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« Rien de neuf à Fort-Bongo », par Loustal et Coatalem. Chez Casterman.
Deuxième expérience d'adaptation des nouvelles de Jean-Luc Coatalem par Loustal avec, cette fois, une différence essentielle : il s'agit d'une seule histoire d'une soixantaine de pages. Rien de neuf à Fort-Bongo est tiré de deux nouvelles d'Affaires indigènes, un livre paru en 92 chez Flammarion. Mais les deux histoires initiales n'en forment ici plus qu'une seule, qui nous raconte la descente aux enfers d'un jeune expatrié désoeuvré dans l'Afrique coloniale de la première moitié du vingtième siècle. Loustal y trouve une inspiration évidente. Son dessin, souvent imité jamais égalé comme le dit la formule, exploite les clichés de la moiteur africaine et même son bestiaire -la scène des hippopotames, par exemple- avec un regard qui paraît toujours neuf. Et la longueur du récit lui permet en outre de prendre son temps, installant de très belles images et un découpage respectueux des mots de l'auteur. Puisqu'on parle des mots, Loustal leur laisse une place importante dans son dispositif narratif. Les récitatifs sont nombreux, la langue du romancier grand reporter de Géo y sonne admirablement, sans jamais se placer en concurrence avec le dessin. Quand Loustal s'empare d'un texte, on le sent, c'est avec respect. Pas de redondance entre l'écrit et le dessin, mais pas d'illustration non plus. Il s'agit bel et bien de donner une nouvelle vie à l'oeuvre en réalisant une vraie bande dessinée, avec ses ambiances colorées, ses visions propres (le chantier de « La Lune », la chasse aux papillons, les nuits au bord du fleuve...) et son rythme spécifique. La réussite est évidente. Et comme l'histoire fige un instantané d'une certaine noirceur, la gamme chromatique de Loustal a d'autant plus d'importance pour habiller ce récit.
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