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« Le cabinet chinois » de Nancy Pena, à La Boîte à Bulles.
Dès la première case, Nancy Pena installe une ambiance à la fois graphique et narrative, qui attire le lecteur. Assurément, cette histoire-là va nous emmener dans un univers personnel, original. Le trait est élégant ; il allie la rondeur, la féminité même, à une aridité propre au dessin inspiré de la gravure. Quelque chose comme un Isaac le Pirate plus rond que pointu. Et d'ailleurs, puisqu'on parle d'Isaac le Pirate, il est curieux de constater que l'histoire commence à peu près de la même manière. Isaac laisse sa fiancée pour aller dessiner sur les bateaux, Corneel abandonne la sienne par idéal de modernité. Le personnage de cet alchimiste n'est guère sympathique. Egoïste, vaniteux, son discours sur le monde qui l'entoure prête à sourire tant il est empreint de fatuité. La belle, elle, est tout à l'opposé. Séquestrée dans la maison labyrinthique d'un riche négociant -celui-là même pour lequel travaille en secret son ex-fiancé-, elle subit d'abord les événements, avant de trouver des alliés dans le cabinet chinois, la pièce magique où des êtres qu'elle est la seule à voir lui permettent de surmonter sa solitude. Tout cela se passe dans une Hollande des débuts de la Renaissance, au XVIème siècle, avec ce qu'il faut de poésie, de sagacité et de sensibilité pour qu'on reste accroché d'un bout à l'autre. Nancy Pena a un vrai regard sur ses personnages et sur son travail. Elle ne se contente pas de raconter. Elle se raconte, en pointillé.
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