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« Encore un exemple où la vie est comme ça », par Paz Boïra. Au Frémok.
Paz Boïra est une illustratrice espagnole formée à Bruxelles et vivant aujourd'hui en France. Est-ce pour cela qu'elle a choisi la forme muette pour s'exprimer ? Apparemment, oui, puisque la jeune femme avoue ne posséder aucune langue au point de l'employer pour son travail. Un livre muet, donc, un livre qui demande au lecteur de faire un bout de chemin pour rejoindre l'auteur. On ne « lit » pas « Encore un exemple où la vie est comme ça » sur un coin de table. On s'y investit. Les livres muets sont souvent les plus exigeants à la lecture. Celui-ci n'échappe pas à la règle, au contraire. On peut le prendre de manière conventionnelle, du début à la fin. On peut aussi faire l'exercice inverse, voire commencer au milieu. Paz Boïra ne raconte pas d'histoire, au sens conventionnel du terme. Elle propose une vision extrêmement poétique du rapport de l'homme à la femme. Ses cases sont d'une puissance et d'un dépouillement étonnants. Jouant sur les symboles, sur les métaphores, sur les métamorphoses surtout, elle introduit sexualité et sensualité entre ses deux personnages. Elle les fait passer d'un état à un autre par une sorte de magie non dite. Agrandis pour l'impression, ses dessins au crayon sont tout simplement magnifiques. Ils semblent toujours en mouvement, comme extraits d'un film d'animation juste pour le livre. Il y a dans cet ouvrage un pouvoir hypnotique, une beauté grave et presque grasse qui fait qu'on le rouvre plusieurs fois après l'avoir lu, au hasard des pages, pour prolonger le plaisir de l'il. Bien sûr, les choix de Paz Boïra requièrent quelque prédisposition à la lecture d'uvres basées non plus sur le rapport texte-image ou sur le scénario mais sur le sens développé par le seul dessin. Pour lecteurs avertis, donc.
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