Le dernier printemps de Jean-Michel BeuriotPhilippe Richelle - 10 critiques

Série : Amours fragiles - T. 1
Edition : Casterman
Collection : Grands Formats
Pages : 88 pages en couleurs
Parution : mai 01
Auteurs : Jean-Michel BeuriotDessinateurPhilippe RichelleScénariste

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Par : Coacho Voir les critiques de Coacho (03 déc. 2006)

Voilà une bien belle histoire d’amour que nous proposent ces deux talentueux auteurs.
Sur fond de 2° guerre mondiale, en plein montée du nazisme dans les années 30, Philippe Richelle va nous perdre dans une histoire aux contours pas si nets, pas si évidents, et dont le flou en fera toute la saveur.
Sans refaire non plus un cours d’histoire, il replace les personnages dans le contexte de l’après première guerre mondiale, en pleine crise économique, en pleine désillusion… Et avec un « sauveur » à la moustache tristement célèbre, qui rallie tous les suffrages d’un peuple à l’agonie…
Dans ce long flashback de près de 90 pages, l’exploration de Richelle est de multiples niveaux. En effet, il creuse la psychologie de ses personnages, principaux et secondaires, nous les montrent forts, faibles, frustrés, amoureux, timides, maladroits, écœurés, galvanisés, trompés, séduits, et toujours avec une complexité qui fait le propre de chaque être humain. C’est brillant !
Mais sous le couvert de cette histoire d’amour presque impossible, et de ces rencontres improbables, il va habilement rendre compte du régime qui se met insidieusement en place dans cette Allemagne des années 30…
La montée du nazisme est pernicieuse, et si elle est tacitement acceptée, elle ne se fait pas sans quelques réticences que des méthodes brutales s’affaireront à gommer définitivement… Ainsi le père de Martin et de nombreux autres seront confrontés à ces dilemmes chaque jour plus inquiétants…
D’ailleurs, et ce n’est sûrement pas innocent, Richelle joue avec subtilité de cette famille Mahner qui semble être l’archétype de la famille allemande de cette époque trouble pour mieux nous faire comprendre comment l’horreur s’est instillée goutte à goutte…Le fils, David, est un idéaliste, profondément attaché aux valeurs humaines, qui aura bien du mal à s’affirmer tant les pressions sont énormes…
Entre courage de ses opinions et peur de la répression, les protagonistes du « Dernier Printemps » nous livrent une pièce fameuse que l’on applaudit des deux mains, les rôles ayant été au préalable magnifiquement attribués par un Philippe Richelle qui tient son chef-d’œuvre.
JM Beuriot joue lui dans un registre ligne claire qui est destiné à faciliter la lecture, privilégiant l’essentiel, l’ambiance, le tout étant rythmée par une lancinante et douloureuse voix off qui accompagne le lecteur tout le long de l’album.
Ses couleurs aquarelles un peu délavées renforcent cette impression diaphane, la pâleur des personnages, la disparition des contours psychologiques, une Allemagne dans le doute… mais qui veut garder encore un brin de romantisme…
Dans le genre, il y avait Gibrat qui nous offrait son « Sursis » en zone libre en France, là, nous sommes dans l’Allemagne qui gronde… mais ce sont toujours de belles histoires d’amour complexes, qui, le temps d’une lecture, nous conduisent aux tréfonds de l’Histoire qui se met en branle… Superbe !

Par : yannick Voir les critiques de yannick (03 août 2006)

Cet album conte la vie d’un jeune homme allemand, Martin, et de son entourage avant l’avènement de la seconde guerre mondiale.
Le gros intérêt de cette BD est de nous emmener dans l’Allemagne d’entre guerres et nous faire participer à la fulgurante montée du nazisme. Le scénario est essentiellement basé sur le changement lent mais durable de la mentalité des principaux personnages selon les évènements ou les lois qui ont été imposés par les nazis.

Martin est le personnage principal de l’histoire, c’est un homme timide et qui n’ose pas avouer son amour à Katarina, une jeune voisine qui vient de s’installer avec ses parents en face de chez lui. C’est aussi à travers son regard que le lecteur suivra l’évolution de son entourage et de l’Allemagne traumatisée par la défaite, le chômage galopant et la mésentente des partis politiques. Face à ces problèmes, le parti national-socialiste semble être aux yeux d’une grande partie de la population le seul groupe politique pouvant relever le pays et leur promettre une vie meilleure.
J’ai ainsi été littéralement accroché à cette histoire, intéressé par la vie de Martin et par tout ce qui l’entoure.

La scène du chat et la séquence finale sur les parents de Katarina me sont apparues très émouvantes, je salue le talent du scénariste qui a évité de mettre en scène des tueries, ces séquences citées en exemple suffisent à elles-seules de démontrer les méfaits du nazisme. J’ai été particulièrement touché par la façon dont les victimes de ce régime étaient pratiquement privées du jour au lendemain de dignité, de reconnaissance, de considération de la majorité d’un peuple. Et dire tout ceci a été voulu au nom de l’intérêt « général », aux noms du « bien-être » de tous les « bons » allemands !

La narration est excellente, le dessin est agréable à contempler et l’ambiance majoritairement mise en couleurs par des tons ocres à l’aquarelle est bien adaptée à cette BD.

Le premier tome d’ »Amours fragiles » est finalement un album historique très preneur. C’est une BD qui, à mon avis, retransmet bien l’Allemagne entre guerres mondiales à travers le regard d’un jeune citoyen soucieux et inquiet des changements de comportement de ses compatriotes. A découvrir !

Par : Spipp (23 mai 2006)

On vient de m'offrir cet album que je ne connaissais pas et quelle découverte ! Un scénario superbe, tout en subtilité comme il n'en existe quasiment plus de nous jours, une sensibilité toujours présente sans mièvrerie et un dessin à l'unisson. Que demander de plus ? Je vais me ruer sur la suite qui vient de paraître !

Par : Jérôme degryse (01 mars 2002)

Vu les critiques positives déjà écrites sur cette BD, je n'ai pas grand chose à rajouter. Cette BD est une petite merveille d'émotion et je regrette que ni les libraires (par l'intermédiaire du prix Canal BD) ni Angoulème n'aient récompensé ce livre. Ha si, il a eu le prix oecuménique à Angoulème. Je ne suis pas souvent d'accord avec les religieux mais là je leur dis BRAVO d'avoir été les seuls à récompenser cet ouvrage. Je l'avoue, je viens juste de découvrir "Amours fragiles". Je l'avais déjà eu en main, attiré par les très belles couleurs mais je ne l'avais pas acheté à cause du sujet(Amour sous l'Allemagne nazie). Mais dernièrement faute de grandes sorties BD et vu l'actualité (la sortie du très bon film Amen de Costa Gavras), je me suis laissé tenter. Je ne l'ai pas regretté. Cette BD décrit à merveille les sentiments amoureux des protagonistes et décrit sans concession la plongée de l'Allemagne dans le nazisme. Mais ici, pas de manichéisme. Juste des scènes parmi les plus fortes jamais vues en BD (les scènes du ballon, des brouettes et du rejet de Katarina par ces amies par exemple). La très bonne surprise de ce début d'année pour moi.

Par : alain 51 ans (13 sept. 2001)

Quel album. Un des plus beaux de ces dernières années. Si le dessin nous emmène dans une atmosphère douce, toute en nuance, malgré le thème abordé, c'est surtout le scénario de Richelle qui m'a interpellé. Quel pudeur dans le discours, quelle recherche approfondie dans l'approche des caractères.
Vivement la suite et je suis certain de ne pas être déçu.
A voir et à relire absolument.

Par : Diane (20 juil. 2001)

C'est certainement une de mes BD de l'année. Les personnages sont touchants, j'ai une impression d'état de grâce... Le dessin, simple, presque naïf, ne m'a pas laissée de marbre. En un mot, cette histoire, même si elle relate des faits connus, est une merveille de sensibilité.

Par : Thierry Bellefroid Voir les critiques de Thierry Bellefroid (25 juin 2001)

« Le dernier printemps », premier tome de « Amours fragiles », par Beuriot et Richelle. Chez Casterman.

Philippe Richelle ne se contente pas de l'excellente série « Les coulisses du pouvoir » avec son complice Jean-Yves Delitte (avec qui il a déjà réalisé « Donnington » paru chez Hélyode). Son autre complice, Jean-Michel Beuriot, avec lequel il a fait les beaux jours d'(A SUIVRE) est de retour. A deux, ils signent l'un des plus beaux albums de l'année. Certainement la plus belle histoire sur fond de guerre depuis l'inoubliable « Sursis » de Gibrat. Avant toute chose et comme le titre de la série l'indique, c'est une histoire d'amour que Richelle a voulu raconter. Et pour cela, il nous parle d'abord d'une liaison adultérine qui lie un soldat de l'armée allemande à une Française, sous l'occupation. Très vite, cependant, cette histoire cède le pas à un long flash-back. Il durera tout l'album.

1932. A Berlin, le soldat du début d'album n'est encore qu'un adolescent boutonneux, timide et pétri de littérature. Il s'appelle Martin Mahner. Son père est un sympathisant nazi notoire. Et il n'est pas le seul. Mais Martin veut croire en des lendemains meilleurs et refuse la doctrine d'Hitler. Richelle plante admirablement le décor. La famille Mahner est emblématique. Un fils adolescent que ses lectures, ses fréquentations et son idéal poussent à rejeter le fascisme. Un père qui n'a pas digéré les humiliations subies par l'Allemagne et qui suit les rêves d'Hitler comme des rêves de revanche sur l'Histoire, mais qui aura ses doutes, aussi, quand viendra l'heure. Et une mère effacée, qui prend le parti du silence. Beaucoup plus subtils qu'il y paraît, beaucoup plus fragiles aussi, les Mahner incarnent parfaitement la famille type d'Allemands d'avant-guerre. Et leurs voisins juifs tombent à point nommé pour ébranler leurs petites certitudes. Le talent de Richelle est de distiller tout ça sur fond d'histoire d'amour impossible. Avec un héros tiraillé entre sa timidité, ses convictions, son amour absolu et l'honnêteté qui le conduit à ne pas céder aux avances d'une femme qu'il n'aime pas. Les rôles sont distribués avec beaucoup de justesse et joués avec une grande sensibilité par les protagonistes. Le contexte est parfaitement exploité sans être pesant. L'histoire, magnifique, ne magnifie personne et fait la part belle aux petites (et grandes) faiblesses dont sont victimes les hommes lorsqu'ils doivent faire face à des périodes aussi troublées. Bref, ces 84 premières planches somme toute assez tragiques se lisent d'un trait et vous emmènent dans une Allemagne à la fois peu sympathique (l'incident qui oppose Karl Erlinger à Martin et Katarina en dit long sur le climat de l'époque) et fascinante. Le dessin de Beuriot privilégie limpidité et ambiances. Ses couleurs rappellent le travail de Juillard (sur « Le cahier bleu » et plus encore sur « Après la pluie ») mettant en avant une palette d'aquarelle simple et presque nostalgique. Certaines pages sont magnifiques. Principalement la scène du ballon, au début (planches 7 et 8) et l'impression générale que laisse l'album est celle d'être entré, le temps de sa lecture, dans un monde subtil, complexe... et vrai !

Par : Romanov (08 juin 2001)

Quel bonheur ... et ça dure sur plus de 100 pages en plus. C'est amené lentement et on sent qu'on en aura encore pour plusieurs albums de bonheur intégral (si on eput utiliser ce terme puisque l'histoire se passe en Allemagne Hitlérienne et l'ambiance n'est pas au rose). Les dessins sont simples , agréables et le scénario est comme un bon film. On a fini les 100 pages sans réaliser le temps qui passe. Très touchant, quel dommage de devoir attendre pour savoir ce qui va se passer avec cette charmante Katarina.

Par : Elisa (06 juin 2001)

Amours fragiles est un album magistral (de presque 100 pages) qui relate les sentiments d'un jeune homme dans l'Allemagne de 1932 et de 1942, périodes ô combien troublées. Sentiments exacerbés par sa jeunesse et son inexpérience de la vie, sentiments d'appartenance à un pays qui prend la mauvaise voie, sentiments de trahison par rapport à ses amis qui ne voient pas le danger que représentent Hitler et le Nazisme, sentiments d'incompréhension et de frustration par rapport à un père qui porte Hiltler aux nues, sentiments d'amour contrarié pour une jeune juive qui est venue s'installer en face de chez lui, et envers laquelle il n'arrive pas à déclarer son amour. Album tout en finesse, d'une grande pudeur, qui ne porte aucun jugement, mais vous conte la vie telle que les allemands l'ont vécue dans ces années là, des allemands comme vous et moi, employés, ouvriers, étudiants, cadres, médecins, etc.. Cette montée d'Hitler au pouvoir, l'installation d'un régime de terreur, le début des dénonciation, une haine injustifiée envers les juifs.. C'est au travers de cet adolescent et de ses amis que les auteurs nous montrent les événements. Très émouvant. A lire absolument.

Par : Jdavid Morvan (26 mai 2001)

Le plus bel album que j'ai lu depuis un petit temps. Sensible et fort, mélangeant parfaitement à la fois une vie quotidienne faite de renoncements et de cas de conscience mais aussi de joies) avec une fiction qui a besoin d'un peu d'"aventure".
Le scène des brouettes est très forte.
Peu de conscession à la démagogie du plus facile.
Impressionnant dans la légèreté et les émotions subtiles.Et en plus, c'est tellement bien ammené qu'on ressent le second degrès entre les persos, ce qui est difficile en BD quand on ne l'appuie pas trop.


 


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