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« Echec & automates » d'Arnaud Quere et Philippe Segard. Carabas.
Une Venise asséchée, des architectures fissurées envahies par la végétation et la sensation d'un monde fermé dans lequel évolue un habitant presque unique, vieux marinier rompu à la solitude livrant sa vie par monologues... « Echec & automates » avait tout pour être une variation assommante sur le mythe du dernier homme. Il n'en est heureusement rien. Mettant en scène la vie de ce vieux misanthrope qui recueille le fils handicapé d'une femme qui a mis fin à ses jours, Quere et Segard évitent toute lourdeur. Ils font même preuve de grâce et de légèreté, opposant les manies mécaniques d'un homme obsédé par les horloges à la découverte par le petit garçon du monde d'une mère artiste, un monde onirique et aérien, axé sur la recherche de couleurs pour la réalisation de masques pour les touristes. Le pari graphique (tenu) était de rendre une image d'une Venise à la fois ouverte sur le ciel et fermée par cet enchevêtrement d'architectures, vivante par l'enchaînement de perspectives et morte de par son inéluctable dégradation, une ville à l'envers, dans laquelle on "pêche" les oiseaux avec une canne à pêche et un poisson-appât... Un album subtil et surprenant, finalement très bien résumé par sa couverture, dont le dénouement - encore un retournement de perspective - est digne des « novels » fantastiques de l'âge d'or de la science fiction américaine.
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