Les 370 critiques de herve sur Bd Paradisio...

Missy par herve
Les habitués de bdparadisio connaissent dores et déjà "Missy". Née, entre- autres, dans la partie dédiée aux jeunes auteurs, en novembre 2005, "Missy" a grandi dans les pages du forum de ce site, sous le regard de Benoît Rivière, scénariste, de Hallain Paluku, dessinateur, et de Svart, coloriste; et le tout sous la houlette active d'un dénommé Coacho (obscur personnage, je ne sais si vous le connaissez...), véritable parrain de "Missy" sur bdparadisio. "Missy" c'est d'abord une superbe couverture, et ensuite un style original. Le parti pris de Hallain Paluku est risqué mais, à mon avis le plus payant: celui de dessiner des personnages sans visage. ( dans le forum, vous avez, en l'occurence, l'occasion d'admirer les dix premières planches avec les visages , pour voir la différence). Mais "Missy" c'est aussi une vie, une vie d'une Marilyn de Cabaret, ballotée entre la nuit (et tout ses feux) et l'ennui (avec des réveils difficiles). C'est l'histoire d'une rédemption ratée où l'espoir rime plutôt ici avec "au revoir". L'histoire oscille sans cesse entre l'atmosphère glauque des cabarets (avec le patron dirigiste, les rivalités entre filles) et le fragile équilibre de Missy. Elle est si touchante que l'on finit par presque en tomber amoureux. "Missy", très forte en apparence (sans faire de jeux de mots), mais si fragile intérieurement... Depuis plus d'une semaine, je fais découvrir cette bd à mon entourage et nul n'a encore été déçu par l'originalité du dessin, au contraire la surprise joue en sa faveur. Même si j'avais deviné la fin, cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu à lire cette bd, même à la relire. Un bon scénario, des couleurs superbes, et un dessin que l'on ne peut pas oublier...que demander de plus à une bd ? Je souhaite donc bon vent à "Missy". Bravo aux auteurs.
Les éditions Dargaud ont une conception très élastique de la notion de hors série. Après le très réussi et incontournable "Blacksad, l'histoire des aquarelles", ce nouveau titre "Je reviendrai" fait pâle figure. Pourtant, la série "Rapaces" se prêtait à un tel honneur. Le dessin de Marini sur cette série pouvait à lui seul justifier une édition spéciale. Hélas, la majorité des dessins n'est pas constituée que d'inédits. Le texte, qui débute par une présentation du trop énigmatique frère Exeter, n'apporte rien à la série et j'aurais préféré, à la place, avoir des indications graphiques de la part de Marini. Les croquis, certes beaux, arrivent de manière brute, sans annotation de la part des auteurs. Ce livre est un patchwork de croquis, d'extraits d'albums, de dessins en couleurs directes, de crayonnés, le tout sans aucune ligne directrice. Dommage... Reste les superbes pleines pages de Marini. Livre à réserver aux fans de cet auteur.
Hurlevent par herve
Le hasard est curieux. Je relisais la semaine dernière "les mémoires intérieurs" de François Mauriac. Celui-ci notait dans ses carnets en 1959, en parlant de "Haute-Painte" (autre traduction pour "Wuthering Heights") : "mais je n'ai jamais douté non plus qu'un grand livre comme celui d'Emily Brontë a été lentement formé par les alluvions d'une vie et qu'il s'est enrichi jour après jour de son désir et de sa douleur". Et voilà que je tombe sur cette bande dessinée "Hurlevent", scénarisé par Yves Leclerq, qui s'inspiré d'un épisode de la vie d'Emily Brontë pour expliquer la naissance de ce monument de la littérature mondiale. Si l'histoire se lit bien, un sentiment de malaise s'instaure au cours de la lecture. Deux explications peuvent être données : d'une part, il existe bel et bien un côté morbide voire malsain dans ce livre ; et d'autre part, le dessin vient accentuer cette étrangeté. Je suis surpris par le parti pris de Jérôme Deleers qui opte ici pour la quadrichromie, ce qui donne un aspect "photo" à ses planches. Mais surtout, j'ai eu du mal à m'habituer aux visages qui semblent avoir été collé sur les corps des personnages. Plus on avance dans l'intrigue, plus les têtes semblent se détacher des corps... Par contre, les décors en arrière- plan sont somptueux et ayant été à plusieurs reprises à Bruges, je ne peux que m'incliner devant le travail documentaire effectué par Deleers. Avis mitigé donc mais ce livre se lit avec plaisir.
Merci Patron par herve
Il est des livres qui nous serrent la gorge jusqu'à la fin, "Merci patron ", tout comme "Colombe et la Horde "(Simon Hureau), à son époque, est de ceux là. Comment derrière une couverture bucolique et un titre presque chantant, deviner qu'un véritable drame se cache ? Rui Lacas, jeune auteur portugais, (tiens ! Pierre Paquet après sa longue période espagnole, part à l'assaut de la péninsule lusitanienne chercher des auteurs ?) nous dépeint le portrait d'une pauvre famille portugaise pendant les années 80. Dans un pays non encore ouvert au marché européen (il faudra attendre 1986 pour que le Portugal rejoigne ce que l'on appelait alors la C.E.E), c'est un véritable pouvoir seigneurial que nous raconte Lacas, le pouvoir du fameux "Patron". Un dessin, certes assez simple, des personnages, qui ne sont pas des gravures de mode, et des couleurs parfaites, le tout donnant de la puissance à cette histoire dramatique. Peu d'espoir, peu de rire mais une très lente déchéance parfaitement mise en image par Rui Lacas. Un portrait bouleversant, allant même jusqu'au dégoût (page 79), d'une jeune fille qui arbore pourtant un sourire radieux sur la couverture. C'est "La terre" de Zola revisité par Rui Lacas. La collection "Blandice" s'enrichit, une fois de plus ce mois-ci, après "La guerre du professeur Bertenev" et "Mélodie en crépuscule " d'une nouvelle pépite.
Comment transformer une mort presque anonyme (ayant pourtant fréquenté Brest pendant presque 20 ans, je n'avais jamais entendu parler d'Edouard Mazé) en une épopée flamboyante. C'est le pari de trois hommes : Kris, Etienne Davodeau et de René Vautier, "le cinéaste franc-tireur". Davodeau a un talent qui n'est pas donné à tout le monde, celui de prendre parti intelligemment dans toutes ses bandes dessinées. L'alchimie entre ces deux auteurs (Kris et Davodeau) nous offre un témoignage engagé, sur les luttes syndicales féroces dans une ville de Brest où "tout n'est plus pareil et tout est abimé" (comme l'écrivait Jacques Prévert), méconnaissable (d'où la réaction de René à sa descente du train) en pleine transformation dans les années d'après guerre (je devine d'ailleurs dans la présentation faite au cinéaste, page 23, la ville d'aujourd'hui). Il est des livres qui font un travail de mémoire, "la mort d'un homme" est de ceux-là. Outre le dossier fort bien documenté à la fin, il ne faut pas oublier que la période de l'après guerre fut dominée par des conflits sociaux d'une rare violence (d'où la création en 1947, de la Compagnie Républicaine de Sécurité - les CRS -), inimaginable aujourd'hui. Et là, à Brest ce 17 avril 1950, un homme est mort... "un homme est mort" sonne comme une litanie tout au long de ce livre. Après "Rural" et "Les mauvaises gens ", c'est encore un chef-d'oeuvre que nous livre Davodeau (n'oublions pas Kris, au scénario) chez Futuropolis, décidement très prolixe en petits bijoux ("Le sourire du clown", "Les petits ruisseaux"). Un très beau travail à tout point de vue : dessin, scénario, recherche documentaire. Ici, l'émotion succède au rire, la révolte au désarroi. Aventure d'un film, dont, tout comme la ville de Brest, "il ne reste rien"... sauf ce témoignage.
Angela par herve
Dans un premier temps, j'avais acheté la version "noir et blanc" d'Angela. J'apprécie en effet beaucoup le dessin de Vatine, dessinateur que j'ai découvert assez tardivement. Ce n'est que depuis la lecture de ce western que je continue à persévérer dans l'univers à la fois de Vatine, avec "Aquablue" (dans l'intégrale Delcourt parue en septembre) et de Pecqueur (aussi à travers l'intégrale de "Golden city" éditée à l'occasion des 20 ans de Delcourt). Le scénario d'"Angela" m'a vraiment attiré, même s'il ne révolutionne pas le western, tel qu'il est décrit dans la bande dessinée.(et en outre, il est pas beau ce train lancé à grande vitesse...). Giraud ayant quasiment monopolisé le western dans la bande dessinée (avec aussi Morris avec "Lucky Luke", et Swolf avec "Durango"), il est fort rare de voir des auteurs s'immiscer dans ce domaine, mis à part Desberg et Marini pour le formidable "Etoile du désert" et Vatine et Pecqueur pour le présent album. J'ai cédé pourtant à l'édition dite normale d'"Angela" tant les couleurs d'Isabelle Rabarot et d'Olivier Vatine himself font ressortir l'histoire. Il est assez rare de noter que c'est bien la première fois que je préfère la version couleur à celle de l'édition limitée en noir et blanc. Même si l'histoire se traite en one shot, j'ose tout de même espèrer que le final de cette aventure augure d'une suite à la hauteur de cette histoire. Et puis honnêtement, vous pouvez passer à côté d'une couverture aussi sublime sans céder au mécanisme pervers de l'achat compulsif ? En tout cas, moi j'ai craqué doublement. Et puis ma femme s'appelant "Angela" je me devais logiquement de craquer pour un tel titre, non ?
Comment dire... dans ce troisième volume, Van Hamme fait du Van Hamme. En condensant l'aventure sur un seul volume, le scénario devient trop invraissemblable. Suzan est une apprentie espionne assez naïve dans cet album : les confidences (sur l'oreiller) et ailleurs sont légions ici, bref pas discrète la Suzan (avec de telles espionnes, le monde occidental est mal barré). Même replacé dans un contexte international dominé par le terrorisme et la mafia de l'Est, les ficelles du scénario sont un peu grosses, d'ailleurs, ce n'est plus de la ficelle mais de la corde. Malgré tout, les dialogues sont souvent percutants voire assez drôles. Petite déception donc, après un dyptique réussi.
Pierre Paquet a pris l'habitude depuis quelques années d'embaucher des auteurs par delà la barrière des Pyrénées. Et bien lui en a pris pour la présente bande dessinée, publiée dans la fort élégante collection "Blandice", qui reste pour moi un gage de qualité depuis sa création. D'abord, le format de 76 pages permet à l'auteur de réaliser sur la longueur ses propres idées sans être enfermé dans le carcan des 48 voire des 62 pages. Outre le bon scénario sous jascent à cette bd, le dessin d'Alfonso Zapico est excellent. Il y a du Tolstoï dans le personnage du Professeur Bertenev, couard devant l'ennemi mais fier de sa nationilté russe, fier de la littérature russe. L'auteur , Alfonso Zapico, à la fois scénariste et dessinateur nous offre là un portrait fabuleux d'un intellectuel russe, rebelle au pouvoir tsariste mais proche de ses ennemis, bref un ami du "siècle des lumières" dans une russie encore moyenageuse. J'ai vraiment adoré ce personnage de professeur, perdu dans la guerre de Crimée, idéaliste du moment, pacifiste avant l'heure. Il y a du "lincoln" dans l'air mais aussi un film avec Dany De Vito (où celui ci donnait des cours à des soldats en mal de reconnaissance). La fin reste ouverte et permet d'espérer une suite où le personnage, idéaliste fort déçu par les hommes et par la guerre, veut se refaire une vie par delà l'atlantique. Voici donc une bd dont je n'ai vu aucune publicité, qui célèbre à la fois l'héroïsme guerrier, l'humanisme du vainqueur et la fragilité de la paix, sur un fond (mais assez discret ) d'histoire d'amour. C'est drôle, émouvant, simple, cela m'a fait songer à du Chaplin. Mon coup de coeur du moment. Lisez-le.
Mais que diable vient faire Baudelaire dans cette galère. Ballotté de calèche en calèche, d'intermédiaire en intermédiaire, notre poète maudit national se fond dans un rôle qui ne lui convient guère, celui d’espion ou plutôt de petit télégraphiste de son éditeur. Autant j’ai apprécié les bande dessinées signées Tarek comme "le tsar fou" ou plus récemment "Raspoutine" voire l'excellent "Sir Arthur Benton", autant je suis déçu par ce nouveau scénario, j'avoue même m'être ennuyé. En voyant le titre, je m'attendais à du grandiose, au lieu de cela, je n’ai vu qu'un jeu de piste sans intérêt, complètement insignifiant. Admirateur de Baudelaire, que je tiens pour un des plus grands poètes français (lisez plutôt sa biographie par Claude Pichois, le spécialiste du poète, chez Fayard,), je déplore l’utilisation malheureuse du personnage. Le traducteur d'Edgar Allan Poe méritait un meilleur sort. Pourtant, le dessin en noir et blanc de Mornière est parfaitement adapté à l’atmosphère du scénario mais malheureusement cela ne sauve pas l'ensemble. Grosse déception.
En tant que collectionneur, j'ai l'habitude de succomber à la tentation des "making off" comme celui du crayonné des "Nancy Hart" (les Tuniques Bleues), ou encore à "L'arrière boutique du magasin général" (Loisel et Tripp), voire du formidable (pour les dessins et la fabrication- laissons de côté le désastreux scénario) d'Astérix et "la Traviata", sans oublier le manuscrit de "Western" de Van Hamme et Rosinski. C'est donc avec impatience que je me suis jeté sur ce 49Z , curieux sous-titre de cet album. Le format est fort plaisant mais l'intérieur du livre est décevant. J'hésite entre le "foutage de gueule" et "l'arnaque scénaristique". Ma mauvaise habitude de consulter une revue ou un livre par la fin m'a joué un tour (en effet, la fin du livre est consacrée à l'adaptation du scénario de Morvan par Munuera, qui reste au demeurant la partie la plus intéressante mais aussi la partie traitée de la plus pauvre façon, dommage). Car, ce livre résulte plus d'un ersatz du guide du routard que d'un "making off" digne de ce nom. Et que dire de l'adaptation "manga" de Spirou et Fantasio qui libère à tout jamais et malheureusement, nos deux héros, de l'univers franco-belge dans lequel ils évoluaient depuis Franquin (désolé mais pour moi, Franquin reste, sinon le Repreneur, mais le véritable dessinateur de Spirou - pardon pour les autres). Au risque de me voir attirer les foudres des talibans de la grammaire - qui ne m'ont guère épargnés lors d'une de mes critiques précédentes sur une bd de Sfar - je qualifierai ce livre de "parfaitement dispensable".
C'est avec grand plaisir que je retrouve Renaud Dillies, que j'avais rencontré il y a deux ans lors d'une séance de dédicaces pour "Sumato". "L'amour (est) trompé, fugitif ou coupable" (Chateaubriand) semble être le point de départ de l'aventure de Scipion, qui va trouver refuge dans la musique pour noyer son chagrin. Comme dans sa première bande dessinée, "Betty Blues", le jazz est salutaire aux héros de Renaud Dillies. Car c'est un hommage indirect à Django Reinhardt que nous propose Dillies ; mais d'autres allusions se glissent subreptissement dans cette bande dessinée, notamment à Lewis Caroll ("Alice aux pays des merveilles"), avec, comble d'ironie, un lapin chef de service des bureaux du retard, et une page entière se déroulant sur les cheminées faisant étrangement songer à "Mary Poppins" de Pamela London Travers (ces deux livres ayant comme point commun d'avoir été adaptés par les studios Disney). Bref, le rêve est le dénominateur commun à tout ceci. J'ai commencé par Chateaubriand mais c'est plutôt Baudelaire qu'il fallait citer; en effet cette bande dessinée est une véritable "invitation au voyage", voyage intérieur d'un Scipion désemparé, d'un Scipion écrasé par le poids de sa propre Administration, ne rêvant que d'une seule chose, retrouver son ami musicien tsigane. Certes, Renaud Dillies garde un style bien particulier que l'on retrouve aussi bien dans "Betty Blues" que dans "Sumato", livres publiés dans la très élégante collection "Blandice" des éditions Paquet. Mais comme Pierre Paul, dans une critique précédente, j'ai trouvé la fin un peu bancale. Reste la beauté des dessins et un scénario fort original. A découvrir, à lire et à relire.
Morvan persiste et signe dans ce 49ème album : les courses poursuites sont toujours aussi nombreuses ici, au détriment de l'intrigue. Même si la pagination augmente au fur des aventures imaginées par Morvan et Munuera (48 pages pour "Paris sous Seine", 56 pages pour "L'homme qui ne voulait pas mourir" et 62 pages pour le présent volume), le scénario est semé d'invraissemblables combats. Il faut croire que le Japon ne porte pas chance aux héros mythiques, on ne peut pas dire que "Les 3 formules du Prof. Sato" de Blake et Mortimer figure parmi les meilleurs de la série ; sans parler du dernier et désastreux Astérix (avec la bataille comics/mangas). Les clins d'oeils sont nombreux dans cette nouvelle aventure de Spirou : on retrouve les personnages créés par Fournier, et aussi le prochain Spirou version manga (qui sortira prochainement). Morvan a profité de son séjour à Tokyo (cf "Spirou et Fantasio 49Z") pour nous livrer quelques éléments de la vie japonaise (les nouvelles technologies, le consumérisme galopant, le Yamanote et les Yakuzas). Autant le fantastique ou les situations invraissemblables (cf le G.A.G, la Zorglonde) passaient bien avec Franquin, autant ici, les pouvoirs paranormaux des enfants me paraissent totalement étrangers au monde de Spirou. J'ai eu plus l'impression de lire parfois des pages de "Domu - rêves d'enfant" de Katsuhiro Otomo. La génération des premiers lecteurs de Spirou et Fantasio (la période Franquin, j'entends) sera, une nouvelle fois, perdue dans cet album qui bouscule complètement l'univers de nos deux héros. Tout n'est pas négatif tout de même. Fantasio, grand gaffeur devant l'éternel, est souvent placé dans des situations amusantes et originales (l'utilisation des WC, sa folie dépensière...). Le dessin de Munuera me plait beaucoup, en outre. Malheureusement le poids des prédécesseurs des deux auteurs est tel pour le lecteur, qu'il ne peut faire abstraction de Franquin, de Tome et Jarry, de Fournier par exemple. Les lecteurs qui découvriront Spirou avec Morvan et Munuera aimeront peut-être, mais moi, cet album me laisse un goût amer, une nostalgie du passé. Bof, sans plus.
Des "péchés mignons", des petits riens de la vie quotidienne, de la vie amoureuse, histoires coquines, jamais vulgaires et drôlement illustrées par Arthur de Pins. La relève de Dany (que j'adore) semble là assurée: un dessin moderne, des histoires moins convenues, des personnages tout en rondeur et des situations fort cocasses. Les gags sont certes inégaux mais on sent la fraicheur de cet auteur qui nous offre là une compilation de ses petites "scènettes" depuis 2003. N'étant pas du tout amateur de bandes dessinées genre "les bondes", "les blagues belges" et autres erzats, j'ai passé pourtant un agréable moment à la lecture de cette bd fort divertissante et sans prétention. A lire en couple, à lire séparement mais surtout il faut faire lire cette bd à sa conjointe (ou à son conjoint); vous verrez il y a bien une situation décrite dans cet album que vous avez au moins vécue. Non ? menteur(euse) !! C'est frais et distrayant.
Après le "sang des porphyre", voici donc la nouvelle série d'un Yann décidement très prolixe en ce moment. Une très belle couverture, sobre et simple mais lorsque l'on ouvre le livre, on ne peut que regretter les couleurs fades employées. Une histoire, ou plutôt une enquête policière bien menée, avec de bons mots distillés tout au long du récit. J'ai bien aimé le dessin d'Herval, que j'avais découvert l'an passé dans un recueil admirablement illustré "drôles de pin- up". Des clins d'oeils (cf la rue Maurice Tillieux page 36), un lieutenant de police fort inattendu et des personnages secondaires réussis font que cette bande dessinée sort véritablement du lot parmi le flot éditorial du mois de septembre, déversé dans les bacs. Bienvenue donc à Tiffany dans la cohorte des détectives de papier, une série qui débute très bien. C'est simple, efficace , bref une série prometteuse. Oh, pendant que j'y pense: avant d'être comme moi, agacé par les phylactères retraçant les pensées des personnages dans les premières pages, lisez d'abord le quatrième de couverture...
Avant d'ouvrir le livre, le stick violet annoncant de facon présomptueuse "après Sambre, la nouvelle série de Balac" choque. D'une part Balac, alias Yann, n'a signé que le premier volume de cette série, et d'autre part; pourquoi avoir repris ce pseudo délaissé depuis? Pour faire oublier ses séries comme "Pin up" (à part le dessin, je n'accroche vraiment pas), ou "Yoni" (série qui stoppe brutalement au numéro 2) ou encore "les Eternels" (que j'apprécie)? Revenons à l'album qui se déroule dans la Bretagne des naufrageurs, celle des légendes, celle des mystères. J'ai mis du temps à rentrer dans l'histoire, j'ai souvent débuté cette bande dessinée puis je l'ai reposée à plusieurs reprises. L'histoire ne semble en fait débuter qu'à la fin de l'album, à l'arrivée d'Hermine de Rotheneuf, qui semble précipiter les choses et, par son arrivée dans le village, enfin faire démarrer le récit. Car l'histoire de la famille Porphyre, famille de naufrageurs, c'est du déjà vu. Un point me chagrinne également, en tant que Breton pur-cidre, c'est l'abondance de prénoms comme Soisik, Armel, Korentin, Gwemon, Konan bref autant de patronymes qui en font une opérette bretonne, à l'époque on s'appelait Yves, Marie, Louis, Pierre ou encore Jean. Malgré tout, ce premier volume se lit bien, grâce au dessin de Parnotte qui force peut-être un peu trop souvent sur les fonds jaunes (ce qui fait ressembler la Bretagne au désert du Sahara).
Déroutant à première vue ce livre, entre roman graphique et bande dessinée. Le style de Séra est très particulier, assez proche de la photographie et il faut, je l'avoue, quelques pages pour s'habituer au récit. Car Yves H. ajoute au particularisme graphique une narration romanesque, alternant extraits du "dracula " de Bram Stoker et scénario original retracant la biographie de Stocker, vampirisé toute sa vie par le personnage d'Henry Irving. J'ai eu parfois l'impression de retrouver le style d'Yslaire dans sa série XXème siècle. Je recommande vivement ce livre, très sobre, et qui nous révèle un personnage attachant, Bram Stocker; qui a cotoyé les plus grands de l'Angleterre Victorienne, de Conan Doyle à Oscar Wilde, en passant par Henry Irving, incontournable dans cette bande dessinée,et Walt Whitman. Un homme au destin particulier, un destin proche des poètes maudits, de peintres méconnus lors de leurs vivants, bref un destin de" loser" comme je les aime. Remarquable album, d'approche assez difficile mais qu'il faut absolument lire, surtout pour la beauté et la force des dessins de Séra.
"Un ciel radieux" ou "le ciel peut attendre" aurait pu sous-titrer Jirô Taniguchi, si cela ne faisait pas déjà référence à un film célèbre. Cette imposante bande dessinée (300 pages) reprend les thèmes chers à Taniguchi, le temps, la famille,les secrets, les remords et les regrets. Pourtant contrairement au "journal de mon père" qui m'avait ému presque jusqu'aux larmes ou alors "Quartier lointain", chef d'oeuvre absolu , je n'ai été peu ou prou, touché par cette aventure de Kubota et de Takuya. Non, l'émotion, que sait si bien manier habituellement Taniguchi, n'atteint pas le lecteur ici. Quelques exceptions notables tout de même, lorsque Kubota revoit sa fille par exemple. Mais j'ai eu parfois l'impression que l'auteur avait du mal à faire passer auprès du lecteur cette idée, pourtant originale, de l'esprit de Kubota dans le corps d'un jeune homme. Parfois, je ne savais plus qui parlait. Le livre aurait sans doute gagné en intensité et en émotion en étant plus court : les passages faisant allusion aux cadences infernales des entreprises japonaises, m'ont semblé inopportuns, ou tout du moins, trop longs. Taniguchi aurait dû se contenter de la spère familiale. "Un ciel radieux" reste malgré tout un livre de qualité mais bien en deça des oeuvres que j'ai citées au début.
"La traque" constitue plutôt une bonne surprise pour cette rentrée. Après le catastrophique "Requiem pour un bleu", un "Nancy Hart" ne valant que pour sa version crayonnée,un "Arabesque" sans intérêt et un "mariage à Fort Bow" complétement décousu,ce dernier opus semble vouloir renouer avec les albums mythiques. On n'en attendait pas moins des auteurs pour le cinquantième album d'une série phare comme les "tuniques bleues". Ainsi, pour relancer l'intêret de la série, Cauvin a eu la bonne idée de se ressourcer dans ce qui reste, à mon humble avis, un de ses meilleurs albums, "la prison de Roberstonville" (ça nous rajeunit pas tout cela). Par contre, j'ai eu l'impression, comme pour "mariage à Fort Bow", de lire deux histoires distinctes en un album. Cauvin a du mal à suivre la distance sur 46 pages pour produire une histoire linéaire. En effet, sur une dizaine de pages, les situations se reproduisent à l'identique. Bref je suis resté un peu frustré de ne pas lire un scénario qui se tient sur un album mais tout de même heureux de retrouver mes héros dans un cadre nostalgique, avec le retour de Cancrelat et du lieutenant dirigeant la prison. Il faut souligner à l'occasion du cinquantième numéro, la parution d'un coffret avec, outre l'album, un jeu de cartes et un livret de 32 pages, coffret que je me suis évidemment empressé d'acquérir.
Tarek, le scénariste, aime l'Histoire, et surtout aime jouer avec l'Histoire. Après "Sir Arthur Benton", sa série phare, voici donc l'histoire de Raspoutine (la Sainte Russie est par ailleurs le théâtre d'une autre de ses productions, le "tsar fou", publié récemment chez le même éditeur). Dans ce premier volume, c'est un aspect assez méconnu du Tsaretz qui nous est relaté : son ascension dans la famille impériale. Malgré un dessin assez simple et des transitions parfois abruptes entre deux scènes, j'ai accroché à cet opus. Car il ne s'agit pas d'une simple biographie mais plutôt une enquête sur un manuscrit volé, celui de la prophétie d'Isaïe, tant protégé par le Vatican. Ce qui n'est pas sans rappeler le "Nahik" du décalogue, ou encore "le testament du fou" du "triangle secret" (mais la série, contrairement à celles citées ne s'étendra que sur trois volumes). Un reproche par contre au niveau du scénario, c'est le grand nombre de personnages ou d'intermédiaires envoyés par le Vatican. A chaque "missi dominici"correspond un double chargé de le surveiller. Cela en fait du monde, et parfois on s'y perd. Histoire bien menée et prenante. A suivre avec intérêt.
C'est amusant de retrouver Christophe Bec dans un univers moins confiné que celui "Sanctuaire" ou encore de"Zéro absolu", qui vient d'ailleurs de faire l'objet d'une réedition chez Soleil. Après un monde viril et presque asphixiant, place au grand air et aux grands espaces avec "le temps des loups". Même le dessin semble libéré de ces carapaces qu'étaient le sous marin ou encore les scaphandres. Niveau dessin, on trouve une ligne plus claire, un fond uni, des décors quasi inexistants qui font ressortir la solitude du personnage principal, Alex Novare (ou Beauterne comme il se fait appeler). Si le scénario est intéressant, il ne semble pas, par contre donner dans la grande originalité, tout du moins, dans un premier temps : un homme seul débarque dans un patelin où de mystérieuses disparitions sont constatées (on peut ainsi songer à Freaks agency). La dernière page nous laisse pourtant un parfum d'effroi... vivement la suite. Car les thèmes si chers à Christophe Bec sont bels et biens présents dans cette nouvelle aventure : l'apocalypse, une atmosphère sombre voire angoissante et des créatures semblant sorties tout droit de l'enfer; sans oublier quelques images faisant écho, comme celle du soldat à la mitraillette avec des lunettes noires, page 41 et celui dans la même posture page 27 -planche 14-du troisième tome de "Sanctuaire" (édition en noir et blanc, désolé je n'ai que celle là sous les yeux). Pourtant, un doute plane sur la suite : en effet, dans le dernier numéro de Bodoi, Bec confiait vouloir abandonner définitivement le dessin au profit du métier de scénariste ; alors qui reprendra la suite pour rester dans l'univers si particulier de Christophe Bec ?
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