Personne n'a parlé de cet album incroyable ? Est-ce que quelqu'un l'a au moins lu ? Personnellement, je le classe immédiatement dans mon top 5 de l'année ! Je suis soufflé ! Ne faites que le feuilleter : jamais vous n'aurez vu une telle liberté dans la couleur dans une bande dessinée... Quelles atmosphères ! On n'est pas très loin de la coloration du McCay de Bramanti, mais en encore plus éclatée ; on peut par ailleurs songer à Chaland (cf p. ex. Escale sur proxima) pour l'habile juxtaposition des blancs et des zones colorées. Le dessin est particulièrement habile, avec une griffe pas très loin de Mattotti, ou peut-être même de Mazzuchelli ou Blutch par moments, avec un sens de l'économie visuelle à la Baudoin. Ah oui, et le lettrage me rappelle celui de Frédérik Peeters ! Ça fait beaucoup d'influences, ou simplement de voisinages, mais c'est parfaitement digéré et intégré ; en somme un premier album coup de canon pour Azuelos. L'histoire en est une onirique comme je les adore : deux plans se chevauchent : une première réalité totalement fantasmée par un jeune héros autiste qui vit en pleine mythologie grecque antique et une seconde, crue et dangereuse, qui le rejette et cherche à l'interner. Mais ces deux «interprétations» se chevaucheront tout au long du récit, se répondant l'une l'autre. Carabas prend du galon avec l'édition de ce superbe objet (Casterman aurait dû se ruer là-dessus !) et est en train de devenir l'un des éditeurs à surveiller, avec ses albums atypiques et puissants (L'Âge de raison, etc.) Chapeau !