Que venez-vous de lire et qu'en avez-vous pensé? (20)

Les 1501 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



1351. froggy - 20/09/20 00:38
Felix, Integrale T10

Ou le dernier virage avant la derniere ligne droite puisque ce tome est l'avant-dernier de la collection.

J'ai deja beaucoup ecrit sur Felix dans mes chroniques precedentes sur les albums anterieurs a celui-ci en usant et meme abusant du qualificatif hard-boiled du fait de l'origine des histoires que Maurice Tillieux pour le reporter du Collecteur et ses deux acolytes. Les dossiers introduisant chacun des albums ont chacun insiste sur les lectures de l'auteur qui s'inspiraient beaucoup des romans de la Serie Noire et des films policiers qu'il devorait.

Ce recueil comprend 6 recits dont 2 de ce qui sont a mon avis les meilleurs de toute la serie et parmi les meilleures bandes dessinees de toute la carriere de Tillieux, rien de moins. Rien que pour ces deux recits, ce recueil est a acquerir. L'editeur a fait un travail de reedition absolument remarquable, il a ajoute toute les bandes du programme non-stop qui garantissait la presence de Felix dans la revue Heroic-albums ou la serie etait publiee. En effet, c'en etait la plus populaire et une telle presence garantissait un surcroit regulier de vente a son lectorat, la revue languissait dans les etals des marchands de journaux belges, elle n'etait pas en vente en France. Si certains de ces programmes non-stop etaient deja connus, il n'en etait pas le cas jusqu'au present album car certains de ces strips racontent une histoire qui n'a aucun rapport avec les recits de 12 planches qui constituent le corpus essentiel de Felix. Ce fut relleement une decouverte en ce qui me concerne et je presume de tous ceux qui ont lu tout cela pour la premiere fois.

Le livre s'ouvre avec Le lac de l'ours, un scenario repris par Walthery pour le Natacha, L'ange blond. C'est une histoire d'espionnage tout a fait classique sur laquelle il n'est pas necessaire de s'attarder. La deuxieme, L'objet est une histoire policiere se passant au bord de la Mer du Nord. J'ai trouve l'intrigue mal construite car reposant sur 2 coincidences dont la survenance successive rend l'histoire invraisemblable. Le quatrieme recit, Le mort plaisante est une histoire digne d'une nouvelle de Maurice Leblanc pour son heros Arsene Lupin, une source reguliere d'inspiration pour Tillieux. Le sixieme et dernier recit de l'album est du pur policier, le scenario sera repris pour un bon Jess Long, K.O pour l'eternite.

Je voulais en venir enfin a ce que je considere etre le coeur de cet ouvrage, les histoires contenues en son milieu, ce qui ne peut qu'etre un hasard de l'edition, et le hasard fait parfois bien les choses, Le fourgon No 13 et En appuyant sur la gachette. C'est un diptyque et c'est un diamant noir de la plus belle eau.

Son histoire est un cliche des romans et films policiers, le hold-up du fourgon blinde commis par 3 gangsters. La premiere partie consiste en l'attaque du fourgon en question, Felix qui avait tente de l'en empecher en rechappera par miracle, la deuxieme partie raconte comment Felix et la police vont retrouver le sinistre trio et c'est la ou en 12 planches bien tassees que Tillieux va etre digne d'un des maitres de la serie noire. En effet, un des membres du trio, Dede-le-Huileux, va s'averer etre le veritable heros de ce recit, Felix n'y joue qu'un second role. Cette homme est pris d'une folie meurtriere semant les cadavres sur son passage alors qu'il est poursuivi par la police, il ne fait pas bon etre sur son chemin meme si il signe ses forfaits en disant a ses infortunees victimes agonisantes "Vaya con Dios!", ce qui signifie "Que Dieu te protege!" ainsi que nous l'explique Felix dans la derniere case. J'avais lu cette histoire dans Spirou en 1974 quand elle y fut publiee dans un supplement. Je l'avais immediatement adoree par sa noirceur, l'aprete de soin intrigue, le rythme que Tillieux avait donne a son histoire et bien sur par son extreme violence. C'etait deja violent en 1974, cela devait etre encore plus ressenti en 1955, annee de sa premiere publication dans la revue. Il faut dire que dire que le Dede en question descend tout ce qui l'approche, complices, policiers et autres innocentes personnes qui ont le malheur de croiser son chemnn lors de sa cavale meutriere. Le trait de genie de Tillieux dans cette histoire reside dans l'exclamation que prononce Dede a l'egard de ses victimes qui l'humanise, cet homme serait donc capable de compassion en depit de ce qu'il fait? A ma connaissance, Tillieux ira rarement aussi loin dans la noirceur de l'ame humaine, c'est surtout dans quelques Jess Long qu'on pourra le constater, je pense notamment aux episodes, Rapt et Il etait deux fois dans l'ouest ou l'auteur nous invite a suivre l'itineraire d'un meurtrier, ces deux histoires sont parmi les meilleures de la serie, si ce n'est les meilleures. Il est etonnant d'ailleurs qu'il n'a pas repris le scenario de ce diptyque pour un Jess Long justement, cette serie etait un cadre parfait pour en faire un remake. Peut-etre que Dupuis n'a pas voulu a cause de la violence? On ne le saura jamais. Toujours est-il qu'il est evident que cette histoire n'aurait pas pu paraitre en France a l'epoque a cause de la commission de censure qui aurait ete effroyablement choquee par cet episode, c'etait impensable de la part d'une commission qui deja a censure Boule et Bill. Alors, Felix, vous n'y pensez pas!

Une autre chose que je voulais evoquer a propos de cet episode est que Tillieux, qui je pense etait visite par les muses de l'inspiration quand il l'a realise, est allez egalement plus loin que d'habitude dans son dessin, on voit nettement l'impact que font les balles de la mitraillette de Dede sur le corps de ses victimes. C'est tout petit certes mais on voit bien tous ces trous de balle. On le sait aussi, Tillieux avait de l'humour, cet humour pouvant etre noir, la preuve en est avec la publicite qui se trouve derriere l'homme qui est en train d'etre abattu, il a imagine le slogan suivant; "Buvez SEC!. Pour profiter de la vie!" Personnellement, je trouve cela drole.

Le court epilogue de cette histoire s'appelle Le dernier chargeur, il ne fait pas un recit en tant que tel, cet epilogue fait partie du programme non-stop. Et Tillieux y montre un Felix tout a fait digne de l'inspecteur Harry jouer par Clint Eastwood dans la serie de films. Le futur createur de Gil Jourdan avait vraiment ancre toute cette histoire dans le roman noir.

Note finale, 5/5. Un album essentiel, la qualite des deux histoires du milieu meritent largement l'achat de cet album sans compter tout le materiel inedit qui rend cette integrale une veritable integrale

1350. froggy - 15/09/20 01:28
Rodier, Alcante & Bollee, La bombe

Ou dans ce pave, des pages, 472 pour etre precis.

L'histoire est toute simple, c'est celle de la premiere bombe atomique qui fut lancee par les americains sur Hiroshima le lundi 6 aout 1945 a 8h15 du matin. Depuis ce jour, rien n'est plus pareil sur notre planete.

C'est un vaste sujet que celui-ci et il est difficile de critiquer cet ouvrage interessant, qui a des moments passionnants, dont on ne peut remettre le bien fonde en question.

La bombe atomique est nee a ce moment la de l'histoire de l'humanite car l'Allemagne nazie travaillait dessus. Une des explications de l'annexion de la Tchecoslovaquie en 1938 etait la prise de controle de la plus grande mine d'uranium d'Europe. Si les nazis arrivent a fabriquer cette arme qui s'annonce comme la plus terrifiante jamais creee par l'homme, c'est la fin de tout surtout entre de telles mains. C'est ce que pense le Dr Leo Szilard, un physicien hongrois, qui est le premier a avoir imagine la fameuse reaction atomique en chaine alors qu'il observait un simple feu de signalisation un jour de 1933. Pour enrayer cette menace, il faut donc qu'un autre pays possede la bombe, c'est le non moins fameux equilibre de la terreur qui a ete en toile de fond de toutes les relations internationales dans le monde depuis 1945, principe qui a regit toutes les relations est-ouest au temps de l'URSS et de la Guerre Froide. Mais il faut convaincre les americains de ce lancer dans le projet. Avec l'appui d'Albert Einstein installe aux USA et fort de sa notoriete, ils arrivent a convaincre le president americain, Franklin Roosevelt de se lancer dans l'aventure qui des le depart pose des problemes logistiques sans precedents. Le cout de ces recherches est deja prohibitif, il depasse le milliard de dollars de l'epoque, c'est vous dire. Les deux scenaristes vont donc raconter tout ce qui s'est passe un peu partout dans le monde, aussi bien en Europe qu'au Congo en Afrique, a l'epoque colonie belge et qui possede les mines d'uranium le plus riche du monde, celui tcheque etant de qualite moindre. L'uranium utilise par les americains en viendra. Nous irons bien entendu un peu partout aux USA mais aussi au Japon. On croise une multitude de personnalites celebres ou non, politiques, militaires mais aussi physiciens, chimistes et mathematiciens. Certains evenements prennent tout leur sens, la tragedie du naufrage de l'USS Indianapolis le 30 juillet 1945 par exemple. Tout cela nous amene donc a ce matin du 6 aout ou le destin du monde va donc completement basculer. La derniere partie consiste en un epiloque qui raconte le destin des differents intervenants dans cette histoire apres ce jour funeste.

Le moins que l'on puisse reprocher aux auteurs est de ne pas s'etre serieusement documente pour la realisation de cet album. Il est evident que les conversations que nous lisons ne sont pas celles qui ont vraiment eu lieu, mais toutes les rencontres, les faits, les deboires qui sont racontes ont la marque de l'authenticite la plus absolue. Alcante, le scenariste, a l'instigateur du projet, admet dans la postface que certaines sequences ont ete romancees dans un strict souci d'efficacite narrative et dramatique. La seule majeure entorse reside dans le personnage du japonais, habitant d'Hiroshima, qu'il a invente et dont il a imagine la vie, son role dans le recit est de faire prendre conscience au lecteur de ce qui s'est passe ce matin la et de ce que cela signifie vraiment. En effet, tous les habitants de la ville qui se trouvaient dans un proche rayon de la bombe furent annihiles. Completement. Il n'en reste rien, plus aucune trace. C'est vraiment terrible et horrible. Alcante a imagine la vie de cette personne en voyant au musee du souvenir de la ville, la trace sur les marches d'une banque, cette trace est la derniere laissee par cet(te) inconnu(e) sur Terre. On ne sait absolument rien au sujet de cette personne sinon qu'elle a ete litteralement desintegree. Comme toutes celles et ceux qui se trouvaient dans le plus proche rayon de l'explosion. Et 3 jours plus tard, les americains remirent cela avec le bombardement de Nagasaki. A ce jour, les USA, le meilleur pays du monde selon l'actuel president et nombre de ses supporters, est toujours le seul pays dasn l'Histoire qui a utilise l'arme atomique dans un conflit. Esperons sincerement qu'il restera le seul.

J'ai beaucoup aime cet album, les deux scenaristes ont eu fort a faire pour organiser la montagne de documentation. Je n'ose imaginer le temps qu'il a fallu pour elaguer tout cela, trier les elements importants et les faits saillants, les choisir, un fait a priori anodin pouvait s'averer avoir des consequences importantes, la traversee d'un carrefour a un feu rouge pour le Dr Szilard par exemple, ce n'est pas une mince affaire que tout cela. Il faut en outre que ce soit vivant et divertissant sans etre ennuyeux tout en restant instructif. Rien qu'en cela, Alcante et Bollee ont accompli un merveilleux travail et il faut les en feliciter. La seule chose qui soit assomante dans le livre, c'est le poids, pas le contenu.

Il fallait un point de vue pour l'ensemble de l'ouvrage car l'assemblage de tant d'evenements disparates s'etalant sur une longue periode et faisant intervenir autant de gens un peu partout dans le monde, le tout sur fond de conflit mondial n'etait pas evident. Alcante et Bollee ont choisi un angle qui m'a laisse perplexe, c'est celui de tout raconter du point de vue de l'uranium. En effet, c'est l'uranium qui nous raconte son histoire depuis le debut de l'existence de la Terre. Au debut, il n'y avait rien, a la fin, il n'y a toujours rien si on ne considere que le paysage d'Hiroshima apres le bombardement. Pourquoi pas me direz-vous? Le sujet de l'album ne pretant pas a la rigolade, on aurait pu en sourire mais cela est difficile n'est-ce pas? Toujours est-il que je trouve ce choix contestable. Il y a bien des operas ou les arbres parlent, mais l'uranium qui nous raconte son histoire est un peu dur a avaler. Pour l'exprimer crument, je trouve cela un peu con. C'est comme si les scenaristes n'avaient pas eu confiance en eux et dans la force de leur sujet et dans leur talent de raconter cette histoire, ils ont prefere la confier a une autre entite toute aussi etrange qu'elle soit. J'aurais raconte tout cela le plus simplement du monde, tel que c'est organise, tres bien je le repete, avec les recitatifs adequats et en m'abstenant que l'uranium philosophe sur ce qu'il est ainsi que les dernieres planches nous le montrent. Cela aurait pu etre raconte sous la forme d'un roman ou bande dessinee d'espionnage ou un chapitre commence par un carton nous indiquant quand et ou cela se passe et ainsi de suite avec si possible des cesures ayant des liens les unes a la suite des autres. Peut-etre que les scenaristes presses par leur temps malgre les 5 ans qu'il a fallu pour realiser cet album ont opte pour ce parti pris pensant que cela se serait tres bien?

Je ne connaissais rien du dessinateur jusqu'a present, il s'appelle Denis Rodier. Son dessin ne bouleversera pas les amoureux des beaux dessins, un tel sujet ne peut pas supporter des affeteries graphiques par pudeur et par respect pour toutes les victimes des 6 et 9 aout 1945. Il a le merite de la clarte, de la simplicite et de l'efficacite. Il a realise des planches, parfois doubles, complexes quand elles sont metaphoriques, les cases illustrant le bombardement sont terrifiantes. Il y a une multitude de protagonistes dans le scenario, ils sont tous aisement reconnaissables, je n'ai pas eu a retourner en arriere pour me rappeler qui est qui surtout que vous pensez bien que je n'ai pas lu cet album d'une traite vu son gabarit. Je n'y connais pas grand chose en materiel militaire de l'epoque, tout m'a paru tres bien ainsi que la mode vestimentaire. Il n'y a qu'un seul dessin que j'ai trouve rate, celui qui illustre les resultats des premiers essais de la bombe, Rodier a dessine l'impact sur le sol de la bombe, il ne reste rien comme le constatent les scientifiques arrivant sur les lieux de l'explosion pour en constater les resultats, le dessinateur a choisi un plan en plongee pour illustrer cela, le probleme est que tel que dessine, j'ai cru que c'etait une autre explosion, je ne comprenais plus tres bien, l'album etant en noir et blanc, cela ajoute au manque d'immediate comprehension de cette image. A propos du noir et blanc, cela n'est absolument pas genant, bien au contraire, on ne s'en rend pas du tout compte, ce choix est parfait, il ajoute de la sobriete au sujet qui ne merite que cela.

Une derniere chose et je vais faire mon Murakami ainsi que j'ai pu le voir dans ses excellentes videos, je vais parler pour la premiere fois dans une de mes chroniques de la reliure. L'album fait pres de 500 pages, elles sont cousues par cahiers. Il faudra que vous fassiez attention a la reliure durant votre lecture car malgre toutes mes precautions pendant la mienne, l'avant-dernier cahier du livre s'est detache. Je suis lecteur, pas couturier, je ne sais pas comemnt reparer mon exemplaire.

Note finale, 4,5/5. Je salue l'ambition du sujet, son excellente realisation. Les auteurs ont tres bien vulgarise cette histoire, c'est tres instructif, j'y ai appris plein de choses. mon unique bemol est cet uranium qui parle, je m'en serais bien passe.

1349. froggy - 09/09/20 00:54
Merci Jerome, je vais aller voir cela.

1348. Mr Degryse - 08/09/20 09:34 - (en réponse à : froggy)
Je te conseille alors de lire l'intégrale de Pablo du même Oubrerie sur Picasso. excellente bd également

1347. froggy - 08/09/20 01:12
Oubrerie, Voltaire amoureux & Voltaire tres amoureux

Quand j'avais feuillete les premieres planches du premier tome il y a quelques annees, j'avais immediatement pense a Blain, cela etait une evidence. Cependant, le nom dessinateur me disait quelque chose et j'avais bien raison car Clement Oubrerie s'est depuis lance dans une serie d'aventures, Renee Stone, en cours de publication actuellement chez Dargaud et dont le deuxieme tome est sorti au debut de cet ete. J'avais decouvert l'auteur avec le premier album et j'avais beaucoup aime son son dessin. En attenndant, c'est le jour et la nuit entre ce Voltaire et Renee Stone.

En 1717, le jeune Francois-Marie Arouet a 23 ans et vit a Paris. Le regent, Philippe d'Orleans, dirige la France en attendant la majorite de Louis XV dit "Le Bien Aime". Le jeune homme qui reve d'etre ecrivain et poetre malgre l'opposition farouche de son pere qui veut en faire un notaire est embastille car il s'est confie imprudemment a un homme qui s'est revele etre un indicateur de police. Celui-ci cherchait l'auteur d'un poeme placarde sur quelques murs de la ville et fort peu respectueux a l'egard du regent. C'est durant ce sejour force dans la forteresse symbole du pouvoir absolu du roi de France qu'il prendra le nom de plume de Voltaire dont c'est tout simplement l'anagramme (avec l'ajout de la lettre L) de son nom de famille. Ainsi, il peinera moins son pere. Il y reste un an et commence sa carriere d'auteur de pieces de theatre, il a l'ambition d'etre meilleur que Racine et Corneille. Sa premiere piece, Oedipe est un grand succes. Et on peut etre etre auteur de theatre, poete, historien, romancier et futur philosophe, on n'en est pas moins homme et Voltaire l'est assurement, il aime les femmes dont certaines le lui rendent bien.

Je ne vais pas vous cacher que je connais tres peu l'oeuvre de l'ecrivain, je ne connais que tres bien Candide cette couillonnerie comme il l'appelait et que j'ai adore quand je l'ai etudie en Premiere pour mon bac francais. Il y aussi son mot devenu celebre, "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je defendrai jusqu'a la mort votre droit de le dire", mot qui ne serait pas de lui mais qui illustre parfaitement sa philosophie a venir. On en en est pas encore la, car le jeune homme qui avait de l'esprit et que la haute societe s'arrachait commencait son nom alors que d'autres le finissaient. J'aime beaucoup cette anecdote bien que la victime de ce bon mot prit sa revanche sur l'ecrivain.

C'est donc a travers son penchant pour les femmes et en particulier, Emilie du Chatelet, dont Voltaire sera eperdument amoureux ainsi qu'on le voit dans le deuxieme titre qu'Oubrerie a choisi de faire sa biographie du philosophe, celui qui est le plus ancien occupant du Pantheon. J'apprecie beaucoup ce parti pris car il echappe a la litanie des evenements qui jalonnent la vie de tout etre humain en general et de Voltaire en particulier. Les etapes de sa vie sont assimilees a celles des femmes dont il a croise le chemin plus ou moins longtemps. Cela apporte aussi beaucoup d'humanite a l'auteur, car on ne peut pas reduire sa vie a tous ses ecrits, il y en a beaucoup, sa correspondance est enorme. On ne peut qu'etre en empathie avec le philisophe quand on le voit partager sa couche avec une personne du sexe oppose. Il est proche de nous et non statufie. Le recit n'en est que plus vivant, plus enleve. Et c'est un plaisir de lire ces deux albums.

Ainsi que je l'ai ecrit en prologue, on ne peut que penser a Christophe Blain quand on ouvre le premier titre. Je ne sais pas si Clement Oubrerie a travaille avec lui. Au debut cela surprend un peu, j'ecrirai meme plus que cela a gene le debut de ma lecture car c'est tellement proche qu'on se sait plus si c'est de la flatterie, de l'imitation ou de l'hommage. Cependant, au fur et a mesure, on y fait moins attention tellement on est pris par le sujet et les peregrinations de Voltaire partage entre son ambition litteraire, les femmes dont il s'eprend et qui lui servent parfois de muses et enfin ses demeles avec le Regent qui le contraignent a aller en Hollande pour quelque temps. Parallelement, Oubrerie s'octroie quelques libertes de decoupage et de mise en page, surtout dans le deuxieme volume, cases qui ont la forme de quadrilateres irreguliers, doubles planches, qu'il faut lire de l'une a l'autre, dessins reparties egalement sur une double page, il y a un tres dessin d'un cheval au galop dans un Paris nocturne par exemple, etc. Tout cela ajoute a rendre tres vivant le recit, cela bouge et ces irregularites cassent la monotonie qui pourrait engourdir l'esprit du lecteur. On ne s'ennuie pas une seconde en lisant les deux albums.

Je ne suis pas tres au fait des costumes et coiffures alors en vigueur en ce debut du XVIIIe siecle en France, je presume qu'Oubrerie s'est parfaitement documente sur la question. Pour les couleurs, il faut noter que qu'elles ne sont pas du tout inspireees des tableaux de Watteau, Fragonard, Boucher et autres peintres de l'epoque. Pour etre au diapason du dessin, elles ont choisies afin de ne pas faire une reconstitution exacte de cette epoque, elles vont de pair avec le style graphique, ce n'est pas iconoclaste, c'est egalement un parti pris qui convient tres bien a la reussite de ces deux albums. Cette biographie se veut etre moderne afin de mieux l'ancrer a notre epoque sans que cela ne tourne au sacrilege.

Note finale: 5/5. Le genre d'albums qu'on aimerait lire plus souvent. Vivement la suite!

1346. herve - 07/09/20 22:11
Spirou chez les soviets

Cela fait des années que j'ai cessé d'acheter et de lire les albums de la série mère, vu la médiocrité des dessins lorsque je parcourais ces opus en librairie. Quant aux aventures de "Spirou & Frantasio vu par....", je les ai tous revendu car contrairement aux albums dessinés par Franquin, je ne les avais pas relu depuis leur achat. Je n'ai conservé que les aventures de Spirou réalisées par Franquin, évidemment, mais aussi par Fournier qui en fin de compte n'étaient pas si mal que cela malgré les critiques de l'époque et quelques albums signés Tome & Janry qui , rétrospectivement ont marqués l'histoire de Spirou et Fantasio.
Alors pourquoi avoir craqué pour cet album précis?
Tout d'abord, il faut saluer les éditions Dupuis d'avoir proposé une édition de qualité avec dos rond , à un prix très abordable. Nostalgique de cette époque, cela m'a attiré.
Et puis, l'époque de la guerre froide, thème de cet opus, m'intéressait. Et puis, même si le scénario pour "le tombeau des Champignac" ne m'avait guère emballé, j'avais souligné la qualité du dessin de Fabrice Tarrin à l'époque.
Avec "Spirou chez les Soviets" Tarrin & Neidhardt nous offrent un album de qualité qui ravira, je l'espère, les lecteurs de "Spirou" canal historique. J'ai particulièrement apprécié la première partie de l'album, avec le château de Champignac, les bureaux des éditions Dupuis (avec l'apparition plus que furtive d'un Gaston Lagaffe égal à lui-même, un Monsieur Boulier toujours aussi tatillon et d'autres personnages de la rédaction, bref que du bonheur !
Contrairement à certains, je n'ai pas trouvé une baisse de régime avec la partie se déroulant sur sol soviétique. C'est assez drôle, bien enlevé et je ne me suis pas ennuyé une seconde.
Bref, pour la première fois, depuis une dizaine d'année, j'ai pris un plaisir fou à lire un album de "Spirou et Fantasio" (je passe sous silence volontairement les albums d'Emile Bravo, d'une qualité remarquables à tout point de vue, mais que j'ai du mal à placer dans la série des "Spirou et Fantasio").
Un dessin qui lorgne vers les albums historiques, un scénario qui tient la route, le tout enrobé d'une édition éditoriale d'une grande qualité pour le format "dos rond", que demander de plus?
Rien, sinon de continuer dans cette voie pour que les vieux lecteurs comme moi de "Spirou et Fantasio" (que je lis depuis mes 7/8 ans, j'en ai 51 aujourd'hui) reprennent enfin la lecture d'une série qu'adorait mon père, et , que faute de ligne éditoriale claire, j'ai arrêté de suivre et que j'arrive pas à faire apprécier de mes enfants.

un généreux 4/5

1345. froggy - 05/09/20 19:03 - (en réponse à : Heijingling #1343)
Giraud etait deja decede quand le livre a ete realise, les auteurs se sont servis d'archives pour expliquer son role dans la reunion.

1344. torpedo31200 - 05/09/20 17:03 - (en réponse à : Anaïs Nin)
Anaïs Nin, sur la mer des mensonges (Léonie Bischoff, Casterman)
Un beau portrait de la romancière au bovarisme exacerbé, qui se réinvente par le prisme de la littérature et de ses multiples amants. Un peu bavard au début mais assez vite passionnant.
Joli et en rupture éditeur.

1343. heijingling - 05/09/20 15:37
Sur cette réunion et Mandryka, dans La Révolution Pilote - 1968-1972, Bretécher, apprenant que Mandryka avait essayé de prévenir Goscinny du tribunal qui l'attendait, ou avait donné des noms, je ne sais plus, le traite de "jaune", ce qui m'avait autant surpris que fait rire (un peu jaune, quand même...).
Dans cette B.D., sortie il y a seulement 5 ans, on trouve des témoignages de Gotlib, Fred, Druillet, Bretécher, Mandryka, Giraud, et 4 sur 6 sont morts depuis.

1342. froggy - 04/09/20 18:21
Christian Kastelnick, Rene Goscinny et la Brasserie des Copains

Ou je ne lis pas que des BD. lol

Ce petit opuscule, 100 pages exactement, est paru l'annee derniere dans une petite maison d'edition, La Deviation, (hommage a Moebius peut-etre) et relate en details un des evenements majeurs de l'histoire de la bande dessinee francophone, a savoir la reunion qui eut lieu le mardi 21 mai 1968 dans ce cafe de la rue des Pyramides a Paris. Cet episode est devenu quasiment aussi legendaire que le voyage de Jie, Franquin et Morris aux USA en 1947 si ce n'est plus car il serait a l'origine du depart de nombreux auteurs de Pilote dont Goscinny etait le co-directeur avec Charlier pour aller creer leur propre revue ou ils pouvaient s'exprimer avec encore plus de liberte qu'a Pilote, c'est a dire dessiner, des bites, des culs et des des nichons et avoir un humour pipi, caca, prout. On verra ainsi bientot chez tous les marchands de journaux de France et de Navarre fleurir L'Echo des Savanes, Metal Hurlant et Fluide Glacial aux cotes de Hara-Kiri et Charlie, qui etaient les principales revues iconoclastes alors en vente.

Cette reunion n'aurait jamais eu lieu si en arriere-plan il n'y avait pas eu les evenements de mai 68 a Paris et ailleurs en France, evenements qui ne furent pas une revolution comme ses acteurs l'esperaient mais qui a considerableemnt bouleverse la societe francaise quoi qu'on en dise. Si les choses revinrent a peu pres dans l'ordre rapidement a la rentree, il y avait eu cependant suffisamment de remue-menages durant ce printemps. Ainsi, apparemment, De Gaulle en sortit renforce mais cela ne fut pas le cas, car la reponse negative du referendum de 1969 le contraint a quitter le pouvoir. Il faut savoir que pour lui, un referendum s'apparentait a un plebiscite sur sa personne, de fait, il ne pouvait que demissonner.

Pour en revenir a notre brasserie de la rue des Pyramides, les differents auteurs du journal presents a la reunion pensaient prendre le pouvoir a Goscinny. Cela n'arriva pas mais le scenariste a succes d'Asterix fut bouleverse d'etre pris a partie de cette maniere, ses rapports avec ces auteurs qu'il avait lui-meme decouverts pour la plupart ne seront plus jamais les memes. Cependant, il changea beaucoup de choses dans son journal. On y vit entre autres l'apparition des pages d'actualites sans compter la deuxieme vague d'auteurs dont Tardi et Bilal.

Ce livre se veut etre la version definitive de ce qui se passa ce jour-la. Il remet quelques a l'heure, ainsi la reunion ne dura que 90 mn a eu pres entre 16h30 et 18h et puis surtout, il donne la liste des participants, liste qui etait variable selon les temoignagnes. On apprend ainsi qu'outre quelques auteurs du journal, il y avait d'autres personnes totalement etrangeres a Pilote. Kastelnick les qualifie de trostskystes tres vehements qui ne se genaient pas de vouloir donner des lecons a Goscinny sur la maniere de diriger un journal. Un truc a en rire aujourd'hui bien entendu.

J'ai bien aime le livre en general mais j'ai ete un peu decu car j'esperais y apprendre quelques revelations surprenantes. Le probleme qu'il a ete ecrit tard apres l'evenement et que de nombreux intervenants ont decede entre temps, Goscinny en tete bien sur. L'auteur est donc alle chercher ici et la quelques uns de leurs temoignages, le temps faisant son oeuvre comme l'a si bien chante Leo Ferre, les memoires sont parfois defaillantes et il est donc impossible de donner un compte-rendu exact de ce qui s'est passe durant ces 90 mn. De mon cote, j'avais lu pas mal de truc sur le sujet, on en avait beaucoup parle ici il y a longtemps et je crois qu'il y a un sujet sur la question en face.It faut dire que cela m'interesse beaucoup car c'est un des evenements fondateurs de la BD des annees 70. Par contre, si vous ne savez rien ou tres peu sur la question, je ne peux que vous conseiller de le lire, il devrait quasiement repondre a toutes vos questions.

Une derniere chose est que Mandryka en a ecrit la preface auquel il a ajoute un dessin.

Note finale, 3,5/5. A lire pour ceux qui veulent en savoir plus sur cet important evenement de la BD francophone

1341. herve - 02/09/20 22:01
New York cannibals Boucq & Charyn

J'ai hésité un moment avant d'acheter, non pas l'album en tant que tel, mais cette version proposée par les éditions du Lombard, une version grand format , noir et blanc ou plutôt en bichromie.
Et j'avoue ne pas avoir été déçu. Je ne dirai qu'un seul mot après la lecture de cet opus: Sublime !.
Avant de me lancer dans la lecture de "New York Cannibals", j'ai naturellemnt relu "Little tulip", véritable petit bijou de la bande dessinée.
Avec cette suite, Boucq et Charyn nous offrent un album flamboyant, encore meilleur que "Little tulip". Ici , nous retrouvons Pavel/Paul avec sa fille adoptive Azami qui s'est bien transformée.Mais les souvenirs de Goulag vont rapidement le rattraper .
Le rythme est bien soutenu, j'ai littéralement dévoré les 168 pages de l'album.Certes on va retrouver des personnages de "Little Tulip" mais aussi découvrir d'autres personnages attachant, comme l'étonnant "Albatros" qui joue un rôle important.
Pourtant le personnage principal ici ce n'est pas Pavel,Azami ou d'autres mais bien la ville de New York , ou plutôt ses bas-fonds , parfaitement illustrés par un Boucq très inspiré. D'ailleurs dans le dossier présent dans la version n&b, Charyn écrit:"le New York que nous présentons ici est une image miroir déformée du New York moderne...la ville s'est détraquée et plonge dans l'ombre des ténèbres ..."
Évidemment, côté scénario, nous n'échappons pas aux références chamaniques, parfaitement assumées par Charyn et Boucq mais cela colle au scénario de manière éclatante.
Et que dire du dessin de Boucq. Avec le noir et blanc de cette édition, je suis resté époustouflé devant les planches. Le grand format permet d'admirer toute la beauté du trait de Boucq, dessinateur pourtant que j'ai mis beaucoup de temps à apprécier.
Il aura fallu la série "Bouncer" pour que je puisse me familiariser à son style.
Avec cet album, la rentrée débute bien.
Un véritable coup de cœur en tout cas pour "New York Cannibals"

note :5/5

1340. feldoë - 29/08/20 22:29
"Les gardiens du Louvre" est le Taniguchi que j'ai le moins aimé. Je ne l'ai pas relu depuis sa sortie il y a plus de cinq ans, et je n'en ai qu'un souvenir un peu fade (malgré la couleur).
Loin pour moi de mes préférés, Quartier lointain, Le journal de mon père, Le sommet des dieux ...

1339. Lien Rag - 29/08/20 17:39
Mais il n'était pas mort, Taniguchi ?
Ou c'est comme Tupac, ça ne l'empêche pas de sortir de nouveaux albums ?

1338. Quentin - 29/08/20 14:40
Les gardiens du Louvre, de Taniguchi. Mes sentiments sont plutôt mixtes. D'un côté, on a un bel hommage à Corot, Daubi gny et Van Gogh. D'un autre côté, l'intervention des gardiens/fantômes du Louvre est très maladroite, voire foireuse. L'album, est en couleurs, ce qui est rare pour Taniguchi et ce qui fonctionne bien dans son hommage aux peintres paysagistes, mais si c'est pour colorier la robe de la Victoire de Samothrace en rose bonbon, on s'en passerait volontiers.

1337. froggy - 25/08/20 01:08
Tripp, Extases 2, Les montagnes russes

C'est la deuxieme partie des aventures sexuelles de l'auteur, ou celui-ci se met a nu au sens propre comme au sens figure.

Dans le premier tome, Jean-Louis Tripp nous a raconte son enfance, adolescence et debuts dans la vie d'adulte, le tout marque par une libido quelque peu exaltee, si ce n'est exacerbee. Il nous a ainsi fait savoir qu'il aimait beaucoup faire l'amour avec des femmes, souvent d'ailleurs, meme si il eut une experience homosexuelle qui resta sans lendemain. Il faut evidemment faire remarquer une pratique onanique tout aussi compulsive. D'ou ma question, est-ce que Satan l'habite?

L'auteur a maintenant l'age adulte, il vit en couple avec Caroline avec qui il partage le gout de soirees a plusieurs regulierement. En francais, on dit partouze, en anglais on dit orgy. De la a ecrire que lorsque Tripp nous dit, "Orgies, nous voulons des orgies", je ne suis pas sur que c'etait a cela que Goscinny pensait quand il ecrivait Asterix et le chaudron. Pour en revenir a nos moutons, (je m'egare, je m'egare), Tripp se separe de sa compagne qui se lasse de ces soirees plus dignes de La Brigade Mondaine qu'elles ne sont mondaines alors que lui a envie de continuer. Le temps passe, il rencontre beaucoup de femmes et enfin un jour, il croise le chemin de Capucine avec qui il restera quelques annees. Mais comme pour sa relation precedente, l'ennuie le guette et la lassitude le gagne. Alors, pour tromper son ennui, il va tromper son amie qui le jour ou elle apprend ses frasques le quitte. Son errance sentimentale recommence, cette errance le rend papa. Ce qui change evidemment beaucoup de choses. Et puis c'est la rencontre inopinee avec Nathalie qui lui dit qu'elle aimerait faire l'amour a plusieurs. Bingo! s'ecrie l'auteur avec joie. Cet album se conclut sur une soiree dans un club echangiste ou Tripp se fait un trip d'enfer qui l'emmene dans un nirvana plein de nanas.

Le premier tome etait caracterise par son humour qui faisait passer sans probleme le contenu que d'aucuns qualifieraient de tres scabreux. Il est evident que l'auteur est un exhibitionniste qui au lieu de se couvrir d'un imper, commet beaucoup d'impairs en lieu et place. Dans ce tome, le ton est plus grave, moins leger, l'humour laisse la place a l'instrospection car on est passe a des choses serieuses. En effet, la vie sexuelle de Tripp a des consequences directes sur sa vie sentimentale, ses relations amoureuses suivies de ruptures et sa paternite accidentelle ne peuvent pas etre traitees sur le mode de la derision, a la place, l'auteur utilise la metaphore pour exprimer ses sentiments. Pour lui, l'acte sexuel se doit d'etre joyeux et liberatoire. Or, chacun sait que ce n'est pas le cas de tout le monde, loin s'en faut, on est dans le cadre de l'intime, j'ajouterai meme du tres intime, et l'amour selon Tripp ressemble plus a une quete d'une partenaire feminine qui partagerait sa vie et avec qui il pourrait vivre sa vie sexuelle comme il l'entend sans que cela ne remette son couple en question. On pourrait croire que c'est ce qu'il a trouve avec Nathalie, or cela n'est pas le cas car il nous a appris lors d'avancees dans le temps dans le recit qu'il y aura d'autres femmes qui aimeront son vi.

J'ai bien aime cet album mais pas autant que le premier grace son humour auquel j'avais ete sensible. Ici, Tripp fait de l'autoanalyse, cela passe bien car il traite son sujet avec intelligence et suffisamment de detachement de lui-meme pour eviter l'autosatisfaction. Il s'auto-flagelle regulierement meme, se sentant coupable vis-a-vis de Caroline et Capucine. Curieusement, il nous fait savoir qu'elles se sont remises de leur rupture avec lui plus rapidement qu'il ne le fit lui-meme. De la a ecrire que les femmes sont plus fortes que les hommes, qu'en pensez-vous?

Dans un texte qui ouvre l'album, Tripp ecrit que cet album est un acte politique car il veut dedramatiser le sexe le considerant comme un acte aussi banal et anodin que celui de manger ou regarder la television. En cela, je pense qu'il a bien reussi car cet album est tout sauf pornographique, il n'est meme que legerement erotique. C'est tres curieux quand on y pense car le dessin ne nous cache absolument rien de l'anatomie de Tripp et de ses partenaires mais aussi de ce qu'il fait dans un lit avec elles. Ainsi, je ne rangerai pas ce livre dans l'Enfer de la Bibliotheque Nationale.

Note finale, 3,25/5. Ce n'est definitivement pas pour les bi gots et les culs-benis.

1336. heijingling - 23/08/20 02:48
Le format n'est pas important, il y a plein de comic strips qui ont été republiés en format carré, vertical, ou autre, ce qui compte est la forme gag en 4 (ou 3) cases.
Mais ce qui m'a fait marrer est l'enthousiasme de ta présentation, de la manière dont tu en parlais j'avais presque l'impression que tu découvrais cette forme :)

1335. froggy - 21/08/20 05:07 - (en réponse à : Heijingling)
Je ne sais pas si tu as vu ou lu l'album, il est d'un format carre et chaque gag est en carre de 4 cases et non en une bande. Je ne savais pas que cela avait ete prepublie dans un format different, cela ne m'avait meme pas effleure l'esprit en lisant l'album car ce n'est pas detectable.

1334. heijingling - 20/08/20 02:59 - (en réponse à : froggy)
Ce sont des gags tres simples, ils ne font que 4 cases seulement ou tout est dit, ce qui n'est pas si evident que cela.

Oui, on appelle ça des comic strip. Tu es sûr que tu vis aux É.U.A ? :)

1333. torpedo31200 - 20/08/20 02:04 - (en réponse à : post # 1331)
Comme plusieurs l' ont exprimé ici, un des meilleurs Fabcaro amha.
Le seul défaut, c'est que les strips étaient, me semble-t-il, publiés au format éponyme dans Zoo, donc en bande (et pas en carré)

1332. Piet Lastar - 19/08/20 18:49 - (en réponse à : froggy)
Tout pareil !

1331. froggy - 19/08/20 18:33
Fabcaro, On n'est pas la pour reussir

Je continue a acquerir les Fabcaro preTalk show, mon premier de lui comme vous devez commencez a le savoir pour les clampins que vous etes.

Cet album est de la veine autobiographique, ainsi que Le steak hache de Damocles et Pause l'ont ete avant celui-la. Avec sa derision et sa causticite coutimiere, l'auteur raconte des seances de dedicaces qu'il a probablement vecues ou que quelques uns de ses pairs lui ont racontees. Et le plus souvent, c'est a mourir de rire. Ce sont des gags tres simples, ils ne font que 4 cases seulement ou tout est dit, ce qui n'est pas si evident que cela. Fabcaro pratique l'art de la concision comme Franquin et Peyo l'ont fait en leur temps avec Gaston Lagaffe et Poussy. Il fait mouche a quasiment chaque fois et a chaque fois j'ai eclate de rire avec la chute. Tout le monde en prend pour son grade plus ou moins gentiment, en premier bien entendu l'auteur lui meme partant du principe qu'on est jamais aussi bien servi que par soi meme, mais aussi les gens qui viennent aux seances de dedicaces et les editeurs. Sur cette derniere categorie, il y a cependant un gag qui est manifestement inspire d'un dessin de Sempe. Mais on ne va pas faire la fine bouche pour si peu, surtout que le gag commence bien et est probablement tres representatif de ce qui se passe dans l'industrie du 9e Art.

Le dessin de Fabcaro est le meme, realiste avec des nez dessines comiquement, ce qui va de pair avec la nature de l'ouvrage, un recueil de gags. Cela fonctionne tres bien et rend l'album encore plus divertissant. Il n'y a absolument aucun decor, Fabcaro ne met l'accent que que sur les accessoires necessaires a son gag, table, chaise, telephone, papier, crayon et ordinateur. Cela suffit amplement.

Note finale, 4/5. Toutes les occasions de rire sont bonnes a prendre, prenez celle-ci, vous ne vous sentirez que bien mieux apres.

1330. froggy - 18/08/20 01:10 - (en réponse à : Laurent)
Dont toi, je presume?

1329. Victor Hugo - 17/08/20 03:12
"En existe-t-il encore qui utilisent le papier et un crayon pour dessiner? "

La majorité je pense.

1328. froggy - 16/08/20 23:21 - (en réponse à : Laurent)
Je te crois volontiers, je ne suis pas tres au fait des logiciels et autres ordinateurs que les dessinateurs utilisent aujourd'hui. En existe-t-il encore qui utilisent le papier et un crayon pour dessiner?

1327. Victor Hugo - 16/08/20 20:46
"J'ai egalement remarque qu'il doit se servir d'une table lumineuse pour reprodure certains decors, "

Lol, il n'y a plus de table lumineuse, il travaille à la Cintiq ( mais le principe reste le même)

1326. torpedo31200 - 16/08/20 02:34 - (en réponse à : post # 1325)
Généreux.
Et le dessin de Vives n' est pas égal à lui-même mais plus paresseux et moins appliqué que sur certaines de ses précédentes œuvres.
(Ce qui m' inquiète un peu au vu de son jeune âge)

1325. froggy - 16/08/20 01:20
Vives & Quenehen, Quatorze juillet

C'est le debut de l'ete dans le Vercors, un jeune gendarme qui vient de perdre son pere, Jimmy, a fait la connaissance lors d'un controle routier de Vincent, un peintre et de Lisa, sa fille de 17 ans, venus passer leurs vacances dans une maison louee pour la circonstance. Il se met s'interesser a eux et apprend rapidement que l'epouse de Vincent est morte lors d'un attentat commis par des extremistes islamistes. Est-ce a cause de cela que l'adolescente commet des incartades assez benignes mais suffisamment serieuses pour reclamer l'intervention de la gendarmerie? Est-ce aussi a cause de cela que Vincent a decide de passer ses vacances dans cet endroit ecarte alors que Jimmy a appris qu'un des auteurs de l'attentat etait originaire de la ville la plus importante des environs, ville ou une partie de la population de confession musulmane reside dans une ZUP? Le 14 juillet approche vite et la ville se prepare a comemorer la fete nationale comme il se doit.

Casterman, l'editeur, vend le livre comme un polar contemporain. C'est possible, je le vois plutot comme un telefilm qui veut faire djeun' en engageant un scenariste debutant, c'est son premier, specialiste en recherches historiques qui vont des merovingiens aux cites HLM. Ou apres Polina,on peut constater que Vives confirme qu'il aime les gens qui pratiquent le grand ecart. Et le dessinateur donc, Bastien Vives qu'on ne presente plus, qui a un talent absolument dingue eu egard a son jeune age, dessinateur qui confirme le vers de Corneille, "Aux ames bien nees, la valeur n'attend pas le nombre des annees".

D'habitude dans mes chroniques de lecture que je me fais un plaisir de vous infliger par pur sadisme (dit-il en eclatant d'un rire sardonique), je parle du scenario pour ensuite me pencher sur le dessin. Je vais faire une exception ici car il est difficile de separer l'un de l'autre du fait d'un element que Vives pratique superbement, l'ellipse graphique. En effet, on retrouve cette ellipse dans le scenario principalement a la fin avec l'epilogue mais aussi dans tous les non-dits que la BD recele. Et il y en a beaucoup. Vives est un elliptique, son dessin ne s'embete pas de fioritures et de details qu'il estime non necessaire a la bonne comprehension de cette histoire. Je presume que vous avez tous lu un livre de lui, vous savez donc de quoi je parle. J'avais decouvert le dessinateur avec Polina, une BD que j'ai adoree grace entre autres a son style graphique si particulier qui m’avait immediatement seduit par sa maitrise, sa virtuosite et aussi son aspect innovant dans l’art de raconter des histoires a la narration sequentielle. J’ai evidemment continue de le suivre avec ses one-shots mais pas tous, certains des sujets qu’il aborde ne m’interessent pas (Petit Paul par exemple ou sa serie Lastman). Je crois avoir chronique ici meme tout ce que j’ai lu de lui. Bien entendu, l’effet de surprise est passe et tel le fan de base, je demande toujours a ce qu’il fasse quelque chose de different tout en faisant toujours la meme chose. Je suis donc devenu un chieur pour lui.

A part les aventures du trio de voleuses de La Grande Odalisque et de sa suite, Olympia qui consiste en une comedie policiere a grand spectacle, ce que j'ai de lui se situe plutot dans la comedie dramatique (pour reprendre la classification des films selon feu Pariscope), Polina, Le chemisier et la chronique adoelscente avec Une soeur. Avec ce Quatorze juillet, Vives revient au genre policier mais avec un gros aspect de drame psychologique qui reside dans l'attirance du heros vers la jeune fille bientot en fin adolescence. L'aspect policier tient evidemment a la profession de Jimmy, mais aussi au fait que des extremistes musulmans tiennent une part importante dans le scenario.

C'est cette aspect la de l'histoire qui est peu convainquant a mon avis car c'est la que resident les ellipses scenaristiques qui vont de pair avec celles graphiques. Je ne peux pas reveler certains rebondissements car je ne veux surtout pas gacher votre plaisir de lecture mais il se trouve que les auteurs ont cultive une grande ambi guite sur la nature meme des actes commis par ces extremistes si jamais ils ont ete commis. J'ecris sela sciemment car la mise en page de la scene qui se deroule le soir du 14 juillet lors de la fete comporte des zones d'ombre. Cela a beau se passer en plein jour, ce n'est pas tres clair.

Toute l'histoire est entierement racontee du point de vue de Jimmy, nous ne savons rien d'autre. C'est un choix narratif tout aussi respectable qu'un autre. Cette vision completement subjective du scenario rend la fin plus difficile a comprendre, dans la maniere dont Vives a dessine la camionette qui demarre, on ne sait pas quelles sont les intentions du conducteur, allait-il commettre ou non un attentat? Est-ce que Jimmy a tire des conclusions hatives? Cela ne me derangerait pas de ne pas le savoir si on savait quel est le propos des auteurs, raconter une histoire strictement policiere? Un drame sur une jeune homme un peu fragile psychologiquement attire par une nymphette? Un pamphlet contre les forces de l'ordre qui mesinterpretent des attitudes et gestes simples et banals mais commis par des gens un peu trop basanes ou noirs de peau, gestes qui peuvent avoir de multiples significations? il y a une scene importante au milieu du recit ou Jimmy tire des conclusions prematurees en voyant quelque chose, scene qui etaie cet argument.

Le melange des genres ne me derange pas beaucoup mais a un moment ou a un autre il est necesssaire que les auteurs prennent partie et decident de quel cote ils vont orienter le recit. Plusieurs genres peuvent cohabiter dans une meme histoire mais il faut qu'ils enrichissent le recit, l'un renforcant l'autre car restant en retrait et ne prenant pas le devant, cela ne doit pas etre confus pour le lecteur. C'est le defaut majeur que j'ai trouve a cet album.

Le dessin de Vives est egal a lui-meme, ce jeune homme a un talent fou. J'en suis vraiment amoureux. je lui trouve une elegance, une vivacite inelagalable dans ce que je lis actuellement. En un mot, il est racé. Un de ses trucs est de ne pas dessiner tout le temps les yeux de ses personnages, tous. La question que je me pose est de savoir pourquoi. Est-ce qu'il y a une raison qui explique pourquoi dans telles scenes ou a tel moment d'une scene, il les dessine ou pas. et ce n'est pas une question d'orientation du visage tel que dessine, meme plein face, ils ne sont pas la, ou alors, un seul est represente. On connaissait les yeux sans visage, avec lui, on connait les visages sans yeux. Je me souviens que dans un de ses entretiens, Maurice Tillieux disait qu'au debut de sa carriere, il ne savait pas les dessiner, c'est pour cela, qu'il avait ajoute des lunettes a ses protagonistes, Felix et Cabarez par exemple. Cela n'est pas le cas pour Vives, il est capable de les dessiner tres bien. A l'instar du dessinateur de Gil Jourdan, dans cet album, il a regulierement contourne cet ecueil en ajoutant tres souvent des lunettes de soleil a ses personnages, il n'est pas besoin de l'expliquer, c'est un accessoire necessaire en ete. On peut donc imaginer le genre de regard que la personne a derriere ses verres fumes. Par contre, le bat blesse lorsque il s'abstient de les dessiner a un moment donne et cela donne une curieuse impression pour le lecteur car tout d'un coup, le visage de la personne devient totalement inexpressif, on la sensation qu'un grand vide a envahit cette personne, que tout a coup on aurait affaire a un veau c'est a dire a quelqu'un dont la stupidite est telle qu'elle ne reagirait a rien parce qu'elle n'en a pas les capacites intellectuelles. Cette impression est d'autant plus bizarre que Vives fait cela a des moments ou justement la personne aux yeux absents devraient reagir d'une maniere ou d'une autre. J'avais beaucoup aime ce parti-pris graphique dans Polina, je trouvais que cela allait tres bien avec le recit. On n'avait pas cette sensation de vide chez la personne ainsi dessinee. Je pense cependant que Vives en use et meme en abuse un peu trop et qu'en fait cela nuit plus que cela n'en ajoute a ses histoires. Il devrait l'utiliser avec parcimonie.

J'ai egalement remarque qu'il doit se servir d'une table lumineuse pour reprodure certains decors, le travelling avant qui commence le recit mais aussi les panneaux de signalisation ou le supermarche Auchan dont l'enseigne est trop fidelement reproduite pour que cela ne se remarque pas, et puis aussi la maison de vacances de Vincent. A propos du personnage de Vincent et de table lumineuse, je crois que Vives a choisi Michel Houellebecq comme modele physique.

Note finale, 3/5. C'est bien grace au dessin et a un scenario bon en general mais avec beaucoup de maladresse. Je suis un peu decu car j'attends enormement de Vives, j'en attends peut-etre trop d'ailleurs.

1324. torpedo31200 - 16/08/20 01:06 - (en réponse à : Quentin - post # 1320)
Ah !
On est bien d' accord que le rouge des couvertures de Marsault est une référence explicite à l' œuvre de Gotlib ?

1323. longshot - 14/08/20 10:45 - (en réponse à : Quentin)
si on s'amusait à reprendre certains dessins de Gotlib et à effacer ses textes pour les remplacer par ceux de Marsault, on aurait alors la forme désopilante de Gotlib et le fond navrant de Marsault, qui ne serait pas plus drôle pour autant.

Ça se fait beaucoup — pas avec Marsault et Gotlib, enfin pour autant que je sache, mais avec de vieux comics ou des illustrations, avec les couvertures de Martine ou avec des planches de Tintin, plutôt dans le registre de l'humour ou du message politique… Mais j'aurais tendance à dire que dans ces exemples au contraire, la forme est indissociable du fond — parce qu'avec une « forme » différente, eh bien ! ce ne serait plus un détournement…

1322. pm - 14/08/20 09:49
Non, la poésie n’est pas vaine. Je ne sais pas si cette forme était nécessaire.

1321. Quentin - 14/08/20 08:54 - (en réponse à : pm)
Je viens de lire ton article sur Flaubert. Je crois qu'il peut nous mettre d'accord.

"Fond et forme sont tous deux emmêlés, fondus, intriqués. Bref, ils progressent en bloc. (...) la forme est liée au fond comme l’âme l’est au corps" Oui, on les distingue mais ils avancent ensembles

"Creuse, la beauté a moins d’attraits… Dès lors qu’elle quitte les rivages de l’intelligence, la beauté cesse un peu d’être elle-même. (...) l’insatisfaction est là, qui empêche d’y voir une forme d’art accomplie". Je crois qu'on peut aussi se retrouver dans ca (c'est ce que tu reproches aux rêveries de MAM, si je comprends bien).

Quant à savoir si une pensée novatrice éloigne de l’art ou s'il n’y aurait de beauté que pour la médiocrité et la banalité, c'est une bonne question. Même en science, le style et la forme sont très importants. Dans mes études d'anthropologie, j'avais un prof, Luc de Heusch, qui écrivait très bien et publiait ses bouquins dans la NRF chez Gallimard. Un de ses collègues, Jan Van Sina, a critiqué ses publications dans un article intitulé "L'élégance est-elle une preuve?" Le débat continue...

1320. Quentin - 14/08/20 08:31
Dans tes exemples, c'est toujours ce que tu appelles la forme qui fait l'intérêt de l'œuvre.

Quand on parle d'adaptations d'une oeuvre dans un autre médium, c'est clairement le cas. Mais je peux aussi donner des exemples où le fond est, pour moi, plus intéressant que la forme. Les biographies de Catel par exemple (même si celle sur Goscinny ne m'intéresse pas du tout, et encore moins après avoir lu le compte rendu de Marcel). Ou pour revenir sur Marsault: si on s'amusait à reprendre certains dessins de Gotlib et à effacer ses textes pour les remplacer par ceux de Marsault, on aurait alors la forme désopilante de Gotlib et le fond navrant de Marsault, qui ne serait pas plus drôle pour autant. Dans ce cas, le fond resterait en ce qui me concerne plus important que la forme dans mon appréciation finale.

pm: je trouve les rêveries de MAM poétiques (2 des 3 en tout cas). La poésie est-elle vaine?

1319. heijingling - 14/08/20 01:43
>Quentin: Pour reprendre avec Franquin, le film de Gaston passait à la TV ce soir. Le fond est sensiblement le même dans le film et la BD (mêmes gags, personnages, univers), mais la forme est tout à fait différente et le film est un bide. Donc oui, on peut (on doit) dissocier la forme du fond dans ce cas, et cette distinction fait toute la différence entre un truc bon ou mauvais (notons quand même que certaines adaptations sont plus réussies que l'original). On a débattu des dessins de Marsault sur ce forum. La forme peut être drôle, mais le fond est à vomir.

Dans tes exemples, c'est toujours ce que tu appelles la forme qui fait l'intérêt de l'œuvre.



>on trouve aussi un article sur le marsupilami publié dans une authentique revue scientifique.


Si il n'y a pas de références, ce n'est pas scientifique :)
Sinon, l'article de Perec a été publié originellement dans une revue scientifique, le Journal International de Médecine n° 103

1318. pm - 14/08/20 01:19
https://www.google.fr/amp/s/michaelaine.wordpress.com/2011/06/03/peut-on-dissocier-le-fond-de-la-forme-grandeur-flaubertienne-ou-misere-valeryienne-de-lart/amp/

1317. pm - 14/08/20 01:07 - (en réponse à : Quentin)
Pas encore lu le MAM que tu cites. Comme exercice de style un peu vain, joli et compliqué mais vain, je pensais davantage à son dernier «  livre » 3 rêveries.

1316. pm - 14/08/20 01:03 - (en réponse à : Quentin)
Je ne vais pas répéter mes arguments ad libidum mais nous ne sommes pas d’accord. Je ne considère pas que le fond du film Gaston soit sensiblement le même que celui de la BD. Encore une fois le fond en art ce n’est pas le message ni l’idéologie sous jacente ni la trame narrative et c’est indissociable de la manière dont c’est fait. Le fond c’est l’oeuvre elle-même, sa forme aussi.
Ton exemple de Marsault est intéressant car je considère que c’est à vomir et pas du tout drôle. Si je trouvais ça drôle ce ne serait pas à vomir ou alors on entrerait dans le cadre du rire coupable et c’est l’auteur du rire qui deviendrait ambi güe.

1315. Quentin - 13/08/20 23:58 - (en réponse à : pm)
Quand tu parles d'art, si tu te limites à la peinture, je n'ai pas grand chose à redire à ce que tu écris et il est facile de confondre fond et forme. Mais si tu te penches sur la littérature, le cinéma, la BD (arts narratifs), il est facile de distinguer forme (médium, style, découpage, etc.) et fond (message, histoire, humour, etc.), même s'il y a intersection et renforcement mutuel entre les 2.

Pour reprendre avec Franquin, le film de Gaston passait à la TV ce soir. Le fond est sensiblement le même dans le film et la BD (mêmes gags, personnages, univers), mais la forme est tout à fait différente et le film est un bide. Donc oui, on peut (on doit) dissocier la forme du fond dans ce cas, et cette distinction fait toute la différence entre un truc bon ou mauvais (notons quand même que certaines adaptations sont plus réussies que l'original). On a débattu des dessins de Marsault sur ce forum. La forme peut être drôle, mais le fond est à vomir.

Et pour finir avec MAM: notre discussion se retrouve quelque part en filigrane dans son album sur le Louvre. Qu'est-ce qui fait l'art? La forme ou le contenu? Des qualités intrinsèques ou un regard sensible? Et qu'est-ce qu'un regard intelligent et sensible? Ne vaut-il pas mieux être aveugle pour pouvoir apprécier pleinement l'art primitif? En essayant de quantifier et d'analyser, ne passe-t-on pas à côté de l'essentiel? Dialogue page 57:
"- L'essentiel existe et est inaccessible... C'est ca?
- Eh oui... Mais les chemins qui mènent à l'inaccessible sont essentiels...
- Ho ho! Nous devons être rendus très bas pour penser quelque chose d'aussi profond"

Voilà quelques exemples parmi de nombreux autres démontrant une réflection de fond sur l'art et la muséologie dans les sous-sols du révolu. Bien entendu, on passe à côté si on s'arrête à la forme humoristique et aux exercices de style. Je connais en tout cas peu de bandes dessinées aussi profondes et subtiles que celle-ci.

Heijingling: on trouve aussi un article sur le marsupilami publié dans une authentique revue scientifique.

1314. torpedo31200 - 13/08/20 15:59 - (en réponse à : pm - post # 1310)
Ce sont des concepts évoqués, donc c' est bien exprimé.

1313. heijingling - 13/08/20 15:53
Trop occupé pour rerentrer dans ce débat dont je connais l'issue et auquel je n'ai pas de nouveaux arguments à apporter, je note juste un truc:

>pm:Sans être la même chose puisqu’il y a deux mots

De même qu'un mot peut avoir plusieurs significations différentes, voire opposées (apprendre signifie aussi bien transmettre que recevoir. De même en mandarin le même mot signifie prêter et emprunter, on comprend selon le contexte), plusieurs mots peuvent être des synonymes parfaits, la seule nuance étant le contexte, par exemple anthologie, florilège et best-of.
Et de même, la technique s'oppose à la science comme l'artisanat à l'art, à condition d'être dans des conditions idéales de température et de pression.

>Quentin: plusieurs scientifiques se sont amusés à faire publier des papiers complètement bidons pour montrer que donner la primauté à la forme plutôt qu'au fond ne rime à rien

Ce n'était pas dans le but que tu dis, mais je le cite tout de même: Mise en évidence expérimentale d'une organisation tomatotopique chez la soprano (Cantatrix sopranica L.), de Perec, qui avait été documentaliste au CNRS. Il cite Zeeg & Puss dans sa biblio, les bdparadisiens se doivent donc de connaitre ce texte, lisible ici:

http://www.bevernage.com/humour/tomatotopic.htm

1312. pm - 13/08/20 14:51
Pour en revenir à MAM je pense qu’on peut davantage parler d’exercice de style souvent audacieux mais parfois un peu vain que de fond et de forme.

1311. pm - 13/08/20 13:40 - (en réponse à : Quentin)
Et en art je ne pense pas non plus qu’il soit possible d’avoir seulement le fond sans la forme car dans ce cas on sort du champ artistique.

1310. pm - 13/08/20 13:37 - (en réponse à : Quentin)
D’abord je ne parle que d’art, je mets donc de coté tes remarques pertinentes concernant les sciences ou la politique.
Je pense qu’en art tu confonds forme et surface, ou pour le dire un peu autrement, beauté et joliesse. Je suis probablement trop autodidacte en la matière pour te donner des exemples irréfutables, mais prends la nuit étoilée de Van Gogh, je ne vois pas comment tu pourrais distinguer le fond et la forme, c’est complètement imbriqué.
Prenons un album de Spirou et Fantasio dessiné par Franquin, apparemment tu dirais probablement que la forme est belle mais que cela manque de fond, contrairement aux idées noires par exemple. Et c’est là que nous divergeons, le génie fantaisiste et minutieux de Franquin n’impose pas qu’il y ait derrière un message idéologique ou une morale ou je ne sais quoi ( j’adore aussi les idées noires ). La joie que j’éprouve à lire un dessin magnifiquement construit et dessiné dans une mise en page parfaite est tout aussi importante et profonde et significative du génie humain atteint. Et là encore le fond vient de la forme, la même histoire fantaisiste dessinée par un tâcheron n’aurait ni fond ni forme.
Je l’ai sans doute mal exprimé mais en art, la forme n’est pas la superficialité de la chose et le fond n’est pas le message , c’est beaucoup plus imbriqué.

1309. Quentin - 13/08/20 13:01 - (en réponse à : pm)
Si on dit d’une oeuvre qu’elle est belle mais creuse je trouve que ça n’a pas grand sens car si elle est belle elle n’est pas creuse et si elle est creuse en fait elle n’est pas belle

Pas d'accord du tout. La beauté et la profondeur sont deux choses bien distinctes. Une personne peut être belle et creuse/conne. Une BD peut être belle et creuse (ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais Vivès ou Mattotti, c'est le fond car la belle forme reste sensiblement pareille). Un article scientifique peut être bien formé mais totallement creux (plusieurs scientifiques se sont amusés à faire publier des papiers complètement bidons pour montrer que donner la primauté à la forme plutôt qu'au fond ne rime à rien). Un orateur politique peut faire un très beau discours, avec de bons arguments, de l'humour et de la poésie, mais cette belle forme ne laisse rien présager du fonds du discours, qui peut servir des objectifs nobles ou puants. Un humoriste peut faire un bon sketche qui fait rire les foules, mais en faisant passer un message détestable. Une bonne forme ne rime en rien avec un bon fond.

D'accord pour dire qu'il faut les deux pour avoir une bonne oeuvre, mais pas d'accord pour dire qu'il faut juste un des deux car avoir l'un, c'est avoir l'autre.

1308. pm - 13/08/20 10:43 - (en réponse à : Fond et forme)
Souvent indissociable et absolument inopposable. Si on dit d’une oeuvre qu’elle est belle mais creuse je trouve que ça n’a pas grand sens car si elle est belle elle n’est pas creuse et si elle est creuse en fait elle n’est pas belle.
La forme ce n’est pas la superficialité des choses.

1307. pm - 13/08/20 10:39 - (en réponse à : Fond et forme)
Sans être la même chose puisqu’il y a deux mots en art c’est complètement lié et probablement indissociable. La forme n’est pas juste un moyen et bien souvent le fond est issue de la forme.

1306. froggy - 12/08/20 20:30 - (en réponse à : Piet #1304)
Tu m'as completement largue dans le virage.

1305. Quentin - 12/08/20 19:51 - (en réponse à : Heijingling)
Séparer ou lier forme et fond n'a pas grand sens, puisque c'est la même chose

Ben non, c'est différent, et c'est bien pour ca qu'on les distingue. Quand tu dis que c'est la même chose, ca me fait penser à la novlangue de 1984 (la liberté c'est l'esclavage, etc.)

1304. Piet Lastar - 12/08/20 04:08
1302. froggy - 12/08/20 03:39
Mais je suis quand même bien loti
Il faut t'appeler Pierre?

Ben non, Helmut !

1303. froggy - 12/08/20 03:40 - (en réponse à : Marcel)
Tu me l'as amene sur un plateau, je n'allais pas le laisser passer tout de meme!

1302. froggy - 12/08/20 03:39
Mais je suis quand même bien loti

Il faut t'appeler Pierre?



 


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