C’est suite à vos commentaires extrêmement positifs de cet auteur que je me suis en tête de découvrir une des ses bédés. Les premières pages sont dévorées en peu de temps, j’avoue avoir été scotché par l’absurdité de la situation d’Alex en train de se soulager très difficilement. C’est hilarant et quelque part assez osé de la part de l’auteur de nous proposer une scène de ce genre ! Le dessin est simple et l’encrage est utilisé avec intelligence. La suite de l’histoire ne sera malheureusement jamais au niveau de ce début prometteur… La répétition des scènes notamment où Alex casse à tout va m’agaceront. Qu’Alex fasse ses crises dues à son excès d’alcool et à cause de l’incompréhension de son entourage, ça, je comprends bien mais pourquoi cette utilisation de longues séquences ? Pour preuves : 8 pages à partir de la page 220 sans compter les nombreuses séquences parséminées dans tout le livre ! Trop c’est trop ! D’autres auteurs, à mon avis, auraient utilisé ces séquences en deux-trois pages plus explicites sans avoir recours à ces longs "défoulements". Le dessin de Kalesniko deviendra à partir de la page 19 moins encré, plus quelconque, plus relâché comme s’il fallait terminer l’ouvrage sous la contrainte d’une date limite. Personnellement, je trouve que le dessin de cet auteur est parfaitement l’exemple type qu’une colorisation apportera un plus. D’ailleurs, je ne serai pas surpris de voir les éditions Paquet annoncer une version colorisée de cet ouvrage plus tard si Kalesniko trouve un public plus conséquent et fidèle. On peut imaginer "Alex" en plusieurs tomes coloriés au vu de la partition actuelle de cette bédé en chapitres, ce qui simplifierait la réalisation d’une série à partir de cet ouvrage… Je n’ai pas non plus saisi l’intérêt d’avoir une tête animalière à Alex. Ça donne l’impression qu’il est le seul extra-terrestre au milieu d’humains qui ne sont pas surpris par son aspect. C’est, à mon avis, illogique et n’apporte rien au scénario. Une apparence humaine aurait au contraire apporté plus de réalisme, de pertinence à la débauche d’Alex. Le désespoir de ce personnage qui se démêle pour s’enfuir à la vue de ses camarades de classe et pour en devenir à fou casser me semble complément irréel. Alex en fait tellement que la lecture devient ennuyeuse et que j’ai eu une tendance à vouloir rejeter cette bédé avant la fin si les avis des autres bédéphiles n’avaient pas été aussi bons. Personnellement, quand quelqu’un tombe dans un tel état de médiocrité alors qu’il n’est pas dans le besoin, qu’il n’a plus de famille, qu’il a un métier indépendant, qu’il habite une ville qu’il déteste et un toit à lui, je lui conseillerais de vendre sa maison, de se barrer ailleurs, d’oublier son enfance et de refaire sa vie ! Franchement, quand je vois les nombreux SDF qui traînent dans les villes et que je compare leurs situations à celle d’Alex, je me dis qu’il n’a pas vraiment de quoi se plaindre de lui ! Si le but de Kalesniko était de rendre le personnage d"Alex" antipathique et extrêmement imbécile, il a réussi son pari du moins sur moi ! Finalement, "Alex" n’est pas une histoire à proprement dit mais une mise en place d’un climat de désespoir trop fort pour qu’on y croit qui se précise au fil de l’album. Quant au trait de Kalesniko, il n’a rien d’exceptionnel, je pense qu’il maîtrise parfaitement son coup de patte mais je le trouve pas assez encré et mériterait à mon avis une colorisation. Cependant, je reconnais que sa mise en page est un modèle d’efficacité. "Alex" est donc un album dispensable et qui ne m’encourage pas à découvrir les autres bédés de Kalesniko. Allez plutôt lire "Sumato" du même éditeur qui est véritablement une ode à la vie avec ses peines et aussi et surtout ses espoirs !