Lewis Trondheim (2)

Les 1116 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



366. yannick - 08/04/05 12:14 - (en réponse à : perplexe !)
Eh bé ! On aura tout vu sur Bdp !
Il y en a qui sont prêts à faire l'amour avec les pantoufles de Trondheim !!!!!!
Bande d'obsédés !!! ;O)))))

365. Coacho - 08/04/05 12:09
Chibi
Pourquoi ne pas présenter un projet sous un pseudo?
En premier lieu, je crois que Lewis est comme il est, c'est-à-dire honnête, sincère, et qu'il ne s'est pas caché pour livrer son analyse faite dans "Désoeuvré".
Et en deuxième lieu, ce que tu préconises a l'air d'avoir été fait... Regarde du côté du blog de Frantico (nom composé des lettres de Sfar, Trondheim et Larcenet ?! ;o)))

philma
J'ai pas encore lu tout le post mais Coacho(c'est terrible de voir tout ça en allumant l'ordinateur)
Tu vois, tu perds les bonnes habitudes quand je disparais un moment ! ;o)

traite carrément Trondheim de psychotique, ce qui est hyper grave(;o)
Je note ton smiley ! Mais je ne pense pas avoir voulu dire ça...
Je pense qu'il est rongé par plein de choses et en ce sens, comme chacun de nous, il développe des aspects psychologiques qui sont le propre de sa personnalité.
Mais comme je l'écrivais aussi, je ne crois pas qu'un forum bd soit le lieu de discussion privilégié de ce genre d'aspects et que c'est ultra-sensible... On s'en rend souvent compte.

Sur le fond je n'ai pas du tout cette impression. Lewis Trondheim me parait plutôt quelqu'un d'hyper conscient et dont l'excès de maturité deviendrait inhibitrice. Justement parce qu'il sait parfaitement où il va il n'a plus guère envie d'y aller car la place laissée à la surprise se réduit peu à peu.
Tu as un avantage non négligeable sur moi, tu as pleinement vécu ta crise de la quarantaine ! ;o)))
Mais comme je l'exprimais, je ne détiens absolument aucune vérité et je suis véritablement dans la pure subjectivité en parlant de la façon dont j'avais été touché par "Désoeuvré"...
Mais je défends tout de même avec une certaine conviction ce ressenti, c'est normal !
Ceci dit, ton point de vue est tout aussi intéressant et montre une fois de plus la complexité du personnage, homme simple, dans la noblesse du terme, mais perclus de ces complexités qui façonnent nos vies.
Mais sur le sujet, la place de la surprise par exemple, ben, je ne sais pas trop quoi penser car il disait ne pas vouloir tuer Lapinot en premier lieu... Donc réflexion menée pendant ? Hésitation ? Révélation ?
Décidément, cet homme est fascinant...

364. helmut perchu - 08/04/05 12:04 - (en réponse à : CDP et Coach')
Touchez pas aux pantoufles de Trondheim, elles sont à moi !

363. Chibi loic - 08/04/05 12:03 - (en réponse à : erratum)
Oups, mon post arrive après la bataille puisque certains prêtent à Trondheim le rôle de Frantico... Désolé.

362. CoeurDePat - 08/04/05 12:01 - (en réponse à : Coachounet)
Ah mais j'ai bien compris le sens de ton post, et les phrases que j'ai citées ne le sont qu'à titre d'exemple. On peut très bien déceler de manière diffuse dans ton post une certaine vision de Trondheim (vision = qui t'est propre et donc pas forcément réelle), voire une forme de condescendance ou de pitié, si vraiment on veut les voir. Philma dit la même chose en rigolant. :)
Je te le répète, moi personnellement je m'en fous et j'ai bien compris que tu ferais passionnément l'amour à Trondheim ou à défaut à ses pantoufles toute la nuit si tu pouvais (d'ailleurs je pense que toi et moi on se battrait pour ses pantoufles :D ), mais tu dirais le même genre de choses à propos de Larssinet, p'têt bin qu'il le prendrait pas trop bien.
Oh, et puis merde, hein, on s'en fiche.

361. philma - 08/04/05 11:54 - (en réponse à : Coacho)
Sur le fond je n'ai pas du tout cette impression. Lewis Trondheim me parait plutôt quelqu'un d'hyper conscient et dont l'excès de maturité deviendrait inhibitrice. Justement parce qu'il sait parfaitement où il va il n'a plus guère envie d'y aller car la place laissée à la surprise se réduit peu à peu.

360. Chibi loic - 08/04/05 11:53
Je me disais là comme ça,
quand un artiste se pose des questions sur son travail, sur la redondance, l'usure et autres joyeusetés de ce type, il y a une parade qui a déjà été utilisée par d'autres. Pourquoi ne pas présenter un projet sous un pseudo? Je suis sûr que construire et défendre un projet devant des éditeurs, puis le cas échéant, devant des lecteurs, en cachant sa véritable identité ça pourrait l'amuser. Son but semble être (arrêtez moi si je dis une bétise) d'éprouver du plaisir dans ce qu'il fait et peut-être serait-ce là un bon moyen de rigoler, de tester les réactions... J'ai Stephen KIng-Richard Bachman qui me vient à l'esprit mais si je n'avais ce manque de culture latent, je sais que je pourrai vous citer d'autres exemples. Je pourrai...
Enfin bref, juste un coup comme ça pour rire un peu. Ca ne vous dit pas m'sieur Trondheim?

359. philma - 08/04/05 11:46
J'ai pas encore lu tout le post mais Coacho(c'est terrible de voir tout ça en allumant l'ordinateur) traite carrément Trondheim de psychotique, ce qui est hyper grave(;o), alors que de mon coté je me suis fait incendié par Larcenet &Co n'ayant évoqué que des névroses(ce qui est tout à fait banal et ne remet pas en cause la santé mentale de l'interessé si on sait de quoi on cause).

358. Coacho - 08/04/05 11:42
Toute phrase sortie de son contexte peut être utilisée à des fins perverses !
C'est pourquoi je précise que le terme "immaturité" pour son raisonnement ne revêt pas un caractère puéril, mais bien le fait qu'il soit inabouti car toujours en suspens...

Tu m'as compris mais tu soulèves étrangement des contre-points que je n'aurai jamais tenu à l'encontre de quelque auteur que ce soit, encore moins pour Trondheim (cf. ma chronique de "La vie comme elle vient")...

C'est bizarre... Ceci dit, même si je ne pense pas m'être mal exprimé, même si j'ai tenté d'être sincère (donc pas forcément intéressant !), je ne détiens aucune vérité et je m'en voudrais d'avoir blessé l'auteur par mésinterprétation...
Sa réaction à la sortie du dernier Lapinot me rassure tout de même sur son sens unique de la compréhension de son environnement et des interventions diverses que nous avions pu laisser à l'époque.

En tout cas, je n'aimerais pas une dérive très bdparadisienne d'une interprétation quelconque de propos tirés hors-contexte et qui, en bloc, ne sont pas à double-sens.

M'enfin quoi mon petit palpitant, tu me connais à force non ?!
Alors laisse-mon post tranquille, il ne t'a rien fait ! ;o))))

357. CoeurDePat - 08/04/05 11:29
Bin, sérieusement oui. J'ai lu le sujet sur Larcenet un peu en diagonale, mais il me semble que ta déclaration d'amour contient pas mal de choses qui peuvent facilement être prises comme étant blessantes et/ou déplacées A titre d'exemple : lorsque l’on est aussi fragile et sensible que Trondheim, Lewis [est] un homme simple, « l’immaturité » de son introspection, ce Lewis là, on a envie de lui prendre la main et de l’aider, etc.
Personnellement je m'en fous, je vois bien ce que tu veux dire, mais tu avoueras que ces bouts de phrase peuvent être mal pris (pour qui veut mal les prendre biens sûr, et non, ce n'est pas une allusion ou un sous-entendu).

356. Coacho - 08/04/05 11:08 - (en réponse à : Car de Prout ! ;o))
Après une telle déclaration d'amour ? Tu crois ? O__o
Arrête, tu me charries ! ;o)))

355. CoeurDePat - 08/04/05 10:48 - (en réponse à : Coacho)
N'empêche, ce serait Larcenet dont tu parles, je pense que les minutes qui te resteraient à vivre seraient comptées. :)

354. CoeurDePat - 08/04/05 10:44
Je me suis dévoué, et donc : Vachement boulou, bande de pas boulous ! :)

353. Coacho - 08/04/05 10:43 - (en réponse à : O.)
Allez quoi... Une fois, une fois seulement, lis-moi !
Oh oui, lis-moi ! ;o)

352. Coacho - 08/04/05 10:42
A ton avis salopiot !

Trondheim... J'aime !


351. Odrade - 08/04/05 10:40
Argl
Bon.
Qui se dévoue ?


O.

350. CoeurDePat - 08/04/05 10:35 - (en réponse à : Et alors)
Boulou ou pas boulou ? ;D

349. Coacho - 08/04/05 10:27
Et bien voilà, je m’attaque à la lecture de la Collection Eprouvette et donc, j’ai commencé par mon chouchou Lewis avant d’attaquer le Menu. Un amuse-gueule quoi !
Je lisais de-ci de là, cahin-caha, quelques avis positifs, et d’autres plus circonspects. Je me suis dit qu’il fallait alors aller tranquille, que je chemine. (Oui, je sais, je suis d’humeur badine mais mon hilarante allusion ne touchera qu’une poignée de personnes, d’un certain âge pour la plupart).
On reproche à ce livre de ne pas répondre aux critères de « l’essai » tant attendu.
On reproche aussi à Lewis l’étalage de ses connaissances du milieu.
On dit aussi que sa réflexion est un peu vaine, un peu creuse, un peu superficielle.
Oui oui oui… Et alors ?
On en revient toujours à cette dichotomie systématique de l’appréciation d’une lecture, entre ceux qui la ressentent en amalgamant et superposant leurs expériences sur le propos de l’auteur, et ceux qui ont du recul, parfois trop pour ne pas se laisser aller à cette bonne vieille full-imersion. (Et là, ça fait zarma j’me la pète).
Je suis généralement de la première catégorie mais là, en l’occurrence, j’ai essayé d’être Lewis Trondheim, ce qui me fit en effet bœuf quand je découvris les gens que je connaissais et le talent inégalable que tous me louaient !
Et je me voyais là, assis à ma table à dessin, une table que je fréquentais plus qu’assidûment depuis 14 ans, en train de réfléchir depuis 80 jours d’inactivité sur ma vie et mon œuvre…
Ce questionnement qui taraude tout quadragénaire mêlé aux affres de la création.
Oui… La création… Certains parlent du vieillissement des boulangers (ce bon Berberian), et d’autres lui reprochaient cette façon de questionner vainement ses condisciples.
Alors oui, Lewis aurait dû interroger des boulangers, ça l’aurait assurément et définitivement rassuré sur ses angoisses créatrices. Il aurait trouvé le réconfort absolu dans une passe où sa psychologie ultra-sensible avait besoin de se confronter à des pains au chocolat (ou des chaussons aux pommes ?! Dju-Dju)…
Oui… Il y a similitude entre les boulangers et Lewis Trondheim… Le pétrin !
Car lorsque l’on est aussi fragile et sensible que Trondheim, lorsque depuis votre premier livre vous affichez vos doutes, vos angoisses, vos psychoses même, et que vous ne savez plus trop où vous allez, oui, vous êtes dans une forme de pétrin.
Et, reprenant la place de Lewis, comme invité par une société qui avait déjà par ailleurs ses entrées dans la tête de John Malkovich, je me laissais entraîner dans ce bourdonnement incessant qui enflait de son hémisphère gauche à son hémisphère droit…
Création et rationalisation étaient en effervescence…
Est-ce que cela permet une réflexion claire, construite, posée ?
Bien entendu, je me fais avocat défenseur de quelqu’un qui n’est accusé de rien et qui pourrait se défendre seul de tout cela, et le fait de trouver son questionnement bien ordonné dans ce petit livre bleu pourrait déjà répondre de manière contraire à ce que j’énonce, mais je me plais à croire qu’après avoir suivi Lewis depuis tant et tant d’années, sans jamais avoir été déçu une seule fois, je suis capable d’empathie… Et comprendre que son questionnement, qui peut paraître superficiel à tout lecteur désireux d’en savoir plus sur les facettes de son auteur favori, traitant de sa passion qu’est la Bd, puisse être tout aussi confus que léger en apparence.
La pudeur nimbe toujours les réflexions de Lewis Trondheim et, habilement, il se dédouane de toute profondeur en arguant qu’il n’est pas universitaire. Mais c’est vrai punaise !
Alors il ne cesse d’osciller entre la sensation de toucher au but, d’avoir LA réponse, et l’écroulement immédiat de ses théories les plus abouties…
Oui, je crois que psychologiquement, c’est analysable, mais le faire sur un forum public serait aussi vain qu’irrespectueux de l’auteur…
On pourrait évidemment se demander ce qu’il veut de plus puisque tout lui réussit, il est entouré de succès, d’admiration, et de pognon aussi ! Une vie matérielle et, apparemment, intellectuelle tout à fait éblouissante !
Oui, mais lorsque le doute n’est pas que passager, lorsqu’il vous accompagne toute une vie, au point d’en développer, jusqu’à l’irrationnel, un certain rapport à la vie, d’en faire une attitude quasi-permanente, vous ne pouvez pas vous défaire ainsi d’une telle pression psychologique…
Je citerai une phrase très juste d’un célèbre philosophe d’origine vietnamienne qui disait qu’anticiper le malheur pour s’en prémunir était une attitude qu’il comprenait très bien… Je m’inscris dans cette lignée tant cette phrase me paraît juste, belle, me correspondre et si bien aller à Lewis Trondheim…
Alors devons-nous attendre un quelconque choc psychologique, un truc qui nous remue ?
Mais Lewis ne dit-il pas que « être sincère ne veux pas forcément dire être intéressant ? » ? Et que donc, il ne faut pas attendre une jolie historiette, pleine d’humour, bien construite, avec une intrigue et une chute finale avec moult feux d’artifices à la lecture de « Désoeuvré » ?
Parce que c’est ce qui était peut-être attendu par certains lecteurs, désireux de retrouver non pas Lewis Trondheim mais LE Lewis Trondheim de telle ou telle œuvre…
A ce propos, ça me permet d’introduire une parenthèse, avec brio (oui, je me lance aussi parfois quelques fleurs), sur la prétendue implication de Trondheim dans le fameux parcours de Frantico… Ne serions-nous pas en mesure de croire qu’après avoir tellement exposé ses peurs sur la répétition, il serait capable de nous livrer cet incroyable personnage, tics graphiques et genèse mise à part ? Bon, je dévie là…

Dans « Désoeuvré », l’humour, l’acidité et l’ironie sont toujours présents, mais on sent bien que c’est beaucoup plus délicat, beaucoup plus à fleur de peau, toujours empreint d’une sincérité qu’il lui faut aussi voiler quelque peu par peur de trop d’exposition…
Parce que Lewis nous a habitué à tant de chose, nous devrions attendre de lui un questionnement digne de la profondeur des raisonnements de nos plus grands philosophes ?
Et si nous en attendions tous un peu trop ? Et si nous ne nous étions pas rendu compte que derrière son apparente complexité, Lewis était un homme simple, avec des peurs simples et une expression pour matérialiser celles-ci un peu confuse ?
Beaucoup soulignent l’homme de contradiction qu’est Lewis Trondheim… Mais oui, c’est cela… La contradiction en permanence et qui illustre mon propos d’il y a quelques lignes…
Ce qui montre bien « l’immaturité » de son introspection, dans le sens qu’il n’a toujours pas trouvé de réponse à ses angoisses et qu’il semble un peu perdu, dans son parcours professionnel, mais aussi d’homme qui s’interroge sur son devenir et son utilité !
Et ce Lewis là, on a envie de lui prendre la main et de l’aider, au delà des belles cases de ce livre, de certaines ellipses magnifiques qui nous font comprendre son désarroi, de l’aider donc, et de le rassurer, en lui assurant de la sincérité de toute notre affection, conquise il y a déjà fort longtemps, par son énergie, son univers, pour ce qu’il est, simplement…
Alors non, pour moi, cette lecture ne fut pas si anodine et anecdotique qu’elle pourrait paraître, et je pourrais sûrement écrire encore de très nombreuses lignes si le temps et l’espace ne m’étaient pas comptés…
Le livre « Désoeuvré » est-il passionnant ? Oui ou non, c’est à vous de vous faire votre idée…
Lewis, lui, est DEFINITIVEMENT passionnant, et la fin de son « essai » nous replace au début de celui-ci… Lewis ne sera jamais en harmonie avec lui-même car le doute continuera de le ronger éternellement, au point de le rendre dépressif… Remercions insidieusement et presque honteusement ce mal qui le ronge car c’est dans cette veine qu’il puise l’inspiration qui lui permet de nous livrer de si beaux livres…

348. helmut perchu - 14/03/05 18:54 - (en réponse à : br (avec spoilers Lapinotesques) et martin que ça devrait intéresser)
Désolé de répondre tardivement à ton post 297 (ce que je vais dire n'est qu'hypothèse hasardeuse, mais en lisant ton message, je me demande si tuer Lapinot n'est pas une façon de briser le lien émotionnel entre le lecteur et les personnages, de rappeler qu'une bande-dessinée, comme toute oeuvre fictionnelle, est essentiellement un artifice.)
Trondheim disait ici (sur le forum) ou là (lu dans un mag) sur la mort de Lapinot qu'elle correspondait à la série dans le sens ou justement lapinot est un héros "réaliste", c'est à dire qu'il vieillit, qu'il évolue, qu'il n'est pas que positif... et qu'il peut mourrir (contrairement aux héros intemporels comme Lucky Luke ou Tintin)... aprés, pour ce que tu disait br, ça n'entre pas en contradiction, la question reste donc poseé pour Lewis Trondheim qui passe (passait?) ici de temps à autres...

347. martin - 14/03/05 16:36
Larry, ce qui m'intéresse c'est de connaître TA définition (avec toutes les hypothèses que tu veux), et de vérifier ensuite que cette définition s'applique bien à Lapinot.
Philma, comment on fait pour lire du Macherot (et en particulier Chlorophylle), alors que ça semble épuisé (dixit BDnet) ?

346. philma - 14/03/05 12:30 - (en réponse à : larry)
Je crois que tu es condamné à lire tout Macherot, et en particulier Chlorophylle et Chaminou, sans négliger Sibylline. Il y a une lecture politique chez Macherot qui devrait t'aider dans ton travail, même si ses animaux sont toujours des animaux et ne sont pas des conventions graphiques. Et comme je place cet auteur comme n°1 des auteurs animaliers... Tu devrais aussi aller voir du coté de Calvo(la bête est morte), de Barks et même du coté de Calvin et Hobbes.

345. larry underwood - 14/03/05 12:04
"La fable doit ne pas être évidente, sinon elle encourt le risque d'être éliminée.
La fable chosit d'être déguisée, d'avoir l'air inoffensive. Ce travestissement est nécessaire à sa survie."


Attention, ces deux là sont des hypothèses de travail personnelles et non des certitudes. Le but d'un mémoire est avant tout de faire de la "recherche", et donc de proposer de nouvelles pistes... c'est d'autant plus vrai avec un mémoire de DEA tel que celui ci, que les universitaires considèrent comme le plan détaillé de la future thèse...

344. martin - 14/03/05 11:56
tentative de synthèse (que Larry, s'il le souhaite, pourra corriger) :

La fable a une valeur de compte rendu sociologique, historique et anthropologique.
La fable s'oppose, critique les pouvoirs en place.
La fable véhicule des idées en décalage avec son temps.
La fable doit ne pas être évidente, sinon elle encourt le risque d'être éliminée.
La fable chosit d'être déguisée, d'avoir l'air inoffensive. Ce travestissement est nécessaire à sa survie.
La fable utilise l'approximation spatio-temporelle, refusant au lecteur l'identification précise de référence historique et géographique.

Je crois que Appollo a déjà éliminé certains critères.
Et, Appollo, puisque tu nous proposes le conte philosophique, il va falloir nous le définir :))

343. Bink - 14/03/05 11:22
Ou la, j'arrive et autant de poste nouveaux :)
On parle de fable, et y a bcp de lectures dans ces pots.

Je suis d'accord dans le fait que les animaux sont juste des animaux par rapport au dessins, mais que leur comportements sont humains. Mais cela n'empeche pas dans l'album, qu'il y ait des sortes de morales, je ne parle pas de véritables morales, puisqu'on a quand même le choix d'adopter une position que l'on souhaite, par rapport à ces interrogations metaphysiques, philosophiques...

Ton texte sur les fables m'interesse bien, voila mon mail
binkgestone@free.fr

342. Appollo - 14/03/05 10:31
Larry : le ton de mon post me semble après coup un peu péremptoire : je ne mets pas du tout en question le sérieux de ton travail, et même j'apprécie beaucoup que des étudiants en Lettres travaillent de manière intelligente sur la bd. Voilà, voilà, j'espère ne pas avoir semblé trop désagréable, ce n'était pas mon intention.
Br : en fait, chez La Fontaine, les personnages sont vraiment hybrides : le Lion est un roi comme chez les humains (avec sa cour et tout le tremblement) mais il garde sa part d'animalité, par exemple en dévorant ses ennemis.
Trondheim s'est amusé à l'occasion avec la part lapinesque de lapinot (sa manière de faire des bonds, des petites vannes d'autres personnages, des trucs comme ça), mais globalement Lapinot n'est un lapin que par convention.

341. br - 14/03/05 09:52
**(c'est à dire qu'à la différence de La Fontaine, Lapinot ne relève rien en rien de l'animal, sinon par convention graphique. Il ne réagit jamais en lapin, et n'entretient donc aucune forme d'ambiguïté : Lapinot est un humain), **

C'est vrai que dans les fables classiques le choix de l'animal est pensé en fonction du caractère qu'on lui attribue. Alors que là, que Lapinot soit un lapin ou un cochon d'inde ne change que couic. Pas de correspondance chez lui avec des caractéristiques lapinesques, et pareil pour les autres protagonistes.

** lapinot a-t-il conscience d'être un lapin ? richard d'être un chat ? préfèrent-ils l'ignorer ? **

Tain, ça c'est de la queston existentielle. :o))

340. Appollo - 14/03/05 09:25 - (en réponse à : Larry)
C'est pas mal comme réflexion, mais peut-être un peu discutable.
On peut envisager Lapinot comme un apologue (en admettant qu'il y existerait une morale implicite - ce dont on peut discuter), mais je ne vois rien de caractéristique de la Fable : les personnages ne sont pas vraiment hybrides (c'est à dire qu'à la différence de La Fontaine, Lapinot ne relève rien en rien de l'animal, sinon par convention graphique. Il ne réagit jamais en lapin, et n'entretient donc aucune forme d'ambiguïté : Lapinot est un humain), la géographie et la temporalité relèvent du réel pour l'univers contemporain (donc, si on veut rester dans la perspective générique, du roman), et de la parodie (ou éventuellement du pastiche) pour les autres époques...
Bref, à mon très humble avis, s'il faut rapprocher Trondheim d'un auteur, ce serait plus d'un Voltaire que d'un La Fontaine, et donc on raprochera de manière plus fertile lapinot du conte philosophique voltairien (qui est aussi un apologue) que de la fable stricto-sensu.
Comme pour le conte philosophique, lapinot emprunte allégrement au réel (espace, temps, psychologie) et au conte (fantaisie, humour, distance ironique, simplification) dans une visée a -priori morale (mais pas moralisatrice).
Bon, ce que j'en dis, hein, je dis ça mais je dis rien :)

(Quant à Blacksad, je partage l'avis d'Ezra Pound - cité par Harry Morgan - : "L'histoire d'une littérature est l'histoire de ses chefs-d'oeuvre et non celle de ses échecs ou de ses médiocrités". Larry, tu dis souvent des choses très intéressantes, mais pourquoi mélanges-tu systématiquement le bon et le médiocre dans tes corpus ?) :)))

339. larry underwood - 14/03/05 00:00
ben si, tout de même... dès l'instant que l'on montre un lapin, en se référant à lui comme tel, mais en le montrant agir et penser comme un homme, il y a une part d'ambiguité : lapinot a-t-il conscience d'être un lapin ? richard d'être un chat ? préfèrent-ils l'ignorer ?

enfin là-dessus, allons dormir... ! J'ai des exams cette semaine moi... Bonne nuit à tous les veilleurs...

338. martin - 13/03/05 23:57
Mais y a pas d'ambiguité dans Lapinot ! si ?

337. larry underwood - 13/03/05 23:54
la double nature de la fable... pfffffiou euh... ouh la la... ça me semblait pourtant très clair il y a un an quand je bossais dessus, mais là... ;o)

Euh je demande pas mieux que d'essayer d'expliquer, mais il faudrait suivre tout le raisonnement, et ça prend des pages... en gros (en très gros), c'est le rapport ambigu entre l'homme et l'animal, entre le dit et le non-dit, entre ce qui est montré et ce qui est suggéré...

336. larry underwood - 13/03/05 23:51
L’argument de la distraction enfantine permet aux nouveaux fabulistes de transmettre leur bilan. Héritiers de La Fontaine, ils redécouvrent le genre critique le plus efficace qui soit. La fable, petit récit destiné à illustrer un précepte moral pour les enfants, se révèle une arme redoutable par sa liberté de ton, son esthétisme qui ne suit aucun canon et son anthropomorphisme acerbe qui parachève la critique des mœurs de l’être humain.

Inscrite dans son époque, la fable en est un témoin privilégié car inattendu. Elle dresse le bilan d’une société à un moment donné de son histoire et avance l’alibi qui lui a été fourni à tort par l’opinion commune. En se conformant à l’image que l’on attend d’elle, elle n’encourt aucun des risques qui pèsent sur les différentes littératures engagées.
Est-il seulement possible de témoigner sur le vif de son époque ? Le regard direct, franc et réaliste a-t-il sa place dans une société régie par un pouvoir dominant qui exerce son contrôle ? L’époque et les pouvoirs ont évolué depuis le poète de Versailles, mais peut-on parler de différence réelle d’un point de vue intellectuel ? La liberté d’expression semble un fait acquis et incontestable, car si l’Etat possède encore une influence concrète sur l’information et les médias, elle est incomparable à celle que menait le roi sous la monarchie absolue.

La censure a pourtant évolué elle aussi, de manière plus insidieuse. Elle pèse sur les esprits et se fait appeler bon goût, ou politiquement correct. Elle est la limite que les hommes se fixent sur ce qu’ils estiment avoir le droit de se cacher, au nom d’une éthique arbitraire.
Mais peut-on dire l’Histoire à mesure qu’elle a lieu ? Ne faut-il pas un temps de recul nécessaire, au risque de perdre des éléments et de déformer la vérité ? Chaque œuvre ne peut suivre la voie du J’accuse d’Emile Zola : la littérature ne peut dénoncer ouvertement et publiquement le moindre travers d’une société qui risquerait de la renier plutôt que de suivre son raisonnement.

La Fontaine et ses nombreux héritiers sont victimes de ce que nous appelons le syndrome de la Bastille : dès lors qu’il s’oppose au système en place, l’auteur encourt le rejet du public et le châtiment du pouvoir. Les fables de toutes époques sont traversées par l’image d’un pouvoir aveugle et tyrannique qui s’oppose à chaque individu. Allégorie du régime de Louis XIV et du système des lettres de cachet pour La Fontaine, et pour les auteurs actuels constat d’une société capitaliste sauvage où l’être humain est réduit au rang de consommateur ou de marchandise. Ils ont en commun de proposer une vision d’un monde où l’individu est broyé au profit d’un système qui le dépasse et fonctionne selon sa seule logique inaltérable. L’ordre des choses est établi, et nul ne peut quitter sa place ou briser le cycle. C’est la raison de la grande mystification des fables, qui n’ont d’autre choix que d’avancer voilées ou d’être éliminées.

Entre Blacksad et Les formidables aventures de Lapinot, il existe une forte similitude, empruntée pour l’un et l’autre chez La Fontaine. L’archétype de l’homme de pouvoir est récurrent chez Canales comme chez Trondheim, et chacun d’eux trouve son origine dans les figures de dirigeants caricaturés dans les Fables.

Les hommes de lois sont les premiers ciblés. On retrouve un personnage presque identique dans Blacktown et dans Artic-Nation : le shérif, l’incarnation de la justice et le garant supposé de l’ordre social. Le chef Karup, auquel s’oppose Blacksad, et le shérif de Blacktown, sont deux hommes corrompus par le pouvoir. Ils disposent d’une liberté d’action qui ne se manifeste que dans l’accomplissement de cette volonté : en d’autres termes, ils agissent ainsi simplement parce qu’ils en ont la possibilité. Parce qu’ils ont le droit et les moyens de transgresser la loi, ils en saisissent chaque opportunité.

La dimension fabuleuse du récit sert le regard critique des auteurs. Le chef Karup est incarné par un ours blanc, un animal qui jouit d’une réputation flatteuse dans l’imaginaire collectif. Débonnaire, paresseux, son côté « nounours » lui attire toutes les sympathies. La fable joue ici du détournement d’un motif traditionnel. L’animal ne correspond plus à son trait dominant et laisse apparaître sous le masque l’être humain qu’il représente. L’ours est l’incarnation d’une loi violente et corrompue, basée sur la loi du Talion, contrairement aux principes démocratiques qui l’ont élu.

Le shérif de Blacktown est son double humoristique. La différence n’est due qu’au traitement favorisé par les auteurs, chacun d’eux exploitant un système personnel de caricature. Canales et Guarnido rendent avec sérieux le personnage plus humain que possible, tandis que Lewis Trondheim choisit la dérision et le cynisme. Les deux personnages se rejoignent donc dans l’instance supérieure qu’ils incarnent, celle de l’homme de justice qui détourne à son profit personnel les pouvoirs qui lui sont confiés.

La seconde catégorie que Blacksad et Lapinot ont pour cible est plus délicate et plus subtile. Il s’agit des puissants qui se tiennent au-dessus des lois. Ils ne détournent plus la loi à leur guise, ils ignorent jusqu’à son existence et imposent au monde leur mode de pensée. Ce sont les influents de l’ombre, les riches, ceux pour qui l’argent est le seul langage. On retrouve ce personnage négatif et suffisant dans les deux livres de Blacksad et dans Amour et Intérim : Ivo Statock, monsieur Oldsmill, ainsi que le président de l’entreprise Damoclès où travaille Lapinot.

Tous trois indifférents aux destinées humaines qu’ils manipulent, ils se positionnent au-dessus des lois et entendent fléchir par l’argent et la corruption la marche du monde. Ils façonnent leur société idéale au détriment de l’individu. L’homme n’est plus que l’élément anonyme parmi la foule, agité comme le pantin d’une gigantesque farce.
La quête philosophique menée dans Amour et Intérim est à l’image de la comédie humaine : une grande pièce illogique où se débattent pour exister des individus, condamnés d’avance à faire partie d’un ensemble qui les dépasse. Le regard de Trondheim, malgré sa dérision, est tout aussi pessimiste que celui des auteurs de Blacksad : lorsque Dieu est un homme riche, c’est la mort de toute liberté.

335. martin - 13/03/05 23:51
C'est difficile de suivre des fragments de pensées :)
ça me dit surtout qu'une fable, ça ne se résume pas à La Fontaine (ce dont je me serais douté).
Et c'est quoi la double nature de la fable ?

334. larry underwood - 13/03/05 23:44
je peux pas mettre de lien, le texte est sur mon ordi et nulle part ailleurs...

333. larry underwood - 13/03/05 23:43 - (en réponse à : pour martin : difficile tentative de définition de la fable...)
Concernant les fables, il existe une pensée commune selon laquelle le genre serait définissable en quelques mots simples. Chaque ouvrage aborde en premier lieu la question laissée en suspens par le précédent, comme s’il était finalement impossible de saisir les particularités d’un genre que l’on pense connaître depuis l’enfance, et duquel on n’attend aucune réelle difficulté. La fable échappe à la définition, elle glisse sur les catégories littéraires traditionnelles et sur les systèmes de classement académiques. Comme la réflexion de Fanny Népote-Desmarres tend à le souligner, il semble vain de réduire la fable à un modèle établi :

« La fable serait un texte court, construit de deux parties : d’une part, un récit bref (en vers ou en prose) de fiction allégorique, dans lequel, « d’ordinaire », les personnages sont des animaux ; d’autre part, une moralité plus brève encore, délivrée sous forme de précepte ou de formulation sentencielle. Et le rapport de l’un à l’autre serait contraignant – aucune composante ne doit être sacrifiée – parce qu’il serait d’illustration du précepte par le récit, la fiction étant alors à considérer comme relevant du moyen, et l’enseignement du but. »

La tentative de définition n’a lieu que sur le mode conditionnel, et les seuls critères sur lesquels les chercheurs semblent en accord sont d’ordre purement formel : la fable est un texte relativement court, comportant un récit et – au mieux – une morale. La liberté d’expression, de ton, de style et de langue induite par cette généralisation ne peut que séduire les auteurs à la recherche d’un genre susceptible d’accueillir – et de dissimuler – leur témoignage. Historiquement, nous le verrons par la suite, ce procédé est essentiel à la survie des idées en décalage avec leur temps.
Pour prix de son silence, la fable est donc victime du manque d’estime lié à sa nature. Elle reste cantonnée au genre de la littérature enfantine, cette distinction n’ayant d’ailleurs de sens que dans la pensée collective, tant il semble absurde de considérer aujourd’hui encore les enfants comme une sous-catégorie de l’intellect, des êtres en cours de formation démunis devant l’intelligence des textes qui leurs sont proposés.
Reléguer les fables sur les étagères des écoles primaires n’a plus aucun sens, et c’est témoigner d’une bien faible ouverture d’esprit que de les réserver aux deux domaines spécifiques que sont la petite enfance et les études universitaires. De nombreux auteurs tentent de démontrer combien ce type de catégorisation arbitraire prive les uns et les autres de la culture qui nous est offerte. Pour l’exemple, ces deux remarques de Népote-Desmarres et de Parmentier :

« Par ailleurs, le savoir a priori que l’on croit détenir sur les Fables de La Fontaine conforte l’idée que tel est bien le contrat que remplit le poète : de mémoire d’écolier, chacun n’est-il pas en mesure d’en évoquer quelques-unes, postulées emblématiques de toutes les autres et, grosso modo, conformes à la définition des dictionnaires ? (…) Toutes petites histoires limpides, aux métaphores animales transparentes, illustrant un enseignement proche de l’évidence. (…) Bref, l’idée que l’ouvrage ne pose pas de problème, et en particulier pas de difficulté générique, semble se confirmer. »

« Selon la tradition, rien n’est plus humble et rien n’est plus moral qu’une fable : les fables servent à enseigner aux enfants des leçons simples, sobrement, à partir de faits brièvement narrés. Elles sont en principe composées de deux parties, un récit et une moralité qui en donne une interprétation de type allégorique, renvoyant à une vérité générale. La Fontaine reprend cette formule pour en faire la machine critique la plus incisive qu’on puisse imaginer : la première ironie des Fables, c’est leur titre. »

La dernière remarque de Bérengère Parmentier est des plus pertinentes. Sous son apparence tranquille de littérature amusante, idéale pour transmettre quelques histoires d’animaux singeant les défauts usuels des hommes, la fable est au service de la pensée incisive de l’auteur. Nous sommes conscients que ceci n’est pas une révélation, mais il s’agit par delà cette analyse classique de comprendre la volonté de la fable de préserver son aspect inoffensif.
Ce ne sont pas les préjugés qui la préservent de la reconnaissance – étant entendu qu’il est question ici de la fable proprement dite et non plus des Fables de La Fontaine -, c’est la fable elle-même qui joue de sa double nature et qui en aucun cas ne prendrait le risque de se dévoiler entièrement, dans toute sa complexité.
Afin de préserver sa valeur de compte rendu sociologique, historique et anthropologique, elle se cantonne en apparence dans le rôle qui lui est ordinairement attribué. « C’est ce qu’on demande aujourd’hui », écrivait La Fontaine dans la préface de 1668 au Premier Recueil, « on veut de la nouveauté et de la gaieté. Je n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire mais un certain charme, un air agréable qu’on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux. »
L’ingénuité de la fable en protège la parole, et en favorise même la portée. La simplicité du postulat formel (un récit, une morale) est la première force du système critique et philosophique qui parcourt l’œuvre, elle lui permet de s’adapter à tous les supports artistiques. Il semble presque naturel que la bande dessinée ait récupéré à son profit cet art ignoré, autrement dit insoupçonnable.
La bande dessinée ne s’est imposée auprès du public comme un art d’importance que depuis peu de temps : considérée elle aussi comme une distraction de jeunesse, son message est passé inaperçu. La réunion d’un médium aussi dévalorisé et d’un art littéraire désuet n’est pas fortuite. La bande dessinée confère à la fable le vecteur artistique idéal auprès du plus grand nombre de lecteurs. L’objet de distraction qu’est le récit en cases sert la cause d’un genre critique qui cherche de lui-même à ne pas éveiller les soupçons.

332. martin - 13/03/05 23:42
si tu peux, mets des liens plutôt que des copier-coller de ton travaille.

331. larry underwood - 13/03/05 23:42
ça vient, ça vient, laisse moi le temps de reposer mon doigt ! ;o)

330. martin - 13/03/05 23:41
C'est lapinot qui recherche l'ataraxie ????

329. Vieto - 13/03/05 23:40 - (en réponse à : Larry)
Mon mail : trancong arrobase wanadoo point fr

328. martin - 13/03/05 23:39
Larry, c'est très intéressant mais ce que tu dis est bien conforme à la définition : une fable a une morale, pas forcément du type "rien ne sert de courrir ..." mais il y en a une à débusquer.
Tu te proposes toi même de montrer que Trondhein est un moraliste (ce dont je doute beaucoup), donc j'attends avec impatience la démonstration.

327. larry underwood - 13/03/05 23:38 - (en réponse à : Pas de morale dans Lapinot ?)
La disparition de la morale est d’autant plus frappante dans Les formidables aventures de Lapinot, que Trondheim conclue régulièrement l’album sur une pirouette scénaristique, une scène de vie quotidienne qui ferme la boucle en nous ramenant au début de l’histoire. Le « gag » final de ces aventures – qui n’ont de « formidable » que le titre tant l’auteur joue du décalage entre l’absurdité des situations et le sérieux avec lequel il en rend compte – évince ainsi la moralité attendue, et laisse entendre qu’il faut la reformuler soi-même à partir des maximes et des réflexions d’ordre philosophique ou éthique disséminées dans le texte.
L’album qui se prête le mieux à cette analyse est sans conteste Amour et Intérim. La fable moderne que Trondheim nous livre aborde des questions aussi essentielles que les limites de l’intégrité et la quête métaphysique de Dieu. Dans cette recherche illuminée de la transcendance divine, des hommes s’enrichissent, mentent, assassinent ou meurent autour du personnage de Lapinot qui incarne sans faillir l’homme honnête, si « ordinaire » que la haine et les luttes de pouvoir lui glissent naturellement dessus.
Loin de se montrer insensible aux actes de violence ou de bêtise qui l’entourent, Lapinot est tout simplement incapable de les comprendre, et celui que l’on juge d’abord dépassé par les événements se dévoile peu à peu comme le seul capable des les affronter sereinement. Il est le garant de la morale de la fable, car c’est uniquement dans sa recherche de l’ataraxie qu’elle pourra s’accomplir.
Le retour à la normalité tranquille qui caractérise la fin de chaque tome dit « contemporain » de Lapinot constitue peut-être la morale en elle-même, la seule qui vaille la peine d'être exprimée et qui reste inchangée puisque le message d’harmonie et d’entente qu’elle délivre est universel. Quelle que soit l’aventure qui l’a précédée, la morale de Trondheim est un retour à une situation d’équilibre fragile qu’il est bon de préserver et dont il conseille à chacun de jouir tant que possible.

326. larry underwood - 13/03/05 23:34 - (en réponse à : philma)
mais attend un peu avant de juger, rah... c'est L'UNE des caractéristiques qui font, à mon humble et très personnel avis, de Blacksad une fable.

325. larry underwood - 13/03/05 23:33 - (en réponse à : vieto)
si t'as un mail et que t'es sage, je t'en envoie un exemplaire dédicacé ;o)

324. larry underwood - 13/03/05 23:32
La tradition populaire semble n’avoir retenu des Fables que ses courtes maximes, sous la forme de quelques vers facilement mémorisables, qui viendraient systématiquement conclure le récit. Comme une manière pour l’auteur d’indiquer que son conte s’achève, et que la leçon à en retenir est d’une simplicité confondante. C’est oublier combien de drames se dénouent sans la présence rassurante d’une moralité, sans que l’auteur ne s’attarde à livrer les clés nécessaires à la compréhension immédiate de son travail. Le texte conserve ainsi son mystère et nous incite à rassembler les indices disséminés.
Que l’on songe au nombre de fables dont la conclusion morale explicite fait défaut : le second recueil en regorge. Le Rat qui s’est retiré du monde ; Le Héron La Fille ; Le Savetier et le Financier ; toutes indiquent que le but de La Fontaine n’est pas aussi moralisateur que le prétend l’opinion commune. Bérengère Parmentier relève que ce procédé de la disparition, de l’ellipse de la pensée facile, est une constante chez l’auteur qui cherche à briser les habitudes du genre pour guider son lecteur vers un investissement supérieur :

« La Fontaine subvertit ironiquement les données génériques de la fable. Le genre de l’apologue suppose une distinction marquée entre récit et morale, et La Fontaine le rappelle lui-même dans la Préface du Premier recueil ; mais il précise aussitôt qu’il s’est parfois dispensé de la moralité. Dans le Second recueil, La Fontaine bouleverse radicalement ce modèle : parfois, les récits ne sont suivis d’aucune morale, ou bien les morales se dédoublent, des morales contradictoires sont dispersées en divers points du récit. La Fontaine détourne la structure allégorique du genre pour mettre en cause les rapports entre le récit et la moralité, entre les faits et le sens. »

Comme La Fontaine, nous le verrons, Canales, Guarnido et Trondheim sont des moralistes, dans la lignée des penseurs du XVII° siècle qui ne cherchaient pas tant à délivrer une ligne de conduite qu’à en saisir les possibilités d’énonciation.
Pour l’heure, il faut concentrer notre attention sur les modalités de l’absence, autrement dit sur la façon dont la morale est évacuée de la fin du récit afin de le parcourir en profondeur du premier au dernier vers, et de la vignette d’ouverture à la dernière image du livre.

323. philma - 13/03/05 23:31 - (en réponse à : Larry/Blacksad)
Le fait de parler de La Ville est un procédé assez classique. Si les protagonistes de Blacksad étaient humains qu'est-ce que ça changerait? J'ai toujours pensé que ce coté animalier n'avait d'autre but que de montrer les talents de dessinateur animalier de Guardino.
Pour Lapinot cette transposition animalière a certainement quelques racines dans les possibilités graphiques de Lewis trondheim, je crois que c'est plus ou moins ce qu'il dit, mais il s'en sort plutôt très bien.

Tsss ne pas connaître Chlorophylle...

322. Vieto - 13/03/05 23:31 - (en réponse à : Larry l'Erudit (tiens, ça rime ;-)))
Il sort d'où, ce texte??

321. larry underwood - 13/03/05 23:30
Oui, mais considère Lapinot dans son ensemble, comme une ample comédie dont la scène est l'univers, comme le dit La Fontaine : que fais-tu de ces changements d'époques et de lieux ? D'un album à l'autre, le lapin est un cow boy, un reporter, un amoureux transi, un quidam quelconque dans une grande ville... le chat est tour à tour le bon copain, le méchant, le traître, le sous-fifre etc.


En revanche, l’objectif didactique des fables est resté inchangé : offrir au lecteur les moyens d’une réflexion sur la nature humaine par le biais d’un conte. Il convient évidemment de ne pas limiter une fable à sa seule dimension morale – une erreur trop souvent commise dans le cadre de l’enseignement scolaire qui cherche à « faire apprendre » ces poèmes aux élèves comme on retient par cœur un proverbe ou une leçon de choses – mais la moralité inhérente au genre nous exhorte à en rechercher les traces dans le dénouement des bandes dessinées de notre corpus.
Or il nous est apparu, comme souvent dans les Fables de La Fontaine, que les morales les plus intéressantes, les plus adultes, porteuses de multiples sens, sont les morales… inexistantes. Autrement dit, les moralités absentes du récit, invisibles, non inscrites dans le texte noir sur blanc par l’auteur et qu’il nous faut rechercher, débusquer et comprendre. Blacksad, ainsi que la majorité des Formidables aventures de Lapinot, sont dépourvus de morales explicites comme nous nous proposons de le démontrer.

320. larry underwood - 13/03/05 23:27
En situant Les formidables aventures de Lapinot dans un contexte identique de grande ville européenne, Lewis Trondheim se positionne volontairement dans l’optique du récit fabuleux où les animaux sont les habitants d’une cité pouvant correspondre à celle de chacun de ses lecteurs. Tandis que les héros de comics déjà cités réclament une identité urbaine forte, qui leur permet de devenir les symboles de la communauté à laquelle ils sont liés, Lapinot réside dans une ville anonyme, aussi semblable à d’autres qu’il est lui-même identique à chaque visage, à chaque passant.

(...)

Conscient de ce que l’approximation géographique a d’insuffisant pour valoir à ses récits le titre de fable, Trondheim imagine un concept de bouleversement temporel, qui l’autorise à promener son lecteur d’une époque à une autre, à travers les grands genres littéraires et artistiques. Lapinot, l’animal-acteur susceptible d’endosser tous les visages, tous les caractères, devient alors un cow-boy héros de western, un amoureux romantique, un journaliste enquêteur dans la lignée de Sherlock Holmes et pousse même le jeu de l’identification jusqu’à incarner un personnage de bande dessinée dans un récit en hommage à Spirou & Fantasio.
Chacune de ces aventures, intercalées avec l’époque contemporaine où Lapinot retrouve son statut de monsieur-tout-le-monde, est l’occasion pour l’auteur de transmettre le message moraliste d’une fable profondément humaniste, éclairée et lucide, que le lecteur accepte de recevoir et d’interpréter comme il en est des Fables de La Fontaine. Le récit, parcouru de bons mots, de logique humoristique légèrement cynique et décalée, n’a jamais la prétention d’asséner une vérité, ni un éventuel mode de conduite honorable qu’il faudrait tenir pour être digne du personnage auquel le lecteur s’identifie.
Les changements de lieux et d’époques sont les ingrédients de la fable, une technique d’écriture propice à la fantaisie et à l’imagination.

(...)

Lapinot et Blacksad sont les derniers-nés d’une longue tradition. Chez La Fontaine, la fable des Deux Coqs transporte le lecteur dans le temps au point d’assister à la chute de Troie, la bataille légendaire qui donna naissance à la civilisation occidentale moderne :
Amour, tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint
Cette querelle envenimée
Où du sang des dieux même on vit le Xanthe teint.

L’écart est ainsi fait entre la plus ancienne période connue de l’histoire latine, dont on ignore même en dehors des écrits d’Homère si elle fut réelle ou imaginaire, et le temps de l’auteur, qui rend compte dans l’immédiat du présent de sa société.
Dans son analyse de la notion de temps dans les Fables, Odette de Mourgues nous confirme que l’ambition affichée de l’auteur est avant tout universelle, et que les événements historiques propres à son siècle lui servent de base d’écriture, comme une source d’inspiration en temps réel, une muse quotidienne qui confirme un propos orienté vers la persistance :

« Certaines fables peuvent être inspirées en partie des événements contemporains et il est tout à fait possible que la cour de Louis XIV ait pu fournir quelques exemples intéressants de politique machiavélique. Mais le tableau que nous donne La Fontaine de la société est un tableau général qui va bien au-delà de son temps. »

(...)

Thierry Groensteen envisage l'expansion de la bande dessinée animalière comme l’héritage direct de la tradition fabuliste :

« La bande dessinée animalière a connu un tel développement parce qu’elle se situe au confluent de deux traditions : celle de la littérature enfantine, d’une part, celle de la satire et de la fable, d’autre part. »

La dimension duelle de la fable est l’atout principal de son ambiguïté. Elle met en scène des êtres hybrides – nés de l’imaginaire collectif et du caprice de celui qui les anime – qui tiennent aussi bien de l’homme que de la bête, et cela sans que la frontière entre les deux mondes puisse être définie. Cependant, existe-t-il une charnière à cette opposition ? Les deux univers jusqu’alors parallèles conservent-ils encore chacun leurs attributs spécifiques ou sont-ils liés au point de fusionner pour ne plus former qu’une vaste scène théâtrale où se déroule la comédie ?
La limite est infime, et loin de nous éclairer en dissociant les éléments propres à chaque domaine, elle renforce la confusion en nous donnant le sentiment qu’il est possible de pencher davantage vers l’une ou l’autre hypothèse – ces animaux sont-ils conscients d’agir tels des êtres humains ou ces hommes se voient-ils comme les bêtes qu’ils sont réellement ? – pour mieux se soustraire ensuite à l’interprétation.
Le premier tome de Blacksad en est l’exemple le plus significatif. Par son titre même, Quelque part entre les ombres, cette fable se fait l’écho du récit qu’elle met en scène, celui de personnages évoluant entre deux mondes indistincts, aux contours brouillés, et qui cherchent à établir leur nature véritable.
L’illustration de couverture fait correspondre la forme au fond de l’intrigue annoncée par le titre : le personnage est déjà « entre les ombres », tête de chat à morphologie humaine perdue dans la fumée et qui se confond avec l’arrière-plan. La part de l’homme semble perdue dans l’ombre tandis que le chat en sort littéralement, selon la tradition du chat de gouttière errant dans les ruelles. C’est une introduction idéale à la fable qui va suivre : le titre, énigmatique, redouble le dessin qui l’accompagne.

319. martin - 13/03/05 23:27
je ne vois pas d'ambiguité temporelle ni géographique dans Lapinot : il s'agit d'une ville européenne aujourd'hui. Ses habitants vivent comme nous, même niveau technologique, même habitudes sociales.
Si les personnages n'étaient pas animaliers, on ne penserait même pas à une ambiguité.

318. larry underwood - 13/03/05 23:20
C'est un début, quelques réflexions générales sur le rapport de la fable à l'ambiguité temporelle et géographique... j'arrive avec les définitions.


Les fabulistes s’évertuent à créer un univers plausible, dans lequel les animaux ont la parole et vivent et meurent comme les hommes, en prenant soin de toujours marquer un décalage vis-à-vis de la réalité qu’ils imitent. Le lecteur, maintenu dans une approximation spatio-temporelle qui lui refuse l’identification précise des références historiques et géographiques, doit accepter les règles d’un monde qu’il juge semblable au sien malgré les divergences. Afin de préserver le plaisir de la lecture, de jouer avec l’intelligence de son interlocuteur, La Fontaine refuse de définir précisément la scène sur laquelle se déroule le grand spectacle, « l’ample comédie », miroir de notre société qui prend ainsi conscience de ce qu’elle est : une vaste pantomime.

(...)

Quelles sont les villes imaginaires et pourtant si réelles que parcourent Blacksad et Lapinot ? En quel temps, en quel endroit du monde ces personnages deviennent-ils les témoins de l’époque dont l’auteur a choisi d’offrir sa vision ?
Lorsque La Fontaine associe « les Levantins », la « Hollande » et « un dervis » dans Le Rat qui s’est retiré du monde , il brouille tous les repères géographiques du récit et construit une réalité parallèle, issue de l’évocation de références connues du lecteur comme faisant partie de son propre univers. Cette cartographie excentrique qui se déroule du nord de l’Europe jusqu’à l’extrémité du continent asiatique permet de situer la fable aussi bien en tout lieu que nulle part, et au lecteur de voyager au gré de la fantaisie de l’auteur dans un monde bâti sur le modèle du réel, mais qui n’en constitue qu’une interprétation.
De même que Les Souhaits nous font arpenter les routes, de rives indiennes en neiges de Norvège, La Cour du Lion déplace le banquet du roi depuis le château de Versailles – dont la présence n’est suggérée que par connotation – à la cour d’un Louvre à peine réinventé.

(...)

Partant de la représentation collective de « la grande ville américaine » ou bien du « quartier de banlieue défavorisée », les auteurs de Blacksad établissent une scène mythologique née de l’imagerie populaire dans laquelle le lecteur se sent immédiatement à l’aise, en terrain connu. Un décor familier est davantage propice à l’expression d’une morale.
Or la ville de Blacksad n’est pas la reproduction d’une mégalopole particulière, comme le cinéma nous les fait arpenter. A l’instar de l’Europe de La Fontaine, elle provient d’une agglomération de détails empruntés à chacune de ces grandes cités, et semble née d’un croisement entre New York, Chicago, Philadelphie, ou même les villes imaginaires de la bande dessinée américaine telles que Métropolis ou Gotham City .
Blacksad ne vit pas en ville, il s’agit de LA ville, d’un fantasme urbain engendré par des générations de légendes et de transpositions artistiques et qui renvoie ainsi le lecteur solitaire à la vision d’une ville qu’il partage avec l’ensemble du lectorat. Une réalité partielle, convaincante tout en étant presque trop réelle, dans la mesure où le moindre détail est à sa place, intégré dans un univers fonctionnant en autarcie, et marque l’unique frontière entre le monde fictif de la fable et la réalité qu’il interprète.

317. martin - 13/03/05 23:19
Larry, très bien si tu me proposes une autre définition de la fable. Et si elle s'applique à Lapinot, bravo.

Sinon, ce n'est pas l'utilisation de l'animalier que je ne trouve pas crédible.
Je ne connais pas Chlorophylle (sauf de nom), je rapproche plus lapinot de "Monsieur Jean".



 


Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio