Le dessin de presse

11. herve

- 14/01/06 13:29

une petite remontée de sujet pour saluer la mémoire de Jacques Faizant, mort ce matin.

On aime ou on aime pas mais c'était quand même quelqu'un-

10. Anne-Claire - 19/11/99 08:36

Et Serdu? Personne ne connaît Serdu? Mais ce n'est peut-être pas tout à fait la même chose puisqu'il n'illustre pas que des faits politiques: il peut tout aussi bien caricaturer les Diables Rouges ou encore illustrer la revue de l'Association Belge de la Presse d'Entreprise en se moquant des journalistes...

9. Léon - 17/11/99 19:54

A Zébulon, toujours à propos de Faizant : D'accord, si tu abordes le côté non-conformiste (qui, comme tu le dis très bien, constitue l'essence du dessin de presse), je te concède que Faizant a un côté "gentil toutou RPR-UDF". Par rapport à Willem (que je n'aime pas, tu m'excuseras, je le trouve outrancier, ça fait certainement partie de ses qualités de satiriste, mais personnellement, j'accroche pas!), Faizant doit paraître beaucoup plus mou. Moi, je m'attachais surtout à son coup de patte graphique et à la qualité de ses textes (il manie très bien l'alexandrin, entre autres!). Donc, je crois qu'on peut (ou que l'on a pu) lui donner le titre d'artiste sans paraître ridicule. En ce qui me concerne, je n'aime pas tellement le style contre-culture ou Hara-Kiri, je préfère un humour plus soft et plus verbal, c'est peut-être ce qui explique mon indulgence pour Jacques Faizant. Mais tu as raison, le dessin de presse, pour atteindre son but, doit être virulent, et Faizant, de ce point de vue, était un peu trop frileux.
Amicalement
Léon, éditorialiste du mercredi soir

8. Zébulon - 17/11/99 15:59

Oups, distrait! Veuillez lire "Quant à Faizant".

7. Zébulon - 17/11/99 14:44

Ouais, bon, en effet, "opinions politiques mises à part" est peut être bien erroné. C'est vrai que si Luz me fait pisser de rire, c'est en partie parce que ces crobards collent à ma sensibilité. Mais c'est aussi un dessinateur qui techniquement doit enterrer la plupart de ses confrères.
Quand à Faizant. On ne doit pas parler du même, c'est pas possible. Le Faizant dont je parle, je ne lui conteste pas son habileté graphique (encore que ses mamies, pardonne-moi Fufu, c'est pitoyable). Mais on parle de dessin de presse. Le dessin de presse a une tradition de non-conformisme, d'impertinence, voire de révolte, dont on n'a jamais trouvé la moindre trace chez Faizant. Faizant, c'est la voix de son maître, et la gueule du maître a des crocs de pittbull et des boucles d'oreilles de baronne. On est quand même assez loin, avec Faizant, des pères qu'ont été Daumier (expo au Grand Palais à Paris, à ne pas manquer) et plus tard Dubout.
Le dessin de presse n'a de raison d'être que s'il offre un regard perturbateur et caustique sur l'actualité. Comme Pétillon. Comme les gens de Charlie (avec, on est bien d'accord, des a priori politiques marqués). Mais Faizant...
Le cas Plantu: dessinateur génial qui veut plaire à tout le monde, et pour cause, le journal qui l'héberge doit plaire à tous le monde, ni vexer à gauche, ni vexer à droite, ni vexer personne d'ailleurs,... Quel gâchis!
PS: Siné! J'ai oublié Siné! Et Gébé! Je suis impardonnable...

6. Signé Fufu - 16/11/99 20:06

Je suis plutôt d'accord avec Léon, Faizant était un bon dessinateur de presse (ou dessinateur tout court). Je ne peux relire ses "vieilles dames" sans un brin de nostalgie... ce qui est très con, vu qu'à l'époque je n'étais même pas né. Et puis il a fait quelques très beaux dessins, une sorte de "Eifel" (?), ce qui ne rajeunit personne.
Pour les documents scolaires, il est à remarqué que cela fait belle lurette que Plantu fait référence dans les illustrations des bouquins d'histoire et d'économie (entre autres).
Mais mon préféré, c'est Pétillon. Tous les mercredi, la première chose que je fais en ouvrant mon "Canard", c'est de regarder ses dessins ! Il y a quelque chose de proche du génie chez ce dessinateur, il arrive à rendre l'absurde d'une idée ou d'un fait en quelques coups de crayons. Son dessin peut être à la fois très détaillé (cf Tibéri dans son grand bureau à la Mairie de Paris) ou complètement abstrait. Et puis ses dialogues... haaaa ses dialogues ! Une seule chose à faire : lire ses compilations (chez Albin Michel).

5. Léon - 16/11/99 18:28

A Zébulon : Il fut un temps, malgré tout, où Faizant était assez drôle et où, toute prise de position politique mise à part (je l'ai déjà dit plusieurs fois, la politik, je m'en fous-fous-fous!), je lui trouvais un certain talent. Mais j'avoue que je ne l'ai plus lu depuis longtemps (la dérive du Point vers l'extrême-droite explique partiellement cela; je lisais Le Point quand j'étais jeune étudiant, j'en ai un peu honte aujourd'hui). Les Guignols semblent d'ailleurs partager ton avis. Lors de l'anniversaire du Figaro, ils avaient représenté Faizant sous les traits d'un squelette fumeur de pipe, déambulant aux côtés d'un Alain Peyrefitte aux oreilles démesurées, et d'un Jean d'Ormesson format nain de jardin. D'ailleurs, s'il a suivi la dérive idéologique du Point, il ne mérite plus beaucoup d'estime, humainement parlant.
Mais je le maintiens, il fut un temps où Faizant était drôle. Il y a cinq ans à peu près, j'ai lu un roman de Faizant qui s'intitulait "Alicia et la bicyclette" (En fait, je ne pense pas que c'était Alicia, c'était peut-être Alvina... En tout cas, c'était un prénom féminin.) C'était une satire du monde des randonneurs à vélo, et, que l'on me pardonne, j'ai trouvé ça éclatant!
Amicalement
Léon

4. Al(x) - 16/11/99 18:14 - (en réponse à : à propos des propos de Zébulon)

"Opinion politique mise à part" : c'est bien là un des problèmes avec ce genre d'illustrations. Personnellement le trait de Faizant ne me dérange pas, mais j'avoue que son parti pris un peu trop visible m'empêche d'apprécier son éventuel humour (faut dire que moi, le Figaro, hein...). De même quand j'apprécie Plantu, je me demande si ce n'est pas en partie parce que mes opinions concordent (souvent) à ce qu'il présente. Bref, est-il vraiment possible de faire abstraction des opinions dans des oeuvres qui se veulent "engagées", du moins dans une certaine mesure ? Al.

3. Zébulon - 16/11/99 17:50

Mon cher Léon,
Je ne crois pas qu'on puisse sans rire qualifier Jacques Faizant d'artiste... Tout au plus tâcheron sans talent ni humour, le Schetter du dessin de presse.
Toute opinion politique mise à part, je pense que les meilleurs dessinateurs de presse sont à Charlie Hebdo: Luz, Charb, Willem, Wolinski, Bernar, Tignous, Honoré, et le génial et trop méconnu Cabu. Et n'oublions pas que Tardi y illustra les chroniques cinéma de Boujut jusqu'il y a deux ans.
Et puis Pétillon au Canard.
Et Lefred-Thouron.

2. Pata - 16/11/99 17:26

ce que j'admire le plus, c'est la perception très fine qu'ont ces auteurs (en fait, je connais surtout Plantu) des faits marquants de l'actualité, et le détournement qu'ils arrivent à en faire, et ce chaque soir inlassablement... Ils arrivent de plus à faire passer un message souvent féroce mais "tellement vrai" en quelques coups de crayons. Chapeau bas à eux.

1. Léon - 16/11/99 17:15

Wolinski à l'Humanité, Faizant dans Le Point et Le Figaro, Plantu dans le Monde, Wiaz dans le Nouvel Obs', Vadot dans Le Vif L'Express (Belgique), Pierre Kroll, Cabu... Autant d'artistes qui pratiquent un genre à part, un genre qui exige un remarquable sens du raccourci, mais aussi une certaine conscience de la précarité des choses, car le dessin de presse, qui fait par définition référence à l'actualité, est condamné à ne pas vieillir.
Ne pas vieillir? Voire! Après tout, l'affaire Dreyfus, les mesures d'Emile Combes contre les congrégations religieuses, j'en passe et des plus croustillantes, ont inspiré nombre de caricaturistes, dont les dessins sont encore parfaitement compris de nos jours. Qui sait si les gags de Jacques Faizant sur la cohabitation 86, ou les caricatures de Le Pen par Cabu, ne serviront pas de documents scolaires au cours d'histoire, d'ici un siècle? Même si j'espère que Le Pen n'entrera jamais dans l'histoire, mais c'en est une autre (d'histoire)...
Amicalement
Léon