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« La reine des Amazones », Le dernier Troyen 2, de Thierry Démarez et Valérie Mangin. Soleil.
Valérie Mangin poursuit son oeuvre dans ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui les « Chroniques de l'antiquité galactique ». Certains admirateurs du « Fléau des Dieux » ont tordu le nez devant « Le dernier Troyen », trouvant l'action plus convenue, les personnages trop posés. C'est faire un mauvais procès à cette série, à découvrir pour ses qualités propres. Il est inutile de vouloir à tout prix retrouver dans ce spin-off le lyrisme barbare de la série-mère. En adoptant un ton volontairement plus lent, l'historienne et scénariste a souhaité placer son récit dans le cadre spécifique du théâtre antique, cette libre adaptation de l'Enéide et de l'Odyssée étant contée par un Virgile galactique « poète et non scientifique ». Mais surtout, avec ce deuxième tome, Mangin se met enfin à l'aise avec son récit, disposant des icônes de l'Antiquité grecque selon son bon plaisir. Enée reste un héros positif encore un peu monolithique, mais après tout, ce sont les Romains qui racontent, et les vainqueurs font l'histoire. La personnalité d'Ulysse et l'univers des Amazones, par contre, semblent fasciner la scénariste, qui fait tourner son travail de (science) fiction historique déjà remarquable autour du thème de l'identité sexuelle. Une belle idée permettant d'aborder des tabous que les Grecs de l'Antiquité non galactique ne s'imposaient pas. Thierry Démarez excelle dans la mise en place d'un univers au sein duquel il se sent visiblement déjà plus à l'aise. Là encore, il serait vain de jouer le jeu des comparaisons avec Gajic. Libéré des éléments les plus contraignants de l'iconographie antique - le cheval de Troie, même transformé en pièce d'échec... - il prend visiblement plaisir à explorer de nouveaux mondes et à mettre en scène des interventions divines des plus spectaculaires, la couverture fait foi. Loin du principe d'incarnation développé dans le Fléau, le Dernier Troyen se plaît en effet à décrire les querelles des locataires de l'Olympe en temps qu'entités supérieures. Mais comme il est dit et redit, nous sommes dans le récit romancé d'un Virgile visiblement très inspiré.
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