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« Le voleur de ballerines », par Yann et Avril. Chez Albin Michel.
Avril a « régné » sur la ligne claire des années 80 au même titre que Chaland et quelques autres. Finalement, vingt ans plus tard, de ce groupe de dessinateurs, ne restent actifs dans le monde de la BD que Dupuy et Berberian. Les autres tenants de cette ligne claire ultra-épurée ont tous pris des voies de traverse, si ce n'est Stanislas qui s'est longtemps fait attendre. L'épure dans le dessin de cette génération est plus qu'un effet de mode. Et Avril en est sans doute l'un des plus grands « maîtres ». Son dessin n'a pas pris une ride, surtout lorsqu'on ouvre ce livre superbement réédité par Albin Michel, qui offre aux auteurs un très bel écrin. Il faut dire qu'il le mérite, ce livre, en tout cas si on le considère au plan graphique. Les pleines pages sont de véritables bijoux. Quant aux enchaînements de dessins jouant sur les formes, les courbes et les lignes, ils sont d'un esthétisme absolu. Quand on voit les rares dessins récents publiés par Avril (le petit recueil « Studio » par exemple, même s'il date déjà un peu) et plus encore quand on regarde les toiles ou les dessins publicitaires qui sont devenus son quotidien aujourd'hui, on peut se demander ce qu'il serait devenu s'il avait persévéré dans la BD. Son style est tout simplement magistral. Mais que dire de la pauvreté scénaristique de cette histoire ? Yann n'a pas toujours fait des uvres inoubliables et celle-ci fait sans aucun doute partie de ses péchés de jeunesse. L'a-t-il relue avant la publication ? Si oui, il aura peut-être ri lui-même de la naïveté de son scénario d'époque. Si non, il vaut peut-être mieux qu'il reste sur le sentiment de nostalgie qu'a dû lui laisser cette collaboration... Quoi qu'il en soit, pour le seul plaisir des yeux, voilà une très belle réédition, réalisée avec le soin que méritait l'album.
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