Anna de Christophe BecStéphane Betbeder - 2 critiques

Edition : Boîte à Bulles (La)
Collection : Contre-Jour
Pages : 110 pages en noir & blanc
Parution : août 04
Auteurs : Christophe BecDessinateurStéphane BetbederScénariste

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Par : philma Voir les critiques de philma (14 oct. 2004)

Coauteur de la série à succès Sanctuaire, Christophe Bec sort cet album chez le jeune éditeur indépendant « La Boîte à bulles ».
Cet album a une histoire puisque c’est l’édition remaniée et augmentée d’un album paru chez Soleil il y a quatre ans, « Hôtel particulier ».
Le dessin très réaliste de Christophe Bec est intéressant, en particulier son noir et blanc tout en ombre et lumière. Il passe cependant difficilement le cap de l’impression qui en écrasant les noirs a tendance à rendre certaines planches assez peu lisibles.
Les scènes du livre ont été tournées au préalable en vidéo, la retranscription en dessin et le découpage ont pour effet de donner un graphisme de roman photo dessiné plutôt sophistiqué.
On s’attend bien à des rapports psychologiques tendus entre les protagonistes mais peut-être pas à la description de jeunes adultes sans aucune envergure, évoluant pour la plupart dans un milieu pseudo artistique sans âme. Ils se donnent l’air de vivre à travers la perversité afin de tendre à l’extrême les rapports entre les êtres. L’entreprise est risquée puisque aucune empathie n’est alors possible avec les personnages. Et tout y passe, du voyeurisme/exhibitionnisme aux rapports de force sado-masochistes d’une relation homme-femme, qui malgré leurs travers, n’ont, malheureusement, aucune épaisseur psychologique. Dans le fond, nous ne savons quasiment rien d’eux ni de leur histoire. Ils deviennent alors très vite des pantins désincarnés.
Mais surtout, sous prétexte de ne pas juger, les auteurs se complaisent dans leur narration sans jamais prendre le moindre recul, et adoptent finalement sans la moindre gêne, les mêmes travers que leurs personnages. On ne nous épargne pas grand-chose. Un sentiment de malaise et de dégoût finit par s’installer chez le lecteur qui se sent pris en otage.
Aucune branche à laquelle se raccrocher, on ne trouve aucune générosité dans le propos, mais une extrême complaisance dans les descriptions qui rend l’album très ambigu. Il se termine sur une simple inversion des rapports de force et sur la défaite du plus extrême des personnages. Nauséabond.

Par : Thierry Bellefroid Voir les critiques de Thierry Bellefroid (24 sept. 2004)

« Anna », de Betbeder et Bec, à La Boîte à Bulles.

Ceux qui, comme moi, se souviennent de l'ovni qu'avait été « Hôtel particulier » chez Soleil il y a quatre ans auront le sentiment d'un petit côté déjà vu en ouvrant « Anna ». Expérimental, développé dans un noir et blanc très obscur à partir de sources vidéo, « Hôtel particulier » était un album atypique dans le catalogue de l'éditeur toulonnais. A tel point qu'il était paru habillé d'une jaquette noire, soulignant un côté plus classieux qui devait le distinguer de la grande majorité de titres héroïc fantasy édités à l'époque chez Soleil. Plus petit, mais lui aussi muni d'une jaquette, « Anna » repose sur le même principe. Et au bout d'une ou deux pages, le lecteur s'aperçoit qu'il exploite les mêmes personnages. Normal. Il ne s'agit pas d'une réédition. Mais d'un remontage de l'histoire prévue initialement en deux tomes et qui n'avait jamais connu de suite chez Soleil. Cette fois, Oscar, Anna, Barbara et les autres vont au bout de leur histoire, dans une version remaniée particulièrement glauque, qui en choquera plus d'un. Non par l'image, car Bec travaille sur la suggestion, l'ombre, le hors-champ. Mais à travers le discours de ces jeunes gens sous l'emprise de leur « gourou », réunis autour d'un projet d'exposition artistique provocateur. Tout le propos du livre tourne autour du rapport de pouvoir qui unit les dominateurs et les dominés. En choisissant plusieurs points de vue de narration, Stéphane Betbeder implique le lecteur, l'intrigue, le mène vers un dénouement qui a toutes les allures du drame... et qui n'en est pas un. Intelligent, mais malsain jusqu'au bout des ongles car il laisse à ses personnages le loisir d'être aussi odieux qu'ils le souhaitent, Betbeder traite peut-être mieux que quiconque du sado-masochisme dans cet essai au rasoir. Sans rien montrer. En suggérant. En intellectualisant, parfois. Mais toujours, en collant au profil de chacun de ses personnages, tous plus ou moins impliqués dans un rapport de force maladif avec Oscar, leur mentor détesté. Et même si Bec, très loin de « Sanctuaire », traite parfois son sujet avec tant de noir que ses personnages en deviennent difficilement reconnaissables, ce livre vaut la peine qu'on s'accroche jusqu'au bout.


 


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