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« La route des Monterias », par Vanoli. A L'Association.
Vanoli là où on ne l'attendait pas. Un récit presque exotique, à tout le moins épique. Tout commence pourtant de manière très classique. Un peu comme un remake de la bande à Bonnot. Des anarchistes, le premier quart du vingtième siècle, Vienne, des courses-poursuites presque dignes d'un film de série B et une fuite vers Hambourg. Et puis l'univers de Vanoli bascule, le lecteur passe sans transition en Amérique Latine. La rencontre avec « Le Singe » sera déterminante. Elle pousse notre héros à s'embarquer sur un paquebot et à voguer vers le Mexique. Vanoli ne s'embarrasse pas de pages de transition. En deux planches à peine, la mer est oubliée ; les grands espaces, le pays neuf à conquérir apparaissent. Et voilà la fresque prête à se dérouler sous les yeux d'un lecteur étonné. Après ce prologue très européen où le noir et gris de l'auteur semblait convenir à merveille, comment va-t-on « croire » au Mexique, à sa chaleur, à ses couleurs, à ses personnages hors-norme ? La force du dessin de Vanoli fait voler en éclat toutes ces questions. Jouant sur les ambiances et sur les lumières, variant les cadrages jusqu'à s'offrir de plus en plus de (magistrales) pleines pages, il nous emmène où il veut. L'aventure est totale, le dépaysement aussi. Il y a quelque chose de magique dans ce livre qui fait penser au travail d'un Blain ou d'un Sfar. Vincent Vanoli peut se contenter de suggérer, la puissance évocatrice de son récit ne demande pas de détails historiques ni de décors rigoureux. C'est le lecteur qui fait le travail, happé par l'imaginaire de l'auteur et par une galerie de portraits saisissante. Finalement plus proche du « Décaméron » que des « Contes de la désolation », l'album s'achève de manière sublime, presque comme une galerie d'art sous votre nez, chaque dessin devenant un tableau.
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