Gaston Lagaffe

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420. pm - 04/08/23 11:38
Sinon, je pense qu’un million ils les écoulent facilement, et qu’il y aura des réimpressions.

419. pm - 04/08/23 11:37 - (en réponse à : Heijingling)
S’ils annoncent une date c’est qu’ils savent quand va se faire l’impression, si ce n’est déjà fait. Or, si Isabelle Franquin s’y oppose, il suffit qu’elle dise que ça ne respecte pas l’âme de la série pour bloquer le processus, ils vont se retrouver avec un million d’albums sur les bras ! Bizarre cette histoire.
Ou alors les deux parties ont secrètement trouvé un terrain d’entente.

418. heijingling - 04/08/23 11:25
Sur le site d'en face, ils se dit que Dupuis est déjà en contact avec JVH pour faire pilonner les invendus.

417. Piet Lastar - 04/08/23 11:21
Au pilon, tôt ou tard ?

416. marcel - 04/08/23 10:54
500 000 pour un tirage de tete ?! Donc, j'imagine, a vil prix ?... Ils sont fous ?...

415. heijingling - 04/08/23 10:39
Ils vont répartir entre 500000 exemplaires pour le tirage normal, et 500000 pour le tirage de tête numéroté ex-libris signé collector.

414. marcel - 04/08/23 09:40
De mémoire, c'était un million. Je sais pas s'il ont prevu a la baisse.

413. froggy - 03/08/23 21:48
Ont-ils prevu un tirage moindre que celui originellement annonce? C'etait un chiffre enorme si mes souvenirs sont bons.

412. heijingling - 02/08/23 23:39
Cela ne veut rien dire car qui jugera si la motivation de son opposition est valable? De toute façon, commercialement, il vaut mieux pour l'éditeur annoncer en avance sa sortie, sans attendre l'accord de la fille de Franquin, même si la sortie se fait finalement bien après la date annoncée, que de le sortir précipitament après avoir attendu un accord éventuel de la fille de Franquin.

411. pm - 02/08/23 23:31
J’ai pas tout suivi mais j’avais cru comprendre qu’Isabelle Franquin pouvait s’y opposer à partir du moment où son refus serait motivé, ce qui ne veut rien dire car dans ce cas elle peut s’y opposer indéfiniment. Aurait-elle finalement accepté ?

410. heijingling - 02/08/23 23:15
Ils doivent se grouiller s'ils veulent le prépublier dans le journal, vu que le Gaston de Delaf, numéroté 22, est annoncé pour le 22 novembre. S'ils veulent le prépublier intégralement avant l'album, ils devraient même publier 3 ou 4 pages par semaine pour être dans les temps. La collec complète va être refondue et uniformisée, pour les completistes.

409. longshot - 02/08/23 22:15
Retour « imminent » annoncé dans le dernier Spirou (4452, daté du 9 août)

408. froggy - 18/07/23 00:55
Merci heijingling. C'est passionnant et c'est surtout tres triste.

407. heijingling - 18/07/23 00:27
Un article intéressant, qui explique en détails ce qu'on avait déjà appris dans un article précédent:
" Franquin : contrats et dégâts
Texte (CC BY-NC-ND) : Olivier Van Vaerenbergh

Publié le 02/06/2023

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Médor n°31, Été 2023
Franquin : contrats et dégâts
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Franquin © Dupuis, Dargaud-Lombard, 2023. Tous droits réservés.
Un auteur bouffé tout cru par des requins de la finance : le dessin de notre couverture, réalisé en 1985, est de Franquin et tient presque de la prophétie au regard de ce que l’auteur vivra ensuite, jusqu’à sa mort. Une période marquée par la cession de tous ses droits, et rarement racontée jusqu’ici sous l’angle des affaires. Des affaires remplies d’hommes de l’ombre et d’abus. Et une drôle d’histoire, faite de contrats et d’idées noires.

L’image est forte. Parce qu’elle est aussi triste que l’auteur est immense : quelques semaines avant sa mort (le 5 janvier 1997, deux jours après son 73e anniversaire), l’homme est assis, seul, voûté, à sa table. Il approuve, péniblement, des cartes postales à l’effigie de Gaston. Des dessins détourés, sans grand charme, accompagnés de slogans évidemment réducteurs, incapables de saisir toute la complexité et l’énergie de ce personnage prétendument paresseux, création la plus personnelle et travaillée de Franquin. «?Bientôt les vacances???» «?Mille et un bisous pour ton anniversaire.?» «?Dur le lundi?!?» Un dernier album est sorti quelques mois plus tôt, accompagné d’une tournée presse harassante, mais André n’a plus dessiné la moindre planche de Gaston depuis cinq ans. Il valide des produits dérivés, des albums qui ne sont plus de lui, des impressions textiles. Il griffonne encore des «?doodles?» (petits dessins automatiques et abstraits) et parfois des crobards dans des courriers personnels. Ici, un petit Gaston pendu?; là, un auteur lui aussi avec la corde au cou…

Une douzaine d’années séparent ces petits croquis tragiques et le requin mangeur d’auteur que Franquin dessine en 1985. Se doute-t-il, déjà, de ce qui l’attend?? Au cours de cette décennie, l’auteur le plus important de l’histoire de la bande dessinée belge avec Hergé va vendre la quasi-totalité de ses droits d’exploitation à Marsu Productions, une structure éditoriale créée pour l’occasion par un homme d’affaires belge, mais résident monégasque, Jean-François Moyersoen. Vente qui se fera en deux temps, en 1986 et 1992, et dont l’écho se fait ressentir aujourd’hui avec force. En effet, l’éventuelle reprise du personnage de Gaston Lagaffe par d’autres auteurs se joue pour l’instant devant la justice bruxelloise (lire notre encadré page 45). Cette possible «?résurrection?» de Gaston nous a amené à nous poser les questions essentielles qu’elle induit : comment et dans quelles circonstances Franquin a-t-il pu céder ainsi des droits d’exploitation étendus sur «?Gaston?», à l’exception du droit moral, incessible?? A-t-il été influencé dans ses choix et, si oui, comment et pourquoi?? Nous avons mené, des semaines durant, des recherches et de longs entretiens. Parfois avec les principaux intéressés quand ils acceptaient de nous répondre, mais aussi avec des témoins privilégiés de cette période houleuse que furent les années 80 pour Franquin1. Et ce, toujours au regard des documents qu’il nous a été permis de consulter, en toute indépendance, dans les archives de l’auteur.

L’image qui en ressort ne fera plaisir à personne. Elle dépeint un monde de la bande dessinée définitivement avalé par celui des affaires, de la finance et de l’optimisation fiscale. Et une conjonction de circonstances qui ont mené Franquin, auteur fragile, à se délester de presque tout avant de décéder… Des circonstances souvent extérieures, parfois incroyables et, dans leur addition, régulièrement suspectes. Remplies d’intérêts autres que le sort et l’œuvre d’André Franquin. Et de quelques requins.

1- La chute de la maison Dupuis
Pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui, il faut remonter 40 ans en arrière, en 1983. André Franquin va avoir 60 ans, mais est déjà usé. Un énorme «?burn-out?» en 1961 au beau milieu d’un album de «?Spirou et Fantasio?» («?QRN sur Bretzelburg?») suivi d’une hépatite virale, un infarctus en 1975, une dépression cette fois sévère en 1982, bientôt un pontage… Les sollicitations permanentes, l’amoncellement de travaux et la générosité extrême qu’il met dans chaque case et chaque dessin depuis près de 40 ans ont épuisé et fragilisé André Franquin, un diagnostic (contesté) de bipolarité fut posé. Depuis deux ans, il ne dessine quasiment plus. Il est placé sous médication lourde (nous sommes en 1983) – «?une douzaine de pilules par jour?». Bref, André «?n’a plus de jus?». Son épouse Liliane, inséparable, le protégeait déjà beaucoup?; désormais, «?elle le materne?». André essaie de s’y remettre et de retrouver son «?mojo?». Mais les circonstances ne l’aident pas : la maison d’édition Dupuis, chez qui Franquin a fait l’essentiel de sa carrière et avec laquelle il nourrit des liens très affectifs, brûle de l’intérieur.

Son épouse Liliane le protégeait déjà beaucoup?; désormais, «?elle le materne?».

Depuis que les enfants et petits-enfants du fondateur Charles Dupuis lui ont succédé à la tête de ce qui est désormais une entreprise de 700 personnes basée à Marcinelle, «?c’est le gros bordel?». Quatre «?clans?», possédant chacun 25?% de la maison, s’entre-déchirent pour en prendre le contrôle, à coups de trahisons et de procédures judiciaires – plus d’une trentaine?! Pendant toutes ces années de transition chaotique2, chaque héritier Dupuis bétonne ses propres plates-bandes, fait cavalier seul et tente de tirer un maximum de «?ses?» auteurs qui se sentent, pour reprendre les mots de Roba, «?comme des chevaux vendus avec l’écurie?». Parmi ces héritiers, il y a Jean-Luc Dupuis, qui s’occupe plus particulièrement de la SEPP, la «?Société d’édition de presse et de publicité?». Soit le département audiovisuel de Dupuis, qui vient de passer à côté de la montre en or avec Peyo, parti vendre ailleurs sa licence Schtroumpfs?! La SEPP se met alors à produire à tout va, voire à la chaîne, des projets de dessins animés, surtout de type «?Snorky?» : des sous-produits sans droits d’auteur, fabriqués par des dessinateurs «?à la pige?». Parmi eux, le jeune Luc Collin, dit Batem, planche sur un projet de dessin animé… «?Marsupilami?», dont Franquin n’est averti que sur le tard. L’auteur le prend évidemment mal, lui dont on avait refusé un peu plus tôt un projet (très) similaire, cette fois porté avec son ami Will et leurs collègues Conrad et Wasterlain?! Il ne faudrait donc pas grand-chose pour le convaincre de quitter la SEPP et développer des projets ailleurs… L’y a-t-on même poussé??

Une chose est sûre : Jean-Luc Dupuis quitte à ce moment-là les éditions Dupuis. Ce personnage, décrit par le spécialiste BD Danny De Laet comme «?un aventurier dans l’âme, manipulateur se voulant machiavélique, mais jouant souvent le rôle d’apprenti sorcier?»3, a dû revendre ses parts, avec l’interdiction contractuelle d’avoir une quelconque activité dans l’édition, et encore moins sous le nom de Dupuis… Mais «?son souhait profond est de partir en beauté, l’attaché-case plein de billets et de droits dérivés arrachés in extremis à l’entreprise?», assène encore Danny De Laet. Jean-Luc Dupuis va donc disparaître, officiellement du moins, de l’édition et du tableau. Dans lequel apparaît soudain le personnage et le nom de Jean-François Moyersoen. Un homme d’affaires sorti de nulle part qui va devenir incontournable en un temps record.

2- Le montage Marsu Prod
Personne n’est capable de replacer les premières fois de Jean-François Moyersoen autour d’André Franquin. Lui-même nous a parlé d’«?une rencontre dans les années 1984 ou 1985, à la suite d’une invitation au Musée de la BD à Bruxelles?» (l’embryon du Centre belge de la bande dessinée, qui n’ouvrira officiellement qu’en 1989, NDLR). Et, comme dans ses autres rares prises de parole, le (très) discret Jean-François Moyersoen insiste d’emblée sur le «?coup de foudre humain?» et mutuel qui les aurait saisis. «?Tout de suite, ça a cliqué. Une complicité immédiate. Je collectionnais les automates, ça l’amusait énormément.?» Jean-François Moyersoen est alors basé à Londres. Fils de notaire, marié puis divorcé d’une héritière de la famille Solvay, il travaille dans «?le domaine financier et le secteur bancaire?», avec une passion quasi professionnelle pour la gemmologie (il est expert en diamant chez Sotheby’s). Surtout, Jean-François Moyersoen a tapé dans l’œil de Liliane. Tous les témoignages, sans exception, concordent : la femme d’André Franquin, qui gère alors pour lui l’essentiel de ses papiers, est tombée «?sous le charme?» de ce «?beau-fils parfait?», elle n’était «?plus la même?», «?subjuguée?», voire «?sous l’emprise?» de ce jeune entrepreneur plein d’allant, au carnet d’adresses digne du Who’s Who, et qui se met à promettre une reconnaissance à Franquin que Dupuis n’est plus en mesure de lui garantir. Car le banquier d’affaires a décidé de devenir «?entrepreneur?». «?Au moment de ma rencontre avec Franquin, je me lançais dans plusieurs activités. Je ne sais plus lequel des deux ni pourquoi on a évoqué pour la première fois une relance du Marsupilami. Mais ce devait être une activité parmi d’autres, dont je ne mesurais pas l’ampleur.?»

Seule certitude, les choses vont très vite, incroyablement vite : le 10 octobre 1986, la SPRL Franquin signe un contrat de cession des droits d’exploitation du «?personnage Marsupilami, sa famille et son environnement?» en faveur et au nom propre de Jean-François Moyersoen. Un procédé singulier alors qu’on utilise en général une société pour ce genre de cession. Montant de la transaction, qui va permettre à Marsu Productions de créer, entre autres, plus de 30 albums du Marsupilami, une série de dessins animés sous licence Disney et une adaptation au cinéma, plus tout l’énorme merchandising qui en découlera : 20 millions de francs belges, ou un demi-million d’euros. «?Ridicule?», selon de nombreux spécialistes – à titre de comparaison, c’est à peine le double de ce que touche à l’époque Franquin en droits d’auteur et droits dérivés sur ses «?vieux?» albums de «?Spirou et Fantasio?»… en un an.

Surtout, cet achat s’est fait selon un montage financier qui fleure bon, ou mauvais, l’optimisation fiscale, avec une recette plus au point que la morue aux fraises de Gaston. Mais que Franquin aurait été évidemment bien incapable d’imaginer. Il a d’abord créé la «?Franquin SPRL?», dans laquelle sont versés tous ses actifs. Celle-ci a ensuite vendu le Marsupilami à Jean-François Moyersoen, en son nom propre. Lequel l’a re-revendu à une société Marsu NV, basée à Curaçao dans les Antilles néerlandaises, qui a elle-même commissionné deux sociétés, Marsu BV, située en Hollande, et Marsu Productions, une société anonyme monégasque. Le tout en moins de trois mois, de la signature de Franquin à la création de Marsu Prod à Monaco, où Jean-François Moyersoen va désormais résider. La rumeur le dit d’ailleurs «?voisin de palier?» avec un certain… Jean-Luc Dupuis.

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Emmanuelle Sterpin. Tous droits réservés
Jean-Luc Dupuis serait-il à la manœuvre de la rencontre entre Franquin et Moyersoen, voire le créateur en sous-main d’une maison d’édition désormais concurrente de Dupuis, capable d’y développer des projets comme ceux de la SEPP?? Nous n’avons pas pu le joindre, mais beaucoup confirment que «?les deux hommes se connaissent?», que Jean-Luc Dupuis a «?tenu la main de Franquin pour serrer celle de Moyersoen?», qu’«?[il] est apparu dans des réunions chez Marsu?», et même «?qu’ils ont fini par se fâcher, parce que Jean-Luc Dupuis voulait y placer son fils Antoine?».

Jean-François Moyersoen s’en amuse quand on lui en parle : «?L’histoire avec Jean-Luc Dupuis, c’est totalement faux et purement spéculatif. Je le connaissais bien sûr, mais en dehors de relations professionnelles.?» Il insiste : «?Je n’ai eu aucune relation business avec Jean-Luc Dupuis.?» Pourtant, dans le journal officiel de Monaco, daté du 25 mars 1988, on trouve trace d’une augmentation de capital et d’une modification des statuts de la «?European of Southern Europe Monaco SAM?», une haute école de commerce privée. Cette augmentation de capital de 700?000 FF a eu lieu sous la forme de «?700 actions nouvelles, avec souscription réservée à messieurs Jacques De Bruyn, Jean-François Moyersoen et Jean-Luc Dupuis?». Cette association est déjà actée par ladite haute école en août 1987, sept mois avant d’apparaître au Journal de Monaco. Neuf mois après que Franquin a signé son premier contrat de cession de droits. Sept mois après la création de Marsu Prod SAM (avec un capital cette fois de 1 million de FF).

Dès cet instant en tout cas, une toute nouvelle organisation de travail va se mettre en place autour d’André Franquin. En même temps que de nouveaux projets et de nouveaux gros problèmes…

3- Tifous et dette fiscale
Côté face, tout va bien, en tout cas mieux. Marsu Prod se met en ordre de marche, une équipe éditoriale est mise en place. Batem (Luc Collin), qui a démissionné de la SEPP avec la garantie d’intégrer Marsu, entame tout de suite un nouvel album sous l’égide, les conseils et l’aura de Franquin, qui s’ébroue un peu : il participe activement aux premiers albums, multiplie les crayonnés, les notes et dessins sur la mise en scène, les expressions, les décors. «?Il retrouve une vraie gourmandise?», qui s’étiole néanmoins avec les étapes qu’exigent un dessin et une planche. «?Il perdait en qualité à l’encrage?», «?plus il approchait de l’échéance, plus il stressait et bloquait. Mais au crayon et croquis, quelle pêche?! Quelle virtuosité?!?» «?Franquin n’était vraiment heureux QU’en dessinant?», résume Batem.

Surtout, il se lance, à corps perdu et crayons débridés, «?comme un fou?», dans une nouvelle aventure, celle des Tifous – un petit peuple de créatures portant de longs cheveux sur tout le corps, organisé autour d’un trio formé par le sage, le poète et le fou. C’est un ami et producteur de télévision suisse, Christian Mauron, qui vient lui proposer de travailler sur ce projet qui n’existe encore qu’en marionnettes. L’idée : produire un dessin animé drôle et poétique avec Franquin à la conception graphique. Son vieil ami Delporte, mais aussi Fauche et Léturgie rejoignent le bateau. Franquin va s’y jeter comme jamais, «?une échelle pour sortir de la dépression et retrouver son dessin?». Et pendant près de trois ans, l’auteur va produire plus d’un millier d’originaux, son dernier grand œuvre, dans lequel il met tout ce qui lui reste de créativité et d’énergie. C’était compter sans le côté pile.

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Franquin. Tous droits réservés
Coté pile donc, deux nouveaux acteurs apparaissent dans l’entourage direct du couple Franquin : An.M., engagée en 1989 par Liliane et qui va gérer le secrétariat de la SA Franquin et l’assister et surtout Thierry Afschrift4, leur nouveau conseiller fiscal, chargé entre autres de régler un contentieux né de la transformation de la SPRL Franquin en SA. Un comptable aurait commis «?une erreur dans le calcul des taux d’amortissement?», «?s’est ensuivi tout un problème avec le fisc belge?».

Afschrift, pointure de l’optimisation fiscale en Belgique, est avant tout l’avocat de Jean-François Moyersoen. Sans doute très pris par Marsu Prod, il temporise plutôt que de régler, «?alors que les intérêts augmentaient. Cette dette s’est montée à environ 4 millions d’euros?».

Parallèlement, l’aventure des Tifous va soudain prendre l’eau, dans une saga qui à elle seule mériterait un livre. Tentons de résumer : pour financer la production et le studio de dessin animé des Tifous (les studios belges Odec Kid Cartoons), Christian Mauron avait choisi de s’associer à un banquier et homme d’affaires suisse, Jean Dorsaz, qui s’est avéré être à la fois voleur et escroc (Jean Dorsaz l’homme d’affaires se faisait prêter des millions par Jean Dorsaz le banquier).

En décembre 1990, Jean Dorsaz, actionnaire minoritaire de la SA Tifous, se fait prêter pour quelques heures les parts de Mauron, qu’il ne lui rétrocédera plus jamais, les utilisant comme garantie de nombreux prêts bancaires illégaux. Dorsaz sera arrêté, emprisonné et condamné (il meurt en 2004), mais la banque, pourtant complice, entendra longtemps se renflouer sur tous ses avoirs, y compris Les Tifous. La production du dessin animé est arrêtée, tout le matériel saisi et placé dans le coffre d’une banque suisse5. «?Franquin est anéanti?» et avalé dans un tourbillon judiciaire. Odec se retourne contre le seul garant de la Tifous SA, à savoir Franquin. Qui voit des huissiers le menacer de saisie, se présenter à son domicile bruxellois et embarquer une photocopieuse couleurs dernier cri. Tous le poussent à d’interminables et infernales actions judiciaires.

Jean-François Moyersoen, lui, dit ne se souvenir de rien en ce qui concerne les problèmes financiers qui frappent alors Franquin. «?Il ne m’a jamais parlé de ses problèmes financiers?! Jamais?! Par contre il a été très peiné de la perte de ses travaux créatifs, pris dans la faillite des Tifous. Je l’ai aidé au niveau des procédures?» (pour récupérer ses droits). Une aide qui surviendra en 1993, un an après lui avoir fait signer un deuxième contrat de cession. «?C’était dans la continuité de nos bonnes relations?», se contente de nous résumer Jean-François Moyersoen. «?L’aspect gestion, ça l’embêtait. Il voulait éviter les tracas.?» Et là encore, les choses iront très vite.

4- La vente Gaston
Le deuxième contrat de cession de la SA Franquin au bénéfice de Marsu BV est signé le 30 juillet 1992. Il concerne son personnage fétiche Gaston Lagaffe, mais aussi les «?Idées noires?» ou «?Les Monstres?». C’est Thierry Afschrift qui prépare les contrats, qui conseille Liliane Franquin, qui lui fait signer des honoraires considérables (par exemple 1?667?000 FB en octobre 1992, soit 40?000 euros, avec pour seuls justificatifs, comme à chaque fois, une mention «?honoraires?» et une autre «?frais?»). Thierry Afschrift encore qui embauche une autre avocate fiscaliste, Colette Plasman, pour évaluer les droits d’auteur de Franquin et le montant du chèque à lui faire signer – une expertise facturée 173?000 francs belges, et qui n’a a priori fait l’objet d’aucune contre-expertise ou seconde évaluation.

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Emmanuelle Sterpin. Tous droits réservés
La vente va à nouveau se faire via un montage financier auquel Thierry Afschrift ne peut évidemment être étranger (il gère autant les affaires de Marsu SA que de Franquin SA). Une société est créée en Irlande, chargée de gérer la vente des droits de Franquin SA via trois sociétés distinctes dans trois pays à la fiscalité paradisiaque : Marsu BV (Hollande), Marsu NV (Curaçao) et Marsu Prod SAM (Monaco). Franquin va percevoir, en trois tranches et en florins, environ 2,5 millions d’euros pour cette dernière vente. Vingt ans plus tard, en 2014, Jean-François Moyersoen revendra une partie de ses parts de Marsu NV et Marsu Productions à Médias Participations pour un montant évoqué plusieurs fois, mais jamais confirmé de 40 millions d’euros. Ni Typhanie Afschrift ni Colette Plasman n’ont répondu à nos sollicitations.

«?Franquin n’était vraiment heureux QU’en dessinant.?»

Batem
Détail qui n’en est pas un?; en 1992, après avoir cédé son Gaston, Franquin multiplie les notes et les prises de parole sur un point précis – confirmé par Jean-François Moyersoen : il refuse toute idée d’une reprise de Gaston en BD par tout autre que lui. Et en 1993, réapparaît cette fois «?officiellement?» le nom des Dupuis dans la structure Marsu : Antoine Dupuis, fils de Jean-Luc, gère désormais un fonds d’investissement familial. Lequel signale, sur son site internet des «?investissements?» dans Marsu Prod «?de 1995 à 2003?».

5- Fin de partie
Dans ses dernières années, Franquin semble opter pour le lâcher-prise. Son épouse aussi. Surtout, André ne se remet pas de l’épisode des Tifous, dans lequel il voit Moyersoen enfin intervenir, pour «?aider Franquin?» ou «?pour profiter de cette opportunité?» selon les sources. Christian Mauron est plus précis et accusateur, tel qu’il l’écrit dans une attestation officielle rédigée en 2013 : «?Après que j’ai obtenu de haute lutte un séquestre de plusieurs pièces à la BCVs (banque cantonale vaudoise), j’ai appris avec surprise qu’un contact avec la BCVs avait été initié de la part de Moyersoen, pour le compte de Franquin, en novembre 1993 […] À la suite de plusieurs rencontres tant à Bruxelles qu’en Suisse, les deux parties avaient convenu, d’un commun accord, de mettre la société Tifous Productions SA en faillite. Cette initiative n’était certainement pas due à la décision personnelle d’André Franquin, mais plutôt de personnes dans son entourage qui désiraient récupérer les fruits de ce travail fabuleux.?»

Marsu Prod ne lorgnait-elle pas ces derniers bijoux de famille?? Après la mort de Franquin, Thierry Afschrift et An.M. feront signer plusieurs documents à Liliane minimisant la portée de ses droits patrimoniaux et donnant plus de latitudes à Marsu, en 2002 et 2003 notamment. Or Liliane Franquin présente dès 2001 les premiers signes de la maladie d’Alzheimer. Elle est définitivement diagnostiquée en 2002. En juillet 2004, elle est hospitalisée et placée, par Isabelle Franquin, sous la tutelle de sa secrétaire, qui signe pour elle les papiers et demandes de Marsu. «?Elle a toujours agi dans ce qu’elle pensait être l’intérêt de ma mère?», précise Isabelle Franquin. Liliane Franquin décède le 25 janvier 2007, dix ans après son mari.

Ce n’est qu’au tournant de l’année 2007 que leur héritière Isabelle Franquin, qui a longtemps vécu à plus de 1000 kilomètres de la Belgique, se plongera réellement dans les comptes et contrats de la SA Franquin dont elle estime avoir été tenue volontairement éloignée. Elle entre rapidement en conflit avec Jean-François Moyersoen, entre autres autour de «?Gastoon?», une série réalisée dès 2011 par Yann et les frères Léturgie et proposant les aventures… du petit-neveu de Gaston. L’affaire se réglera «?à l’amiable?». Isabelle Franquin obtient l’arrêt de la série après deux tomes et le pilonnage des invendus, après que Jean-François Moyersoen, dans des conclusions remises par son avocat Thierry Afschrift, aura tenté une dernière fois de revendiquer jusqu’au… droit moral d’Isabelle : «?En ce qui concerne les droits moraux, il semble assez clair que monsieur Franquin considérait qu’à son décès ils seraient exercés par son épouse, et après le décès de cette dernière, par monsieur Jean-François Moyersoen. C’est pourquoi il a accepté en toute confiance de céder les droits d’auteur sur ses œuvres à Monsieur Moyersoen.?» Des conclusions pour le moins hâtives et qui marqueront la fin de l’aventure Marsu. En 2012, Jean-François Moyersoen cède 45?% de ses actions à Médias Participations, et deux ans plus tard la totalité de sa société. Isabelle Franquin, entre-temps, a changé d’avocat fiscaliste. En quelques mois, celui-ci parvient à la surprise générale à obtenir une réduction drastique de la fameuse dette fiscale de la Franquin SA, assez «?pour que la SA Franquin soit en mesure de la payer avec ce qu’elle avait en banque?». Une grande partie des droits d’exploitation de l’œuvre de Franquin appartient désormais à Médias Participations. Qui, pour amortir son énorme investissement, a donc mis en chantier ce nouveau «?Gaston?», dont ne voulait pas Franquin.

Gaston, stop ou encore??
C’était il y a plus d’un an : en mars 2022, les éditions Dupuis annonçaient pendant le festival d’Angoulême la reprise de «?Gaston Lagaffe?» par le Québécois Delaf, et la sortie, en octobre, d’un nouvel album tiré à plus d’un million d’exemplaires. Depuis, plus rien : Isabelle Franquin a d’abord obtenu du tribunal de 1re instance de Bruxelles la suspension, urgente et provisoire, de toute prépublication, promotion ou diffusion des nouveaux gags de Gaston (en vertu, entre autres, de la défense de son droit moral, incessible et valable pendant 70 ans à partir du décès de l’auteur, dans le droit belge). Elle a ensuite introduit une procédure d’arbitrage pour obtenir l’interdiction pure et simple de cette reprise, avec un argument crucial : l’auteur ne voulait pas d’une reprise de Gaston.

Cette décision arbitrale est tombée ce mardi 30 mai : l’arbitre désigné, l’avocat Jean-Ferdinand Puyraimond, a décidé «? que Dupuis et Dargaud-Lombard sont autorisées à faire de nouveaux albums de Gaston?», mais aussi que ceux-ci «? n’ont pas le droit de faire réaliser ces nouvelles aventures par «?n’importe quel?» dessinateur/auteur de leur choix. Isabelle Franquin dispose du droit d’émettre des objections quant à ce choix pour des motifs éthiques ou artistiques. Idem quant au contenu de ces nouvelles BD?».

Autrement dit : balle au centre. Les avocats d’Isabelle Franquin, qui doivent s’exprimer ce mercredi 31 mai après-midi, estiment déjà que «?l’arbitre en conclut que le projet de Gaston par Delaf n’a pas été approuvé par Isabelle Franquin et qu’elle est toujours en droit de faire valoir ses observations sous l’angle éthique ou artistique?». Des observations qui devront être motivées, et que les éditions Dupuis se préparent d’ores et déjà à réfuter : dès ce mercredi matin, Dupuis sortait un communiqué annonçant la sortie prochaine de l’album de Delaf…

L’histoire semble donc encore loin d’être finie. Et ramène sans cesse à ce fameux contrat de cession de droits signé par Franquin pour Marsu Productions en 1992.

Cette enquête fait l’objet d’une rencontre le mercredi 5 juillet à 19h30 à la librairie Herbes Folles.


Avec le soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles


Olivier Van Vaerenbergh
Journaliste indépendant, Olivier Van Vaerenbergh a notamment travaillé pour Le Soir, avant d’être rédacteur en chef de Spirou de 2004 à 2007. Il s’occupe de la bande dessinée pour le Focus Vif depuis 2008 et a co-fondé en 2021 l’asbl Blow Book, qui promeut l’accès à la culture et à la narration graphique.


Entre autres Batem, Isabelle Franquin, Frédéric Jannin, Alain De Kuyssche, Christian Mauron, Jean-François Moyersoen, Olivier Saive et quelques autres.

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En 1985, la société Dupuis SA sera vendue au Groupe Bruxelles Lambert d’Albert Frère et Hachette (pour l’édition et l’audiovisuel) et aux Éditions mondiales (pour la presse hors Spirou, tel Télémoustique).

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Dans l’essai L’affaire Dupuis, NCM Éditions (1985).

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Thierry Afschrift se prénomme aujourd’hui Typhanie, après une récente transition de genre.

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Seuls 25 épisodes de cinq minutes des «?Tifous?» seront diffusés en 1989, très éloignés de leurs ambitions artistiques. Isabelle Franquin, elle, au terme d’une longue procédure entamée par sa mère, a racheté sur fonds propres les droits des Tifous."


Lien https://medor.coop/magazines/medor-n31-ete-2021-franquin-gaston-scouts-violence-beton-urbanisation-energie-cociter-police-justice-alimentation/franquin-contrats-et-degats-gaston-tifous-heritage-finance-dupuis/?full=1#continuer-a-lire


406. heijingling - 06/06/23 07:34 - (en réponse à : nem°,Torpedo31200)
C'est un peu récurent, et normal, chez Franquin, ces rapports de force avec un éditeur assez paternaliste, lui qui réagissait épidermiquement à toute forme d'autorité. Dans le Franquin-Sadoul, il dit que lorsque Dupuis lui a reproché "sans ménagements et même avec une autoritaire brutalité" d'avoir dessiné des gamins des rues, sales et mal élevés, dans Spirou sur le ring, "ce fut l'occasion de ma première lettre de démission à Dupuis", cela en 1948, soit deux ans à peine seulement après qu'il avait repris Spirou, et il y en eu d'autres par la suite.

405. torpedo31200 - 06/06/23 00:27 - (en réponse à : Lien Rag - post # 401)
13 ans d' écart. (J' aurais dit 15 sans vérifier)

404. torpedo31200 - 06/06/23 00:25 - (en réponse à : nem° - post # 400)
Merci du rappel.

403. froggy - 04/06/23 21:28
Qui va l'acheter parmi nous? Pas moi, c'est certain. Je n'ai meme pas envie de le lire.

402. Victor Hugo - 04/06/23 20:11
Je me rappelle avoir vu annoncer les Tifous dans les derniers Trombone Illustrés (de mémoire)

Pas du tout la même époque... mauvaise mémoire.

401. Lien Rag - 04/06/23 15:42
Je me rappelle avoir vu annoncer les Tifous dans les derniers Trombone Illustrés (de mémoire) mais j'avais jamais compris pourquoi ils n'avaient jamais été concrétisés...
Merci pour l'explication, même si elle est bien triste !

400. nem° - 04/06/23 14:01
Pour rappel, Franquin avait claqué la porte de Dupuis à la fin des années 50, déjà, car il s'estimait escroqué par l'éditeur. Il était parti réaliser Modeste & Pompon pour le journal de Tintin.
Celui de Spirou l'a recontacté en cata, via Greg je crois, je ne me souviens plus des détails. Bref, le personnage de Boulier n'est peut-ètre pas que fictionnel...

399. Quentin - 03/06/23 14:38 - (en réponse à : Hejingling)
Merci pour l'explication. Je comprends mieux

398. heijingling - 03/06/23 08:45 - (en réponse à : Quentin)
Il y avait eu un article expliquant que Franquin avait été pratiquement contraint de vendre les droits de Gaston suite à une escroquerie:
-"Cependant, avant de connaitre le succès escompté, il faut financer les premiers épisodes des Tifous. Christian Mauron se tourne vers Jean Dorsaz, promoteur immobilier influant. Le « golden boy » suisse débloque rapidement 6 millions de francs pour la réalisation des premiers dessins animés.
Mais, en 1991, Jean Dorsaz fait faillite, emporté dans la tourmente d’un des plus gros scandales financiers suisses. Reconnu coupable d’escroquerie, le promoteur voit son empire s’effondrer malgré le soutien de la grande banque BCVS. Les Tifous sont alors pris en otage par la banque suisse : les droits sur la série servent de caution financière pour les pertes de Jean Dorsaz.
Alors que Franquin n’a jamais été payé pour son travail sur Les Tifous, il subit de plein fouet cette longue bataille juridique contre la BCVS. A la même époque, il est accusé à tort de posséder des comptes cachés en Suisse et menacé d’un redressement fiscal. Franquin n’a alors d’autres choix que de vendre les droits d’exploitation de Gaston Lagaffe à un homme d’affaires belge : Jean-François Moyersoen.
«Cette affaire l’a tué. Au sens propre du terme», estime Mauron, en nous tendant un dessin de Gaston, pendu au bout d’une corde, que Franquin lui a envoyé pendant le procès. «Il m’en a envoyé un second, quelques jours plus tard, qui ne sortira jamais de mon tiroir, le montrant lui-même, gisant au pied de son bureau.»
Dupuis rachète ces droits en 2013.

https://www.illustre.ch/magazine/le-gastongate-est-ne-en-valais-387471

Qu'on loup profite de la blessure d'une brebis pour l'attaquer, c'est naturel, mais qu'un éditeur fasse de même en prétendant avoir "toujours eu la plus grande considération pour le travail et le droit moral de Franquin, comme pour celui de tous les auteurs et toutes les autrices", ce n'est pas à sa gloire.
Mais c'est dans l'ordre des choses: en 1922 déjà, tout en couverture du premier numéro de Bonnes soirées, le premier magazine publié par Dupuis, était annoncé un roman d'un certain M. Delly, dont Dupuis ne possédait pas les droits...

397. Quentin - 02/06/23 22:40
Heijingling: je ne connaissais pas cette conversation de Franquin. C'est une très bonne excuse, évidemment. On a beau essayer de s'affranchir des préjugés de son époque, on n'y arrive pas toujours complètement - ca vaut pour tout le monde. Et puis il a eu le courage de reconnaître son erreur, et faute avouée à moité pardonnée.

Mais si j'ai bien compris, les sordides histoires de clausules de contrat, c'est aussi la faute à Franquin. S'il n'avait pas cédé une partie de ses droits, on n'en serait pas là.

Froggy: Lol :-)

396. froggy - 02/06/23 21:28
394. torpedo31200- 02/06/23 17:16 - (en réponse à : froggy - post #393)
Je ne peux pas rentrer dans des endroits où on distribue des missels.


Tu sais, deux missels, cela ne compte pas pour du beurre.

->

395. heijingling - 02/06/23 18:58 - (en réponse à : Quentin)
Pas exactement, disons que je vois dans Franquin et Gaston des valeurs qui sont souillées par ces sordides histoires de clausules de contrats et de passages en force. Mais c'est justement parce que j'y vois des valeurs que l'analyse de cet auteur m'intéresse, c'est le contraire d'un tabou. Sur le racisme de Spirou chez les Pygmées, les faits existent, l'analyse porte sur leur interprétation. Franquin lui-même dit, dans le Franquin-Sadoul, sur ce passage,, "Ce qui l'est un peu, mauvais, c'est que pour finir, on nettoie les noirs, qui deviennent des Bruns. Ça, je l'avoue, c'est un peu gênant. Oui, oui, oui, c'est bien moi qui ait dessiné ça! Si je te dis que j'ai eu l'enfance bercée d'exploits de missionaires, c'est une excuse ou une ruse hypocrite?"
Mais sur l'interprétation, donc le regard que l'on porte dessus, qui est lui-même influencé, c'est toi-même qui m'a fait remarquer que dans la case représentant un Juif selon les clichés antisémites, moi qui la voyais comme case strictement antisémite avec les clichés y afférent, j'y voyais un regard torve et fourbe, alors que toi, la regardant sans préjugé, y voyais "le sourire et le regard d'un type qui est sûr de lui et satisfait de son travail".
Ton anecdote sur Mary Douglas est intéressante, j'imagine que le lieu, Harvard, y est pour beaucoup, aurait-elle eu lieu dans un café philo que les profanes auraient été moins impressionnés.

Concernant les reprises, il y en a toujours eu, depuis au moins Rob-Vel et Jijé et Dineur et Will, mais celle faite par Dargaud rachetant les droits de Blake et Mortimer en 1992 est la première faite pour raisons uniquement commerciales, en se fichant de ce qu'en pensait ou en aurait pensé l'auteur. Et bien sûr, on retrouve encore une fois JVH dans ce coup minable...

394. torpedo31200 - 02/06/23 17:16 - (en réponse à : froggy - post #393)
Je ne peux pas rentrer dans des endroits où on distribue des missels.

393. froggy - 02/06/23 16:59 - (en réponse à : Torpedo)
Tu devrais postuler pour un job chez Dupuis considerant tout ce que tu sais et toutes les erreurs qu'ils commettent et que tu nous mentionnes.

392. marcel - 02/06/23 11:41
Certes, mais ca ne veut pas dire que l'editeur a le droit de confier les personnages a un autre auteur, meme si le createur est mort. Et il "exploite" que ce qui a déjà été produit, pas de nouveaute.
Et surtout, a l'epoque de Franquin, je ne pense pas qu'il avait ce genre de contrat, sinon il n'aurait pas pu publier Gaston chez Marsu en 1996. Meme chose pour Morris qui est passe chez Pilote avant meme la publication du dernier Lucky Luke Dupuis, ou Roba avec Boule et Bill.
Tout ca pour dire : non, Dupuis n'aurait pas pu lancer une reprise de Gaston y a 40 ans. Ils ne pouvaient se le permettre qu'a partir du rachat de Marsu Prod (puisqu'ils rachetaient les droits de propriete des personnages).

391. torpedo31200 - 02/06/23 11:24 - (en réponse à : marcel - post #389)
Tu confonds propriété et droits d' exploitation.
Les contrats des auteurs sont en général verrouillés pour que les auteurs ne puissent pas changer d' éditeur au gré de leurs humeurs, même si propriétaires de leurs personnages (pas toujours spécifié dans les contrats).
En bande dessinée, les contrats sont souvent verrouillés sur 15 ou 20 ans, parfois négociables au bout de 10 ans. En musique, c' est pire, ça peut aller jusqu' à 40 ou 50 ans.

Ces dernières années, Delcourt s' est octroyé les services d' un avocat spécialisé dans les propriétés intellectuelles. Mais ce n' est pas pour protéger les droits des artistes...

390. marcel - 02/06/23 10:33
Sinon, je pense effectivement que les multiples gags realises dans Spirou pendant l'annee de ses 60 ans par différents auteurs a été un banc d'essai pour Dupuis pour tester un repreneur eventuel.

389. marcel - 02/06/23 10:29
On oublie juste un truc, le travail des auteurs appartient aux studios ou aux éditeurs, contractuellement.
Euh… Le travail déjà effectue, oui (et encore, pas ad vitam), mais pas les personnages. Les auteurs sont propriétaires des personnages qu'ils creent (ou alors j'ai pas bien compris ce que tu voulais dire).
C'est pour ca que Franquin a pu se reserver le Marsu (et abandonner volontairement Champignac et ses habitants) et Rosy interdire Choc quand Tillieux scénarisait Tif et Tondu.
Y a 40 ans, Dupuis n'aurait certainement pas pu lancer une reprise de Gaston. D'ailleurs, le tome 15 n'est pas sorti chez eux mais bien chez Marsu Prod (alors que ca avait été prepublie dans Spirou).

388. Quentin - 01/06/23 23:07
Torpedo: Donc Dupuis aurait pu faire des Gaston Lagaffe il y a déjà 40 ans.
Sauf qu'il y a 40 ans, on ne faisait pas encore de reprises. C'est un truc qui a débuté avec la reprise de Blake et Mortimer par Ted Benoit et Jean Van Hamme en 1996, si je me souviens bien. Et ca a été crescendo depuis plus de 25 ans. Il suffit de voir le tirage démentiel que Dupuis annoncait pour le gaston de Delaf: 1,2 millions d'exemplaires. Impossible il y a 40 ans. Mais s'ils peuvent vendre autant d'albums aujourd'hui, ils seraient bien cons de s'en priver.

Heijingling: Donc tu sacralises bien Franquin, ce qui explique plusieurs échanges récents (sur le racisme de Franquin, par exemple) :-) Mais je ne vois pas le rapport avec Mary Douglas, qui dit que la souillure vient de la transgression des catégories socio-culturelles (des choses qui ne sont pas à leur place). Quel rapport avec Delaf et Franquin? (pour la petite histoire, j'ai entendu un exposé donné par Mary Douglas il y a 25 ans à Harvard. Je ne me souviens plus vraiment de ce qu'elle disait - un truc sur le christianisme - mais je me souviens bien de la posture des professeurs qui lui posaient des questions après l'exposé, et de celle des autres participants qui n'osaient piper mot et souiller ce rituel scientifique).

387. torpedo31200 - 01/06/23 20:33 - (en réponse à : egoes - post 386)
Des gags de Gaston, il y en a eu d' autres dans un numéro hommage, et d' autres auteurs étaient ammha plus inspirés (Fabrice Parme surtout).
Les Gaston ont été remaquettés en 2018, peut-être que Dupuis y pensait déjà.

386. egoes - 01/06/23 20:20 - (en réponse à : torp 381)
Merci ! J'ai appris quelque chose.
Pour la question relative à l'attente de la reprise, est-ce que ce n'est pas parce que Delaf a fait un gag de Gaston pour Spirou (le journal) que tout s'est mis en place ?

385. torpedo31200 - 01/06/23 19:06 - (en réponse à : xenozoic)
On oublie juste un truc, le travail des auteurs appartient aux studios ou aux éditeurs, contractuellement.
(Même si le Marsu a été "protégé" à l' époque par Franquin avant sa disparition)

Donc Dupuis aurait pu faire des Gaston Lagaffe il y a déjà 40 ans, car la marque appartient à Dupuis. C' est ça que je ne comprends pas, pourquoi respecter la volonté de son auteur de son vivant (décès en 1997) ? Puis encore 25 ans après ? Jusqu' à "nuancer oralement" ces volontés aussi tardivement et s' embourber dans une procédure juridique ?

384. torpedo31200 - 01/06/23 18:48 - (en réponse à : Bert74 - post # 383)
Un succès s' évalue en fonction des objectifs. Si ils en ont détruit 100 000, ça fait un peu mal...

Je viens de vérifier, les 2 tomes ne sont plus commercialisés.
Tome 1, pris 25 vendu 14 (+4 sur 18 mois)
Tome 2, pris 10 vendu 6 (+1 18 mois après)

383. Bert74 - 01/06/23 18:06
Une question : la non poursuite dans l'horreur de l'effarant Gastoon vient-elle aussi d'un contexte juridique défavorable ?

A priori, de ventes à 80 000 c'est un succès, non ?

382. heijingling - 01/06/23 17:00 - (en réponse à : Quentin)
-"Pour moi, la reprise de Gaston, c'est pareil que la reprise de Blake et Mortimer, les Schtroumpfs, Astérix, Rayon U, etc. Si on est contre celle de Gaston, on est contre toutes les autres.
Il y a tout de même une différence entre les reprises prévues ou organisées par le créateur, comme Astérix, Les Schtroumpfs, Lucky Luke, et celles faites sans son consentement.

-"Et quand on est contre, il suffit de faire comme dit Piet: ne pas acheter.
Je m'en fous un peu puisque je ne lis pas les reprises. Mais je trouve inquiétant que ces reprises tirent les chiffres de l'industrie vers le haut, alors que tout le monde s'accorde à dire que ce sont des merdes. On vit dans le passé au lieu d'être tourné vers l'avenir, ce qui n'augure rien de bon pour ce dernier.

Je ne lis pas les reprises, donc je ne sais pas ce qu'elles valent en général, mais j'ai lu les Schtroumpfs de Tébo et je l'ai trouvée vraiment bien.
Mais le problème n'est pas leur qualité mais le fait qu'en effet leur succès montre que le public se tourne vers des œuvres qu'il connait déjà, rassurantes, donc (même chose d'ailleurs pour les multiples déclinaisons (spin-off) des séries à succès, XIII, Lucky Luke...), et, comme je suis bien plus pessimiste que toi, j'élargis cette volonté de se rassurer en ne lisant (ou ne voyant, au cinéma, les suites multiples) que ce qu'on connait déjà aux votes grandissants pour les partis sécuritaires, réactionnaires ou pires. Un coup d'œil sur les forums BD me donne l'impression que, si ceux qui lisent des reprises se situent sur tout le champ politique, par contre ceux qui sont ouvertement réactionnaires ou pire sont tous pour les reprises, et au plus proche de la version d'origine.
Et, de même que ne pas voter pour ces partis ne suffit pas pour arrêter leur progression et l'état d'esprit qui les porte, ne pas acheter ces reprises ne suffit pas non plus. Mais dans les deux cas, je ne sais pas trop ce qu'il faut faire.

D'un point de vue plus intime, je me fiche d'une éventuelle reprise de Tintin, Buck Danny ou Michel Vaillant, mais celle de Gaston me préoccupe, et cela a à voir avec le sacré, tel qu'en parle Mary Douglas dans De la souillure, livre qui m'a beaucoup marqué quand j'étais étudiant (je l'avais lu hors programme, trouvé à la bib de la fac).

381. torpedo31200 - 01/06/23 16:27 - (en réponse à : egoes - post #380)
Au dessus de 100 000 pour une licence, tu peux partir du principe que 10, 20 ou 30 000 vont être achetés pour offrir. D' après les lois magiques du marketing.

La communication de Dupuis sur la reprise avortée de Gaston Lagaffe est effarante.
Première annonce sans contacter les ayant-droits, en oubliant qu' ils ont déjà essayé de contourner la volonté de Franquin avec Gastoon 10 ans auparavant (de mémoire, 60 ou 80 000 vendus alors qu' ils espéraient 200 000).
Ils inventent un nouveau concept juridique. Le "nuancé oralement" (j' espère qu' ils ont les enregistrements audios) Alors que Franquin a dû s' exprimer au moins 20 ou 30 fois sur son refus que ça continue après sa mort, retranscrits par écrit en divers entretiens.
Pas prospecté et ils annoncent un tirage d' 1 million ! Mais il sort d' où ce chiffre ?
Ils sont hors-sol. Même un Franquin inédit ne se vendrait pas à 1 million d' exemplaires...
Après l' éditeur annonce juste avant le procès que Delaf a scanné toutes les cases des Franquin pour en faire des puzzles... (Je croyais à une fake-new quand je l' ai lu !)

Et ce n' est que le début, ça va durer 10 ans au minimum.

380. egoes - 01/06/23 14:28 - (en réponse à : torp)
N'étant pas du métier... que signifie "pourcentage d'achats cadeaux" ?
Est-ce que je me trompe en affirmant que tu es en réalité très "dur" sur cette reprise ?
Il y a une raison (de libraire) qui m'échapperait ?

379. torpedo31200 - 01/06/23 11:26 - (en réponse à : Piet Lastar - post # 377)
Au dessus de 100 000, ça suppose un pourcentage d' achats cadeaux. Et Dupuis d' annoncer fièrement un tirage prévisionnel de 1 000 000, avant procès

378. Quentin - 31/05/23 23:05
Pour moi, la reprise de Gaston, c'est pareil que la reprise de Blake et Mortimer, les Schtroumpfs, Astérix, Rayon U, etc. Si on est contre celle de Gaston, on est contre toutes les autres. Et quand on est contre, il suffit de faire comme dit Piet: ne pas acheter.

Je m'en fous un peu puisque je ne lis pas les reprises. Mais je trouve inquiétant que ces reprises tirent les chiffres de l'industrie vers le haut, alors que tout le monde s'accorde à dire que ce sont des merdes. On vit dans le passé au lieu d'être tourné vers l'avenir, ce qui n'augure rien de bon pour ce dernier.

377. Piet Lastar - 31/05/23 21:50
Il suffira de ne pas l'acheter.

376. torpedo31200 - 31/05/23 19:15 - (en réponse à : heijingling - post #374)
il suffit d' indiquer que ça trahit l' oeuvre originale et la volonté de son créateur, et ça passera.
Ca passera d' autant plus facilement que Dupuis avait communiqué sur le travail de Delaf, qui avait scanné toutes les cases pour les réagencer et essayer de trouver de nouveaux gags.
Donc plagiat ou Intelligence pas très Artificielle serviront d' arguments

375. heijingling - 31/05/23 16:58
-Torpedo31200: "Et la posture de Dupuis est politique, ils font croire qu' ils n' ont pas perdu."

Quel que soit le résultat d'un procès, les communiqués des grosses boites sont toujours tournés de telle manière qu'elles apparaissent comme gagnantes (ex-aequo éventuellement). Il y a plein de Delaf juristes qui sont spécialisés dans ces rédactions, et plein de JVH qui se pâment d'admiration devant leurs produits.
Extraits: « Nous regrettons les malentendus et les incompréhensions qui ont pu mener à ce différend »
Fallait prévenir les ayants droits, hein, les malentendus, incompréhensions et différends auraient été évités.
« Dupuis a en effet toujours eu la plus grande considération pour le travail et le droit moral de Franquin, comme pour celui de tous les auteurs et toutes les autrices. La décision arbitrale vient confirmer notre respect du contrat signé par André Franquin.»
Bien sûr, c'est pour cela qu'aucun auteur Dupuis n'est jamais parti en claquant la porte. Notez qu'ils disent respecter le contrat, pas Franquin lui-même.

-Delaf:"J’espère qu’en refermant l’album, les lecteurs ressentiront tout l’amour et le respect que j’ai pour Gaston et son inégalable créateur André Franquin."

Mais je m'en fous complètement de son opinion, ce n'est pas pour cela que je lis un livre. Et accessoirement, les voleurs d' œuvres d'art ont souvent aussi beaucoup d'amour et de respect pour l'auteur dont ils volent l'œuvre.


374. heijingling - 31/05/23 16:36
Selon l'article, elle doit justifier artistiquement ou éthiquement son opposition éventuelle, autrement dit, Dupuis fera ce qu'il voudra.
Point de vue éthique, cela signifie évidement rien d'offensant (pas de sexe, de violence, de racisme, de misogynie, de religion, de politique, etc.), et vu que le but est de vendre un maximum, un Gaston édulcoré est la base de ce que veut Dupuis.
Point de vue artistique, vu que Delaf travaille à la photocopieuse et que pour les juges artistique signifie "beau, bien fait, bien ressemblant, et Jean Graton est le meilleur dessinateur du monde, loin de ces tâches de Reiser et Hugo Pratt", pareil, tout ce qui sortira de l'officine sera taxé d'office d'artistiquement correct.

373. torpedo31200 - 31/05/23 16:02 - (en réponse à : Quentin - post # 371)
Mais il n' y aura pas de reprise.
Et la posture de Dupuis est politique, ils font croire qu' ils n' ont pas perdu. Alors qu' ils n' avaient même pas contacté sa fille, et qu' ils avaient tenté Gastoon (le neveu) pour contourner les volontés de Franquin il y a 12 ans.

372. marcel - 31/05/23 15:50
Y a un article un peu plus complet sur ActuaBD. Mais je comprends pas beaucoup plus. Dupuis se rejouit, Delaf aussi… Mais si j'ai bien lu, il est confirme qu'ils peuvent sortir l'album SI ils ont l'accord d'Isabelle Franquin. Or, elle n'a pas dit qu'elle était d'accord. Alors ?...
Ou bien c'est effectivement ce que disait je sais plus qui ici : elle a negocie un gros cheque.

371. Quentin - 31/05/23 15:46
La décision du tribunal est tombée. Dupuis a le droit de publier la suite de Gaston, mais les ayant droits de Franquin ont un droit de regard sur le dessinateur choisi et sur le contenu. Et il s'avère que dans le cas présent avec Delaf, Dupuis n'a pas demandé l'accord d'Isabelle Franquin, donc Dupuis était dans son tort.

En gros: un point partout, avec avantage à Isabelle Franquin. Reste à voir s'ils pourront s'entendre sur Delaf ou pas.



 


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