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"L'Affaire USA", Alack Sinner, de Munoz et Sampayo. Casterman Romans.
Quatre ans et demi après, les attentats du 11 septembre n'en finissent pas de faire couler de l'encre. Dans "Le Monde" daté du 10 février 2006, on repérait ainsi le titre : "Le responsable de la traque de Ben Laden à la CIA a été limogé".
Quatre ans et demi après, l'encre - et le sang - coule toujours, celle de José Muñoz et de son compère Carlos Sampayo qui ressuscitent pour l'occasion le détective Alack Sinner dans "L'Affaire USA". Ressusciter est bien le terme puisque le looser réapparaît en jogging et pourvu d'une santé éclatante depuis qu'il a cessé de fumer et s'attend à devenir grand-père d'un jour à l'autre. Mais l'Amérique de Munoz et Sampayo ne reste jamais propre très longtemps et les deux nouvelles affaires qui échoient sur le bureau du détective vont vite prouver que l'on a bien du mal à vivre une retraite tranquille au pays de l'Oncle Sam.
Au mois d'août 2001, Alack Sinner est choisi le même jour par deux clientes pour son anachronisme. Il est l'un des rares détectives à donner encore des rendez-vous "secrets" dans l'obscurité d'une église tandis que Big Brother sature le silence de ses écoutes électroniques relayées par satellites. Les oreilles sont partout, derrière toutes les portes. CIA et mafia, Gouvernement font régner une chape de plomb, avec des sbires impossibles à semer au fil de deux affaires qui n'en feront bientôt plus qu'une : une affaire d'Etat, "l'Affaire USA".
On s'achemine tout doucement vers un certain 11 septembre, nullement imprévisible dans certaines sphères de l'Etat selon les auteurs. Personne n'échappe à la manipulation. Ceux qui tirent les ficelles se permettront même de se moquer d'Alack Sinner : "Regardez-le : un innocent aussi puéril que son petit-fils. Le sel de la terre".
L'histoire très dense - bien qu'étalée sur 80 pages - est soulignée par un noir et blanc plus hallucinant que jamais et par un trait qui semble hâtif et épais et pourtant d'une extrême finesse. Comme leur héros, Munoz et Sampayo ont une forme d'enfer et ne ronronnent pas. Leur pessimisme est hélas toujours d'actualité.
Le proverbe du jour :
"11 septembre,
jour des cendres"
(Religion non identifiée, XXIème siècle)
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