
« Les lettres de mon moulin », d'Alphonse Daudet et Mittéï. L'édition intégrale. Chez Joker.
Thierry Taburiaux, le sympathique patron des éditions Joker, continue une politique éditoriale schizophrénique qui l'amène à publier parallèlement à ses albums « coquins » des rééditions de grands classiques de Spirou et Tintin tombés dans les oubliettes de l'histoire de la BD. Après s'être pris d'amour pour Ginger, après avoir ressuscité Arlequin, Tounga et quelques autres, il publie l'intégrale de ces « Lettres de mon moulin » revisitées par le dessinateur liégeois Mittéï aujourd'hui disparu. Un travail tout en rondeur, en finesse et en amour, que celui de ce modeste artisan, ébloui par la beauté des mots et la poésie du monde de Daudet. Les années ont passé mais ce classique des classiques n'a pas vieilli. Pas plus en littérature qu'en BD, d'ailleurs. Le charme provençal, les portraits à la fois piquants et tendres : tout fonctionne encore parfaitement. Quelques histoires sont particulièrement réussies, comme « Le secret de Maître Cornille » ou « L'élixir du révérend père Gaucher ». Et bien sûr, il y a l'inévitable « Chèvre de Monsieur Seguin ». Mais il y aussi, pour conclure l'album, ce cycle corse plus noir et plus réaliste que Mittéï illustre avec autant de talent que les « Lettres ». Une oeuvre à redécouvrir. 150 pages de bonheur.
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