Les 185 critiques de Quentin sur Bd Paradisio...

Pier Pasolini est mort en 1975 (j’avais 6 ans). Et pourtant, Davide Toffolo nous raconte une histoire dans laquelle quelqu’un qui déclare être Pier Pasolini le contacte et souhaite être interviewé. L’auteur part à sa rencontre, puis à sa recherche, faisant une sorte de pèlerinage sur les lieux mythiques liés à la vie du réalisateur Italien et s’engageant avec lui dans un dialogue fictif (à plusieurs niveaux). Il se dégage de cet album quelque chose de très fort et et de très étrange à la fois. Mon seul problème est que je ne connais absolument pas Pasolini, que je n’ai jamais vu aucun de ses films, et qu’il m’est par conséquent difficile de comprendre l’hommage qui lui est rendu, fut-il magnifique. Il ne me reste qu’à apprécier l’intérêt de la démarche et à me laisser hypnotiser par certains passages fantastiques.
Soupe froide par Quentin
Un clochard quitte une maison de convalescence parce qu’on lui avait servi une soupe froide. Il marche dans la neige, en se ressassant ses souvenirs, ses rancoeurs, ses derniers remparts de fierté dans un long monologue. Personne ne l’aime, tout le monde le traite comme un chien, il en veut à la terre entière. Les dessins ne m’ont pas trop accroché mais sont efficaces. L’histoire est poignante; elle frise parfois le misérabilisme mais évite d’y tomber grâce à une dose de « cynisme réaliste ». J’imagine que l’auteur, un médecin, a dû voir défiler plusieurs cas semblables et doit se demander ce qu’il peut faire pour y changer quelque chose. On ne trouvera pas la réponse dans l’album, mais néanmoins une sorte de « témoignage » sur la vision d’un sans abri - pour autant que l’auteur puisse se mettre dans les bottes d’un clochard. Je ne me souviens pas avoir vu un personnage de bande dessinée tomber si bas. A lire.
Le roi blanc par Quentin
Un gorille albinos fut pendant plus de 30 ans la vedette du zoo de Barcelone. Davide Toffolo, fasciné par l’histoire de ce roi blanc et par ce qu’il représente, souhaitait depuis longtemps faire un album sur lui. Balancant entre la réalité et la fiction, il nous raconte ce que l’on sait de « flocon de neige » et imagine le reste, tout en s’interrogeant sur la condition humaine et la condition d’animal de zoo. Il se dégage de l’album une triste mélancolie, qui aurait pu déboucher sur un superbe album, si son rythme n’avait pas été si décousu. La plupart du livre représente Toffolo en train de réfléchir sur comment faire son livre - artifice typique des auteurs n’ayant soit pas grand chose à dire, soit pas assez réfléchi sur la manière de le dire. On a le sentiment que les nombreuses bonnes idées ne sont pas assez abouties, ce qui est un peu dommage car cela aurait pu donner un livre extraordinaire.
Le sujet est très intéressant (la formation du Canada, l'équilibre entre Francophones et Anglophones, le rôle de quelques individus déterminants dans ce processus, etc.). L'approche est historique, rigoureuse, et semble très bien documentée. Le tout aurait pu donner quelque chose de vraiment génial. Hélas, Chester Brown a choisi un style froid, distant, qui ne sert pas bien à son propos. Le choix systématique du gauffrier pour agencer les cases est des plus malheureux car des personnages qui se parlent l'un à l'autre en arrivent à se tourner le dos et à s'addresser à l'extérieur de la page. La copie à l'identique de certaines cases répétée plusieurs fois d'affilée rend certains passages assez lourds. Reste un sujet passionnant, traité de manière intéressante, qui vaut amplement qu'on se donne la peine de passer outre ces quelques aspects irrritants.
Taca Tac par Quentin
Un homme part à la recherche de sa fille. Lentement, on apprend des bribes du passé, au goutte à goutte. On devine qu'il était menacé, que sa fille est dans un réseau d'opposants, que lui même court un danger, et fait courir un danger à sa fille en la recherchant. Un récit lancinant, où tout se joue sur les réflections intérieures, le non-dit, qui repose sur l'imagination du lecteur pour remplir les silences mais qui n'en dit pas assez pour qu'on puisse vraiment accrocher. A ne lire que pour l'ambiance.
J’ai acheté cet album sur base de ce qu’on en avait dit sur BDParadisio, à la fois sur le forum et dans la description de l’album (qui qualifie l’auteur de Marcel Proust de la BD, rien de moins !). L’album est un recueil d’une centaine de séries de 8 cases, constituant une réflexion ironique, nostalgique, absurde sur une ville ressemblant à New-York. Même si je peux comprendre l’attrait que l’album peut avoir pour certains, je n’ai pas du tout accroché. Premièrement, j’ai trouvé la double lecture des encadrés et des phylactères extrêmement lourde et soporifique. Deuxièmement, je n’ai jamais fort aimé les « strips » de quelques cases, et Julius Knipl ne fait pas exception à cette règle, malgré le fait qu’il ne s’agisse sûrement pas de strips conventionnels. Je ne suis arrivé à la moitié de l’album qu’avec beaucoup peine et j’ai abandonné le reste de la lecture, n’ayant pas le courage d’aller plus loin.
Bobi par Quentin
Quand Georges Bess ouvre son carnet de croquis et prend son rotring en main, le rotring se met à dessiner tout seul. Il en sort un personnage, Bobi, sorte de Pierrot universel qui se retrouve en chacun de nous. Que dire de plus sur cet album? Que cet album ne dit rien de plus. J’ai trouvé la lecture longue et ennuyante, les superbes dessins n’arrivant pas à contrebalancer la vacuité du récit.
Les chercheurs de trésor sont au nombre de sept, tous de religion et de profession différentes. Ils sont confrontés au prophète voilé, qui vole les ombres des habitants de Bagdad pour se constituer une armée et détrôner le calife. L’histoire est pétrie dans le mysticisme et l’ésotérisme, un domaine que David B. maîtrise parfaitement. On retrouve beaucoup de métaphores, à la fois dans les événements et dans les dialogues, ce qui confère à l’histoire un côté poétique unique. Les symboles renvoient à des associations d’idées quasi universelles, qui ne demandent donc pas un savoir spécifique pour être appréciées. Au contraire des albums oniriques de David B., cette série est à la portée de tous, pour le plus grand plaisir des lecteurs. L’histoire s’accorde parfaitement avec les dessins, puisque David B. est un orfèvre des jeux d’ombres. La mise en page est au top, comme d’habitude. Les couleurs sont elles aussi superbes (voyez l’ange de la mort !). David B. nous livre avec « Les chercheurs de trésor » une excellente série, qui ne ressemble à aucune autre dans l’histoire de la BD. Seul bémol : jusqu’à présent, les 7 chercheurs de trésors jouent des rôles très inégaux, sans que la religion ou la profession de tous n’ait une importance significative. Par ailleurs l’histoire semble parfois être un prétexte pour faire jouer un rôle à certains symboles, comme si cela était aussi important que l’enchaînement des événements, comme si l’histoire avancait un peu à tâtons, dans l’obscurité. Mais puisque même ce défaut cadre finalement bien avec le thème de l’album, je laisse le bénéfice du doute à David B. et je mets 5 étoiles pour les deux premiers albums.
Il se dégage du « baleinier » une ambiance formidable, sur un bateau où l’on n’a pour seule compagnie que des compagnons imposés par les circonstances, les oiseaux et ses souvenirs, et pour seule ambition la confrontation avec les plus grands mammifères vivants sur notre planète. On devine que derrière cette dangereuse passion se cache la fuite d’un passé plombé de regrets et d’amertume. L’album a une dimension documentaire intéressante, et l’on en apprend pas mal (mine de rien) sur la chasse à la baleine, à travers de superbes dessins. Malheureusement, l’histoire est sans surprise et les personnages sont clichés - un héros ingénu un peu trop naïf dans un monde de brutes qui ne sont de si mauvais bougres. Si l’on prend en compte que cet album s’adresse à un public jeune, ces critiques sont peut-être injustes, mais autant que les adultes soient avertis avant de l’acheter.
Le roi cassé par Quentin
Je n’ai jamais accroché à aucun album de Dumontheuil, mais j’ai quand même fait l’effort d’en lire plusieurs pour essayer de comprendre ce que les autres y trouvent - je cherche encore. Quand j’ai vu que son dernier était sur la guerre 14-18, ça a réveillé ma curiosité et j’ai quand même pris le risque de l’acheter. Une fois de plus, je n’y ai rien trouvé d’intéressant. Cet album n’est pas sur la guerre 14-18, qui est juste une excuse pour un nouveau délire d’absurdité gratuite, comme un cauchemar sans fin, sans queue ni tête. C’est n’importe quoi. Ce n’est en tout cas pas à mon goût. Cette fois c’est définitif ! Pour moi, cet album de Dumontheuil sera le der des der.
En visitant un appartement avec son petit ami, Isrine est impressionnée par les grandes pièces vides, froides, laissant des traces d’une vie passée. Son esprit s’échappe de son corps et revisite les moments douloureux de son enfance: le divorce de ses parents, l’absence de son père et de sa sœur, la trahison de son amie, son premier baiser, ses premières règles, le tout vécu comme dans un rêve douloureux duquel on ne peut pas s’échapper. Le rythme est un peu inégal, le récit décousu (comme dans un rêve), avec quelques passages creux, mais l’album et son ambiance particulière réussissent néanmoins à faire resurgir chez le lecteur quelque sentiment de doute et de malaise enfoui depuis l’enfance et l’adolescence. Un album sur la solitude, la difficulté de communiquer ou tout simplement d’exister, servi par de beaux dessins expressionnistes.
La Fantôme par Quentin
« La Fantôme » est l’histoire d’une fille aveugle qui s’enferme dans un univers quotidien étriqué, d’un vieux monsieur qui s’enferme dans le baratin qu’il s’invente, et de leur rencontre. Chacun va finir s’appuyer sur l’autre pour vaincre sa peur, sortir de sa coquille, et grandir. Une gentille histoire d’amitié, servie par de très beaux dessins faisant un peu penser au style de Baudoin (qui signe d’ailleurs la préface). Un premier album réussi.
Dérives par Quentin
Je n’ai pas été fort emballé en commencant la lecture. Luc, l’acteur principal est un type odieux, déprimé et déprimant, cynique, insupportable, empoisonnant la vie de son entourage – le tout balancé avec des monologues introspectifs bavards indigestes. Je croyais que ca allait continuer sur le mode de «tous pourris, et je ne vaux pas beaucoup mieux» (qui me rappelle certains intervenants sur BDP ;o)) quand l’histoire a commencé à faire des flash-back sur sa vie. On commence alors à comprendre pourquoi Luc se déteste autant qu’il rejette les autres, avec quels démons il est en train de lutter – un père étouffant, un sentiment de culpabilité vis à vis de sa mère qu’il a abandonnée à son sort, une belle-mère détraquée, et c’est à ce moment que l’album prend une tournure universelle, dans laquelle chacun de nous se reconnaîtra un peu. Un album fort et touchant.
(A)mère par Quentin
(A)mère n’est pas une BD au sens classique du terme (cases et phylactères) mais plutôt un long monologue illustré. L’auteur nous raconte son enfance, son amour pour sa mère qui sombre dans la dépression et l’alcoolisme, la longue descente aux enfers qui transforme son amour en haine. En partageant ses sentiments, l’auteur nous offre un témoignage poignant. J’ai trouvé le texte très beau et très fort. Le problème est que je ne trouve pas que les illustrations apportent quelque chose de plus au texte. On a quelques belles métaphores, quelques dessins très sombres desquels se dégage une certaine énergie, mais aussi beaucoup de dessins qui ne font que mettre le texte en image (ce qui apparaît redondant), le tout étant assez inégal. Néanmoins, pour un premier album, l’auteur débute très fort.
« Pas de chance » est une histoire de chasse au trésor et de course-poursuite relativement classique. Le dessin me plaît bien, mais l’histoire est malheureusement peu crédible – trop de coïncidences extraordinaires et trop de courts-circuits scénaristiques. La fin (la dernière page) est bien trouvée, mais n’arrive pas à sauver la pauvreté du reste. Ceci dit, si on est abruti par une dure journée de travail et qu’on souhaite se changer les idées sans trop réfléchir, ca peut se laisser lire agréablement.
Le saint Patron par Quentin
La citation de l'auteur sur BD Paradisio résume admirablement le livre : une enquête sur Saint Nicolas, ses représentations, sa signification, et à travers cela, sur une région (la Lorraine), son passé, ses structures économiques et sociales, son identité. Je ne connais pas bien la Lorraine, mais j'ai retrouvé beaucoup de choses similaires à ce qu'on trouve au borinage. Gerner a presque réussi à saisir l'esprit particulier d'une région et des gens qui y habitent, rien qu'en suivant le fil conducteur du Saint Patron. Il repousse par conséquent encore un peu plus loin la frontière de ce que peut faire la Bande Dessinée. Rien que pour ca, il mérite au moins 4 étoiles, malgré son style particulier (une planche est composée d'une multitude de petits "clichés" avec commentaires) qui m'a paru rébarbatif et lourd - mais néanmoins efficace. Cet album plaira certainement aux Lorrains et aux habitants des régions limitrophes (y compris les Belges) qui fêtent Saint Nicolas et partagent la même histoire industrielle, à condition qu'ils fassent l'effort de passer outre leurs préjugés en feuilletant le livre en librairie.
Le dernier tome de Black Hole tient tout à fait les promesses des précédents. Les premiers tomes décrivent une lente descente aux enfers qui atteint son paroxisme dans le tome 5. Dans le dernier, une petite lueur d’espoir commence à apparaître : les acteurs survivants apprennent à vivre avec leur dégénérescence physique et sociale; ils apprennent à vivre avec la mort. Black Hole est déjà devenu une série culte, incarnant le mal-être adolescent, la remise en cause des valeurs, la difficile maîtrise de toute une gamme de sentiments nouveaux, l’angoisse de devenir adulte, de devenir un con parmi d’autres. Avec en toile de fond une maladie sexuellement transmissible qui n’est pas sans faire penser au sida, ne fût-ce que concernant les stigmates dont les personnes atteintes font l’objet. J'abonde dans le sens des 9 fois 5 étoiles données par d’autres intervenant, et j’ajoute les miennes à la liste. Je ne connais aucune autre série dont la qualité aura autant fait l’unanimité parmi les critiques de BDParadisio.
Le dernier Mr Jean consiste en une série de petits gags en une page, bien gentils mais pas vraiment drôles ni même touchants. Félix déprime car sa petite amie le quitte. Jean déprime parce qu’il ne trouve pas de nounou pour son gosse ou parce que la boulangère ne répond pas quand il dit bonjour. Cathy déprime parce que personne ne lui fait de remarque sur son cul dans le métro ou parce que Jean n’est pas assez jaloux d’un vieux copain de fac. Son amie déprime parce qu’elle n’est toujours pas casée et qu’elle jure des mots obscènes dans les situations émotionnellement tendues. Rien de très intéressant. Je n’ai pas fort aimé cet album, et j’espère que le prochain sera une vraie histoire en 46 pages, un format dans lequel Dupuy et Berberian excellent.
L’assassin qui parle aux oiseaux raconte une histoire classique d’ancien meurtre non élucidé et de vieilles jalousies qui remontent à la surface longtemps après. Le récit n’a rien d’original et on peut deviner le nœud de l’intrigue dès la moitié du premier tome, intrigue qui n’est même exploitée jusqu’à son dénouement. Servais a vraiment besoin d’un scénariste! Ca aurait pu n’être qu’une mauvaise BD de plus. Mais l’album acquiert une autre dimension grâce à l’importance que prennent les oiseaux dans l’histoire, pas seulement comme figurants, mais comme éléments essentiels puisque les métaphores ornithologiques fleurissent pour caractériser les différents protagonistes (enfant de coucou, roitelet, pie, oiseau de mauvais augure, etc.). L’idée n’est pas poussée très loin (même le clin d’œil à Hitchcock ne mène nulle part), mais sauve néanmoins l’album du naufrage. Cela permet aussi à Servais de se faire (et de nous faire) plaisir en nous montrant la beauté des Ardennes à travers ses oiseaux – pas seulement en dessins, mais aussi grâce à la musique d’un monde caché qui peuple la forêt. Bref, un Servais sympathique (malgré l'histoire médiocre), meilleur que la moyenne de ses derniers albums.
Un univers noir, dans lequel la seule chose qui compte est l’estime des amis – estime qui se gagne en roulant des mécaniques, à coup de poing, et à force de risques inconsidérés. L’histoire de trois adolescents paumés, qui passent des petites conneries au crime organisé puis à la guerre, un parcours qui aura raison de leur amitié. Un récit très dur, d’une grande efficacité. La nomination à Angoulème dans la catégorie « meilleur album » est tout à fait méritée.
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