Harry Morgan

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32. yancomix - 02/09/04 17:31
J'avais envoyé un mail pour poser cette question à Mosquito, qui me semblait être une maison d'édition capable de faire ça. C'était il y a… 6 mois. Et toujours pas de réponse… :D

31. Manu Temj - 02/09/04 17:07
A QUAND une réédition ?????????????

30. yancomix - 02/09/04 16:53
Je ne résiste pas à vous conseiller ce lien: un dossier sur PEPITO par Morgan et Hirtz!
Génial! :)

29. yancomix - 19/07/04 18:36 - (en réponse à : david t)
Merci beaucoup. :-)

28. david t - 19/07/04 18:18 - (en réponse à : trois jours plus tard...)
... la critique n'est toujours pas là, alors je me permets de la poster ici pour la toute petite minorité forumesque que ça intéressera... peut-être. :)
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Ce livre de théorie sur la bande dessinée (et plus généralement de ce qu'on peut appeler les littératures dessinées) rebutera sans doute la plupart des lecteurs de BD, même les plus cultivés, mais il mérite tout de même qu'on s'y arrête, car ce qu'il propose est ni plus ni moins qu'une nouvelle base à la théorie.

Principes de littératures dessinées est un livre en trois parties ou, plus exactement, trois essais plus ou moins indépendants réunis en un livre. Le premier essai s'intéresse à la définition en propre des littératures dessinées. Morgan, au fil de dixaines de pages fort bien documentées (l'érudition de l'auteur est remarquable), nous fait apprécier la parenté qu'a la BD avec la littérature en estampes, la gravure "narrative", le roman victorien... tout en nous expliquant pourquoi les hiéroglyphes, par exemple, ne sont pas de la BD, même primitive. Il s'ingénie aussi à critiquer un grand nombre de théories qu'il juge erronées: la relation image/texte, l'architecture "classique" de la BD (case, plans, etc.), l'"invention" de la BD par Outcault ou même Töpffer, etc. Une grande partie de la théorie, nous dit Morgan, ignore une majeure partie du corpus qu'elle étudie, interprète mal ce qu'elle y trouve, met trop d'emphase sur l'environnement de l'auteur et pas assez sur l'individualité (voire: le mystère) de l'auteur lui-même, et, au final, bâtit de formidables chapelles théoriques, édifices qui existent davantage pour leur beauté logique que pour leur utilité propre. De ce point de vue, on peut considérer que Morgan offre une sorte de nouvelle plate-forme théorique, une exigence de rigueur, un point d'ancrage positiviste, pour les chercheurs qui suivront. Il nomme sa discipline "stripologie".

Le deuxième essai est tout aussi passionnant. Morgan y traite des tentatives de censure de la BD aux États-Unis et en France. Dans cet essai, l'auteur s'attarde surtout à traquer l'incompétence et le double langage des censeurs. Morgan affirme, preuves à l'appui, que ces tentatives de censure ne visaient pas tant tel titre ou tel genre de BD, mais bien la BD tout entière en tant que médium.

Quant au dernier essai, assez long, il est franchement surtout à usage académique. Morgan y ressasse son habituel rejet du sémio-structuralisme et de Barthes en particulier, et il y pourfend une nouvelle fois le thème de l'abandon de l'auteur au profit de son environnement (culturelle, économique, etc.) Ceux qui n'ont qu'une idée superficielle du sujet risquent de s'ennuyer quelque peu.

Pour finir, un mot sur l'auteur, Harry Morgan, également co-auteur du Petit critique illustré (PLG): ses adeptes le considèrent comme un chercheur cultivé et d'une grande rigueur, ses détracteurs ne voient en lui qu'un polémiste. Il semble assez évident que ses idées se trouvent en porte-à-faux avec une bonne partie de la littérature critique sur la BD. Si comme moi vous n'avez pas lu grand chose de cette littérature, vous devrez vous contenter d'apprécier la faculté qu'a Morgan de présenter d'abord une théorie adverse, puis de la critiquer posément -- l'auteur n'essaie pas d'endoctriner son lecteur et je me suis trouvé souvent en désaccord avec lui, tout en continuant ma lecture avec plaisir. Et, cela paraîtra assez évident, Morgan est de type conservateur, mais vous savez, McLuhan l'était également.

Une constatation s'impose tout de même: l'ouvrage est intéressant mais, lorsqu'on a lu les chroniques de Morgan sur divers sujets (par exemple ses textes sur Harold Gray, Norman Rockwell, l'histoire de la science-fiction, etc.) on se prend à imaginer un livre qui compilerait des textes un peu moins abstraits de ce penseur rigoureux autant que passionné. D'ici là on peut accéder au site L'adamantine où l'auteur a mis en ligne un grand nombre de textes sur des sujets très divers.

27. david t - 16/07/04 07:03
bîn voilà, j'ai fait ma petite critique, elle devrait passer d'ici demain je suppose...

26. david t - 16/07/04 04:59 - (en réponse à : yancomix)
oui.

quoi, tu veux une critique en plus? :)

25. yancomix - 15/07/04 17:33 - (en réponse à : david t)
Alors, as-tu terminé la lecture de ce gros bouquin? :-)

24. david t - 19/06/04 20:08 - (en réponse à : stanislas)
ah ça oui, il peut être virulent. je préfère quand même quand il parle de choses qu'il aime; son enthousiasme est communicatif.

avec tout ça j'ai même pas encore fini son livre. je m'y remets ce week-end, promis. :)

je laisse la parole à ramonash... :)

23. stanislas - 19/06/04 14:21 - (en réponse à : à david T)
Merci de tes précisions, en effet si Harry Morgan souhaite simplement que l'on étende la critique à tous les domaines de l'art, alors je comprends mieux sa démarche. J'ai quand même eu l'impression qu'il voulait plus que celà, étant donnée la virulance avec laquelle il s'en prend à la critique officielle.
Je vais lire de ce pas sa critique de Orphan Annie.

22. RamoNash - 19/06/04 09:45
Pas le temps d'intervenir (grrr), je reviens demain soir (c:

21. david t - 19/06/04 05:16 - (en réponse à : altaïr)
Non non, c'est très intéressant, mais il faut bien connaître Harry Morgan pour suivre une conversation de ce niveau sur lui... personnellement, je n'oserai pas m'y risquer :o/

les textes de morgan, malgré leur style austère, sont écrits dans un langage clair, à la portée de tous. bien sûr, il faut être intéressé au sujet. :) mais ensuite, participer de façon constructive à une conversation comme celle-ci n'est à mon avis qu'une question de rigueur.

20. david t - 19/06/04 05:05 - (en réponse à : stanislas)
J'ai quand même l'impression que critiquer les critiques qui font l'éloge d'un tel type d'art et critiquer cet art en question revient au même, non?

sauf qu'il n'est pas vraiment question de ça... le problème relevé par morgan (en tout cas, celui dont on discute ici) est l'hégémonie de certains sujets d'étude dans les milieux académiques, au détriment des autres sujets d'étude. il est évident que, morgan étant plutôt "à contre-courant" des modes, il est affecté personnellement par ce problème et il est normal qu'il le mentionne, au contraire d'un chercheur "à la mode" qui ne se rendra peut-être même pas compte à quel point il est privilégié par le système. du moins, c'est ainsi que je comprends la situation.

et je le devine quelque peu allergique à certaines nouvelles formes de BD, comme Bleu ou l'OuBaPo (il a dû grincer des dents en voyant Bleu sortir).

j'en doute: bleu n'est abstrait que sur le plan graphique, car il y a dépouillement à l'extrême, mais on y reconnaît facilement des personnages, et le récit demeure tout-à-fait clair. pour l'oubapo je ne sais pas, mais je devinerais morgan allergique aux expérimentations du frémok, voire à une BD conceptuelle comme TNT en amérique, plutôt qu'à bleu.

Reporcher leur prédominance revient un peu à reprocher leur existence, car je conçois mal que les critiques puissent à la fois valoriser un peintre abstrait et un peintre pompier, dans ce cas ils ne feraient plus leur travail de critique.

ouff... d'abord, je ne vois aucun problème à ce qu'un critique fasse son travail sur n'importe quel matériau que ce soit. il faut savoir que: de un, un critique n'a pas à "aimer" quelque chose pour en parler; il peut, a priori, parler de tout sujet qu'il connaît bien; de deux, la différence entre art "pompier" et art "d'avant-garde" n'est pas si simple à tracer qu'on le croit, pensons au douanier rousseau par exemple.

mais, même si, pour les besoins de l'argumentation, l'on décide que chaque critique, pour bien faire son travail, se doit de se cantonner à un certain "style" ou une certaine "approche", il reste que la critique (lire: l'activité critique en général) doit quand même accepter d'étudier toutes les formes d'art et pas seulement celles qui sont à la mode.

Dire qu'Harry Morgan est à contre courant et que ses opinions conservatrices permettent d'analyser des BD anciennes revient en fait à le confiner dans un courant minoritaire, or il me semble que quand un courant nous plait on préfererait le voir devenir dominant,

encore là, je crois que tu lis trop loin. morgan, à ce que je sache, n'est pas l'apôtre d'un tel programme.

En fait il faudrait sans doute que je lise ses critiques et les compare avant de lire ses théories (que je n'ai que feuilleté d'ailleurs, mais la lecture sur internet c'est assez pénible je trouve).

sur son site web, lis le texte sur little orphan annie et celui sur norman rockwell, ça te donnera une bonne idée. la critique sur gemma bovery de posy simmonds (qui est un livre plutôt récent, et à la narration plutôt éclatée) est aussi très intéressante.

19. stanislas - 18/06/04 11:42
"Dans le dernier 9ème Art, il écrit un intéressant article sur Spiegelman et le New-Yorker par exemple.
Par contre oui, le passé est son terrain de prédilection:
Dans 9ème Art #7, il est tout à fait passionnant sur Will Eisner, dans le #9 son article sur Barks est exemplaire…"
Voilà sans doute pourquoi j'ai un tel a priori, je n'ai jamais lu ses critiques...

18. stanislas - 18/06/04 11:41
Ben j'ai quand même l'impression qu'il rejette tout ce qui est moderne en art, que ce soit Klein en peinture, Varèse en musique ou le Nouveau Roman en littérature. En revanche il préfère la musique mélodique, la peinture au chevalet et les romans du XIX°. C'est donc bien qu'il semble préférer les formes antérieures d'art.

17. yancomix - 18/06/04 11:26
Je ne vois pas trop d'opinion conservatrice chez Morgan…
Dans le dernier 9ème Art, il écrit un intéressant article sur Spiegelman et le New-Yorker par exemple.
Par contre oui, le passé est son terrain de prédilection:
Dans 9ème Art #7, il est tout à fait passionnant sur Will Eisner, dans le #9 son article sur Barks est exemplaire…
Mais cela n'en fait pas un conservateur, n'est-ce pas?

16. stanislas - 18/06/04 11:04
J'ai quand même l'impression que critiquer les critiques qui font l'éloge d'un tel type d'art et critiquer cet art en question revient au même, non ?
D'autant que ses goûts en matière d'art doivent se ressentir dans ses gouts en matière de BD, il suffit de lire son top 100 http://www.sdv.fr/pages/adamantine/remarquables.htm pour s'en assurer, et je le devine quelque peu allergique à certaines nouvelles formes de BD, comme Bleu ou l'OuBaPo (il a dû grincer des dents en voyant Bleu sortir). Reporcher leur prédominance revient un peu à reprocher leur existence, car je conçois mal que les critiques puissent à la fois valoriser un peintre abstrait et un peintre pompier, dans ce cas ils ne feraient plus leur travail de critique.
Dire qu'Harry Morgan est à contre courant et que ses opinions conservatrices permettent d'analyser des BD anciennes revient en fait à le confiner dans un courant minoritaire, or il me semble que quand un courant nous plait on préfererait le voir devenir dominant, personnellement je n'aimerai pas voir Harry Morgan dominant ce qui me rend un peu réticent à ses critiques, mais bon je répète que je le connais assez mal (je connais assez mal la critique en général) donc je ne suis sans doute pas le détracteur idéal de Morgan, c'est plutôt un a priori que je vous livre. En fait il faudrait sans doute que je lise ses critiques et les compare avant de lire ses théories (que je n'ai que feuilleté d'ailleurs, mais la lecture sur internet c'est assez pénible je trouve).

15. Altaïr - 18/06/04 09:30 - (en réponse à : david t)
Non non, c'est très intéressant, mais il faut bien connaître Harry Morgan pour suivre une conversation de ce niveau sur lui... personnellement, je n'oserai pas m'y risquer :o/

14. david t - 18/06/04 02:24
avec tout ça j'ai quasiment l'impression d'avoir tué le sujet. :)

13. yannick - 16/06/04 09:24 - (en réponse à : très fort !)
Le forum Bdp ou l'art de faire une critique d'une critique d'un critique !!! ;O)

12. david t - 16/06/04 04:34 - (en réponse à : qui plus est,)
pour avoir une meilleure idée de morgan, faudrait quand même lire le FAQ et la (très drôle) liste de ses préjugés. ("Etant d'esprit chagrin, étroit, borné - et de caractère morose et acrimonieux, nous éprouvons une indifférence qui confine à l'aversion pour les catégories sociales suivantes...")

11. david t - 16/06/04 02:56 - (en réponse à : stanislas)
tu es, en fait, tombé directement sur le talon d'achille de morgan, qui est sa réticence à apprécier tout ce qui n'est pas représentatif (figuratif) ou narratif, bref, tout ce qui n'imite pas de façon reconnaissable la réalité.

heureusement, c'est un critique de la BD, art surtout narratif et représentatif (ça tombe bien pour lui!), et assez rarement conceptuel (si l'on excepte les productions du frmk par exemple). en d'autres mots, cette prise de position est en fait plutôt utile à ses recherches, puisqu'elle circonscrit plutôt bien le médium auquel il s'intéresse, les littératures dessinées.

cela dit, morgan n'aurait pas beaucoup de crédibilité comme critique de la musique. son appréciation de varèse le démontre bien. c'est une erreur grossière de sa part d'assimiler la mélodie à une «représentativité», qui trahit une méconnaissance flagrante de l'histoire et la pratique de la musique. c'est-à-dire qu'en musique, presque tout est abstrait. on ne peut pas prétendre que le fait d'aimer la mélodie dans une oeuvre de beethoven est équivalent au fait d'aimer la figuration d'un dessin de norman rockwell: ce sont deux types d'appréciation complètement différents et impossibles à comparer autrement que d'un point de vue sociologique (voire «sémio-sociologique»). de ce côté-là donc, morgan se plante magistralement.

son appréciation (négative) des arts «conceptuels» (par exemple l'art de klein) relève tout autant d'une prise de position (donc subjective), mais elle a le mérite d'avoir du sens. c'est-à-dire qu'il parle de son incompréhension (voire son mépris) face à une forme d'art où, nommément, la démarche (le concept) a énormément plus d'importance que la forme finale. les oeuvres de klein sont exemplaires à cet égard, car elles sont le plus souvent incompréhensibles si on ne connaît pas la démarche qui les précède. on remarquera que morgan ne mentionne nulle part l'art abstrait (par exemple klee, kandinsky ou mondrian qui ont une démarche qu'on peut qualifier de conceptuelle mais dans un sens très faible, car leur but est bien davantage pictural). reste que ce que morgan pourfend ici ne sont pas tant les oeuvres de klein, mais plutôt la critique institutionnelle qui leur donne une valeur démesurée. c'est une position que j'aurais tendance à soutenir, pour diverses raisons. c'est-à-dire que, sans être contre la pratique de l'art conceptuel, je trouve que cette forme d'art prend souvent beaucoup de place au vu de ce qu'elle réussit vraiment à accomplir (c'est-à-dire très peu). mais ceci pourrait former une discussion parallèle tant le sujet est vaste et il est évident qu'il contient une bonne part de jugement subjectif. le jugement objectif à faire concernerait la constatation de l'hégémonie d'une forme d'art sur une autre dans les milieux institutionnels.

le cas du nouveau roman est similaire. encore une fois morgan s'attaque à la prédominance des formes d'avant-garde (dans ce cas-ci, rejet de la narrativité) dans l'étude critique, bref, il s'attaque aux effets de mode. s'il dit quelque part que l'avant-garde doit purement et simplement disparaître, alors j'ai sauté ce passage, et il faudrait me le remettre sous les yeux.

je vais me permettre ici une analyse (pseudo-)psychologique. à mon avis, pour bien comprendre les prises de position de morgan, qui peuvent nous sembler parfois étonnantes, il faut appréhender deux courants de pensée chers aux anglo-saxons, c'est-à-dire le contrarianism et le libertarianism. le premier est une tendance à «ramer à contre-courant» souvent juste pour bien «tester» la valeur réelle de l'idéologie dominante: on comprend mieux que le punk ait été inventé en grande-bretagne et repris quasi immédiatement par les américains. le second est une idéologie politique prônant la liberté individuelle et une méfiance envers les institutions: c'est l'idéologie à la base de la constitution américaine et on trouve encore un parti «libertarien» aux ÉU (c'est bien sûr un tiers parti). cette idéologie n'est pas à confondre avec l'anarchisme pur et simple, souvent également qualifié de «libertaire».

ces deux courants de pensée peuvent bien sûr s'appliquer en termes politiques (et souvent de façon malheureuse), mais il est intéressant et tout-à-fait valable de les voir appliqués dans le domaine de la critique de l'art. dans l'oeuvre de morgan, cette manière de penser se traduit entre autres par une considération de l'artiste comme un être fondamentalement libre de ses actions et pas autant influencé par son environnement que certains chercheurs le croient.

au final, je crois que ces prises de position personnelles sont tout de même assez faciles à isoler et elles ne devraient pas nous empêcher d'apprécier ses recherches lorsqu'elles touchent un domaine purement objectif. d'ailleurs, ces prises de position, toutes conservatrices et réactionnaires qu'elles peuvent sembler, lui permettent, et ce n'est pas rien, de nous faire apprécier l'oeuvre d'artistes tels que norman rockwell, harold grey, cruickshank (sic?), etc., autant de personnages occultés de l'histoire de l'art ou de la BD pour des raisons n'ayant souvent rien à voir avec leur mérite artistique.

eh oui... déjà, nous en venons à la politique. c'était prévisible. et qui se méritera le premier point goodwin? :)

10. stanislas - 16/06/04 00:06
Oui ça me conforte un peu dans ma première impression, quand il qualifie le Nouveau Roman, Yves Klein et Varèse de farceurs et quand il prône (à demi-mot) le retour à la peinture au chevalet (et qualifie les amateurs de ce genre d'art de gens "cultivés", là encore procédé pas très brillant) je trouve ça assez peu intéressant en fait, je préfererais lire ses critiques de BD qui ont l'air de lêtre déja un peu plus. Quant à son club des anti Harry Morgan c'est une façon de se poser en défenseur de la vérité face aux institutions, là encore je trouve ça plutôt moyen (je dois encore être trop influencé par mes profs).

9. david t - 15/06/04 23:55 - (en réponse à : ramonash)
Je me demande comment il fait pour cohabiter avec Groensteen dans les pages de 9e art, leurs points de vue sont tellement opposés ! D'ailleurs en étant un peu vache on pourrait voir une touche d'indulgence dans son analyse du bouquin théorique "Systèmes de la bande dessinée". Mais bon ... (c:

en fait, morgan et groensteen ont au moins deux choses importantes en commun. d'abord, le respect des faits et une bonne érudition générale. et ensuite, ces deux auteurs voient la BD avec un oeil de lecteur de BD; en d'autres mots, ils ne voient pas la BD comme un amas de codes à étudier comme s'ils provenaient d'une civilisation extra-terrestre mystérieuse. à partir de là, on peut diverger d'opinion, mais au moins, on s'entend sur la base.

8. RamoNash - 15/06/04 23:52
Allez, rien de tel qu'un petit copié/collé pour alimenter le débat (c:

Ce qui nous mène tout droit à Barthes, votre tête de turc, et au courant inspiré par la sémiologie. Pourquoi les détestez-vous tellement ?

Nous n'avons aucune raison de dissimuler qu'en littérature comme en art, le courant qui prône le rejet de la représentation ou du récit ainsi que la remise en cause de l'entreprise littéraire ou artistique comme expression de la personnalité du créateur et qui tend à mettre au premier plan non l'œuvre mais le discours qu'on tient sur elle, nous inspire au mieux une complète indifférence, au pire une véritable aversion.


# Il faut peut-être préciser que cette doctrine domine depuis des décennies le monde des arts et que ce qui a été une avant-garde, depuis belle lurette réprésente la nouvelle orthodoxie. Cependant, les tenant de ce courant continuent à rejeter les critiques en criant soit à l'acharnement et à la persécution, soit au philistinisme. Si vous en dites du mal, vous voulez empêcher de vivre une courageuse petite avant-garde et, subsidiairement, vous démontrez que vous ne comprenez rien à l'art. Il entre ici tant soit peu de mauvaise foi et de duplicité. La courageuse petite avant-garde contrôle aujourd'hui les institutions culturelles (musées, ministère de la culture, revues, université). Quant à l'ignorance et au philistinisme, remettre en cause des hiérarchies universellement admises, ce n'est pas notre définition du philistinisme ! Le philistinisme, nous le voyons au contraire du côté de l'art officiel. Lorsqu'on entend, dans des archives de l'Ina, Edgar Varèse nous expliquer que la mélodie est une espèce de sucrerie dont on saupoudrait autrefois les morceaux de musique pour flatter le goût du bourgeois, qu'on peut très bien tout dire avec des percussions et qu'on ne vient pas au concert pour entendre des sons agréables, le critique Georges Charbonnier expliquer gravement qu'on va faire dorénavant de la peinture mathématique et que par conséquent il ne sera plus possible de faire de la critique, parce que la mathématique, c'est juste par définition et que cela ne se discute pas, ou le crétin Yves Klein déclarer qu'il peint des monochromes bleus pour émuler les Russes qui ont envoyé un spoutnik dans l'azur, on est en droit de se demander qui est le philistin et aussi qui est moderne. Tous ces gens sont de leur époque, qui est une époque d'ingénieurs et de techniciens : ils supposent que les arts vont inéluctablement relever eux aussi d'une technostructure et ils adaptent en conséquence leur discours et leur pratique. En même temps, on est bien obligé de constater que ces gens n'ont absolument rien compris ni à leur temps ni à l'art de leur temps. C'est excusable pour Varèse, qui est un homme du 19e siècle, c'est moins pardonnable pour les autres. Ils sont totalement anachroniques et c'est ce qui les rend si pathétiques. C'est aussi ce qui les rend si péremptoires. Décréter que la figuration est morte, ou que la peinture de chevalet est finie et renvoyer les gens qui en produisent encore et ceux qui en consomment (c'est-à-dire le public cultivé !) à un néant critique et institutionnel, c'est se comporter comme l'ingénieur qui doit construire une centrale atomique ou l'architecte qui doit construire une barre d'immeubles de dix kilomètres de long. La construction de la barre d'immeubles n'empêche pas que les gens continuent à habiter dans leurs pavillons de banlieue ou leurs vieilles bergeries - sauf chez Ceaucescu, où on a rasé les villages et les vieux quartiers pour mettre les gens dans les barres -, mais l'architecte n'a pas à s'occuper de ces pittoresques reliefs. L'architecture dont il est question dans les revues d'architecture, c'est celle des barres. De même, les habitants des masures continuent probablement à se chauffer avec d'antiques poêles à bois, à charbon ou à mazout, mais l'ingénieur n'a pas à se préoccuper de cela. Sa tâche est de doter les barres de radiateurs électriques qui consommeront les mégawatts produits par la centrale nucléaire et c'est de cela qu'on parle dans les milieux du nucléaire.

7. david t - 15/06/04 23:45 - (en réponse à : stanislas)
morgan est moins polémique dans son livre que sur son site web. par contre, son «jargon» est tout-à-fait compréhensible et, le cas échéant, il fournit un glossaire permettant de comprendre certains termes un peu plus ésotériques (mais si peu). en attendant, tes arguments sont intéressants, l'idéal serait d'avoir harry morgan lui-même pour y répondre. :)

6. yancomix - 15/06/04 23:41 - (en réponse à : stan)
"Et souvent ses propos sont un peu réactionnaires (le comble c'est qu'il accuse les autres de l'être), son "finissons en avec le XX° siècle", ressemble parfois à un "retournons aux conceptions du XIX°"."

Laissons répondre Harry Morgan lui-même:
«Il n'a jamais été question pour nous de faire en bloc le procès du 20e siècle (notre titre : Pour en finir avec le 20e siècle doit donc se lire : Pour en finir avec le stupide 20e siècle), ni même de la modernité. Il faut au contraire mettre au jour ce qui, au 20e siècle, a été caché par les pseudo-avant-gardes. Un Tavener en musique, un Roubaud, en littérature, sont infiniment plus importants que les âneries de Boulez ou du Nouveau Roman ou que les élucubrations du groupe Tel Quel.»

Tu devrais commencer par lire cette page et celle-ci

5. stanislas - 15/06/04 23:32
Il a bon dos d'en plaisanter mais c'est vrai que tout ça s'engouffre dans un jargon de spécialistes assez ennuyeux. Je n'ai lu ce site qu'en travers, mais j'ai comme l'impression que ce type s'attaque à des choses qu'il ne comprend pas parfaitement.

-"En 1969, Gérard Genette (Figures II) annonce carrément que le récit est, comme l'art pour Hegel, une chose du passé."

Ca c'est l'exemple typique, résumer une analyse en une ou deux phrases lapidaires en en présentant l'aspect le plus extrême pour la discréditer. Dit comme il le dit on se dit immédiatement "quel con cet Hegel", mais pour Hegel c'est l'art en tant que représentation première de l'esprit qui est une chose du passé et non l'art en tant que tel. C'est assez malhonnête de mal présenter les idées de ceux qu'il combat je trouve. J'ai trouvé le même genre de choses dans son analyse de Barthes ou des critiques contemporains, qu'il accuse de vouloir tuer le roman, ce qui est tout à fait discutable, je crois qu'il leur prête là de fausses intentions. Et souvent ses propos sont un peu réactionnaires (le comble c'est qu'il accuse les autres de l'être), son "finissons en avec le XX° siècle", ressemble parfois à un "retournons aux conceptions du XIX°".


Bref je ne connais pas encore Harry Morgan assez bien pour juger ses idées (surtout en matière de BD), je n'en ai lu que quelques passages qui concernent surtout la littérature, mais au premier abord je suis assez réservé. J'en lirai plus demain mais je crois que Barthes n'est pas encore complètement enterré.

4. yancomix - 15/06/04 22:59
Harry Morgan est (était?) aussi dessinateur de bande dessinée.
À l'occasion d'un colloque à Cerisy, il réalise quelques pages, 6 cases marrantes sont reproduites dans "Les Cahiers de la BD" n°77.
La scène représente 3 participants au colloque (appelons-les A, B et C).
Je reproduit leur dialogue:
A - C'est la queston de la lecture du texte!…
B - De l'intention du texte!
A - De la lecturabilité de la textique
B - Et surtout de son intentionabilité
A - De la lecturabilitation de l'intentionalitarité de la texticité.
C (osant timidement intervenir) - On pourrait parler aussi de sa référence…
A et B le dévisage comme le dernier des abrutis.
C (se reprend, terrorisé) - Référentialité! Je veux dire de sa référentialité… de son intermétaréférentialité…

3. RamoNash - 15/06/04 22:38 - (en réponse à : david t.)
Je me demande comment il fait pour cohabiter avec Groensteen dans les pages de 9e art, leurs points de vue sont tellement opposés ! D'ailleurs en étant un peu vache on pourrait voir une touche d'indulgence dans son analyse du bouquin théorique "Systèmes de la bande dessinée". Mais bon ... (c:

2. david t - 15/06/04 22:18
j'en profite pour reposter ici un message que j'ai écrit sous un autre sujet (consacré à blain) et qui explique de façon sommaire pourquoi harry morgan est un auteur intéressant. désolé pour le doublon.

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principes des littératures dessinées est effectivement, dans une bonne partie, une critique de la critique de la BD (surtout celle inspirée du sémio-structuralisme). ceci semble être un mal nécessaire afin de bien débroussailler le domaine de la critique entre les nombreuses âneries et les quelques intuitions fructueuses. morgan réussit ensuite à donner une définition (satisfaisante à mes yeux) de ce qu'il appelle les «littératures dessinées» qui est un terme qui me plaît bien. il inclut sous ce vocable toutes les formes de BD, comics, manga, fumetti, mais aussi des histoires en images souvent occultées par les historiens de la BD et qui, du point de vue du chercheur, sont en tous points équivalents à la BD «de l'âge d'or» (morgan ne considère pas la présence de bulles comme une définition satisfaisante de la BD). son livre est particulièrement important pour la deuxième partie qui dénonce toutes les tentatives de censure de la BD sous le prétexte (bien sûr fallacieux) de protéger la jeunesse. il condamne radicalement cette censure comme autant de tentatives d'éliminer purement et simplement la BD.

j'aime particulièrement morgan car on ne se sent pas obligé d'être toujours d'accord avec lui; il expose très bien les théories et doctrines qu'il critique, ce qui fait qu'en tant que lecteur, nous pouvons juger sur pièces la validité de sa critique. c'est un trait remarquable que l'on ne trouve que chez de rares auteurs, surtout d'inspiration positiviste (donc scientifique). l'autre attrait non-négligeable de son oeuvre est que ses définitions et démonstrations élargissent passablement les possibilités (formelles autant que narratives) des littératures dessinées, nous faisant, par exemple, apprécier toute la tradition qui sous-tend certains passages «narratifs» de donjon (j'extrapole). il démolit de façon définitive l'assertion (due à bill blackbeard, critique enthousiaste mais pas très crédible semble-t-il côté vérification des faits) voulant que the yellow kid soit la première bande dessinée, mais surtout, il démontre comme ayant peu d'intérêt la poursuite de la «première» bande dessinée (et tant pis pour töpffer).

j'en suis à la troisième et dernière partie de son livre (au total, une brique de 300 quelques pages bien tassées, avec le strict minimum d'illustrations); dès que j'en ai fini, je compte bien ouvrir un sujet le concernant. pour ceux qui voudraient avoir un aperçu de ses écrits, son site (référencé par yancomix) est à conseiller absolument, entre autres sa «réhabilitation» de little orphan annie qui donne réellement le goût de lire ce strip.

1. david t - 15/06/04 22:05
à la demande générale, voici un sujet sur le critique qui fait trembler les sémio-structuralistes de la BD, j'ai nommé: harry morgan.

son site web: http://www.sdv.fr/pages/adamantine/

ses deux livres majeurs:
- le petit critique illustré, éditions PLG, mais surtout:
- principes des littératures dessinées, éditions de l'an 2



 


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