«Le ciel au dessus de Bruxelles» reprend certains aspects du XXe ciel, par exemple en mélangeant images d’archives et dessins, en inscrivant l’origine de l’album dans un camp de concentration, ou en faisant référence aux anges et aux étoiles. Il existe une certaine filiation entre les deux albums. Mais alors que le XXe ciel faisait le tour des grands événements du siècle passé, le dernier album d’Yslaire s’inscrit dans l’actualité de l’après 11 septembre et raconte la rencontre improbable d’un Juif mort dans un camp de concentration et d’une beurette qui débarque à Bruxelles pour se faire exploser au milieu d’une manifestation contre la guerre en Irak. La relation d’amour et de haine qui se développe entre les deux protagonistes changera-t-elle le cours de l'histoire? Malgré certains aspects irritants (des policiers Bruxellois un peu trop clichés, un lettrage pseudo-arabe ou cyrillique dont on ne sait pas très bien s’il fait référence à d’autres langues ou à des accents, un traitement informatique des images qui n’est pas toujours des plus réussi, une notion du temps quelque peu farfelue, etc.), l’album accroche cependant l’intérêt du lecteur par le thème choisi, et surtout par la manière dont il est traité. Il s’agit du premier album de BD dont «l’héroïne» est une femme voilée, nourrissant des pensées terroristes. Une des rares BD francophones à traiter des jours qui ont succédés au 11 septembre et précédés la guerre en Irak. Yslaire marche sur des œufs mais s’en tire admirablement bien, sans trop de clichés ni de mélo, avec un peu de la triste mélancolie qui se dégageait du XXe ciel, et en prime une intrigue qui se développe mine de rien et laisse attendre la suite avec impatience. Il reste à souhaiter que le deuxième tome ne décevra pas les espoirs nourris lors de la lecture du premier.