Edgar Pierre Jacobs : bibliographie, photo, biographie
Edgar Pierre Jacobs se passionne très tôt pour le dessin et la musique. Après avoir exercé quelques petits métiers, il travaille dans la publicité. Parallèlement, à partir de 1921, il est figurant au Théâtre Royal de la monnaie, participe à la grande revue du Casino de Paris, aux côtés de Mistinguett, et devient artiste lyrique à l'Opéra de Lille. En 1940, il doit abandonner la scène. Il regretta toute sa vie d'avoir dû abandonner sa carrière lyrique stoppée par la guerre. Le « baryton du neuvième art » allait dès lors s'illustrer dans des travaux graphiques alimentaires (publicité, catalogues, presse) qui le mèneraient à d'autres « planches », celles de la bande dessinée, dérisoires à ses yeux, qui pourtant lui assureraient une gloire de diva. En 1941, il entre au journal Bravo. Après quelques illustrations pour divers contes, nouvelles et romans, il se voit confier, en 1942, la reprise de Flash Gordon, cette saga américaine dessinée par Alex Raymond ne parvenant plus en Belgique. Il s'en acquitte avec bonheur mais la censure allemande interdit la série quelques semaines plus tard.. En 1943, Jacobs élabore une nouvelle bande dessinée de science-fiction intitulée Le Rayon U. Jusqu'en juillet 1946, il collabore à Bravo. Entre-temps, il fait la connaissance d'Hergé. Ce dernier lui confie, à partir de 1944, la mise en couleur et les décors de ses albums. Il entreprend des corrections, des remises au format et les coloriages de Tintin au Congo, de Tintin en Amérique, du Sceptre d'Ottokar et du Lotus Bleu. Il travaille également sur le Trésor de Rackham le Rouge, les Sept Boules de Cristal et le Temple du Soleil. Cette collaboration liera les deux hommes d'une profonde (et rivale) amitié qui culmine au lendemain de la guerre lorsque Edgar n'hésite pas à jouer du gourdin pour défendre Hergé contre les épurateurs d'une autre espèce de «collaboration ». En septembre 1946, Hergé invite son compère à participer au lancement du journal Tintin. Le 26 septembre de cette année-là, dans un numéro 1 aujourd'hui recherché comme une pièce de trésor, paraît la première page du « Secret de l'Espadon », lever de rideau d'une « opéra de papier » en huit actes à suivre, aux trois immortels héros : Blake, Mortimer et Olrik. Ce dernier, colonel et gangster à monocle, est l'incombustible prince du mal que combattent deux chevaliers de l'ordre historique et scientifique : l'émérite capitaine d'aviation Francis Percy Blake, blond et flegmatique Gallois, et son « good old fellow », le professeur Philip Edgar Angus Mortimer, bouillant barbu rouquin (né aux Indes), spécialiste de physique nucléaire tout autant que de biologie moléculaire. En 1947, Jacobs abandonne sa collaboration avec Hergé et se consacre dès lors de manière quasi-exclusive à sa propre série où il fait vivre de multiples et périlleuses aventures à ses very british héros. Après avoir gagné, grâce à l'Espadon (un sous-marin volant révolutionnaire), la troisième guerre mondiale menée par le diabolique colonel pour le compte des « Jaunes » (Hiroshima, en 1946, n'est pas encore un remords...), Blake et Mortimer ne perceront « Le Mystère de la Grande Pyramide » qu'après un nouvel affrontement, en Egypte, avec Olrik,... Qui s'en sortira, forcément, mais si déglingué qu'il deviendra l'esclave téléguidé d'un savant fou, « La Marque Jaune », semant la terreur dans Londres, où veillent heureusement Blake et Mortimer. Qui ne laisseront échapper leur ennemi préféré que pour mieux le retrouver dans les entrailles des Açores, théâtre antico-futuriste de l' « Enigme de l'Atlantide ». Le combat se déplace ensuite en France pour trois manches. D'abord dans la région parisienne où « S.O.S. Météores » fait régner un temps de chien qui ne doit rien à la nature. Puis à la Roche-Guyon, où est tendu le « Piège Diabolique » d'une machine à explorer le temps, destination : la préhistoire, le Moyen-Age et le LIème siècle... tout le monde descend. Et retour à Paris par les catacombes pour régler une bonne fois pour toutes « L'Affaire du Collier », qui tenaille la République depuis Marie-Antoinette. C'est au Japon que, dans les années 70, Jacobs avait choisi de faire vivre à son trio magnifique une nouvelle aventure «Les Trois Formules du Professeur Sato», dont il pressentait qu'elle serait, pour lui, la dernière. Il était si las, si désabusé, qu'il laissa traîner trop longtemps son crayon sur des feuilles à demi-blanches. Et ne livra, dix ans avant sa mort, que la première partie de cette fillandreuse histoire de clones et de dragon cybernétique. Huit ans plus tard, en 1981, Jacobs rédige ses Mémoires, publiées aux éditions Gallimard sous le titre « Un Opéra de Papier ». S'il écrit le scénario du second volume des Trois Formules du Professeur Sato, celui-ci reste néanmoins graphiquement inachevé à sa mort en 1987. Le dessinateur flamand, Bob de Moor, se dévouera pour mettre en images l'étique scénario de conclusion laissé par son ami Edgar, qui paraîtra en 1990. Curieuse destinée que celle d'Edgar Pierre Jacobs. Il ne vient à la bande dessinée que par obligation mais n'en signe pas moins l'une des oeuvres les plus importantes du genre. Aux côtés de Hergé, de Jacques Martin et de Bob de Moor, il fait partie de ce que l'on appelle communément l'école de Bruxelles. Petite note pour la fin : Cet « opéra de papier » devenu mythique ne pouvant s'achever sur une si triste note, les éditions Dargaud, devenues propriétaires, en 1992, de la totalité des droits de l'oeuvre jacobsienne, décidèrent de donner une suite aux aventures de Blake et Mortimer. Pour gagner ce pari, il fallut trier et convaincre un scénariste et un dessinateur dont les talents additionnés pouvaient approcher le génie unique d'Edgar P. Jacobs. Jean Van Hamme était, en Belgique, un orfèvre de l'intrigue, un virtuose éprouvé de la narration et du dialogue, le français Ted Benoit passait pour être le plus brillant adepte de la « ligne claire », dont avec Hergé, Jacobs fut le maître. Et « L'affaire Francis Blake » nacquit.... En janvier 2000, une seconde équipe, parallèlement à la première qui continue la série, constituée de Yves Sente et d'André Juillard, publie le 14ème album de la série : La Machination Voronov.
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