Les enfants de Jean-Philippe Stassen - 2 critiques

Edition : Dupuis
Collection : Aire Libre
Pages : 80 pages en couleurs
Parution : février 04
Auteurs : Jean-Philippe StassenScénaristeDessinateur

Ajouter une critique
 
Par : Thierry Bellefroid Voir les critiques de Thierry Bellefroid (16 mars 2004)

« Les enfants » de Stassen. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

Tout doucement, Dupuis arrive au bout de sa programmation anniversaire qui voit sortir pendant un an un album par mois dans une collection jusque là très économe. Ce rythme de parution soutenu ne nous a pas valu que des perles. Je dirais même que peu d'albums m'ont enthousiasmé depuis le printemps dernier. Depuis le « Là-bas » de Sibran et Tronchet, celui de Stassen est sans aucun doute celui qui m'a le plus touché. On connaît le travail de cet auteur au trait proche de la peinture naïve, on connaît son attachement à l'Afrique des Grands Lacs, et les causes qu'il défend, de Déogratias, paru dans la même collection, à Pawa, édité l'an dernier en noir et blanc chez Delcourt. Pourtant, on est surpris dès le début de ce livre intense par la justesse de ton et la sensibilité que développe Stassen dans « Les enfants ». En choisissant de donner à travers le dessin une foule d'éléments d'une rigoureuse exactitude mais de gommer dans le récit lui-même toute allusion à l'emplacement précis de l'histoire, Stassen la rend universelle et intemporelle. Nous ne sommes pas dans le « reportage », pas plus que dans le documentaire. Nous sommes dans la fiction. Et aussi bien aujourd'hui que demain, au Congo qu'au Rwanda, nous suivons avec émotion les pas hésitants de coopérants plus ou moins bien intentionnés dans un monde qui a perdu ses repères. Mais avant tout, Stassen nous fait entrer dans l'univers de ces enfants de la guerre, à sa manière, sans prendre de gants. La folie ordinaire et quotidienne, névrotique, obsessionnelle, schizophrénique, même. Le mensonge en guise de système de survie, qui permet à un jeune adolescent orphelin d'avoir le sentiment d'exister à travers le regard des autres garçons. La dépendance, la jalousie. Chaque dialogue, chaque situation, est pour Stassen un moyen d'aller plus loin dans cette description à la fois fictive et précise d'une génération perdue. C'est d'une efficacité sans pareille. Certains choix apparemmment anodins contribuent au succès de ce récit. Ainsi, le fait de donner la primauté à la langue locale sur la langue parlée par les blancs nous donne l'impression que ce sont les coopérants qui parlent « le petit nègre », ce qui, dans la réalité de ces enfants est tout à fait exact... et ce qui renforce donc l'identification du lecteur à ces héros. En même temps, à travers la fiction, à travers l'histoire qu'il raconte, Stassen fait en sorte que « Les enfants » n'apparaissent pas comme un livre à thèse, comme une démonstration. Et c'est là tout son talent. Un très grand livre.

Par : Manu Temj Voir les critiques de Manu Temj (02 mars 2004)

Si les bandes dessinées dont l'action se déroule en Afrique sont nombreuses, celles qui parlent de l'Afrique sub-saharienne avec justesse sont rares. Les Enfants, comme Deogratias il y a quelques années, est de celles là.

Evidemment pour qui est allé traîner son sac sur ce continent, parler de "l'Afrique" comme d'un tout uniforme et sans nuances n'a pas plus de sens que d'écrire que Varsovie et Barcelone sont deux villes identiques et qu'avoir visité l'une c'est avoir visité l'autre. Non, l'Afrique est aussi diverse que l'est l'Europe ou l'Asie et Stassen a toujours insisté sur cet aspect : il a jusque là parlé du Rwanda, et seulement du Rwanda.

Pourtant cette fois-ci il tente de présenter un pays d'Afrique Centrale ou de l'Ouest un peu indéterminé. Une forme de réalité africaine, générale, cruelle et pessimiste. C'est dire si l'exercice est difficile. Il est réussi aves maestria.

Les rapports entre coopérants blancs, toujours plus ou moins guettés par le néo-colonialisme, et populations locales sont dépeints sans la moindre consession ; comme jamais la BD ne l'avait encore fait. Si vous êtes allé dans l'un ou l'autre pays d'Afrique noire, vous reconnaîtrez ces figures de bon samaritains blancs incapables d'appréhender la réalité de leurs amis africains, de jeunes africains fanfarons et afabulateurs, de chefs locaux respectés et naturellement corrompus...

Si vous ne connaissez pas même un tout petit bout d'Afrique, croyez ce que vous écrit Stassen et laissez aux placards les fables hollywoodiennes.

Bien-sûr cet album n'a pas le suspens, le couperet final morbide de Deogratias, mais si le récit est plus filant, plus terne, il l'est à dessein, certainement encore plus aboutit.

Bien-sûr, on peut critiquer le point de vue de Stassen, le trouver trop pessimiste. Le débat reste à ouvrir.

Mais si vous vous intéressez un tant soit peu à la vie du monde qui nous entoure, ne ratez pas Les Enfants !


 


Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio