront "Julius Corentin Acquefacques". Des décors et des planches dans le style typique de l'auteur.
Bref, l'amateur de M-A Mathieu ne sera pas dépaysé.
Chaque chapitre nous amène à découvrir une portion des coulisses du Musée, lieux et métiers qui ont indubitablement une origine réelle mais qui sont ici sublimés comme dans un rêve aux allures gothiques et absurdes. Réflexions autour de l'art, des métiers du musée, de l'histoire de l'art. Les idées sont nombreuses, les éclairs d'intelligence aussi, et l'humour est bien présent amenant de vrais éclats de rire au cours de la lecture.
Il faut cependant avouer que le rythme un peu lent et l'ambiance typique de M-A Mathieu ne pourra peut-être plaire à tout public. Il manque en effet quelque chose qui donne véritablement envie au lecteur d'aller jusqu'au bout de l'intrigue. Il faut accrocher aux idées et à l'humour de l'auteur sans quoi l'ennui a des chances de surgir. Par bonheur, moi j'y ai accroché.
Un grand moment de lecture pour un album qui manque peut-être un tout petit peu de liant pour forger un souvenir inoubliable dans l'esprit du lecteur.
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