Les 21 critiques de nickel sur Bd Paradisio...

Au risque de tomber dans une comparaison trop ancrée dans la réalité, je ne peux m'empêcher de comparer "Black op" au récent film "Munich" de Steven Spielberg. Bien évidemment, sur le plan de l'intrigue, les deux créations empruntent des voies différentes (si l'on schématise : suivre un agent de la CIA pour l'une, voir évoluer un commando israélien pour l'autre). Cependant, il y a chez Desberg comme chez Spielberg une volonté de comprendre, sous les dehors d'une fiction, les dysfonctionnements du système. Tous deux s'accommodent ainsi de petits arrangements avec l'Histoire - la base est réelle (massacre de Munich versus la dernière élection présidentielle américaine) - afin de bâtir un thriller haletant qui, en définitive, entraîne le lecteur à se poser plus de questions fondamentales (sur la manipulation et la marche du monde, notamment) que s'il se voyait platement exposer les faits dans le journal télévisé. Il en résulte des oeuvres jamais vraiment terminées, tant elles restent vivaces dans nos esprits et sont à la base de nombreux débats. "Fin" du parallèle. Que reste-t-il dans "Black op" une fois le(s) message(s) transmis et, éventuellement, digérés ? Rien moins qu'un très efficace récit d'espionnage, loin de faire du sur-place. Si les flashbacks du premier tome étaient plaisants sans être transcendants, ils prennent ici une importance croissante et s'intègrent parfaitement à l'histoire principale. On a immanquablement le sentiment que l'auteur connaît parfaitement les positions de ses pions et que rien ne pourrait venir gripper la machine scénaristique. Qualité supplémentaire : la complexité de l'ensemble ne s'affiche jamais ostensiblement et ne perd jamais le lecteur en route. Demeure encore, last but not least, une mise en images variée et soignée, pour notre plus grand plaisir. Dans de récentes interviews, les auteurs annonçaient un cycle de 6 tomes. Au vu du niveau de l'opus 2, la confiance est de mise !
C'est donc là qu'ils se cachaient... Qui ? Mais les vrais Spirou et Fantasio, bien sûr !!! Ceux qui vivent des aventures trépidantes, drôles, apportant du nouveau sans renier l'héritage de leurs précédents pères de papier... Oui, je le confesse, je n'apprécie que modérément la reprise de Morvan et Munuera (pour l'instant, du moins, car je leur accorde le droit d'encore se faire la main sur la série). Par contre, je suis tout de suite tombé sous le charme de cette "aventure de... par...", allez savoir pourquoi... Il faut tout de même digérer le dessin de Yoann qui (et ma remarque n'a rien de péjoratif) semble avoir extrait son Spirou d'un clip du groupe Gorillaz. Une fois ce léger choc passé, le dessinateur nous séduit en intégrant, à sa manière, anciens personnages (quel plaisir de revoir Zorglub, ne fût-ce que quelques cases) et nouveaux (à voir : les nanas yoannesques, assez crédibles). Le principe du one-shot laissait à l'artiste la possibilité de se conformer au mythe tout en gardant sa personnalité : Yoann saute à merveille sur l'occasion ! Quant à Vehlmann, faut-il encore louer son talent de raconteur d'histoires en images ? Oui, s'il-vous-plaît... Il nous livre une intrigue bien dans l'esprit de la série qui, sans pousser aussi loin que "Machine qui rêve", nous prouve qu'il a, comme le lecteur, envie de voir évoluer les relations entre les personnages, principaux comme secondaires (secondaires féminins, surtout !). On pourra lui reprocher la mise en scène d'un canevas relativement classique, mais, à mon sens, il ne convient pas de se concentrer là-dessus. L'essentiel est que son "Spirou" renoue avec la tradition tout en lui conférant une certaine modernité. Au final, il essuie plus que proprement les plâtres, tout au long de 58 bonnes planches grand format. Une fois l'album terminé, on se demande évidemment si le duo d'auteurs se cantonnera à cet essai transformé. Et on lorgne impatiemment sur les prochaines parutions. Pour rappel "Le Tombeau des Champignac" sera signé Tarrin et Yann. Quant à Le Gall, il assumera seul l'égarement de nos héros dans "Les Marais du temps". Vivement !
Les références à "Tintin" contenues dans le premier volume de ce dyptique étaient-elles vraiment anodines ? Je l'ignore... Toujours est-il que la conclusion du "Puits des ténèbres" nous fait furieusement songer à celle du "Trésor de Rackham le Rouge". Mais cette nouvelle aventure des "Eternels" n'en est pas un pâle remake pour autant ! On y retrouve les ingrédients de qualité qui composaient "Le Diamant d'Abraham", à savoir de nombreux rebondissements intéressants et des scènes d'action parfaitement dépeintes par Meynet. Tout cela sur fond de contexte politique international difficile. Un parti-pris susceptible de surprendre les amateurs de BD grand public sans prise de tête, mais qui s'avère payant, dans la mesure où il confère une densité historique non négligeable au récit. Côté dialogues, on appréciera que Yann ait mis de côté ses tics lourdingues. S'il ne s'efface pas totalement derrière chaque réplique (son mordant nous est familier), il ne tombe toutefois pas dans le travers d'un "Narvalo" de maigre souvenir. Cet aspect contribue évidemment à la bonne tenue d'un récit d'aventures et d'espionnage qui concurrence honnêtement certains blockbusters. Que "Les Eternels" continuent sur cette lancée et ils dureront longtemps !
Il est des titres de série qui s'appliquent aussi bien à leurs protagonistes qu'à leurs lecteurs. C'est le cas d'"Enchaînés" qui, en nous présentant quatre personnages prisonniers d'un jeu macabre, nous scotche du même coup à notre fauteuil, comme face à un suspense signé Hitchcock. Dès le tome 1, on s'accordait à dire que la création de Callède et de Gihef était à estampiller "incontournable". On en a désormais la confirmation avec ce tome 3 passionnant à souhait, qui nous plonge, en dernière page, dans une attente insoutenable aussi forte que celle du premier opus. Nul doute que le scénariste connaît son affaire et nous prépare une fin savoureuse. En attendant, soutenu par l'efficacité du trait de son complice, il lève un coin du voile et nous permet d'en apprendre davantage sur celui qu'on pourrait surnommer "le maître du jeu". Mais il reste bien sûr des interrogations... Dont la moindre n'est pas : "combien de fois dormir avant de pouvoir ouvrir le tome 4 ?"
Sous leurs airs imaginaires et inoffensifs, les lutins de Peyo ont toujours fustigé les travers d'humains bien réels. Cette tradition se perpétue depuis la disparition de l'auteur. Dernièrement, on voyait les petits êtres bleus s'en prendre aux dérives de la presse ("Le Schtroumpf reporter") ou au démon du jeu ("Les Schtroumpfs joueurs"). La satire sociale est sans doute un rien plus faible dans ce nouvel opus qui, par le prétexte de l'utilisation de produits magiques, joue davantage sur les registres de la bonne vieille comédie et du dessin animé. Les nombreuses transformations (il faut voir le Schtroumpf à lunettes changé en petit pois !) sont là pour en témoigner. Il n'empêche, le message est une nouvelle fois limpide : ne chassons pas le naturel (qui ne pourrait de toute façon que revenir au galop) ni dans la bouffe, ni ailleurs... Le tome 24 de nos amis Schtroumpfs est à mettre entre toutes les mains. Il ne prend ni les enfants ni les adultes pour des idiots, il fait réfléchir comme rire. Schtroumpfement cool !
"Seuls" a beau être une création BD francophone, elle a le goût des meilleures séries TV américaines du moment. Basée sur un concept à la fois simple et fort (cinq enfants se retrouvent seuls dans une grande ville pour une mystérieuse raison), elle ouvre la porte à un nombre infini de possibilités narratives, dont l'une fait la spécificité de ce tome d'introduction : la présentation des individualités et des premières interactions de ce "club des 5" cosmopolite. A lui seul, le titre du prochain épisode, "Le Maître des couteaux", laisse présager autant de péripéties inédites que de (mauvaises ?) rencontres. Reste encore une multitude d'options psychologiques, centrées sur les difficultés d'enfants obligés de se comporter en adultes ou sur les conflits inhérents à une nouvelle forme de vie en groupe. Laissons à Vehlmann le soin de nous conter au mieux la destinée solitaire de ses nouveaux personnages, sympathiquement servis par le dessin de Gazzotti. Finalement, ce sont eux les seuls... maîtres à bord de leur série.
A travers cette histoire, Gwen de Bonneval renoue plaisamment avec la poésie qui se dégage des contes de l’Ancien Temps. Le récit n’est pas à proprement parler mené tambour battant, mais il s’en dégage tout de même suffisamment d’éléments dignes d’attention : du mystère, de l’aventure, du fantastique et une forme d’humour. Tout cela mêlé à une pointe de tristesse que le jeune Guillaume nous fait partager. A cet égard, et pour risquer une comparaison flatteuse, le début de l’intrigue n’est pas sans évoquer "La Complainte des landes perdues" (cf. remariage de la mère et présence de l’ombre du père). Ce léger sentiment de mélancolie est magnifiquement rendu par le graphisme de Matthieu Bonhomme qui, dès la couverture, nous offre son personnage regard perdu aux vents, au milieu des feuilles d’automne. Le dessinateur se révèle aussi à l’aise dans ces nouvelles contrées que dans celles parcourues par son fameux marquis d’Anaon. La série, quant à elle, semble bien partie pour nous emmener loin dans l’imaginaire. Inutile donc de bouder son plaisir en ce début d’année 2006… Suivons Messire Guillaume dans son périple !
Les derniers épisodes de "Lanfeust des étoiles" ne laissaient rien présager de bon pour l'avenir d'une série qui se contentait d'aligner les actes de bravoure dans une ambiance explosive ("que retenez-vous de votre lecture ?" - "les onomatopées, monsieur !"). Et puis, arrive cet "Episode V" de bonne tenue, qui relance notre intérêt. D'une structure moins chaotique que les précédents, il se recentre sur la quête du héros et propose de vrais rebondissements épiques jusqu'à la pirouette finale. Cette dernière ne sera peut-être pas vue comme d'une originalité folle par tous. Néanmoins, elle a le mérite d'instaurer une tension nouvelle (un rien psychologique) dans l'intrigue et fera sûrement gamberger plus d'un lecteur jusqu'à livraison du sixième opus. Que demander de plus ? Une suite de haute volée et un final éblouissant ! Aaaaah... Les lecteurs sont exigeants...
La nouvelle série de Brunschwig et Hirn (ils avaient déjà réalisé ensemble "Le Pouvoir des innocents") porte à merveille son titre. Quoi de plus ambivalent, en effet, qu'un sourire de clown ? Tantôt gai, il nous invite à suivre les pitreries d'artistes de cirque prêts à tous les sacrifices pour nous divertir... Tantôt triste, il nous transporte de l'autre côté du masque, là où se partagent les émotions, les errances de saltimbanques à la vie difficile... Ce sont d'abord ces clowns-là que nous voyons évoluer dans ce récit, ceux qui n'ont pas l'existence légère mais qui se battent tout de même pour la rendre plus belle à leurs contemporains. Ils aident ici les jeunes de quartiers défavorisés à survivre, à se donner un but en participant eux aussi au spectacle. Et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si la folie des Hommes (ceux qui ne portent jamais d'autre masque que celui de la violence) ne venait pas tout foutre en l'air... Dès lors, le sourire du clown se fait amer, désabusé, impuissant... "Le Sourire du clown" est double aussi au sens où il ménage ses effets. Débutant comme une chronique sociale aux airs nostalgiques, il vire progressivement à une vision contemporaine et sincère de la vie en banlieue (le "phrasé" des résidents ne tombe pas dans la caricature), puis au thriller passionnant, dont on attend une belle résolution au prochain épisode. Indéniablement, Brunschwig a dosé son récit afin qu'il ne lâche pas le lecteur en route. Il est magnifiquement épaulé par Hirn, dont le dessin semble avoir gagner en maturité depuis "Le Pouvoir...", se rapprochant même par moments du meilleur Gibrat. "Le Sourire..." est une BD à côté de laquelle il ne faut pas passer en cette fin d'année. Ce serait se priver du plaisir de lire une histoire solide, tant par son scénario fictif que par le message social très actuel qu'elle véhicule...
Si les Ricains n’étaient pas là… nous n’aurions pas eu droit à cet album décapant ! Vu depuis la scène internationale, le fait n’aurait pas changé grand chose, mais vu depuis le petit monde de la BD, il nous aurait privé d’une excellente occasion de rire mais aussi de penser. Car, au-delà de la parodie, omniprésente, Clarke, sans avoir l’air d’y toucher, nous ouvre aussi les yeux sur une puissance qui va de travers. Stupide à souhait (et le mot est faible ! ), son President nous invite à tout instant à nous méfier des gens de pouvoir et à garder notre libre arbitre. Le vrai Mister President sert au moins à cela : en inspirer un faux qui nous permette d’exercer à la fois nos zygomatiques et notre conscience politique. Joli coup double !
Parcourir un album de BD dans lequel les auteurs réinterprètent les créations d’un grand artiste de la chanson, c’est un peu comme visionner un film adapté d’une œuvre littéraire : ce qui est donné à voir au spectateur correspond rarement à ce qu’il a rêvé auparavant. Chansons pour les yeux joue le jeu et s’efforce, en revisitant les compos de JJG, de concilier les textes du chanteur, la transposition des auteurs et la vision du lecteur. Il en résulte un CD… pardon, un album surprenant, drôle et touchant qui colle à l’univers du maître. Deux mentions spéciales : la première pour l’intro hilarante de Zep, la seconde pour le trio de récits « muets » de Mazan, Götting et Dethan. Ces auteurs réussissent à nous émouvoir par le biais d’histoires ouvertes, qui possèdent le même don que les chansons qu’elles illustrent : celui de permettre à notre imaginaire de vagabonder à son gré longtemps encore après la lecture. Une osmose parfaite qu’on aimerait retrouver plus souvent…
Sur fond de mai 1968, deux jeunes étudiantes et leur mère affrontent le suicide de leur père et mari… ainsi que les questions inhérentes à cette disparition… Le dessin de Marianne Duvivier, plus « ligne claire » que celui de Jovanovic, sert parfaitement la sensibilité de ce drame. Quant à Giroud, il nous plonge dans des secrets radicalement éloignés de ceux qui préoccupent le héros du « Serpent sous la glace ». L’aventure démarre plus lentement ici, s’attardant davantage sur le fond historique dans lequel elle s’ancre, à savoir la révolte estudiantine. Est-ce pour mieux se servir de cette base historique plus tard dans le récit ou, plus simplement, pour décrire une ambiance et retarder au maximum un secret de famille relativement prévisible ? Même si la seconde hypothèse l’emporte pour l’instant, la réponse définitive surgira dans le tome suivant. En effet, le point fort de cette intrigue, pourtant moins consistante que celle développée dans le « Serpent », est également de nous appâter pour la suite. Car tout n’a pas été dit…
Dans Moscou enneigée, Valentin Kozlov, tout en recomposant peu à peu la vie mystérieuse de son père disparu, tente d’échapper à une meute de tueurs… Si, comme le suggère son titre, le froid semble omniprésent au cœur de ce récit, c’est au final une chaude adhésion qui l’emporte. Car le secret auquel est confronté le héros est bien gardé. Et si quelques coins du voile sont levés à l’issue de la première partie, Giroud laisse en suspend suffisamment d’éléments intrigants pour nous donner envie de découvrir le dénouement. Côté dessin, Jovanovic, dont le trait apparaît fort abrupt au départ, maîtrise ses personnages au fur et à mesure qu’il avance dans l’album, se faisant progressivement plus lisse, à l’image du visage d’Elena, belle moscovite qui attire Valentin. Voilà quelques éléments qui promettent une belle suite à l'aventure. Faisons donc confiance à ce nouveau tandem !
Que serait Woodcrest sans Huey et Riley Freeman ? Même leur papy vous le dirait : une banlieue américaine paisible ! Il faut avouer que ce serait dommage tant cela nous priverait des grands mérites de cette BD : réveiller notre conscience politique (un peu) en faisant fonctionner nos zygomatiques (beaucoup). Les strips en 3 bandes, avec leur humour proche des sitcoms, mettent en scène bon nombre de situations hilarantes qui atteignent souvent leur cible. La campagne électorale de 2000, opposant notamment Bush et Gore, n’en est qu’à ses prémisses à la fin de ce tome 4. Connaissant aujourd’hui l’issue de cette confrontation et ses conséquences, nous pouvons tabler sur un prochain volume en forme de billet d’humeur assassin contre W. et sa présidence. M’étonnerait que Huey pense du bien du recomptage des bulletins de vote en Floride… Vivement le prochain !
1802… La Torpille, chef d’une bande de voleurs, est chargé de retrouver un mystérieux coffret dérobé à Napoléon Bonaparte par une jeune femme nommée Opale. Avec « Double masque », le lecteur renoue avec le tandem Jamar – Dufaux, qui, dans la série « Les Voleurs d’Empire » mêlait déjà la petite et la grande histoire. Les auteurs nous proposent aujourd’hui une enquête policière, souvent teintée d’humour, à travers le Paris du début 19ème. Premières et dernières planches du récit laissent néanmoins entendre que la simplicité apparente de l’ensemble est relative. Jouant sur le thème du double et sur l’opposition entre l’ombre et la lumière, elles contiennent leur dose de mystère, donnent du souffle au récit et laissent espérer une suite à la hauteur.
Attendu au tournant, Laurent Gerra ne rate pas son virage ! Même s’il ne s’efface pas toujours derrière son sujet (si l’album n’avait pas porté sa signature, son obsession vis-à-vis d’une certaine Céline nous aurait mis sur la piste), il livre une aventure du cow-boy solitaire 100 % fidèle à l’esprit de la série. S’attachant à remettre en place (en selle ?) les principaux protagonistes (voyez Jolly Jumper, Rantanplan et leurs comportements respectifs), il truffe également son scénario de références judicieuses et nous offre une lecture à double sens qu’apprécieront les inconditionnels de Goscinny. N’oublions pas d’applaudir aussi le travail d’Achdé, lequel reprend les personnages avec une maîtrise impressionnante. A n’en pas douter, voilà un album qui supportera l’usure du temps et se relira toujours avec plaisir, trouvant ainsi sa place aux côtés des meilleurs épisodes de la série.
Enfin de retour, Spirou et Fantasio s’agitent comme des fous. Dès la couverture, nos héros sont décidés à aller de l’avant. Est-ce une raison pour les suivre sans retenue dans ce nouvel opus ? Peut-être pas… Heureux de les retrouver après une longue absence, on ne manquera pas de saluer leurs traits frais et dynamiques ou de s’attarder sur le charme des scènes sous-marines. On s’interrogera surtout à l’envi sur le personnage de Miss Flanner : quelles sont ses relations avec Champignac ? n’est-elle pas la cause de l’opposition originelle entre le comte et Zorglub ? Des questions qui permettent à notre imaginaire de gamberger à loisir. Malheureusement, ces petites touches de réussite ne masquent pas suffisamment un scénario privilégiant l’action aux explications cohérentes (que cette inondation paraît bien futile ! ). Pour prolonger la thématique du récit, disons que cette reprise n’est pas vraiment un coup dans l’eau… Que les auteurs veillent toutefois à garder la tête hors de l’élément liquide la prochaine fois !
Plonger dans les aventures de Jimmy Tousseul, c’est retrouver avec plaisir des traditions héritées de la bande dessinée franco-belge des débuts : chaque histoire, servie par un dessin épuré, est un petit bijou de suspense, d’humour et d’émotion. Tant graphiquement que narrativement, l’ombre d’un Hergé ou d’un Franquin n’est jamais bien loin. Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle, qui voit Jimmy, de retour en Afrique, confronté à une initiation qu’il n’a pas souhaitée mais qui est pour lui le seul moyen de retrouver son amie Suzy dont il attend désespérément des nouvelles. Dans sa quête, il est accompagné de ses vieux comparses : le lion Hermann et le baroudeur Schatzy, tous deux à la source des temps forts comiques (voir la confrontation de Schatzy avec Mme de Pontenoy, la responsable du comité Miss Europe). Si le terrain est connu, on se réjouit ici de voir évoluer un Jimmy plus mûr, physiquement transformé. La prochaine de ses aventures devrait logiquement confirmer cette tendance. Longue " nouvelle vie" à toi, Jimmy !
1884, quelque part sur la côte bretonne… Edgar Saint-Preux, écrivain en panne d’idées, est bien inspiré de louer une chambre dans une auberge déserte de la région. Son hôte, souffrant, se décide à lui raconter une étrange histoire, survenue des années auparavant, concernant notamment l’assassinat d’une mère ainsi que la disparition de sa jeune fille et sa réapparition après 11 ans d’absence… Si vous avez besoin de votre dose de mystères, d’ambiances nocturnes et de personnages intrigants, voilà une histoire faite pour vous. Racontée en grande partie en flashback, elle ne s’appuie pas sur de grands effets de manches mais introduit habilement une série de questions et d’éléments fantastiques inexpliqués. Qui sont les meurtriers de la mère ? D’où viennent les pouvoirs guérisseurs de la jeune fille ? Que sont ces étranges créatures peuplant l’auberge ? Sans doute l’apprendrons-nous dans le prochain volume… Le scénario de Tiburce Oger a peu à envier aux feuilletons du 19ème siècle et le dessin de Patrick Prugne est également à la hauteur, évoquant Loisel ou encore Sorel (" Algernon Woodcock"). Un duo à surveiller, donc…
Où un magnifique diptyque trouve sa conclusion… L’âge adulte fait bien des ravages, s’efforçant de réduire à néant l’innocence et les rêves enfantins qui, comme le souligne William, l’un des protagonistes, sont "laissés en chemin pour pas trop s’encombrer… pour garder la tête froide face à la vie, la vraie vie…" Pourtant, parfois, il suffit d’un rien pour que les rêves resurgissent et redonnent espoir. C’est le credo de Lisa, l’héroïne, autour de laquelle se réunissent les trois autres personnages, vingt ans après leur séparation. Aujourd’hui, les trentenaires, emmenés par la fascinante jeune femme, vont aller au bout de leur quête et percer le secret de leur profonde amitié. Où le regard ne porte pas est un récit écrit avec le cœur, l’histoire d’une amitié réelle, sensible, comme la bande dessinée n’en offre pas si souvent, la mise en scène d’un lien fort que chacun espère connaître au moins une fois dans son existence. L’émotion est souvent palpable, à travers les joies et les peines des personnages. Par le biais de certaines zones d’ombre aussi, puisqu'il est dit dès le titre que tout ne peut être vu ou compris. Mais vous, si vous croisez ces deux albums, n’hésitez pas une seconde et portez votre regard sur cette magnifique aventure !

 
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