Les 9 critiques de kilroy sur Bd Paradisio...

Diffile d'apporter une note supplémentaire à ce qui a déjà été écrit, d'autant qu'avouons-le, j'ai moi-même acquis cet album sous influence de ce concert de louanges. Il s'avère mérité, l'intrigue mêlant habilement l'histoire avec une grande hache et un fantastique à la Lovecraft. Certes, on peut toujours trouver des thèmes déjà abordés : le vampirisme (littérature abondante), l'introduction du fantastique dans la seconde guerre mondiale (Indiana Jones, mais surtout la Forteresse noire pour l'ambiance), l'immortalité et la lutte entre les survivants (Ad Vitam, de Thierry Joncquet par exemple, voire Highlander), le transmission d'un corps à l'autre (Les profanateurs de sépultures, ou même Hidden, une série B rigolote primée à Avoriaz)... De même que le personnage de Pilgrim me fait irrésistiblement penser au Smiley de John Le Carré. Mais ne boudons pas notre plaisir. La mise en place est fulgurante, le contraste entre le charme tranquille de la fillette et sa nature supposée est saisissant... L'ensemble est charpenté, carré, nerveux, tendu, magnifiquement servi par le graphisme de Cassaday. Ce dernier se retient ? Il ajoute au contraire sa part de tension à celle qui émane naturellement du scenario. L'intrigue promet de nombreux rebondissements de par l'implication politique des protagonistes, ou même le rôle encore inconnu du troisième porteur de marque. En espérant que les prochains développements ne nuisent pas à cette ambiance si particulière. L'album ne fait pas peur, il inquiète et il dérange. Et c'est là toute sa force.
Excellente entrée en matière pour un Largo Winch un peu en roue libre avec le diptyque Golden Gate et Shadow. Jean Van Hamme retrouve ses marques pour son deuxième scénario inédit après l'adaptation de ses propres ouvrages. La veine de l'Héritier, de H et d'OPA est bien là, les personnages sont revenus en place (Penny en action woman avait du mal à convaincre) et l'intrigue retrouve le bon équilibre entre magouille financière et réflexion humaniste chère à l'auteur. On sent même dans le nuque le petit fourmillement du soupçon propre aux cliffhangers signés JVH : l'homme à l'imper serait-il le vieux Monkey Balls ? Silky Song est-elle ce qu'elle prétend ? Restent quelques effets faciles : le coup du héros qui prend en main l'arme du crime reste l'un des plus vieux ressorts dramatiques du monde du polar, d'ailleurs déjà exploité dans XIII. Mais baste, le graphisme de Francq est à son meilleur niveau, que dire de plus ? Que ceux que les intrigues financières ne passionnent pas n'y trouveront pas leur compte. Et que ceux qui grincent des dents en comptabilisant les "recyclages" propres à l'oeuvre de Van Hamme devront faire le détour. L'exercice, pour les autres, peut par contre être amusant : ceux qui ont eu en main "l'Héritier" version roman souriront en se rappelant que le personnage de Simon était à l'origine.. israëlien, et qu'il s'appelait Simon Ben Chaïm. Les mêmes lecteurs se souviendront d'ailleurs que le personnage de Charity s'appelait... Aaricia. Dernier clin d'oeil d'une énumération qui pourrait être fastidieuse : le préface du merveilleux "Histoire sans héros" était signée... Largo Winch, plus de dix ans avant sa renaissance en BD. Bonjour chez vous.
Une bande dessinée serait-elle morte après son premier cycle ? Ceux qui comme moi se sont mal remis des cinq premiers albums de XIII, de la première Ballade au Bout du Monde ou de la Quête de l'Oiseau du Temps savent de quoi on parle. Pour autant, on aurait tort de négliger ce Travis 6.1, curieusement oublié des critiques sur BDP quand les tomes précédents avaient fait couler leur compte de pixels. Certes, le propos de politique-fiction est développé de manière (apparemment) moins ambitieuse, et le traitement est moins spectaculaire que les scènes spatiales d'Huracan ou Protocole Oslo. Le Hameau des Chênes n'en reste pas moins un bon album, plus humain, plus "terrien", mettant en exergue une intrigue dont la proximité et la familiarité n'en sont que plus dérangeantes (tout le succès de SOS Bonheur, après tout, vient de là). Quet remplit le contrat, prolongeant avec bonheur son univers technologique, jouant avec les coloristes à saisir le passage de l'évocation lumineuse d'une installation idyllique au hameau au cauchemar de la déglingue immobilière Travis redescend donc sur terre avec l'oncle Terry, qu'il force à retourner au Hameau des Chênes où vit toujours son père nonagénaire. Un quartier délabré, devenu bidonville, que des promoteurs veulent détruire pour réaliser un astroport. Les portraits sont intéressants (bien que parfois caricaturaux : le privé est moins réussi que son robot), la mise en place sympathique et on en apprend plus sur les véritables activités de Travis. Que manque-t-il à la sauce ? Sans doute ceux qui sont devenu malgré eux des personnages presque aussi indispensables que Travis lui-même, à savoir Vlad Nyrki et Pacman. Ce n'est que partie remise : les auteurs ont prévu une aventure parallèle de Vlad Nyrki (6.2, avec Ludwig Alizon au pinceau), les deux devant se rejoindre dans le tome 7, bouclage de l'histoire. Un procédé connu et déjà un peu usé, mais qui peut encore faire de beaux bébés. A suivre.
Zhong Guo par kilroy
Excellente surprise que cette nouvelle collaboration Huppen père et fils. Ce récit d'Yves H. intègre espionnage classique et anticipation de manière complètement intégrée, avec une touche intemporelle qui ne le rend que plus intense. Je pense aux textes de SF de l'âge d'or, ceux qui alliaient le fonds politique à la forme littéraire, avec une pointe de cynisme qui actualise furieusement l'ensemble. Je pense également au magnifique Volte/Face de John Woo, par cette manière d'intégrer complètement différents univers pour parler du futur au présent. Quand au dessin, n'en parlons même pas. La réputation d'Hermann n'est plus à faire. Il prouve là - s'il en était seulement besoin - que son talent fait mouche en atmosphère confinée, aussi bien que dans ces grands espaces qui lui sont chers. Mais au fait, que signifie exactement Zhong Guo ? La Chine en chinois, l'Empire du Milieu ? Il y aurait-il un autre sens dans cet album où tout est double ?
Il est surprenant de voir combien chaque parution d'un nouveau Blake & Mortimer new wave ouvre le débat et dans une certaine mesure fait polémique. Disons le tout net : je fais partie de ceux qui ont adoré la reprise de "L'affaire Francis Blake" ainsi que la "Machination Voronov" - finalement bien mieux marqué dans la ligne de "SOS météores" que certains voudraient le dire - et désarçonné par le côté recyclage de "L'étrange Rendez-Vous" (à quoi bon s'encombrer avec Basam Dambu ?), même si l'album gagne à être relu. Mais il ne s'agit que de réactions individuelles, et il faut avant tout laisser de la liberté aux auteurs ! L'esprit de Jacobs perdure, les deux scénaristes s'acquittant avec respect du cahier des charges, et s'entendant suffisamment bien pour rester en cohérence, Sente utilisant notamment des personnages de Van Hamme. Il en est de même des deux dessinateurs qui auraient tort de ne pas mettre d'eux-même dans la série. Pour les ultras nostalgiques, il reste la possibilité de faire des montages à la photocopieuse... Alors, oui, "Les sarcophages..." est un bon cru, même si il y a effectivement quelques longueurs. Sente affirme dans une interview avoir fait avec Voronov un album trop dense à son goût. En se donnant de l'air sur deux albums, il est peut-être tombé dans l'excès inverse. Peut-être, car il faudra voir les choses à l'aune des deux albums. Autre regret : une ficelle un peu grosse avec le personnage d'Açoka dont l'identité n'est peut-être pas si difficile à deviner (???). Reste un vrai plaisir de lecture, et des personnages, qui comme il a été dit, gagnent en densité. Une évolution conforme au voeu de Jacobs, le père de la série lui-même ayant préparé de longue date la jeunesse de ses deux héros (dixit Yves Sente dans la même interview). Pour le reste, il serait dommage de décortiquer les nouveaux albums en les comparant systématiquement aux anciens. Jacobs lui-même avait considérablement évolué, tant au point de vue graphique qu'en termes de narration, de l'Espadon à Sato, et n'avait pas exploré tous les genres qui lui restaient ouverts. Laissons donc la série respirer. La règle ne doit pas être un carcan et elle peut être violée à condition de lui faire de beaux enfants. Et "Sarcophages..." est un beau bébé...
Pourquoi est-on déçu en refermant le dernier tome de "Libre à jamais" ? Ce qui a déjà été dit des deux premiers opus de la série reste vrai : elle ne supporte pas la comparaison avec la première trilogie, "La guerre éternelle". On attendait mieux de l'adaptation d'un roman d'Haldeman qui a l'instar de son aîné de 1976, a raflé le prix Hugo et le Nébula en 1998. Le graphisme est plus abouti, gagne en souplesse. Mais paradoxalement, il donne à l'ensemble une impression de molesse qui enlise le récit. On perd le contact avec les personnages, cette empathie qui liait le lecteur à Mandella. Quand au dénouement... Difficile de se prononcer, tant les choses se bousculent. L'Omni arrive comme un cheveu sur la soupe pour poser de nouvelles questions. Une ballade au musée des armées et paf, le sans-nom débarque et déballe son texte... La lecture est agréable, et l'ensemble est cohérent. Peut-être aurait-il fallu un album supplémentaire pour laisser à la magie un peu plus de temps pour s'installer. Peut-être pas. Le propos dilué aurait pu être des plus indigeste. Reste le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. Un bon roman ne fait pas obligatoirement une bonne bande dessinée. L'expérience réussie avec la Guerre Eternelle n'est sans doute pas transposable à la Paix éternelle.
Pourquoi rester de glace devant "La délégation terrienne" ? L'univers mis en place par Desberg, habile démarquage du roman colonial ou de l'aventure exotique griffée Indiana Jones, est pourtant original. Le personnage principal est présenté comme un connard arriviste, ce qui change agréablement du héros certes pas toujours pur, mais héros quand même. D'autant que June Lenny prend claque sur claque avant de commencer à comprendre (et encore) ce qu'il lui arrive. Tout se met en place, l'album sert d'ailleurs à ça. Peut-être est-ce de là que vient le malaise : le lecteur ne tient qu'un petit bout de l'histoire, bien évidemment à suivre. Desberg ne lui livre qu'une mise en bouche et quelques lignes scénaristiques à cogiter, sans réellement boucler son album, procédé excessivement frustrant. Le graphisme de Koller tient la route, même s'il rend une impression de déjà-vu dans la production de ces dernières années. Manque de contrastes, de volumes ? L'ensemble laisse glisser l'oeil au lieu de le capter. Bilan des courses : difficile de forcer les portes de Tyr de Mayam, certains resteront extérieurs à ce monde pourtant intéressant, appelé à évoluer positivement. Et sont dès lors condamnés à attendre le prochain album, espérant y trouver un souffle à même d'enthousiasmer le lecteur. Ce souffle que Desberg a pourtant su insuffler au Scorpion.
Faut-il continuer à encenser Andréas ? Oui, sans aucun doute. Inutile de parler de son graphisme innovant, digne descendant du maître Bernie Wrightson, de ses découpages flamboyants, ou de son fabuleux univers nourri de mysticisme. Mais le second cycle de Capricorne est réellement une petite merveille, qui évoque les meilleurs moments passés à (re)découvrir Rork. Certes, le personnage de l'enquêteur parapsychologue méritait le détour, et valait bien une série. Mais les premiers tomes ont déçu, Andréas donnant l'impression de se contenter de remplir le cahier des charges, de réutiliser avec constance les titres des splendides couvertures mi-Lovecraft, mi-Wrightson du Capricorne version Rork. "Le secret" relevaitle niveau par un hommage non dénué d'humour au mythe du savant fou. Mais c'est avec "Attaque" que la série décolle enfin, prenant sa propre identité. Les personnages par trop typés prennent de l'épaisseur, du mystère (voir le destin d'Astor)et surtout, une vraie densité psychologique et mythologique. "Tunnel" est dans cette veine, celle d'une série qui commence enfin à se construire, libérée des contraintes qu'Andréas s'était imposées. Reste que chaque album impose dans son approche une rélecture méticuleuse des précédents. Une contrainte acceptable pour les fan'. A condition que l'auteur ne laisse pas faiblir l'intrigue, ou n'égare complètement le lecteur en multipliant tant les pistes que les albums.
Je m'étonne qu'on ne parle pas plus de cette excellente série depuis son lancement. Alvin Norge tient haut sa place dans la collection Troisième Vague du Lombard. Le graphisme est totalement maîtrisé, truffé d'expérimentations savoureuses. Le scénario reste au top, jouant à l'envie sur le double (triple ?) jeu des personnages, et sur les différents niveaux de réalité. Seul Alvin Norge lui-même, la craquante Olga à ses basques, semble paumé dans ce jeu de dupes. Le bon vieux truc du chien fou dans un jeu de quilles, fut-il virtuel, reste un ressort performant. Certes Lamquet a renié son voeu de ne travailler que le "one shot" avec ce héros (lire l'itw réalisée par Thierry Bellefroid), et il devient difficile de suivre pour qui n'a pas lu les albums précédents, "Lucyber" a pu dérouter à ce titre. Mais l'ensemble reste roublard et cohérent. C'est un plaisir de se laisser manipuler..."Shangaï Hypothèse" apporte quelques clefs au lecteur, reste à savoir si elles ouvrent les bonnes portes. A suivre.

 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio