Une bande dessinée serait-elle morte après son premier cycle ? Ceux qui comme moi se sont mal remis des cinq premiers albums de XIII, de la première Ballade au Bout du Monde ou de la Quête de l'Oiseau du Temps savent de quoi on parle. Pour autant, on aurait tort de négliger ce Travis 6.1, curieusement oublié des critiques sur BDP quand les tomes précédents avaient fait couler leur compte de pixels. Certes, le propos de politique-fiction est développé de manière (apparemment) moins ambitieuse, et le traitement est moins spectaculaire que les scènes spatiales d'Huracan ou Protocole Oslo. Le Hameau des Chênes n'en reste pas moins un bon album, plus humain, plus "terrien", mettant en exergue une intrigue dont la proximité et la familiarité n'en sont que plus dérangeantes (tout le succès de SOS Bonheur, après tout, vient de là). Quet remplit le contrat, prolongeant avec bonheur son univers technologique, jouant avec les coloristes à saisir le passage de l'évocation lumineuse d'une installation idyllique au hameau au cauchemar de la déglingue immobilière Travis redescend donc sur terre avec l'oncle Terry, qu'il force à retourner au Hameau des Chênes où vit toujours son père nonagénaire. Un quartier délabré, devenu bidonville, que des promoteurs veulent détruire pour réaliser un astroport. Les portraits sont intéressants (bien que parfois caricaturaux : le privé est moins réussi que son robot), la mise en place sympathique et on en apprend plus sur les véritables activités de Travis. Que manque-t-il à la sauce ? Sans doute ceux qui sont devenu malgré eux des personnages presque aussi indispensables que Travis lui-même, à savoir Vlad Nyrki et Pacman. Ce n'est que partie remise : les auteurs ont prévu une aventure parallèle de Vlad Nyrki (6.2, avec Ludwig Alizon au pinceau), les deux devant se rejoindre dans le tome 7, bouclage de l'histoire. Un procédé connu et déjà un peu usé, mais qui peut encore faire de beaux bébés. A suivre.