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« Torture blanche », de Philippe Squarzoni. Les Requins marteaux.
Dans une production largement dominée par la fiction, trop peu de place étant réservée au documentaire, « Torture blanche » est un véritable souffle d'air pur. Philippe Squarzoni se définit d'entrée comme un auteur militant, ardent défenseur du courant altermondialiste. Mais surtout, ce jeune auteur - 33 ans au compteur - se pose en témoin. « Torture blanche », réalisé en résidence à la Maison des auteurs d'Angoulême, traduit sa vision du conflit israélo-palestinien, suite à un séjour au Moyen-Orient en novembre 2002. Une vision d'un peuple traumatisé par des années de conflit, ostracisé par l'état d'Israël ; du quotidien d'une nation étouffée, au bord de l'asphyxie. Cet ouvrage engagé tente de mettre en lumière les sources du conflit, dénonçant un travail de sape des Israéliens et l'indifférence coupable des nations occidentales. Le titre fait ouvertement référence à la torture psychologique, à la peur au quotidien liée au couvre-feu, au contrôle répressif exercé par une population sur une autre. Il témoigne de la détresse d'un peuple, non de ses dirigeants. Squarzoni se défie tout autant de la personnalité ambiguë de Yasser Arafat (le recueil est sorti juste avant le décès du leader de l'OLP) que de celle d'Ariel Sharon, et condamne vigoureusement un terrorisme qui entretient la spirale de la violence, en alimentant les intégrismes. L'auteur de « Garduno en temps de paix » et « Zapata en temps de guerre » sert son propos en usant d'un montage original inspiré de documentaires filmés. Il intègre à l'instar de Guibert des clichés d'actualité dans sa trame narrative, ainsi que le témoignage de militants côtoyés sur place. Il assure l'homogénéité de l'ensemble en travaillant directement à partir de photos. L'austérité du traitement sert l'intelligence du propos, décryptage d'une situation complexe dont les médias - victimes de la culture de l'événementiel - ne rendent souvent qu'une image partielle.
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