Cette histoire est assez surprenante aux premiers abords. Je m’attendais à découvrir des séquences de combats et la guerre mais c’est le quotidien de 3 jeunes amis que l’on découvre. Ces trois hommes ne savent pas quoi faire, ils glandent en plein milieu d’une campagne, d’une guerre (Yougoslavie ?) dont ils ne comprennent rien. Bref, comme la plupart des jeunes, ils rêvent d’aller en ville et de s’amuser. Pour ça, il leur faut du fric… A partir de là, tout s’enchaîne et je me suis demandé ce que j’aurai fait à leur place dans cette « putain de guerre » ? Toute la force de « notes pour une histoire de guerre » vient de cette question : qu’est-ce que j’aurai fait pour survivre dans un pays en guerre ? L’histoire ne comporte que très peu de scènes de combat. En fait, l’auteur met en scène ses personnages principaux majoritairement dans des ruines où ceux-ci passent leurs journées à attendre d’autres hommes, à passer leur temps à bavarder, à espérer un monde où ils pourraient réaliser leurs rêves… Ces séquences me sont apparues au départ assez agaçantes car j’ai eu du mal à entrer dans ce récit mais, finalement, c’est ce quotidien assez noir de ces 3 paumés qui m’a pris à la gorge et qui m’a fait apprécier cette BD. Il faut aussi dire que la narration est parfaite, je pense que la pagination importante de l’album (pas de nombre de pages limitées de la part de l’éditeur ?) a sûrement aidé l’auteur à mettre en page son histoire très librement. Il n’y a aucun message clair de la part de l’auteur a tiré de cet album, Gipi met en scène ses personnages d’une façon assez neutre. C’est assez déroutant et très intelligent de la part de Gipi car cela force chacun d’entre nous à s’interroger. Le dessin assez détaillé et très personnel de Gipi est parfaitement adapté à son récit. L’utilisation de nuances grisâtres à l’aquarelle donne pertinemment une atmosphère froide à son histoire. « Notes pour une histoire de guerre » est finalement une BD à lire absolument et qui, à mon avis, a mérité son prix au festival d’Angoulème… paradoxalement, je ne crois pas que je la relirai de sitôt à cause de son sujet grave et la noirceur du quotidien de ces 3 jeunes paumés.