Les 185 critiques de Quentin sur Bd Paradisio...

«Une épaisse couche de sentiments» revient sur le thème du «monde inhumain des ressources humaines», un sujet que les auteurs avaient brillamment abordé dans un autre album qui m’avait enthousiasmé. Je suis cependant beaucoup moins convaincu par le présent album que je trouve un peu lourd, beaucoup moins drôle, et surtout moins crédible. Mais le sujet reste des plus intéressants, très peu exploité en BD, et traité avec un cynisme caustique jubilatoire.
«Vider la corbeille» traite des relations sociales et des rapports de pouvoirs au sein d’une entreprise. Le sort des employés ne tient qu’à un fil, entre l’irresponsabilité cynique du patron, le dévouement intéressé de la secrétaire de direction, et la naïveté du jeune cadre. Le ton est caustique, cynique, drôle et dramatique à la fois - il fait mouche et on se prend une grande claque. Une excellente BD, à lire pour réfléchir et rire/pleurer sur ce qu’on vit parfois sur notre lieu de travail.
Ayant apprécié d’autres albums de Sébastien Gnaedig et Philippe Thirault, c’est avec curiosité que j’ai acheté l’intégrale de «Mes voisins sont formidables», aux éditions du Cycliste. On suit les tribulations d’une demi-douzaine de gens partageant le même immeuble, paumés et coincés dans une vie déprimante, chacun à sa manière. Le dessin est très sombre, entre Moynot et Tardi (genre Nestor Burma). Même si les trois histiores sont un peu inégales, les situations sont toujours burlesques, les dialogues décapants, et le ton est d’un cynisme noir de chez noir. A lire par ceux qui ne se retrouvent pas dans le petit bonheur bourgeois de «Monsieur Jean» ou de «Premières chaleurs».
«La tranchée» est une nouvelle BD sur la première guerre mondiale, un sujet qui semble inspirer les scénaristes. Un policier militaire arrive sur les lieux d’un crime, dans un abri sur le front, alors que le cadavre n’a pas encore refroidi. Il mène l’enquête pendant qu’une offensive Allemande se prépare. L’album se présente comme un huis clos bavard encadré par deux longues scènes de guerre muettes. On referme l’album sans que l’énigme du meurtre soit révélée, et sans grand espoir qu'elle le devienne un jour. Les scénaristes ont-ils pris le meurtre comme un simple prétexte pour faire parler les personnages et décrire l’horreur de la guerre ou aurons-nous le fin mot de l’histoire dans le second tome ?
«Le ciel au dessus de Bruxelles» reprend certains aspects du XXe ciel, par exemple en mélangeant images d’archives et dessins, en inscrivant l’origine de l’album dans un camp de concentration, ou en faisant référence aux anges et aux étoiles. Il existe une certaine filiation entre les deux albums. Mais alors que le XXe ciel faisait le tour des grands événements du siècle passé, le dernier album d’Yslaire s’inscrit dans l’actualité de l’après 11 septembre et raconte la rencontre improbable d’un Juif mort dans un camp de concentration et d’une beurette qui débarque à Bruxelles pour se faire exploser au milieu d’une manifestation contre la guerre en Irak. La relation d’amour et de haine qui se développe entre les deux protagonistes changera-t-elle le cours de l'histoire? Malgré certains aspects irritants (des policiers Bruxellois un peu trop clichés, un lettrage pseudo-arabe ou cyrillique dont on ne sait pas très bien s’il fait référence à d’autres langues ou à des accents, un traitement informatique des images qui n’est pas toujours des plus réussi, une notion du temps quelque peu farfelue, etc.), l’album accroche cependant l’intérêt du lecteur par le thème choisi, et surtout par la manière dont il est traité. Il s’agit du premier album de BD dont «l’héroïne» est une femme voilée, nourrissant des pensées terroristes. Une des rares BD francophones à traiter des jours qui ont succédés au 11 septembre et précédés la guerre en Irak. Yslaire marche sur des œufs mais s’en tire admirablement bien, sans trop de clichés ni de mélo, avec un peu de la triste mélancolie qui se dégageait du XXe ciel, et en prime une intrigue qui se développe mine de rien et laisse attendre la suite avec impatience. Il reste à souhaiter que le deuxième tome ne décevra pas les espoirs nourris lors de la lecture du premier.
Quintos par Quentin
Un groupe des brigades internationales essaye de rejoindre le front. Tombés dans une embuscade, le groupe perd ses membres, un à un. On découvre, au fil du récit, les motivations des combattants amateurs, allant des plus égoïstes aux plus altruistes. Les plus motivés dans leur engagement survivent pour assister, impuissants, à la machine de guerre nazie venue à la rescousse de Franco et prenant l’Espagne comme un camp d’entraînement pour la 2e guerre mondiale. Reste le besoin de témoigner et de se souvenir, d’autant plus important que le dernier survivant de la bande est Allemand – comme Andreas. L’auteur, qui avait déjà réglé son compte avec le nazisme dans Capricorne, le refait ici de manière plus explicite en l’accompagnant d’une réflexion sur la responsabilité de chacun face à sa propre histoire personnelle et face à l’Histoire avec un grand «H».
Que trouve-t-on au début d’une grande passion amoureuse ? Du sexe, du sexe, et encore du sexe. L’amour et le sexe ne font plus qu’un, on se donne tout entier à l’autre, et on ne vit que pour se fondre dans son partenaire et lui donner un plaisir partagé. C’est ce qui est raconté de manière très impudique dans « fraise et chocolat ». On se sent un peu dans la position d’un voyeur lorsqu’on lit la description de certains des moments les plus intimes et les plus forts de l’existence d’un autre, bien qu’on ne puisse s’empêcher de se regarder dans le miroir et de comparer sa propre vie sexuelle à celle décrite dans le livre. Le ton est frais et léger, ce qui est à la fois heureux (ca fait plaisir de lire la description d’une sexualité épanouie et d’une histoire d’amour qui se passe bien, pour une fois) et un peu malheureux (les sentiments qui dépassent les histoires de bites et de cul sont trop vite traités). Reste un livre à nul autre pareil, qu’on referme avec l’envie de connaître la suite de l’histoire.
Un berger libère un génie qui lui promet de réaliser beaucoup de voeux, mais sans en préciser le nombre. Le berger décide d'en profiter pour libérer une princesse captive et l'épouser. Las, voilà que le génie se met à exaucer tous ses souhaits, même les plus irréfléchis. Dur dur de réfléchir à ce qu'on va dire avant de parler. Parti d'une idée de génie, Didier Millotte se retrouve malheureusement dans la situation de son héros, incapable de maîtriser sa pensée pour en sortir quelque chose de cohérent et d'exploiter les énormes possibilités du scénario. L'histoire tire à hue et à dia dans toutes les directions et dillapide les bonnes idées sans vraiment construire quelque chose de cohérent.
C’est drôle, c’est frais, c’est léger. Ca l’est même un peu trop à mon goût – je n’ai jamais vraiment aimé le vaudeville. Malgré tout, la vie à Yopougon telle qu’elle est décrite dans cette BD est loin de l’image de l’Afrique que l’on voit sur nos écrans de télévision et rien que pour ca, cela vaut déjà le détour. Un premier album très réussi et légitimement récompensé à Angoulême.
Amer savoir celui qu’on tire du voyage… Après « palaces », Simon Hureau continue de nous raconter ses péripéties au Cambodge. On retrouve le même genre de situations, la même quête, le même énervement vis-à-vis des méchants expatriés et des bêtes touristes, la même relative ignorance de la société qui l’entoure, la même solitude et le même ennui ponctués de quelques moments inoubliables. On trouve cependant dans ce tome-ci moins de monuments et plus de monologues. Si vous n’avez jamais été routard et si vous vous demandez ce qu’ils peuvent bien faire pendant leurs longs séjours dans des pays exotiques, lisez Simon Hureau.
J’avais arrêté d’acheter des albums de Rosinski depuis plusieurs années, mais je me suis quand même laissé tenter en voyant son nouveau style dans « la vengeance du comte Skarbek ». J’ai été agréablement surpris, tant au niveau du dessin qu’au niveau du scénario, beaucoup plus fouillé que ce qu’on a eu l’habitude de lire avec le tandem Rosinski-Van Hamme. Bref, un bon diptyque avec une histoire solide et des dessins en très belles couleurs directes.
Beaux dessins, personnages bien typés (très attachants, très méchants ou très ambigus), scénario un peu chaotique mais qui arrive à captiver l’attention du lecteur jusqu’au bout; ce troisième album maintient le niveau des deux premiers, avec les mêmes qualités et les mêmes défauts.
Un livre sur l’enfance et l’adolescence, sur les doutes, les angoisses et la difficulté de devenir adulte, les premiers amours, les premières désillusions et les trahisons aux promesses qu’on s’était faites. Sujet brillamment traité, construction impeccable, dessins superbes, avec quelques allégories inoubliables. « Blankets » est déjà devenu un album culte, un classique à ne pas manquer.
Taniguchi est un des rares auteurs BD à m’arracher des larmes. En relisant « quartier lointain », ça a de nouveau été plus fort que moi. On ne trouve pourtant aucune situation pitoyable. Juste des hommes et femmes simples, dans des situations ordinaires, qui essayent d’être heureux et de vivre la vie qu’ils se sont choisis. Taniguchi a l’art de décrire des situations dans lesquelles les gens sont face à des choix existentiels fondamentaux, non seulement vis-à-vis de leur propre existence, mais aussi (et surtout) vis-à-vis de celle de proches. Les personnages de Taniguchi montrent, face à ces dilemmes poignants et déchirants, une maturité, une compréhension et un respect de l’humanité de l’autre qui m’émeuvent profondément. Même si « quartier lointain » est un peu moins bien construit que « le journal de mon père » (la fin est un peu trop rapide), il n’en reste pas moins un album extraordinaire qui ne devrait laisser personne indifférent.
Contrairement aux autres albums dans lesquels Tanigushi prend le temps de développer une longue histoire, il adapte ici plusieurs nouvelles de l’écrivain Utsumi. Des histoires de la vie quotidienne - de divorce, d’amour, de frère perdu de vue depuis des années, de déménagement, d’arbre au fond du jardin. Le tour de force est de montrer l’importance qu’ont ces petits moments apparemment insignifiants dans la vie des différents protagonistes (hommes et femmes, jeunes et vieux). C’est superbe.
Une femme divorce et abandonne son fils et sa fille. Le fils tient son père responsable du départ de sa mère. Une fois adulte, il s’éloigne de sa famille et ne voit plus son père pendant 15 ans. Quand son père décède, il revient à contre coeur à l’enterrement… pour découvrir au travers le récit de son oncle, de sa soeur et des amis de son père, que ce dernier était une toute autre personne que ce qu’il s’imaginait et qu’il avait énormément souffert de son divorce et de la séparation avec son fils. Il commence à comprendre les raisons du divorce de ses parents, et peut enfin se réconcilier avec son propre passé. L’histoire se développe petit à petit, à son rythme, pendant la veillée funèbre ponctuée de flash-back revisitant le passé. La charge émotionnelle devient énorme, mais reste pleine de pudeur et de retenue. « Le journal de mon père » est un chef d’oeuvre, à ne pas manquer.
Mariko Parade par Quentin
«Pour les japonais, il y a un sentiment encore plus fort que l’amour… Le déclin de l’amour». Cette citation sortie de l’album résume bien son thème et son ton. En lisant ce livre, les amis de Kan Takahama lui ont tous dit la même chose : « il n’y a pas d’action, pas de grands événements, juste le temps qui s’écoule, et pourtant, on quitte le livre avec un poids sur le cœur, presque une souffrance… ». Mariko parade est un très bel album dessiné à quatre mains sur une histoire d’amour que l’on suit au quotidien et qui s’interrompt à son apogée - le genre d’histoire qui laisse dans le cœur un vide impossible à combler.
Je suis d’habitude peu enthousiaste vis-à-vis des carnets de voyage ou de croquis. J’ai pourtant beaucoup aimé «un Américain en ballade». Pas vraiment pour le récit de voyage, qui est un genre qui a plutôt tendance à m’irriter. Dans ce cas-ci comme dans d’autre, on en apprend plus sur l’auteur, ses préjugés, la difficulté de communiquer avec des étrangers que sur le pays visité (le Maroc) et ses habitants. L’ai-je aimé à cause des superbes dessins? Ca ne me suffit généralement pas. Est-ce parce que Thompson parle d’auteurs que j’aime (Baudoin, Blutch, Berberian et d’autres)? Il y a de ca. Mais ce qui m’a le plus plu, c’est sans doute que cet album prolonge en quelque sorte «blankets» et pourrait être vu comme un épilogue à cette histoire et un nouveau départ. L’autobiographie est ici plus «immédiate» et moins distanciée que dans «blankets». Elle constitue un complément pour ceux qui (comme moi) ont adoré cet album et souhaitent en savoir plus sur Craig Thompson. Même si ce n’est pas à l'avantage de l’auteur, qui apparaît plus pathétique et misérable que jamais.
La pluie par Quentin
L’histoire d’une femme qui aide à mettre les bébés au monde en les sortant de leur poche liquide mais n’arrive pas à ferrer le poisson duquel elle est amoureuse et d’un homme maître nageur qui aide les gens à plonger dans le milieu aquatique et ne peut se résoudre à mordre à l’hameçon de la perche qu’elle lui tend. L’histoire d’un amour qui part à vau l’eau, fait naufrage et se noie dans l’océan d’un ciel en deuil. Un très beau livre empreint de mélancolie et de poésie.
Terre de rêves par Quentin
Taniguchi n’a pas son pareil pour nous révéler la valeur qui se cache derrière les petits événements de la vie quotidienne. Le fil conducteur de cet album est le rapport de l’homme à l’animal. On suit d’abords un couple qui accompagne son chien dans la douleur et la déchéance de ses derniers moments. Le couple (sans enfants) accueille ensuite une chatte qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, et ne peut se résoudre à se séparer de ses petits. Dans le quatrième chapitre, c’est une nièce fugueuse qu’il faut apprivoiser, ce qui n’est pas nécessairement plus facile. La dernière histoire se rapporte à l’alpinisme, et est une ode à la nature sauvage, symbolisée par la panthère des neiges. Parfois larmoyant sur les bords, cet album est néanmoins empreint d’humanité. Il montre qu’on ne sort pas indemne des épreuves de la vie quotidienne, mais qu’il ne tient qu’à nous d’en sortir grandis.
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