Les Sarcophages du Complexe

4. Lien Rag

- 09/06/05 23:35

Mini-interview du dessinateur dans Libération d'aujourd'hui:

Mohammed Nadrani Dessinateur, 52 ans
jeudi 09 juin 2005 (Liberation - 06:00)

Détenu sans jugement et au secret de 1976 à 1985. Il passe par «le Complexe» à Rabat, les bagnes d'Agdz et Kalaât M'Gouna, dans le Sud marocain.

«Nous avons laissé 57 cadavres à Agdz. Des gens qui ont succombé aux maladies, à la malnutrition. Nous étions battus à longueur de journée à coups de manche de pelle. "Tant pis pour ceux qui meurent", on l'a entendue cette phrase. Il y avait un linceul au milieu de la cour, on le voyait en allant aux toilettes.

Les habitants d'Agdz savaient que c'était un bagne mais le contournaient. Même pendant les fêtes de mariage, c'était interdit d'utiliser un appareil photo. Le ksar est un très beau monument en pisé, en plein milieu du village. Un point noir dans la région, il n'y avait qu'une seule route qui y conduisait. Pas de tourisme. Les auberges n'étaient jamais mentionnées.

J'ai essayé d'y retourner à partir de 1993, sans trouver, personne ne voulait parler. En 2000, j'ai réussi à le localiser. Je suis entré dans le bagne en me faufilant dans une brèche. Là, j'ai réussi à recoller les morceaux de ma vie cassée.»

3. belakun

- 07/05/05 14:44

pas d'info donc sur une éventuelle version française ? chez Actes Sud ?

2. Lien Rag

- 05/05/05 10:50 - (en réponse à : D'après l'AFP..)

L'aventure artisitique de Mohammed Nadrani, ancien détenu politique marocain, a commencé lorsqu'il a découvert dans sa cellule un morceau de charbon, raconte-t-il dans une bande dessinée de 48 pages qu'il a publiée au Maroc.

"Les sarcophages du Complexe" est la deuxième bande dessinée sur les années de plomb marocaines après celle d'Abdelaziz Mouride, "On affame bien les rats", parue en 2000.

"Jusqu'au jour où j'ai découvert un bout de charbon de bois dans ma cellule. J'ai noué avec les fils de mon pantalon un petit pinceau. Ce fut mon premier contact avec le dessin", écrit M. Nadrani qui associe les pénibles conditions d'incarcération de jeunes militants des années 1970 à l'image de sarcophages.

Les dessins, en couleur, racontent la vie étudiante de Nadrani qui sera interrompue par l'incarcération. Les détenus sont dessinés avec des bandeaux sur les yeux, allongés sur des lits de fortune et constamment surveillés par des gardiens.

Ancien militant d'extrême gauche, Mohammed Nadrani a été arrêté en 1976. Il a été transféré dans trois centres secrets de détention: le Complexe à Rabat, qui donne son nom au titre de la BD, Agdz et Kalaât Mgouna dans le sud. Il a été relâché, sans procès, le 31 décembre 1984.

"Je suis fier de moi-même, avec cette bande dessinée, j'ai relevé un défi car les tortionnaires voulaient écraser ma personne", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ils ont souhaité aussi nous voir raser les murs, et voilà qu'un vaste mouvement culturel s'exprime avec vivacité au Maroc", a-t-il dit.

Mohammed Nadrani - Les sarcophages du Complexe, 48 pages, éditions Al Ayam, avril 2005 - Casablanca.

1. Lien Rag

- 29/04/05 12:50

Quelque arabophone (et surtout -isant) pourrait-il nous dire ce que vaut la BD "Les Sarcophages du Complexe" de Mohammed NADRANI récemment parue à Rabat?
Autant la BD existe en milieu maghrébin (au moins les pulps), autant la BD en arabe me paraît franchement rare, à part quelques exemplaires didactiques (type "Belles histoires de l'Oncle Paul"), c'est donc une initiative intéréssante, et l'auteur semble être réellement habité par son dessin, pas du tout suivre une mode.
Soleil a-t'il l'intention de la traduire?