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« Les rats dans les murs et autres nouvelles d'après H.P. Lovecraft », par Reinhard Kleist. Chez Akiléos.
Lovecraft a toujours plu aux auteurs de BD. Souvent cité dans leurs lectures préférées au cours d'interviews, déjà adapté à plusieurs reprises, il possède un univers qui s'adapte parfaitement au dessin et au découpage. Reinhard Kleist en apporte la preuve, une fois de plus, avec cette série de nouvelles en noir et blanc -on imagine mal un jour un Lovecraft en couleur- chez Akiléos. Jouant habilement d'une légère bichromie (il ajoute un gris clair en aplat à son trait noir), l'auteur alterne les planches purement narratives et les pleines pages concentrées sur les effets visuels. Le résultat est brillant. Chaque effet atteint sa cible. Dans « Horreur à Red Hook », la deuxième nouvelle, l'auteur joue en outre à se mettre en scène, puisque l'histoire se déroule dans l'appartement de H.P. Lovecraft lui-même. Quant au récit principal de ce recueil, « Les rats dans les murs », son titre parle de lui-même. Il s'agit ici de l'une de ces excellentes nouvelles d'horreur, où Lovecraft interroge sa propre peur et son dégoût. Chez Lovecraft, les monstres prennent toutes les apparences, la mort est parfois préférable à la vie, la peur suinte à chaque page. Chez Reinhard Kleist, c'est la même chose, jusque dans la dernière nouvelle plus dégoulinante encore que les autres. Une adaptation réussie, donc, grâce à un sens du découpage évident, mais aussi, grâce à un dessin qui combine la lisibilité à la noirceur, jouant sur les ombres et les silhouettes étirées, anguleuses, de même que sur certains regards emplis d'effroi.
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