« Sanctuaire » de Mike Mignola, chez Rackham.
Mignola est incontestablement l'un des hommes de l'année de l'autre côté de l'Atlantique. Mais chez nous, il n'est pas en reste. Non seulement B.P.R.D., paru chez Delcourt, a changé les lecteurs d'Hellboy de leur quotidien. Mais ce « Sanctuaire » est une excellente initiative de Rackham, car il nous propose de retrouver Mignola dans un exercice radicalement différent. Le graphisme en noir et blanc de cet album vaut à lui seul un coup d'il. Et même si la première histoire, celle qui donne son titre à ce livre, ne restera pas forcément dans les mémoires, la seconde, plus longue, est un pur bijou. Dans « Gotham à la lueur des réverbères », Mignola développe un récit d'une grande intelligence et d'une belle inventivité. Il plonge dans les racines peu explorées de Gotham City en nous racontant les origines du mythe de Batman à la fin du 19ème siècle. Et tant qu'à faire, il mêle l'histoire de l'homme chauve-souris à celle de Jack L'Eventreur. Un récit qui plaira aux nombreux lecteurs du « From Hell » d'Alan Moore. Restituant une Gotham inédite mais fascinante, Mignola se joue des références et mélange habilement personnages de fiction et personnages historiques. En pratiquant cet exercice, il donne d'autant plus de crédibilité à Batman qui devient lui aussi en quelque sorte une figure historique. L'auteur utilise brillamment toutes les subtilités du noir et blanc et du découpage, mais aussi celles de la narration, jouant sur plusieurs tableaux, créant une part de mystère et installant un suspense intéressant de bout en bout.
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