Les 3 critiques de Vieto sur Bd Paradisio...

Désoeuvré par Vieto
Avis mitigé sur le dernier opus de mon Idole Trondheim. Le bouquin se lit d'une traite, on sourit souvent, on grimace parfois (ah, ce passage poignant sur Fred), mais une fois refermé, je me suis dit : "ouais, et alors?" : Lewis n'avait pas grand-chose à dire, mais il le dit bien. Je comprends parfaitement ces interrogations qui prennent mon auteur favori à la quarantaine (je n'en suis pas loin), cette peur de se répéter, de perdre le plaisir de créer pour devenir un "faiseur". Mais ce long questionnement sur le vieillissement de l'auteur de BD me semble en définitive assez creux. Comme le dit Berberian dans le bouquin en se foutant de la poire de Lewis, pourquoi ne pas traiter ensuite du vieillissement des boulangers ? Il est vrai que ce problème dépasse de loin le petit monde de la BD. Il pourrait toutefois être assez intéressant pour le lecteur de BD de connaître les angoisses existentielles des auteurs dont il lit les bouquins. Mais en l'occurence, tout cela me semble assez bateau : les conversations nombreuses, qu'il a eues avec ses confrères et qu'il nous rapporte ne font, à mon sens pas tellement avancer le schmilblick. D'autant plus qu'à chaque affirmation, Lewis s'empresse de rajouter un contre-exemple. Les mails de Delporte, qui dissertent sur la tendance suicidaire de certains auteurs et qui ont été considérés comme géniaux par certains, ne m'ont pas, quant à moi, paru si exceptionnels. On n'en sait pas plus après qu'avant, à savoir que la plupart des auteurs perdent en qualité en vieillissant, que d'autres arrivent à rester au même niveau "que l'on aime ou que l'on aime pas" (Tibet), et que de très rares génies sont parvenus à rester au top jusqu'au bout (Schultz). Il est évident que Lewis ne pourra pas trouver de réponse à son problème avant d'y être confronté ! Il dit lui même qu'heureux, son angoisse est de savoir "quand et comment tout cela va voler en éclat". Essayer d'anticiper le malheur pour s'en prémunir, voilà aussi un comportement qui m'est familier... A mon avis, cette angoisse est susceptible de constituer un bon moteur pour la création : je lui fais confiance de toute façon, Trondheim a assez de talent pour rester au niveau d'un Schultz ! Il ne me semble pas, en revanche, que ladite angoisse suffise pour rendre un bouquin très passionnant, même si la forme, est comme toujours, séduisante.
Cet ouvrage retrace une page de l'histoire du Canada peu connue du lecteur français : la révolte d'une colonie francophone contre le pouvoir central anglophone, à la fin du XIX° siècle. Menée par Louis Riel, choisi comme porte-parole en tant que rare représentant des francophones à parler Anglais, cette rébellion, d'abord pacifique, tournera rapidement, à la suite d'un mauvais concours de circonstances, à l'affrontement armé. Ce livre est intéressant par la rigueur de la recherche historique qu'il a nécessitée, et par la volonté de l'auteur d'éviter tout manichéisme. Il montre comment des hommes qui veulent au départ simplement faire respecter leur dignité se retrouvent pris dans un conflit qu'ils ne maitrisent plus, alimenté par les ambitions politiques des uns, et les intérêts financiers des autres. Il relate les faits de façon la plus neutre possible, mais sans occulter le contexte souvent raciste : la plupart des "Français" sont des métis d'Indiens, considérés par les "Anglais" comme des sauvages. A cet antagonisme ethnique et linguistique s'ajoute la différence de religion (les francophones sont catholiques, les anglophones protestants). Louis Riel est donc une oeuvre rigoureuse sur le fond, mais aussi de par sa forme : on serait même tenté de parler d'austérité. Outre le noir et blanc (qui n'empêche pas les grandes épopées, Pratt, pour ne citer que lui, l'a bien démontré), et un graphisme relativement dépouillé, Chester Brown utilise un "gaufrier" de six cases par page, dans lesquelles il se rapproche très rarement de ses personnages : on ne trouve quasiment pas de gros plans, Brown utilisant une majorité de plans larges ou de plans américains. Cet éloignement de la "caméra" empèche, à mon sens, les personnages de prendre vie : ils restent des archétypes. Même Louis Riel lui-même reste largement un inconnu. On assiste à une crise mystique qui le conduit à l'asile, mais le livre refermé, cet homme reste largement un inconnu. Il s'agit en fait d'un part-pris de l'auteur : Brown justifie ce parti-pris dans son avant-propos, en exprimant sa volonté de centrer son récit sur l'antagonisme entre Riel et le gouvernement canadien sans faire une biographie (pour laquelle il nous renvoie vers d'autres ouvrages). Ces limites volontaires qui ne sont pas sans rappeler le "dogme" cher à Lars Von Trier, m'empèchent pas certains auteurs de donner une puissance à leur récit par la richesse de la mise en scène ou les émotions : je pense en particulier à Jason. Ici rien de tel : Chester Brown fait un ouvrage d'histoire, dans lequel l'émotion apparait peu. Point amusant, l'auteur a préféré remplacer les injures racistes par des "XXXXX", plus politiquement corrects (ce qui ne l'empèche pas de monter un homme fusillé à qui on donne le coup de grace). Je le répète, ce livre est suffisamment riche pour rendre sa lecture intéressante. Une aridité quasi monacale en rend toutefois l'accès assez difficile. J'ai également déploré, étant donné que l'ouvrage a une vocation documentaire, le manque d'informations sur ce qu'est devenue la communauté en question, point d'autant plus important que les tensions entre francophones et anglophones sont encore d'actualité.
De mal en pis par Vieto
Je poste cette petite chronique (qui est également ma première), pour dire tout le bien que je pense de cet album, pour moi le meilleur de l'année 2004. L'ami Hervé a pratiquement tout dit, je serai donc bref. Alex Robinson décrit avec sensibilité la vie de jeunes New-yorkais qu'il suit sur plusieurs années non sans humour, mais en ménageant des moments dramatiques qui nous émeuvent. Il trouve un équilibre subtil entre les joies et les peines, en prenant soin de nous rendre les personnages attachants en leur donnant une dimension humaine que l'on retrouve malheureusement dans peu d'ouvrages. Une narration près fluide, servie par un noir et blanc très élégant. Vraiment un long moment (le livre est un vrai pavé, mais quand on est lancé, on a du mal à s'arrêter) de pur bonheur !

 
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