Cet album-là, je le guettais depuis un bon moment… je me méfiais un peu des avis très favorables des lecteurs disséminés ça et là sur les foras et le sujet de cette BD ne m’attirait pas plus que ça. Et puis, voilà, au bout de quelques pages, entraîné par le dessin tout en rondeur de Alfred et la bonne narration de ce récit autobiographique, j’ai finalement été capté par cette bd. L’histoire tourne autour des années 68, Olivier Ka est l’enfant unique d’une famille baba-cool aux mœurs très « libertins » et a des grands parents fortement imprégnés par le catholicisme. Le rapport religieux entre ses parents et ses grands-parents ne sont pas donc au top, Olivier Ka n’aura pas de cesse de se poser des questions sur Dieu et sur sa façon de se comporter ainsi que sur celle de ses parents dont il admire leur « simplicité » de vivre. Et puis, un jour débarque un curé au nom de « Pierre » dont l’allure correspond aux goût de ses parents et dont la pratique religieuse satisfait ses grands-parents, il sera finalement le trait d’union de la famille. Pour moi, il y a deux thématiques majeures dans ce récit. La première correspond à la période post-adolescente de Olivier où le lecteur découvre l’époque soixante-huitarde avec ses interrogations sur à la religion, la nature, la liberté et l’épanouissement sexuel. Ce n’est pas la partie la plus important du récit mais elle est très riche en réflexions. Cette partie m’a posé beaucoup de questions sur l’éducation des enfants, la pratique religieuse, etc… La deuxième correspond à la vie de Olivier de son adolescence jusqu’à nos jours, une vie marquée par sa « relation » avec ce curé et dont il ne s’en remettra jamais… Cette partie est sans contexte la base du récit, elle est pleine d’émotions et le lecteur ne peut qu’être touché par « la détresse » d’Olivier. Certaines séquences sont très dures à supporter (je pense au dénouement dont j’ai eu le sentiment que mon cœur se resserrer) malgré la douceur du trait d’Alfred. Le choix de ce dessin pour cette histoire est assez étonnant. Je me mets à la place du lecteur qui n’a jamais entendu parler de ce récit et qui le découvre pour la première fois, imaginez un peu sa surprise lorsque sa lecture arrivera sur des séquences difficiles alors que la douceur du trait d’Alfred ne présageait pas cela ! Finalement, j’applaudis ce choix graphique car cela m’a permis d’entrer plus facilement dans ce récit. Je pense qu’un style plus réaliste pour cette histoire m’aurait rebuté jusqu’à l’écoeurement cette lecture alors que ce dessin « sympathique » me donne envie de relire cette bd… peut-être pas de sitôt mais je sais que je la relirai ! A mon avis, il est clair que cette bd ne donnera pas sitôt l’envie aux lecteurs de la relire tant le sujet est grave et plein de noirceurs. Cependant, le récit est ponctué par une partie sur la jeunesse d’Olivier Ka qui me semble très riche en questionnement, c’est ce passage qui me donne cette envie de relecture. Le dessin d’Alfred, au premier abord d’un style assez bizarre pour ce genre de récit, m’est finalement apparu intelligemment adapté à cette BD.