Alors qu’une intégrale des 6 premiers albums vient tout juste de sortir, voilà qu’apparaît le 7ème album des aventures de Julius Pinkas dit « Pascin » : « La java bleue ». Cette bédé marque une étape importante pour la série. La mise en couleurs utilise désormais toute la panoplie d’une palette d’aquarelle et de gouache, et les péripéties imaginées par Sfar de ce peintre, qui a vécu réellement entre 1885 et 1930, prennent une nouvelle tournure sentimentale. Lorsque le lecteur feuillette l’intégrale des 6 premiers tomes, il ne peut qu’être surpris par l’évolution constante du dessin de Sfar. C’est ainsi que d’un trait simpliste qui consistait plus souvent à délimiter les personnages et les objets, son style évoluera ensuite vers l’utilisation de hachures (rendus d’ombre) pour finir par l’emploi de plus en plus massive de l’encre. Malgré cela, l’ensemble de la série garde sa cohésion graphique grâce notamment à la vivacité caractéristique du trait de Sfar que l’on retrouvera également dans ce dernier album ! Pour « la java bleue », l’auteur nous en met plein la vue avec des mises en couleurs tantôt flamboyantes de dominante jaune ou vert clair (séquences dans les tropiques et dans le jardin du Luxembourg), tantôt sombres (séquences en huis-clos). Ce changement de style donne plus de poésie et de vie. Sans aucun doute, je trouve que ce nouveau traitement graphique apporte un vrai plus à la série. Scénaristiquement, « La java bleue » revient à la trame des deux premiers albums. Le monde de l’art et des peintres en particulier est moins abordé. Cette fois-ci, Pascin va tomber amoureux… Attention, amis lecteurs ! Ne vous attendez pas à voir Julius se transformer en une sorte de Roméo ! Au contraire, des scènes de sexe, voire pornographiques, sont légions dans ce nouvel opus. Malgré ces séquences crues, je parie que de nombreux lecteurs arriveront à se scotcher à ce récit. Sfar a un tel don de narrateur qu’il est difficile de s’en échapper ! Incontestablement, par son nouveau traitement graphique et par son virement scénaristique, « La java bleue » est un album important pour la série. Ajouté au talent de narrateur de Sfar, « Pascin » devient de plus en plus comme une de mes séries incontournables du moment. Seule ombre au tableau, « La java bleue » est vendue à 24 euros soit pratiquement le même pris que l’intégrale. C’est, à mon avis, excessif même si l’ouvrage est magnifique.