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« Planètes volume 3 » de Makoto Yukimura. Chez Panini Comics.
Voilà le genre de manga qui gagne à être lu jusqu'au bout (encore que la fin de ce troisième tome ne soit pas le « bout » en question...). Le prologue partiellement en couleur du premier album vous donne un avant-goût du côté adulte qui va être développé dans l'histoire, en dépit d'un dessin parfaitement conforme aux canons japonais du genre. Cependant, vous n'imaginez absolument pas que près de 700 pages plus loin, vous allez vous retrouver dans une histoire d'anticipation sur la conquête spatiale dans les années 2070, plus proche d'un récit philosophique que d'une grande histoire d'aventure. Le talent de Yukimura est de se servir de ses personnages pour sonder l'âme humaine face au défi de la conquête de l'espace. En choisissant de ne s'attacher qu'à très peu de personnages, l'auteur peut leur donner de l'épaisseur. Cela les rend attachants mais surtout, cela permet de les faire évoluer. Le héros principal de la série, le jeune Hachimaki, fils d'astronaute et littéralement dévoré par l'ambition de devenir à son tour l'un des plus grands, en est la parfaite illustration. En nous proposant ce héros très entier et pas très sympathique, rejetant tout ce qui s'apparente à l'illusion de l'amour, Yukimura prépare le matériau d'une tranformation. Mais le garçon ne va pas tout simplement devenir gentil ou s'ouvrir aux autres. Il entame dès le deuxième livre une longue quête d'identité qui va l'amener à épouser ses rêves tout en revoyant ses priorités. La conversion ne s'accompagne pas d'un renoncement. Au contraire, elle conforte Hachimaki dans ses ambitions. Mais elle donne un sens nouveau à celles-ci et éclaire la conquête spatiale de cette touche humaine qui semble tant lui manquer en cette fin de vingt et unième siècle, alors que l'homme commence à coloniser la planète Mars. La leçon des trois premiers livres -qui prouvent au passage que l'auteur s'est longuement renseigné sur le sujet- est cette maxime : le bon astronaute est celui qui revient vivant. Pour cela, il faut qu'il se sente attaché à quelque chose ou à tout le moins à quelqu'un. C'est tout le sens du récit de Planètes.
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