Alors qu'Albin Michel devenait un éditeur auquel on ne prêtait plus guère attention (sauf rayon humour), il nous présente coup sur coup d'excellents ouvrages de genre fantastique, de loin meilleurs que d'autres collections qui se targuent de vouloir créer des insomnies. Après "Ne touchez à rien", brillant et nouveau Bézian, voici "L'épicurien" qui inaugure la série "Les quartiers de l'étrange". Le récit se déroule à L'Epicurien, lieu de plaisirs de la chair avec son restaurant, et de plaisirs du bas-ventre aux étages. Ne vous méprenez pas, il ne s'agit nullement ici d'un bouquin de cul. Et le peu de scènes explicites auxquelles on a droit relèvent davantage du cauchemar que du fantasme. Des prostituées supersticieuses colleportent l'étrange rumeur que leur patronne serait centenaire, qu'elle porterait un foetus maléfique en elle ... et qu'elle pourrait même être à l'origine de meurtres. Tout cela semble un peu trop gros aux yeux de Guillaume, voyageur de passage ayant trouvé un emploi d'aide-cuisinier dans le restaurant. Cependant, après plusieurs événements survenant dans l'établissement, l'angoisse et le doute le gagnent ... et nous gagnent aussi. L'histoire nous change quelque peu de ce qu'on a pu lire d'habitude en BD et il reste à espérer que la fin dans le volume suivant soit à la hauteur. Le dessin est spécial et demande un temps d'adaptation. Après il en met plein la vue. Je n'avais plus vu des couloirs aussi inquiétants depuis le "Shining" de Kubrick !!!