Watchmen / Les Gardiens par Alan Moore et Dave Gibbons

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416. Lien Rag - 08/05/08 23:31
Merci, juste tu as oublié d'ajouter un énorme Spoiler avant tes propos...
J'avoue n'avoir pas percuté que l'auteur du Comic de pirate était le même qu'on retrouve sur l'île.
Il y a aussi dans cette histoire le fait qu'on n'échappe pas à son destin, je crois; que les tentatives maladroites pour ce faire ne font qu'enfoncer encore plus.

415. Philhary - 08/05/08 22:15
Il y a plusieurs raisons qui à mon avis peuvent expliquer cette histoire de pirates. D'abord les plus évidentes: Max Shea, le scénariste du comics est un des artistes enrôlés sur l'île pour imaginer la créature d'Ozymandias, créature horrible, de même que son histoire est malsaine, violente, noire et adulte. Adulte, voilà l'autre point. Au-delà de l'hommage rendu par Moore au comic, il intronise celui-ci comme un art à part entière. La notice biographique de Shea et le fait qu'il soit enrôlé sur l'île le disent clairement: l'auteur de comics peut être un véritable artiste, la bande dessinée n'est pas nécessairement synonyme d'infantilisme. Partant, on peut très bien voir Alan Moore lui-même, qui nous donne à lire une histoire "adulte" de héros en collants, derrière le personnage de Max Shea. Ensuite comme tu l'as dit, l'histoire montre un homme qui devient criminel en sauvant les siens.
Les autres motifs de ce récit enchâssé sont probablement liés à une question de rythme. La lecture de ce comics s'accompagne des propos du kiosquier qui nous donnent des renseignements sur le contexte politique etc., qui devient de plus en plus menaçant, de même que l'histoire de pirates devient de plus en plus oppressante. Réalité (du kiosquier) et fiction (du gamin qui lit) se rejoignent en faisant monter la tension vers un avenir proche qui paraît inéluctable et apocalyptique (cf les aiguilles de l'horloge). Il y a aussi un jeu sur les répliques des gens dans la rue qui souvent font écho à la voix-off du récit. Il y a aussi un jeu sur les couleurs. Remarquons enfin que cette histoire est contée dans un style pour le moins ampoulé, qui contrebalance ironiquement le tragique du propos. L'humour est d'ailleurs très important dans "Watchmen", j'ai l'impression qu'on ne s'y attarde pas beaucoup pourtant.
Voilà mes quelques idées sur la chose, mais il y a sans doute beaucoup d'autres significations.
Merci de m'avoir fait relire "Watchmen". Le dire n'est pas très original, mais il faut être aveugle ou borné d'esprit pour ne pas s'en rendre compte: c'est un chef-d'oeuvre.

414. Lien Rag - 08/05/08 21:53
Bert: Tes arguments se tiennent mais faudra vraiment que je relise, là ça a quand même du mal à passer.
Au fait, tu n'as pas plus que les autres réagi quand j'ai écrit avoir énormément de mal à comprendre exactement ce que Moore voulait dire par son histoire de pirates (à part qu'on devient criminel en voulant sauver les siens), et pourquoi il fallait que ce soit une histoire dans l'histoire.

Dens: non, la traduction exacte est "j'étais trés fier d'avoir remarqué mais après (avant de cliquer sur "enregistrer", quoi) je me suis rendu compte que j'étais pas le seul à savoir lire une image sur BDP".

413. nem° - 08/05/08 16:54
La boîte de mouchoirs est intéressante aussi.

412. dens - 08/05/08 15:44 - (en réponse à : traduction)
"Je suppose qu'il n'échappe à personne" = "je suis tres fier d'avoir remarqué"

Mais moi je trouve que ;es trois positions correspondent plutot a "dis camion!", "manekenpiss" et "twister (pied gauche sur bleu)

411. nem° - 07/05/08 13:51
Don't kill the (few) magic.

410. larry underwood - 07/05/08 03:17

409. nem° - 24/04/08 15:52 - (en réponse à : bert)
Tu oublies les boîtes/sarcophages ;)

408. Bert74 - 24/04/08 14:39
le Comédien progressiste, j'ai quand même du mal à avaler

Et pourquoi pas ?

Il est vraiment le seul à savoir vraiment ce qui se passe, sans vouloir imposer quoi que soit ("Blake était différent : il comprenait totalement la situation et ses implications... Et s'en fichait complètement).
Contrairement à Ozymandias qui veut soumettre le reste de l'humanité à sa vision, ou même Manhattan dont la seule présence change le cours naturelle des choses ("nous vivons tyous dans l'ombre de Manhattan").
Le Comédien n'hésite d'ailleurs pas à renvoyer dans ses 22 le Capitaine Metropolis qui, pour le coup, à une vision ultra-réac du monde (faut voir ce qu'il y a d'écrit sur son plan d'action auquel Blake met le feu).

Comme le laisse entrevoir Sally Jupiter à sa fille, tout le monde à une fausse idée de qui est réellement Edward Blake.

407. Lien Rag - 24/04/08 14:22
Assez d'accord avec ce que dit Bert, mais le Comédien progressiste, j'ai quand même du mal à avaler...

A part ça, la couverture postée par nemO est assez significative en effet. Très belle, en plus.
Je suppose qu'il n'échappe à personne que les poupées Ozymandias y sont dans trois poses différentes, dominatrice/sûre d'elle, triste/résignée/songeuse/coupable et torturée/difforme/pervertie (la tête à l'envers)?

406. nem° - 23/04/08 17:25

405. nem° - 23/04/08 17:03 - (en réponse à : Ozymandias = Ramsès II)
I met a traveller from an antique land
Who said:Two vast and trunkless legs of stone
Stand in the desert. Near them on the sand,
Half sunk, a shatter'd visage lies, whose frown
And wrinkled lip and sneer of cold command
Tell that its sculptor well those passions read
Which yet survive, stamp'd on these lifeless things,
The hand that mock'd them and the heart that fed.
And on the pedestal these words appear:
"My name is Ozymandias, king of kings:
Look on my works, ye mighty, and despair!"
Nothing beside remains: round the decay
Of that colossal wreck, boundless and bare,
The lone and level sands stretch far away.


Percy Bysshe Shelley

404. Bert74 - 23/04/08 16:51 - (en réponse à : Désolé ça va SPOILER un tantinet)
Je ne pense pas que Lien ait loupé quelque chose ou que l'interprétation de nem soit fausse. Les pistes d'analyse offerte par Watchmen sont simplement sur-mulmtipliées.
La construction "en diamant" qu'ont voulu donner Moore et Gibbons au bouquin permet ces inépuisablse discussions : de multiple facettes pour aborder l'oeuvre, chacune étant le reflet de toutes les autres.

Sur la question du "Mal", il me semble que c'est bien Ozymandias qui s'en rapproche le plus dans le bouquin. Lui-même le dit (de façon détournée) : "je ne suis pas le méchant d'un serial de la Republic...". C'est lui l'auteur du meurte initial, et c'est lui qui monte un complot à l'échelle planétaire.
Il se pose aussi lui-même comme un dictateur éclairé : "je vais guider l'humanité vers un nouvel age d'or". Et ses méthodes rappelle les pages sombres de l'Histoire (comme je l'ai déjà dit dans ce sujet, son coup final est tres proche de l'incendie du Reichtag).
Il cherche donc à anéantir le Comédien, perso le plus clairvoyant du bouquin, qui l'a percé à jour avant même qu'il ne songe à son plan ("notre Ozy sera le mec le plus intelligent d'un tas de cendre"). Rorshach non plus n'est pas duppe, mais a une approche beaucoup moins intuitive. Il n'en reste pas moins qu'il finit par le faire assassiner.

Biens sûr Moore a volontairement destructuré toute approche manichéenne possible et donne à Ozymandias un discours de libéral acceptable (il affronte le comédien soit disant parce que ce dernier ne peut accepter "un plan qui met fin définitivement à la Guerre"). Mais qui sait si au final ce n'est pas ce dernier le plus progressiste, Ozymandias étant le vil réactionnaire ?


403. nem° - 20/04/08 08:08
T'as du louper le passage où on voit le groupe de gens participant à son projet.

402. Lien Rag - 19/04/08 22:09
J'ai bien compris l'inversion pratiquée par RatM, et qui n'est pas forcément infondée.
Mais je ne suis pas certain qu'Ozymandias soit réellement l'archétype des corporations et autres lobbies de l'armement qui manipule les politiques américains.
Il me semble plutôt que Moore s'attaque là à un autre mythe majeur de la culture américaine, celui du self-made-superman philanthrope et voyant plus loin que les autres.
Ozymandias n'est à aucun moment présenté (ou j'ai raté une scène) comme l'incarnation du Mal, ce que d'une certaine manière représente pour une partie de la culture américaine le complexe militaro-industriel (ou plus exactement la version caricaturale de ce complexe).

Par ailleurs je me demande bien ce que Snyder va faire de l'histoire de pirates, et comment il va la filmer? Déja que j'ai assez mal compris en quoi elle était nécessaire au récit de Moore (et donc probablement compris trés partiellement sa signification)...

401. nem° - 17/04/08 12:54
Tiens, j'ai retrouvé la date de publication de cet arc des Vengeurs : Avril 1985. C'est à dire plusieurs mois avant la mort du Comédien, et un an et demi avant la première parution de Watchmen. D'ailleurs l'équipe est assez similaire. La Vision, qui est au centre de l'arc, est un archétype de l'homme parfait, l'Übermensch de Nietzsche, comme le Surfer d'argent. Captain America est la version "saine" du Comédien. Il se fait d'ailleurs défenester, mais vers l'intérieur, par Malicia quelques mois plus tôt si je ne dis pas de bêtise, lors du fight avec la Confrérie mutante. La Sorcière rouge est l'équivalent mutant de Silk spectre, sauf qu'elle est gitane et pas juive. Nite owl possède pas mal de points communs avec Black knight, le côté gadgeteer notamment, et ils ont le même prénom : Daniel. Restent Rorschach et Captain Metropolis. Bon, le dernier est un clone d'America, mais l'identité civile d'Ozymandias est plus proche de Steve Rogers. De toute façon il apparaît qu'en flashbacks. Rorschach, là...


400. herve - 16/04/08 20:14
et aussi les rois du Yatta!

399. nem° - 16/04/08 19:48
Maintenant on a mieux que les super-héros : la Starac'!

398. nem° - 16/04/08 19:47 - (en réponse à : P.)
Bah le monde des SH est une construction féerique dans le sens où c'est plus qu'un monde imaginaire ou parallèle, mais d'abord un monde aberrant. De la même façon que Cendrillon devient princesse, des individus souvent quelconques (Peter Parker) deviennent des stars, respectées ou craintes, et personne ne cherche jamais à leur porter atteinte, hormis Jameson et les supercriminels. Je peux pas dire "supervilains".
Dans la vraie vie, on se moquerait complètement d'un gars comme Cap America, l'Araignée serait dans un laboratoire d'étude et Thor aurait été atomisé au nom de la sécurité mais rien à voir avec la Bible. J'avais publié ici-même des planches d'épisodes des Vengeurs où la tentative "rationnelle" de Vision l'androïde du groupe de prendre le contrôle du monde par l'ancêtre d'Internet aboutit à, outre une engueulade monstre avec ses coéquipiers, la révocation du mandat spécial de l'équipe, et l'interdiction de décoller ou atterrir depuis NYC. Tout le monde s'est foutu de ma gueule, mais ces planches datent de 84-85.

397. Philhary - 15/04/08 20:02 - (en réponse à : nem° (post 394))
Qu'est-ce que tu entends par "féérie" précisément?

Intéressant cette discussion, ça m'a donné envie de relire "Watchmen".
Il me semble qu'il n'y a rien à espérer de l'adaptation de Snyder. C'est de la confiture donnée à des cochons comme on dit. Enfin wait and see...

396. nem° - 15/04/08 16:51
Si on considère Ozymandias comme l'archétype des corporations et autres lobbies de l'armement qui manipule les politiques américains (en ce moment même d'ailleurs), on parle bien d'Evil empire. Inversé puisque le terme est néo-con à l'origine et désigne la Russie soviétique conquérante. J'ai souvenir d'ailleurs d'une case ou d'une image promo où l'on voit Veidt dans son bureau, de dos contemplant la ville par la fenêtre, et son bureau est couvert de jouets de la ligne Ozymmandias qu'il vient de lancer. Enfin ce type se prenait pour le descendant en droite ligne d'Alexandre. Symétrie.
Détail amusant, j'ai découvert en fouinant le Net que mon nom de famille, d'origine Barcelonaise, remonte à la Grèce. Plus précisément à Orchomène, la cité du peuple de Jason, le chef des Argonautes :)

395. Lien Rag - 15/04/08 12:51
La première partie de ta phrase: je ne saurais dire si c'est bien à l'Evil Empire de RatM que Moore s'attaque.

Intéressantes aussi tes explications sur la projection...

Sur la sortie de la guerre froide, je crois comprendre ce que tu veux dire (tu ne donnes pas de détails pour ne pas spoiler, c'est ça?), mais est-ce que cela condamne vraiment le lien que je fais entre sortie de l'innocence et sortie de la guerre froide? Le pessimisme de Moore venant alors marquer l'inefficacité de la tentative d'Ozymandias, qui est finalement elle aussi marquée d'une certaine puérilité et du refus d'aborder la politique en tant que telle, et au contraire de continuer à vouloir la remplacer par le mythe.
Je ne suis pas certain d'être trés clair mais je me comprends, c'est déja ça...

394. nem° - 14/04/08 23:38 - (en réponse à : Lien)
Intéressant et assez vrai, au moins la première partie.

Comprends pas, il est bien américain Ozymandias non? Et celui qui met le feu au joli plan pendant leur ancien meeting, c'est bien également un américain.

J'avoue être incapable de confirmer ou d'infirmer que cet aspect est important pour comprendre Watchmen.

Pas besoin puisqu'il s'agit simplement d'expliquer pourquoi Moore s'en est pris aux SH (HS, hahaha!) : maturation de la société américaine.

Tu interprètes un peu ma pensée...

J'interprète surtout tes posts.

Oui, c'est ce qu'il m'avait paru: Moore met en exergue la contradiction entre l'univers des SH et le réel, et probablement travaille cette contradiction dans les deux sens.

D'où la fabuleuse référence à la "terrible symétrie". On peut aussi réfléchit au fait que Rorschach porte le fameux test sur son visage.

Trés intéressant en effet, j'avoue avoir du mal à en saisir tous les tenants et aboutissants.

Si les SH étaient une pure fantasy, ils vivraient dans un monde à la Tolkien, avec ses propres continents, créatures, etc. Ici, il s'agit de projection (au sens psychologique) du subconscient. Moebius parle dans son entretien dans Le garage hermétique de "rêve infantile, dans le bon sens du terme", je crois.

Intéressant aussi comme remarque.

Tu devrais t'intéresser à la féerie, c'est passionnant.

Je comprends ce que tu veux dire, mais je ne suis pas sûr que Moore n'arrive pas à lier les deux justement, à montrer comment on ne peut sortir de la seconde qu'en franchissant la première.

On ne peut pas, c'est le sens des dernières cases avec le carnet, je n'en dis pas plus. Mais également aux paroles de Manhattan, qui est techniquement mort mais continue de tuer.

Reste que traiter de la perte d'innocence en revenant vers les années 80 est si j'ai bien compris le sujet de No Country For Old Men, mais n'est pas la même chose ni que de traiter de la perte d'innocence durant les années 80 (chose que le Gernsback Continuum de Gibson traite trés bien aussi), ni que de parler de la perte d'innocence en 2008.

Oui et non, car Gibson traduit cela de la façon la plus magnifique qui m'ait jamais été donné de lire dans Neuromancien, quand Case essaye d'atteindre la cité qui brille au loin, dans la Matrice, et que plus il avance, plus elle s'éloigne. Il se souvient alors que son sensei lui avait parlé d'horizon événementiel pour définir la Matrice. Le temps s'est arrêté en 1984 (en 1999 en fait).

C'est pourquoi je dis que faire ce film actuellement pose des problèmes théoriques intéressants, et nécessite une profonde réflexion sur les évolutions historiques et sociales intervenues depuis 1985, ainsi que sur le sens profond de la BD, chose qui ne me paraissent pas avoir été faites par l'équipe du film.

Jolie pirouette, mais passons. Je ne crois pas que Snyder ait le moindre recul quand aux message intellectuel véhiculé par Watchmen, même pas sùr qu'il soit conscient de l'incroyable charge de sens d'un tel titre au cinéma.
Mais ne préjugeons pas.


393. Lien Rag - 14/04/08 20:48 - (en réponse à : Bert post 386:)
Ben tu dis qu'il est courant de mettre des types en collant sans décalage historique, et je dis que Moore en tout cas ne pouvait le faire - notamment pour les raisons données par nemO.

392. L'observateur critique - 14/04/08 20:43
Un bon titre : les SH sont HS.

391. Lien Rag - 14/04/08 20:24
Ce que Moore fait, à travers ce coup de poing à l'estomac aux super-héros, c'est s'attaquer à l'un des piliers culturels de l'Amérique, l'Evil empire de Rage against the machine.
Intéressant et assez vrai, au moins la première partie.

Eux n'ont pas le socle littéraire que nous avons. Leur culture papier est basée sur les pulps. Beaucoup d'Américians écoutent encore des livres audio d'ailleurs.
J'avoue être incapable de confirmer ou d'infirmer que cet aspect est important pour comprendre Watchmen.

Tu vois Watchmen comme une description réaliste (et cynique) de l'univers des super-héros.
Tu interprètes un peu ma pensée...

C'est l'inverse : c'est l'univers des super-héros qui est projeté dans le monde réel.
Oui, c'est ce qu'il m'avait paru: Moore met en exergue la contradiction entre l'univers des SH et le réel, et probablement travaille cette contradiction dans les deux sens.

Nuance à l'importance considérable, car les super-héros vivent dans un monde idéalisé, ce n'est pas juste un monde imaginaire.
Trés intéressant en effet, j'avoue avoir du mal à en saisir tous les tenants et aboutissants.

C'est un projection fantasmagorique du monde réel. J'ai lu une certaine quantité de comic-books, et jamais avant Powers je n'ai vu un SH mourir par balle. Même Moore n'a pas osé et s'est "contenté" de jetter le comédien par la fenêtre ou atomiser Rorshach.
Intéressant aussi comme remarque.

C'est une BD sur la perte d'innocence, pas sur la guerre froide.
Je comprends ce que tu veux dire, mais je ne suis pas sûr que Moore n'arrive pas à lier les deux justement, à montrer comment on ne peut sortir de la seconde qu'en franchissant la première.

Reste que traiter de la perte d'innocence en revenant vers les années 80 est si j'ai bien compris le sujet de No Country For Old Men, mais n'est pas la même chose ni que de traiter de la perte d'innocence durant les années 80 (chose que le Gernsback Continuum de Gibson traite trés bien aussi), ni que de parler de la perte d'innocence en 2008.
C'est pourquoi je dis que faire ce film actuellement pose des problèmes théoriques intéressants, et nécessite une profonde réflexion sur les évolutions historiques et sociales intervenues depuis 1985, ainsi que sur le sens profond de la BD, chose qui ne me paraissent pas avoir été faites par l'équipe du film.

390. Bert74 - 14/04/08 19:50
Par contre, je conteste ton affirmation: vue la rigueur scénaristique de Moore, il était difficile de mettre des types en collant n'importe comment dans un contexte moderne

Qu'est-ce que tu contestes là ? C'est exactement ce que je dis !
(ou ce que j'essaye de dire)

389. nem° - 14/04/08 19:26
La tentative de réalisme sur les SH, c'est plutôt les films depuis X-men ou les comics d'Alex Ross : ratée et souvent de mauvais goît.

388. nem° - 14/04/08 19:20 - (en réponse à : Lien)
Mais il y a des types en collant dans Watchmen : dans des FLASHBACKS ;)
Nous sommes en 85, Reagan nous fait une gastro soviétique, tout le monde se dit que ça va pêter, d'ailleurs la mode du fluo démarre en Californie. On est dans un contexte de changement majeur de l'histoire. On commence à peine à s'en rendre compte aujourd'hui mais les années 80 étaient la fin des dernières grandes idéologies qui avaient remplacé les religions au 19e siècle. La crise qui suivit, avec le crach boursier de 87, la chute de l'URSS dans la foulée, puis celle du captialisme qui n'en finit plus (logique puisque nous sommes dans un monde de plus en plus matérialiste) ont prouvé cela.
Ce que Moore fait, à travers ce coup de poing à l'estomac aux super-héros, c'est s'attaquer à l'un des piliers culturels de l'Amérique, l'Evil empire de Rage against the machine. Eux n'ont pas le socle littéraire que nous avons. Leur culture papier est basée sur les pulps. Beaucoup d'Américians écoutent encore des livres audio d'ailleurs.
Tu vois Watchmen comme une description réaliste (et cynique) de l'univers des super-héros. C'est l'inverse : c'est l'univers des super-héros qui est projeté dans le monde réel. Nuance à l'importance considérable, car les super-héros vivent dans un monde idéalisé, ce n'est pas juste un monde imaginaire. C'est un projection fantasmagorique du monde réel. J'ai lu une certaine quantité de comic-books, et jamais avant Powers je n'ai vu un SH mourir par balle. Même Moore n'a pas osé et s'est "contenté" de jetter le comédien par la fenêtre ou atomiser Rorshach.
C'est une BD sur la parte d'innocence, pas sur la guerre froide.

387. Lien Rag - 14/04/08 18:59
Pour mémoire, le fil de discussion est parti (il y a longtemps) justement de ce que je disais qu'il était stupide de vouloir actualiser les Watchmen.
Maintenant maintenir l'intrigue dans les années 85 pose d'autres problèmes, que j'ai mis en lumière.
Et il est clair que ma culture comics déficiente ne m'as permis d'analyser qu'une partie de ce que Moore met en oeuvre dans Watchmen. En plus j'ai indiqué plus bas avoir eu du mal, je ne sais pourquoi, à rentrer dans l'histoire à ma deuxième lecture.
Par contre, je conteste ton affirmation: vue la rigueur scénaristique de Moore, il était difficile de mettre des types en collant n'importe comment dans un contexte moderne. Il me semble d'ailleurs que c'est aussi ce que voulait dire Alan en décalant le contexte historique.

Et de même, si un film est nécessairement (pour toutes les raisons indiquées) une autre oeuvre, rien n'oblige à ce qu'elle soit mauvaise.
Et tu auras sans doute remarqué une certaine différence entre l'uchronie de V. (le film) et l'anticipation que je proposais...

386. Bert74 - 14/04/08 18:20 - (en réponse à : Lien)
C'est vrai que j'ai pas l'impression que tu es vraiment tiré la subtantifique moelle de ces sublimes BD que sont Watchmen et V pour Vendetta (il est vrai que cette moelle est extraordinairement riche en fibre, hein)
L'adaptation cinématographique de V péchait justement par une recherche d'actualisation historique de l'oeuvre : y nous ont inventé un je ne sais quoi de perte de la 2e guerre mondiale par les anglais, et je sais pas trop quoi d'autre.

Contrairement à ce que tu dis il est courant de mettre des bonhommes en collant sans contexte historique décalé. Je crois d'ailleurs que cela a toujours été fait depuis leur apparition : les univres DC et Marvel, pour prendre les plus emblématiques, ne proposent rien d'autre que des héros costumés évoluant dans notre propre histoire, sans en changer le cours (sauf dans Dark Knight, mais là c'est plus un clin d'anticicpation qu'autre chose qu'a voulu donner Miller).

En revanche Watchmen pousse tellement loin ce principe de décalage, avec l'arrivée fondamentale de Doc Manhattan, qu'il ne saurait être adpaté autrement que par une reprise fidèle.
C'est l'essentiel même de l'oeuvre qui veut ce contexte des années 80, donc impossible de le changer d'époque sans le dénaturer encore plus qu'il ne va de toute façon déjà l'être, comme le pense si bien Alan Le Très Haut, Le Très Grand et Très Miséricordeux.

Et c'est ce qu'essaie de te dire aussi le nem, avec son langage direct et néanmoins fleuri...

385. nem° - 14/04/08 17:45
En même temps, si on a pas lu de comics dans les années 80, c'est pas évident, je reconnais.

384. nem° - 14/04/08 17:43
Putain Lien, t'as RIEN capté à Watchmen!

383. Lien Rag - 14/04/08 17:23
Moi aussi je l'ai lu récemment, mais je me souvenais des années 80. Et surtout, Moore l'écrivait dans les années 80.
C'est bizarre que tu ne voies pas la différence; elle se rapproche de la Guerre des Mondes, qui ne peut traiter des mêmes sujets en fin XIX° et en début XXI°.

Par ailleurs c'était évidemment un univers historique décalé (le moyen de mettre des types en collant dedans autrement?), et d'ailleurs je n'ai jamais clairement compris jusqu'à quel point ce décalage est consubstantiel de l'histoire, comment Moore l'a travaillé. Mais c'était un univers décalé dont l'acmé était le même que dans le nôtre à l'époque, juste plus visible. Le décalage servait donc de loupe grossissante, pas d'évasion.

Ce n'est pas impossible de faire un bon film en reprenant 1985, mais ça demande toute une reconstruction, pas une simple adaptation -voir mon message plus bas.
Par exemple V pour Vendetta (le film) aurait pu être intéressant s'il avait représenté une angleterre ayant gagné la guerre contre l'islamisme: là il y aurait eu véritablement interrogation politique et historique à la hauteur de l'oeuvre originale. Comme tu le sais, ce n'est pas ce qui a été choisi...

382. Bert74 - 14/04/08 17:07
Watchmen , la BD, prenait déjà le parti-pris d'un contexte historique décalé : le sur-homme était apparu et avait permis aux US de gagner le Vietnam (je me demande d'ailleurs si il n'était pas évoqué à un moment comme un 51e état), le watergate n'avait pas eu lieu et Nixon était toujours au pouvoir (la constitution US avait d'ailleurs été changé), etc...

C'était vraiment un parralèlle à l'Histoire officielle qui nous était proposé, un parrallèle jubilatoire. D'ailleurs je l'ai lu lors de son édition française vers 1989-1990, donc 4-5 ans après son "contexte", et même si j'avais en tête cet aspect des chose, tout le sel des situations était toujours bien là.

Je ne vois donc pas le problème à ce qu'aujourd'hui on nous vende une histoire se passant en 1985 : au contraire ça aurait vraiment été casse-gueule de vouloir refaire le travail de génie du Maitre en réactualisant toute l'histoire du XXe s. pour les 20 années suivantes.

Par contre, les images des costumes, là... heu... le hibou... ozymandias... mouais... je ne sais pas comment ils vont combiner ça avec les épisodes très noir de l'emprisonnement de Rorschach...

381. Lien Rag - 07/04/08 19:19
Ben c'est que Moore nous parlait d'actualité, et que ce n'est pas la même chose que de parler d'histoire...

Lui: intéressant, je savais pas, j'en était resté au fait que durant toute la guerre froide et à rebours de la propagande officielle les gouvernements occidentaux savaient que l'URSS n'avait aucune intention de déclencher la guerre.

380. Lui - 07/04/08 09:40
Je precise ce que j'ecrivais en dessous.
Dans les années 1980, on nous faisait peur avec la tension est-ouest et un possible affrontement. C'est cette ambiance qui reparait dans la BD.
Dans les Watchmen comme dans le film "Wargame" d'ailleurs, ou "Terminator". L'apocalypse nucleaire est dans les tetes et fait peur.
Mais si la moulinette a propagande nous bassinait avec les mechant rouge pret a nous lancer leurs missiles et les foyers de guerres egionales capables de degenerer en conflit mondial elle ne nous parlait pas du tout des vrais incidents.
C'est a posteriori que mr tout le monde decouvre que ca n'est pas passé loin : La strategie de Reagan etait de mettre l'URSS sous pression par de multiples provocations. Et de lui faire peur aussi. Resultats ils avaient le doigt sur la gachette car ils pensaient que les USA allaient attaquer. L'intox avait trop bien marché.

379. Lui - 07/04/08 09:34
ne passent plus aujourd'hui où l'on sait non seulement que l'apocalypse nucléaire n'a pas eu lieu, mais même que sa menace fut largement un artefact médiatico-politique

Pas d'accord.
L'ouverture des archives montre qu'on a eu chaud dans les années 1980. Et que cela nous fut caché à l'époque.







378. nem° - 06/04/08 19:32
Mais de toute façon faut pas s'attendre à autre chose qu'un strict portage visuel de l'oeuvre initiale, c'est clair.

377. nem° - 06/04/08 19:30
Bon Lien t'es CHIANT là! C'est un contexte historique, récent certes, mais historique tout de même. Je vois pas quel est ton problème avec ça.
Sinon sur les décors, z'ont l'air pas mal du tout. Ca plus Roscharch, on a au moins les séquences de rue qui devraient être réussies. J'attends de voir la gueule du Dr Manhattan.

376. Lien Rag - 06/04/08 17:01
Donc finalement ils ont gardés le contexte de 1985?
D'un côté ça résout le problème que j'évoquais je sais plus où, et ça pourrait laisser présager d'un certain respect de l'oeuvre.
D'un autre côté, 1985, en 1985 c'était contemporain, ça l'est un peu moins maintenant. Et les angoisses de l'époque, magnifiquement retranscrites par Moore, ne passent plus aujourd'hui où l'on sait non seulement que l'apocalypse nucléaire n'a pas eu lieu, mais même que sa menace fut largement un artefact médiatico-politique destiné à souder le "camp occidental" et à maintenir l'URSS dans une course aux armements ruineuse (la meilleure illustration étant donnée par Zep dans son "on nous a dit...").

Maintenant il doit y avoir moyen de construire un vrai travail de réflexion critique sur ce que furent les années 80, ce qu'elles ont signifiées par rapport à la situation actuelle, sur la menace d'annihilation comme essentielle à la culture américaine, etc. - un peu à la manière de "No Country For Old Men". Mais je ne suis pas vraiment convaincu que ce soit ce que Snyder prépare... On aurait confié ça à Moore et Verhoeven, j'aurais été plus intéressé.
Je sais bien que Moore ne s'intéresse pas à l'adaptation cinématographique, mais ça aurait justement été l'occasion de lui expliquer que c'est bien une nouvelle oeuvre qu'on lui demande.

375. larry underwood - 06/04/08 16:13 - (en réponse à : minuit moins 12)

374. nem° - 07/03/08 20:46
Ou fidélité historique puisque les hoplites avaient eux-mêmes des plastrons modelant un torse dans le moindre détail ;)

373. larry underwood - 07/03/08 18:32
hum, ozy a des tétons sur son costume... Snyder, en pur geek, ne peut pas être sans ignorer la polémique au sujet des tétons de Batman et Robin et son esthétique kitchissime... alors, parodie référentielle dans l'esprit Watchmen... ? J'attends de voir...

372. nem° - 07/03/08 16:50 - (en réponse à : chienvert)
De quoi faire réver les vendeurs de dico!

Ah oui, j'avais pas vu! Indeed!

371. larry underwood - 07/03/08 16:33
ah, je sais ce qui me chiffonnait depuis 10 min : le Ozy a la tronche de Steve Buscemi !

370. nem° - 07/03/08 16:32 - (en réponse à : why so serious?)

369. larry underwood - 07/03/08 16:31
le Hibou assume pleinement (peut-être même trop) son côté Batman... je le trouve trop mince et trop "abdominaux moulés dans la combi", mais c'est sans doute une image de son époque glorieuse. Rorshach est très bien, les autres c'est franchement dur de les voir sans rigoler...

368. nem° - 07/03/08 16:30
Non, je déconne.

367. nem° - 07/03/08 16:28 - (en réponse à : blague)
Le comédien est mort.



 


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