Glénat Québec

Lu dans Le Devoir :
Chaussette à clous et huile à pneus, comme dirait le Concombre masqué. Après des mois de discussion, la maison d'édition française de bandes dessinées Glénat vient de se donner une base au Québec avec l'ouverture la semaine dernière de Glénat Québec, a appris Le Devoir. Par ce geste, le célèbre éditeur confirme ainsi son intérêt pour les créateurs québécois d'histoires à bulles qu'il souhaite ainsi dénicher plus facilement... pour mieux les faire voyager.

Glénat Québec vient donc agrandir la toute petite famille des maisons d'édition spécialisées dans le 9e art qui évoluent actuellement au Québec. Avec une mission claire: «Rechercher de jeunes ou de nouveaux auteurs québécois afin de les aider à entrer sur le marché local, mais aussi à percer le marché européen», a résumé hier lors d'un entretien Christian Chevrier, propriétaire et président de la nouvelle maison. L'homme est actuellement directeur général d'Hachette Canada.

Selon lui, la branche québécoise de Glénat ne devrait pas venir cannibaliser le marché actuel de la bande dessinée, mais plutôt stimuler sa croissance. «Nous allons chercher principalement des titres dans l'esprit de la bédé franco-québéco-belge [comprendre: des histoires continues en couleur ou encore des récits se lisant planche par planche]. Les romans graphiques [dont les deux principales maisons du Québec, La Pastèque ou Mécanique générale, sont les spécialistes], nous n'en voulons pas», a-t-il indiqué.

L'éditeur compte sur le Salon du livre qui va ouvrir ses portes dans deux semaines à Québec pour faire sa première apparition publique, mais aussi pour y lancer ses premières lignes à la mer afin de remonter de nouveaux talents. «Je ne sais pas s'il y en a plus au Québec qu'ailleurs dans la francophonie, a dit M. Crevier. Mais je sais qu'il y en a ici. Les bonnes idées ne manquent pas. C'est le temps et les ressources qui font défaut.»

La «campagne de pêche» de Glénat au Québec devrait permettre la publication de cinq à six titres d'ici la fin de l'année, pour commencer, espère le nouvel éditeur qui avoue avoir actuellement sur la table «une vingtaine de projets». «En 2008, nous espérons multiplier nos publications par quatre. Le rythme de publication de bandes dessinées au Québec est intéressant. Mais il pourrait être encore plus soutenu.»

En mai dernier, de passage à Montréal, Jacques Glénat, le grand patron de l'empire du phylactère, avait en effet évoqué dans nos pages son intention d'ouvrir une succursale de sa maison ici. Pour lui, le Québec représenterait en effet «un centre de créativité très intéressant», disait-il à l'époque. «Les signes qu'on observe ne trompent pas. La température commence à monter, c'est sûr, et un éditeur se doit de chercher les façons d'en profiter.»