Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

Opus Matrice (Fides) par Thierry Bellefroid
« Opus matrice », tome 1 de la série « Fides », dans l'univers Transgénèse. Par Ploy, Pagot et Loïc. Aux Humanos.

Les 12 travaux d'Hercule d'Anne Ploy commencent à prendre forme avec la parution, coup sur coup, du deuxième tome de « L'ancêtre programmé » et du premier album de « Fides ». Rappelons (article complet de mon confrère Dimitri F sur ce même site) que le but est de réaliser une fresque de quatre cycles que l'on pourra lire ou séparément ou les uns derrière les autres, en respectant tout simplement leur chronologie temporelle. Car le premier cycle a trait aux années 2025 - 2028, le deuxième aux années 2029 - 2034, le troisième 2035 - 2039 et le dernier 2040 - 2042. Nous voici plongés dans la deuxième histoire, donc. Toute l'intelligence d'Anne Ploy est de nous offrir un univers qui est la continuité du précédent sans pour autant déflorer la fin du premier cycle. C'est bougrement bien ficelé. Et sur le plan de l'intérêt scénaristique, ce nouveau cycle n'a rien à envier à son prédécesseur. La société dirigée par la secte de l'Arquante donne froid dans le dos. Ultra contrôlée, elle est en passe de devenir un modèle du genre avec l'invention de Fidès, la « puce de la Foi ». Obscurantisme, chasse aux sorcières, science détournée au profit d'une petite oligarchie sans scrupules, tout y est. Y compris les habituels rebelles qui luttent contre l'ordre établi au nom de leur soif de liberté et d'humanisme. Tout ça fonctionne admirablement, comme du Jodorowsky, la psychanalyse en moins. Et ce n'est pas nécessairement pour nous déplaire. Quant à l'univers graphique, il ne souffre nullement du changement de dessinateur. D'abord parce que Loïc supervise le tout et assure le design général. Ensuite parce que Didier Pagot se fond parfaitement dans le moule déjà esquissé par « L'ancêtre programmé ». Vivement la suite !
« Pâleur mortelle », le tome 1 de « Mon nom n'est pas Wilson ». Par Fahrer et Trillo. Chez Casterman.

Quelle erreur de casting ! Casterman base toute sa communication d'automne sur ses « nouvelles têtes, fortes têtes » qui caractérisent son nouveau catalogue tout public. Et voilà que se glisse parmi les fameuses « onze nouvelles séries » (argument de marketing qui n'est pas tout à fait conforme à la réalité puisque Surimi et La Smala existaient déjà...) un véritable OVNI, une BD 100% adulte, « Mon nom n'est pas Wilson ». Ceux qui connaissent les autres oeuvres de l'excellent scénariste argentin Carlos Trillo ne seront guère étonnés. Ses histoires n'ont rien de « tout public ». Certaines comme « Vidéo Noire » (Albin Michel) ou « La grande arnaque » (même éditeur) sont même très glauques. Alors, ou Trillo se découvrait à près de soixante ans une vocation de gentil conteur d'histoires, ou il s'agissait du jeu des sept erreurs... Eh bien, après lecture, on penche immédiatement pour la seconde solution. Pourquoi en faire tout un foin ? Parce que les petits autocollants « nouvelles têtes fortes têtes » placés sur les albums ont pour but de créer une sorte de « communauté d'albums », d'effet de série. Et donc, de faire en sorte que les parents les achètent à leurs enfants les yeux fermés, mis en confiance par l'un ou l'autre titre de la collection. Et là, faut dire qu'ils vont être surpris, les parents ! Et que les grandes surfaces ne vont peut-être pas aimer non plus. Sans être puritain, on peut tout simplement se demander comment une telle erreur de jugement a pu se glisser dans la belle mécanique de cette toute nouvelle vague éditoriale. Signer Trillo était une bonne chose. De là à le faire voisiner avec le « Choco » de Brab et Zidrou...

Mais au-delà de cette incongruité éditoriale, que nous réserve ce nouveau héros ? Ma foi, du Trillo pur jus, mais en couleur. Wilson, ancien agent de la CIA reconverti dans une agence privée aux motivations pas très nettes est un bon personnage de série noire. Paranoïaque au dernier degré, il ne cesse de rêver à la mort de sa femme et n'est plus nécessairement d'une fiabilité exemplaire. Ce qui ne va pas l'empêcher d'aller surveiller la petite amie nymphomane d'un riche et peu sympathique avocat italien. A la moitié de l'album, on se demande si on est pas dans le dernier Manara. Il y a de la fesse à toutes les pages, ou presque. Cela n'empêche, sans être ce qu'il a fait de mieux, Wilson est une créature de Carlos Trillo et ça se sent, notamment, dans le côté glauque de ses visions. On devrait en savoir plus dans le prochain épisode. Quant au dessin de Fahrer, qu'en dire sinon que ses femmes ont le sein lourd (plus encore que celles de Philippe Francq) et qu'il ne convainc pas vraiment. Je préfère de loin l'association avec Risso. Sans compter que la couleur nuit plutôt à l'ambiance, qui conviendrait mieux au noir et blanc du même Risso ou d'un Munoz. On regrettera aussi une fin très bavarde. Bref, pas très convaincant...
Le Sablier - II (Ombres) par Thierry Bellefroid
« Le sablier, deuxième partie », tome 4 de la série Ombres par Dufaux et Rollin. Dans la collection Grafica des éditions Glénat.

Après « Le solitaire », cette histoire de sablier est la deuxième pierre de l'édifice que constitueront quatre diptyques. Nous voici donc arrivés à la moitié de cette série. Et force est de constater qu'elle va plutôt en bonifiant. « Le sablier » est une histoire comme Jean Dufaux les aime, où le bien et le mal se mélangent sans jamais pouvoir être pleinement dissociés, où les contraires s'attirent, où le passé resurgit pour faire le solde des comptes que l'on a cru oubliés. Même si l'idée d'un sablier « maléfique » qui entraîne dans la mort ceux qui le retournent n'est pas fondamentalement neuve, Dufaux a construit tout autour une toile dans laquelle le lecteur se laisse prendre sans se débattre. « Ombres » ne constitue sans doute pas son meilleur scénario, mais recèle des qualités intrinsèques à l'oeuvre de ce prolifique scénariste. La part de mystère et de fantastique y est parfaitement dosée, comme à l'accoutumée. Et les réponses, brossées plutôt que données, laissent le lecteur à cheval entre malaise et supputations, prolongeant ainsi l'aventure dans leur univers intérieur. Le dessin de Lucien Rollin convient bien mieux aux parties de l'histoire qui ont trait au passé. Mal à l'aise dans le contemporain, il excelle en revanche dans les vieilles boutiques et les ruelles d'antan toujours un peu brumeuses du premier volet et dans les châteaux gris ou les cryptes du second. On a toutefois l'impression que son dessin « s'aplatit », s'uniformise peu à peu, dans ce quatrième volume, plus proche de ceux de certains ses confrères de la même maison d'édition.
Pauvres mais fiers par Thierry Bellefroid
« Pauvres mais fiers ». Par Tronchet. Chez Albin Michel.

Tronchet est seul dans sa catégorie. Personne ne peut rivaliser avec cet humour vache et décapant toujours si bien observé. Seul Binet a comme lui ce talent de « croquer les beaufs sur le vif ». Mais Tronchet, lui, aime s'attaquer aux bourgeois autant qu'aux beaufs. Il le prouve à merveille dans cet album qui rapproche le destin de deux familles très caricaturales, façon « La vie est un long fleuve tranquille » d'Etienne Chatillez. Et cela donne ces pauvres SDF stupidissimes et crédules d'un côté, cette famille de chefs d'entreprise dégoulinants de bons sentiments mais dépourvus de la moindre sincérité de l'autre. L'album ridiculise les uns et les autres. Avec peut-être une plus grande tendresse pour la famille de SDF. C'est drôle, très drôle. Et corrosif comme du Tronchet. Un Tronchet dont le dessin ne cesse de s'améliorer d'une année sur l'autre, même si les personnages ont grosso modo toujours les mêmes... tronches. Mais quel sens de la couleur ! Sans compter la sobriété de la mise en page qui privilégie l'efficacité à l'effet !
Il y a quelques moments hilarants dans cet album. Notamment, la méthode d'entraînement au football du père Landry (le riche). Pour motiver son fils, il menace de donner 500 francs au fils Poissart (le SDF) si son rejeton rate son coup-franc. Evidemment, celui-ci va placer le ballon en pleine lucarne, les Poissart ont tout juste eu le temps de humer l'odeur du billet de 500 francs...Cruel à mourir. Encore plus cruel quand, à force d'enchères (« si tu rates ton tir, je donne 5000 francs au fils de monsieur Poissart »), les deux fils finissent par s'entendre pour plumer le père Landry, pris à son propre jeu.
Et puis il y a la géniale idée qui occupe la famille Poissart pendant toute une partie de l'album et qui doit la rendre, à terme, aussi riche que les Landry. Je vous laisse la découvrir. C'est succulent. Du Tronchet pur jus.
Terra Incognita (Planetary) par Thierry Bellefroid
« Terra Incognita » T.1 de la série Planetary, par Warren Ellis & John Cassaday. Chez Soleil Comics.

Les super héros ne sont pas morts, ils ont juste changé. La preuve, lisez ce Planetary, et vous en découvrirez trois, les trois personnages principaux de cette série, qui sont aussi les trois employés d'une étrange agence privée. Leur job ? Traquer les phénomènes inexpliqués. Eh oui, il y a quelque chose d'X-Files dans cette BD. Mais à la sauce comics. Donc, en lieu et place d'agents bien normaux, on trouve ici des super héros. Jakita Wagner, dont la force et la rapidité sont redoutables. Cette belle et pulpeuse brune habillée de cuir vaut bien L'Ombre de Richard Guérineau dans « Le chant des Stryges » ! Drummer, qui est en lien avec tout ce qui est composé d'électronique. Les machines lui parlent et il leur parle. Et Elijah Snow, l'homme qui contrôle la température, sans doute le plus mystérieux des trois. Avec trois lascars pareils et un postulat qui est de les faire enquêter sur tous les phénomènes inexpliqués, l'imagination est au pouvoir. Tout est possible. Et Warren Ellis, en excellent raconteur d'histoires qu'il est, ne se prive pas. Il est servi par le dessin sans faille et sans artifices de John Cassaday. Ça donne un album incisif, musclé, qui se lit d'une traîte.
« Quelque part entre les ombres », tome 1 de la série Blacksad. Par Canales et Guarnido. Chez Dargaud.

Derrière une couverture qui évoque a priori le Raspoutine de Sokal (non, Blacksad n'est pas le Canardo de Dargaud) se cache un des plus beaux albums de l'année (je n'irai pas jusqu'à dire le plus beau, comme certains, car il en faut plus pour me faire oublier d'autres perles, comme par exemple « Le capitaine écarlate »). Blacksad a tout pour séduire un large public. Un privé bien campé, à la voix off parfaitement dosée. Une atmosphère rehaussée par les profils animaliers superbement exploités ici. Un dessin à couper le souffle. Des décors d'une minutie et d'une richesse graphique exemplaire. Des cadrages d'excellence. Des couleurs superbes. Un sens de l'action magistral, comme celui de la narration, d'ailleurs. Et je ne parle pas de la maîtrise de la lumière qui pourrait presque faire l'objet d'une thèse. Alors, qu'est-ce qui cloche ? Rien, ou presque. Ces deux auteurs inconnus sous nos latitudes débarquent avec un produit presque parfait. Une oeuvre, comme on dit. Son talon d'Achille, il faut peut-être aller le chercher dans le scénario. Canalès raconte bien, très bien. A tel point qu'on pourrait ne pas s'apercevoir qu'il n'y a rien de neuf dans Blacksad. Un privé dont l'ex-petite amie s'est fait descendre décide d'élucider l'affaire. Coup de pot, il tombe aussi vite sur les renseignements qu'il lui faut que dans les emmerdes. Pas d'enquête tordue, pas d'indices savamment distillés. Rien qui révolutionne le genre. Et pourtant, Blacksad est une BD magnifique. Car l'expérience d'animateur chez Disney de Juanjo Guarnido et celle de scénariste d'animation de Juan Diaz Canales se conjuguent pour nous livrer un album d'une vivacité exemplaire et d'une beauté stupéfiante. Bref, on leur pardonne aisément de nous avoir concocté un scénario finalement assez banal, tant le reste est réussi. Et puis comme ça, au moins, ils pourront faire encore mieux la prochaine fois...
« Pas de quartier ! », tome deux des aventures de La Mort et de Lao Tseu. Par François Boucq. Chez Casterman.

Quatre ans après un premier album, revoici Boucq, sa faucheuse cynique et son cochon, le tout en noir et blanc. Et quand on se trouve en face d'un aussi grand coloriste que lui, rien que ce choix paraît déjà incongru. Mais La Mort et Lao Tseu ont des qualités indéniables. On ne rit pas à toutes les pages. Certaines histoires sont cependant très drôles. « La mort broie du noir » m'a par exemple beaucoup amusé. Comme toujours chez Boucq, la ligne frontière entre le rire et la vulgarité reste floue. Il y a donc aussi quelques histoires qui ne sont pas fondamentalement intéressantes, comme celle où le cochon Lao Tseu s'initie à la gaudriole. En revanche, il y a cet excellent gag sur le saut en élastique (dont je vous laisse la surprise) qui est sans doute le meilleur moment de l'album. Bref, c'est inégal, très inégal. Et ça ne remplace pas les collaborations de Boucq avec quelques grands scénaristes comme Jodo ou Charyn, des collaborations qui se font trop rares sur les présentoirs des libraires. Reste un dessin dont on ne dira jamais assez à quel point il est génial. A lire pour ne pas oublier que Boucq est virtuose. C'est beau, même quand il fait des gammes !
Gloire à Satan ! (Mac Namara) par Thierry Bellefroid
« Gloire à Satan », tome 1 de la série Mac Namara, par Taymans, Wesel et Delperdange.

Parmi les « nouvelles têtes, fortes têtes » qui constituent le nouveau catalogue tout public des éditions Casterman, Mac Namara devrait évidemment trouver son public parmi les fans nombreux d'André Taymans. Au risque qu'ils soient déçus. Car André s'est à ce point démultiplié (quatre sorties le même mois, c'est beaucoup pour un dessinateur, fût-il rapide...) qu'il ne peut désormais plus assurer seul le dessin de toutes ses séries. Résultat, il embarque son coloriste Bruno Wesel dans l'aventure. Le résultat tient la route, du moins au début. Jusqu'à ce qu'on arrive à une certaine page 18 où c'est la chute brutale ! Que d'imperfections sur une seule planche ! On croirait qu'André a laissé ses enfants jouer avec ses marqueurs... Bref, dessiner à quatre mains n'est pas un exercice aisé. André Taymans s'était jusqu'ici contenté de déléguer les décors d'une de ses séries (Les filles d'Aphrodite). S'il veut conserver sa crédibilité -et l'amour des lecteurs pour cette très belle ligne claire qui le caractérise-, il faut peut-être qu'il n'aille pas plus loin.
Passé ce gros défaut de régularité dans le dessin, et si l'on excepte une couverture très Paris Match qui n'est pas vraiment du meilleur goût, Mac Namara est une BD tout public, bien découpée, servie par un scénariste qui réussit le passage du roman à la bande dessinée. L'histoire recycle des éléments connus qui ont fait la une de l'actualité à plusieurs reprises (la plus célèbre restant le suicide collectif des adeptes de la secte du Temple Solaire) et les personnages sont très typés, mais le résultat tient la route. Seule interrogation, pourquoi le personnage qui tire les ficelles dans l'ombre reste-t-il justement... dans l'ombre jusqu'à la fin ? Etant donné le rôle essentiel qu'il joue à la page 41 (non, je ne vous dirai pas quoi !), c'est un peu court, même si on imagine aisément qu'on en entendra encore parler dans une prochaine aventure... Bref, Mac Namara n'est pas du niveau de Caroline Baldwin. D'autant que l'album est alourdi par un humour un peu forcé (notamment dans les jeux de mots, genre le magasin de photo qui s'appelle « Photo Houtard... Vous y viendrez ! » ou le commissaire principal fumeur de cigares qui s'appelle justement « Alexandre de Sighard de Leste ») qui tombe parfois comme une pizza quatre fromages à l'heure du petit déjeuner !
Les trois Chemins par Thierry Bellefroid
« Les trois chemins », par Sergio Garcia et Lewis trondheim. Chez Delcourt Jeunesse.

Il nous manque, Sergio Garcia. Entré en BD par la grande porte, chez Dargaud, avec les « Géographies Martiennes », cet illustrateur espagnol n'a pas pu aller au-delà des trois premiers albums. C'est bien dommage. Son univers et surtout son graphisme ne cessaient d'évoluer, de surprendre. Allez savoir comment il lui est venu à l'idée de travailler avec Lewis Trondheim. Toujours est-il que ces deux-là étaient faits pour s'entendre. Leurs « Trois chemins » pourraient bien prendre celui d'un prix à Angoulême. Car cet album est l'un des plus inventifs et des plus originaux qu'il m'ait été donné de lire dans cette catégorie « jeunesse » qui s'adresse aux plus jeunes lecteurs. Entrer dans « Les trois chemins », c'est entrer dans son propre cerveau ; personne ne lira cette BD de la même manière que son voisin. Pourquoi ? Tout simplement, parce que cette histoire, comme son nom le laisse sous-entendre, emprunte plusieurs chemins à la fois. Pas de cases, juste trois niveaux de lecture (parfois plus) qui se croisent périodiquement et où les héros vivent des histoires à la fois linéaires et en rapport avec le niveau du dessus et celui d'en dessous. Je sais, dit comme ça, ça a l'air un peu compliqué, mais quand on ouvre l'album, on tombe sous le charme. A chaque page, on peut choisir sa façon de lire : commencer par en bas, par en haut, suivre un des niveaux jusqu'à une intersection avec l'autre et suivre l'autre jusqu'à une intersection avec le troisième ou bien lire un seul niveau d'un bout à l'autre de la page avant de passer aux autres... Chacun fait fait fait... ce qui lui plaît plaît plaît ! C'est drôle, intelligent, ça provoque une lecture très active, loin du fast-food qu'on sert trop souvent dans la BD. Une BD à faire lire à vos enfants, neveux, nièces, petits cousins...
Baptême du feu (Authority) par Thierry Bellefroid
« Baptême du feu », tome 1 de la série « Authority », par Warren Ellis et Bryan Hitch. Chez Soleil Comics.

Sans doute la moins enthousiasmante des sorties de cette nouvelle collection dédiée à la BD US chez Soleil. Sans doute aussi la plus purement dédiée à l'action pour l'action. C'est vrai que c'est une BD grand spectacle. Ça bastonne dans tous les sens d'un bout à l'autre de l'album. Faut dire qu'un méchant a décidé de rayer les grandes capitales de la carte en y envoyant des légions de clones volants presque indestructibles. Et tout ça, juste pour se venger. En face, la panoplie habituelle de super héros dotés chacun d'un pouvoir bien spécifique. Une équipe qui échappe à tout contrôle, à toute autorité, et qui décide de sa propre initiative de sauver le monde. Evidemment, ils gagnent à la fin. Evidemment, la scénario ne couperait pas trois pattes à un canard. Evidemment, c'est efficace et rudement bien découpé. Mais bon, au-delà de ça, y a pas photo, je conseille plutôt l'autre série de Warren Ellis, Planetary.
L'Affaire Madame Paul par Thierry Bellefroid
« L'affaire Madame Paul », par Julie Doucet. A L'Association.

Ça commence comme une chronique « villageoise » à Montréal. Tout y est. Julie et son « chum » emménagent dans un nouvel appartement. Il ne le sent pas, il ne se privera pas de le lui rappeler tout au long de ces 40 pages, d'ailleurs. L'appart en question se trouve dans un environnement assez moyen. Julie est souvent dérangée, que ce soit par les voisins bruyants et parfois violents, par sa logeuse très bavarde Madame Paul ou par les neveux de cette dernière, qui sont plus nombreux qu'il y paraît au début. On croit que la vie va s'écouler comme ça, chronique douce-amère de la vie de deux jeunes gens dans leur nouveau lieu de vie. Et puis tout à coup, Madame Paul disparaît de la circulation sans laisser de trace. Julie joue les limiers avec sa copine (au grand dam de son ami que la jalousie a tendance à aveugler) et l'album change de propos. Publiée sous forme de feuilleton d'une page, l'histoire est gentiment loufoque. Un résumé commence chaque planche, qui est conçue comme un tout. Les arguments finaux ne convainquent pas nécessairement, mais l'ambiance est sympa. Quant au dessin, il ne séduira que les lecteurs habitués à l'alternatif, les autres n'iront pas au-delà de la couverture. Ce qui fait à la fois la fraîcheur de l'album et à la longue, son handicap, c'est qu'il est écrit en français du cru... Truffé d'expression inconnues sous nos latitudes mais aussi d'argot, de mots amputés, de transcriptions phonétiques, il a indéniablement « le goût du voyage » pour les lecteurs du Vieux Continent. C'est amusant mais c'est parfois difficile à suivre.
« Voleurs d'étincelles », tome deux de la série « Candélabres », par Algésiras. Chez Delcourt.

L'impression laissée par la lecture du premier album se confirme : Candélabres s'annonce comme une excellente série. Elle a tout ce qu'il faut pour ça. Un graphisme simple mais efficace, des personnages denses, attachants, bien exploités. Des couleurs soignées. Une intrigue à la fois complexe et captivante. Un rythme agréable. Un propos intéressant qui joue notamment sur la psychologie des personnages. Bref, plus on avance dans ce récit dont la base et le principal mystère résident dans le pouvoir du feu qui relie tous les personnages, plus on se surprend à échafauder soi-même des explications ou des hypothèses. Car au bout de deux albums, Algésiras a laissé beaucoup de questions sans réponse. Sans en avoir l'air, il dévoile un coin du secret par ci, un autre par là. Mais la grande explication, elle, n'a pas encore eu lieu. L'intelligence tient dans le fait que le lecteur n'a pas pour autant l'impression d'être délibérément baladé afin de faire traîner l'histoire en longueur. Des événements se passent, de nouveaux personnages viennent compléter le puzzle complexe des Candélabres, surgissant avec leur propre part de vérité. Et surtout, le héros -mais peut-on appeler Paul un héros ?- suit son propre parcours sans se focaliser sur la seule résolution de l'énigme. Sensible, fragile, l'ex-danseur décrit le monde qui l'entoure et ceux qui ont contribué à faire de lui ce qu'il est aujourd'hui. Ça fonctionne parfaitement et le lecteur pénètre un univers où la chaleur de la flamme semble cacher une part d'ombre inquiétante.
Angel Rock (Caroline Baldwin) par Thierry Bellefroid
« Angel Rock », le tome six de la série Caroline Baldwin, par André Taymans. Chez Casterman.

Quelques jours avant la sortie pléthorique des nouveaux titres « tout public » de Casterman (onze nouvelles séries rien que pour cette année 2000 !), voici le sixième Caroline Baldwyn, l'un des piliers de ce renouveau éditorial. Pas vraiment BD adulte comme l'étaient les romans (A SUIVRE), Caroline n'est pas pour autant une détective pour lecteurs en culottes courtes. C'est que les thèmes abordés sont volontiers difficiles. Plus encore dans ce nouvel album où André Taymans change radicalement de ton. Confrontée à sa séropositivité -un élément avec lequel Caroline va devoir « vivre », désormais-, l'héroïne n'est plus à proprement parler ici la détective qu'elle était dans les précédents épisodes. Taymans a choisi d'en faire plutôt une femme fragile, spectatrice plus qu'actrice. Une démarche assez semblable à celle de Benoît Roels dans les albums de « Bleu Lézard ». Passé une certaine dose d'événements personnels incroyables, le héros perd parfois sa part humaine, son potentiel d'identification. Ici, en renversant les rôles, l'auteur le rapproche au contraire du lecteur. Jamais, sans doute, Caroline Baldwyn n'a semblé si accessible, si proche de nous, de nos réactions, de nos doutes aussi. Même si le prologue constitue un modèle de faux suspense (qui peut croire un instant que l'héroïne appuiera sur la détente pour se suicider ?), la suite constitue la plus belle histoire de la série. Les paysages sont superbement exploités (notamment la partie en canoë, très belle), les personnages sont originaux -surtout celui du jeune artiste muet qui donne un beau relief à l'album- et l'histoire est assez crédible dans son ensemble. Le tout est servi par cette ligne claire que l'on connaît bien et qui atteint peut-être parfois ses limites ici. Il est en effet assez difficile de créer un véritable climat intimiste et des profils psychologiques prépondérants à l'aide d'un dessin qui privilégie à ce point la clarté, l'esthétique, la propreté. Hormis ce petit reproche, je n'ai que des raisons de vous pousser à lire cet album décisif qui sera le pivot vers une exploitation plus aventureuse, moins policière, du personnage central. Bravo à André pour son audace : peu d'auteurs auraient osé faire de leur héroïne principale un personnage séropositif. Bravo aussi à Stephane Caluwaerts, auteur d'une très belle interview d'André Taymans parue parallèlement à la sortie de l'album dans la nouvelle collection « A propos de », des éditions Nautilus.
Sous deux Soleils (Broussaille) par Thierry Bellefroid
« Sous deux soleils », tome 4 de la série Broussaille, par Frank et Bom. Aux éditions Dupuis.

« La nuit du chat », troisième et dernier album en date des aventures de Broussaille, datait de... 1989 ! Depuis, absorbé comme chacun sait par la saga de « Zoo » pour la collection Aire Libre (avec Bonifay), Frank avait délaissé son premier héros ; Broussaille n'avait connu qu'une vingtaine de pages non publiées en album, en 1993. Elles constituent la première des deux histoires reprises sous le titre « Sous deux soleils » que Dupuis édite enfin, après onze ans de silence. Quand l'attente est longue, les attentes sont démesurées. Les miennes l'étaient forcément. Je ne dirai pas que j'ai été déçu par cet album qui, rien que pour le dessin magistral de Frank, vaut déjà l'achat. Mais je n'y ai pas retrouvé le même enchantement que dans les trois premiers. « Le discret pouvoir de Jizô », première aventure qui date donc de 93, est une sorte de projections de diapositives entre amis sur le thème du Japon. D'autres diront « un carnet de voyage », mais je trouve que l'élément personnel est trop faible ici pour employer ce terme. L'histoire est vraiment une excuse et même un ticket de métro serait trop grand pour y jeter les bases du scénario. Heureusement, il y a la deuxième histoire, « Sandrine des collines », qui nous emmène à Bujumbura. Les images sont magnifiques, mais il n'y a pas que ça. « Sandrine des collines » renoue avec ce qui fait le sel de cette série depuis ses débuts : les personnages, les relations entre des hommes, des femmes et la nature. La fillette emmurée dans son silence que Broussaille va réveiller sans le chercher vraiment, est le véritable intérêt de cette histoire. Sans elle, on passerait à côté de l'essentiel et ce « Sandrine des collines » serait un deuxième catalogue de voyage derrière « Le discret pouvoir de Jizô ». Heureusement, il n'en est rien. Beaucoup de sensibilité dans le traitement de cette histoire de famille et cette marque de fabrique de la série qu'on retrouve : l'aventure, c'est le quotidien, les gens, la vie tout simplement. Mon seul regret tient dans le format très court de l'histoire. Même si beaucoup de choses passent en 25 pages (certains feraient bien d'en prendre de la graine... en une case, Frank plante tellement de choses et d'ambiance que beaucoup de ses collègues doivent en être verts de jalousie), on regrette que les auteurs n'aient pas laissé aller leurs imaginations vers une histoire de 46 planches qui eût permis de fouiller davantage le profil des personnages et de ne pas être obligé, comme c'est le cas ici, de filer droit vers le mot fin sans vraiment prendre le temps de s'arrêter, de douter, de réfléchir, d'apprivoiser le lecteur.
« La mort comme un piment », tome 1 de la série L'Orfèvre, par Warnauts et Raives. Dans la collection Grafica des éditions Glénat.

De plus en plus productif, le duo Warnauts-Raives. Après un one-shot publié chez Casterman (Kin' la belle) avec Michal Vandam au scénario et un nouveau cycle des « Suites vénitiennes », voilà qu'ils entament une nouvelle série chez Glénat. L'Orfèvre, c'est ce drôle de flic au physique un rien grassouillet et poupon, mais qui combine apparemment sans état d'âme ses fréquentations peu recommandables, son érudition, sa mission plus ou moins diplomatique et sa précision au tir. Un homme étrange, un héros atypique très réussi, du moins jusqu'ici. Le lecteur est intrigué, il ne reçoit pas toutes les clés pour décoder les comportements de Charles-Albert Lafleur dit L'Orfèvre. Il reçoit encore moins celles de l'énigme qui se clôt sur un insoutenable suspense (merci de jouer avec nos nerfs, les gars, rendez-vous dans un an pour savoir ce qui se passe dans la case suivante ?...) Mais il pénètre un univers intéressant et crédible fait d'éléments d'Histoire et de fiction. Nous nous trouvons en effet dans une république bananière d'Amérique Centrale dont le nom ne figure pas sur les Atlas. Mais confrontés à des événements qui eux, sont tout à fait réalistes. Comme le quasi monopole de la production de la banane par une société « United Fruit » qui rappelle étrangement ce qui s'est passé à peu près à la même époque au Costa Rica. Comme les moeurs déliquescentes de certains milieux diplomatiques au retour d'Indochine. Bref, un travail « à la Hergé » mêlant parfaitement le vrai et l'imaginaire, jusque dans l'architecture très soignée de ce Puerto Caballo de BD.
En résumé, Warnauts et Raives nous proposent tout à la fois une étude de moeurs et une intrigue policière sous les tropiques qui constitue peut-être à ce jour ce qu'ils ont fait de mieux. Guy Raives parvient encore à perfectionner des couleurs déjà très soignées dans ses dernières productions. Il est parfois à la limite du mièvre, mais il arrive toujours à rester en-deça de la frontière du mauvais goût. Là où d'autres céderaient à la facilité, il plonge dans la subtilité. Du travail d'orfèvre, quoi.
« Novembre toute l'année », tome 11 des aventures de Théodore Poussin, par Frank Le Gall. Dans la collection « Repérages » des éditions Dupuis.

Habilement publié... en novembre, ce nouvel opus était très attendu par tous les amateurs de Théodore Poussin. Il nous propose, sinon un huis-clos au sens propre du terme, une enquête en milieu clos. L'essentiel de l'histoire se passe en effet à bord du Cap Padaran où Poussin est commissaire de bord. Une enquête policière qui n'est finalement qu'un prétexte pour mieux explorer les troubles relations que la suspicion peut faire naître entre les personnages. Au centre de l'album, le grand retour de l'énigmatique Novembre et sa relation non moins énigmatique avec Théodore Poussin, convaincu de tenir en la personne de son ancien meilleur ennemi le tueur en série qui s'attaque à tous les gens blessés, attiré par l'odeur du sang. Novembre ne cesse pas de professer son innocence, mais l'ambiguïté du personnage est remarquablement entretenue par l'auteur. Très différent de la dernière aventure en deux tomes parue avant cette longue interruption, cet album est un modèle de sobriété, de concision, de retenue. C'est aussi une sorte de retour aux sources. Les décors sont presque insignifiants et réduits aux espaces du bateau lui-même. Finis les paysages luxuriants ou coloniaux de « La terrasse des audiences ». Ici, pas d'Asie, mais de l'eau, tout le temps ou presque. Et une gamme de couleurs qui privilégie un climat intimiste. Les personnages, nombreux, ont chacun leur intérêt. L'histoire se déroule comme un roman d'Agatha Christie, avec son inévitable dénouement final que l'on ne pourra s'empêcher de trouver un rien trop facile. Pour le reste, du plaisir et du bonheur. Même si l'on sait que ce ne sont pas précisément les mots qui ont présidé à la création de cet album ! Car Frank Le Gall a sué sang et eau sur ce nouvel opus, comme il l'explique dans l'excellent dossier de nos amis de Bodoï publié dans leur numéro 34 du mois d'octobre... et dont la lecture est un excellent complément à celle de l'album.
La couleur de l'enfer (Lapinot) par Thierry Bellefroid
« La couleur de l'enfer », septième tome des « formidables aventures de Lapinot », par Lewis Trondheim. Dans la collection Poisson Pilote des éditions Dargaud.

A force de produire comme un forcené, il faut bien que le génial Lewis Trondheim finisse par livrer un album ou l'autre un peu moins excitant. Celui-ci en est l'exemple parfait. Parcouru d'un bout à l'autre d'excellents dialogues (Trondheim est vraiment un grand dialoguiste) il n'en est pas moins faiblard en regard des premiers épisodes de la série, récemment réédités dans leur version Poisson Pilote par les éditions Dargaud. Lapinot devient de plus en plus réaliste et perd du même coup l'intérêt qu'il avait à ses débuts, ce côté inclassable et surprenant qui déroutait à chaque nouvelle histoire. Désormais, comme s'il identifiait l'univers de la série aux tribulations qu'il fait vivre à son héros, Trondheim a choisi la continuité. Une continuité en forme de « tranche de vie ». La bande de copains s'est réduite, Nadia et Lapinot qui ont si longtemps joué à cache-cache travaillent ensemble en attendant de faire le grand plongeon de la vie commune. Bref, ça ronronne sec. Ça ronronne même un peu trop. On se laisse faire sans grand enthousiasme, on sourit gentiment. Les choses semblent presque prévisibles. Dommage parce qu'il y a tout de même quelques très bons moments dans cet album. Le meilleur est sans aucun doute la visite de l'appartement du vieil homme sur lequel Nadia fait un reportage avec l'aide de Lapinot. Appartement qui semble tout d'abord très ordinaire et qui est finalement... tout à fait fou. Toujours efficace, également, le bon copain Richard et ses aventures avec la « créature » du voisin de palier, un animal nommé Dark Vador. Bref, il y a la patte de Trondheim, l'humour de Trondheim, le talent de Trondheim, mais pas la magie de Lewis.
Déogratias par Thierry Bellefroid
« Deogratias » de Stassen. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis .

Le génocide des Tutsis en 1994 (un million de morts, pour rappel) a frappé toutes les mémoires. Plus que les Français sans doute, les Belges n'ont pas oublié. Parce qu'ils ont administré le pays dans leur lointain passé colonial. Parce qu'ils en ont façonné les structures. Parce que l'Eglise missionnaire belge y a joué un rôle déterminant, souvent dénoncé depuis. Parce que la Belgique y a perdu dix Casques Bleus, assassinés dans des circonstances atroces en avril 94 dans un climat de haine propagé par une radio locale (radio Mille Collines, à laquelle Stassen fait d'ailleurs allusion dans cet album). Parce que la Belgique a été le premier pays à mettre sur pied une commission d'enquête parlementaire pour analyser son propre rôle dans cette terrible page d'histoire. Mais le Rwanda n'est pas qu'une histoire belge, loin s'en faut. Souvent montrée du doigt, la France n'a jamais admis sa part de responsabilité dans l'un des plus graves échecs de l'après-guerre, comme dans l'imbroglio politique autour de l'assassinat du président Habyarimana qui a finalement servi d'excuse au déclenchement du génocide. La publication de cet album permettra donc peut-être aux plus jeunes de poser ou de ses poser des questions à propos des événements de 94. En cela, « Deogratias » est déjà un album salutaire. A l'instar des « Oubliés d'Annam » ou « d'Azrayen », il vient empêcher le temps de refermer les mémoires.
Jean-Philippe Stassen y ajoute une part personnelle primordiale. Car cet album n'est ni un pamphlet ni un essai. C'est une belle histoire, tragique sans doute, mais touchante, humaine, pudique surtout. En suggérant le génocide, Stassen ne lui donne que plus de poids. Certains lecteurs comprendront peut-être enfin ce qu'ils n'ont pas ressenti en voyant les infos à la télé. Car le pouvoir de suggestion de ces images est incroyable. Il tient sans doute essentiellement à la qualité des personnages, tous plus vrais que nature. Le principal d'entre eux -et sans conteste le plus touchant en dépit du sang qu'il a sur les mains- est Deogratias, le héros. Pauvre gosse devenu fou d'avoir tué celles qu'il aimait, d'avoir suivi le troupeau, cédé à la haine gratuite, sanguinaire, bestiale et veule. En choisissant de raconter l'histoire à travers lui, Stassen se grandit. Car il choisit la difficulté. Car il transcende les questions de culpabilité ou de responsabilité un peu trop vite évacuées.
Il y a des images magnifiques dans cet album. Notamment celles où Deogratias se transforme en chien (une transformation qui est un thème cher à Stassen comme en témoigne notamment son précédent album). Mais aussi la scène de l'école où l'instituteur prêche la haine entre Tutsis et Hutus. Ou ces fillettes qui sortent de leur cachette immonde (les latrines où elles ont passé des semaines) pour implorer les tueurs de les épargner. Une BD poignante, empreinte de respect, d'émotion et d'une justesse rare. Une BD comme seule la collection « Aire Libre » nous en livre. Et je n'ai même pas parlé ici du talent pictural de Stassen, tant cela semble presque secondaire...
« Diablo et Juliette », le tome trois de la série « Un drôle d'ange gardien ». Par Filippi et Revel. Chez Delcourt Jeunesse.

Trente nouvelles pages de bonheur pour les lecteurs d'un « drôle d'ange gardien ». Chaque histoire apporte la confirmation du talent des auteurs. Avec cette légèreté qui les caractérise, ils arrivent à emmener les enfants dans un monde imaginaire particulièrement riche tout en ravissant les adultes par les côtés esthétiques de leur projet. Car le dessin de Sandrine Revel reste l'atout majeur de la série. Toujours plus beau, avec des couleurs toujours plus soignées, il nous emmène cette fois des toits parisiens aux canaux de Venise et aux maisons bigarrées de Burano. Un enchantement. Tout ça sur fond d'histoires très mignonnes où même les méchants n'arrivent pas à l'être vraiment (sauf, peut-être, la cousine de Diablo, Diablotta qui est le moteur de ce troisième tome) et où les créatures de l'Enfer révèlent leur bon coeur à chaque page. C'est drôle, enlevé, magique, inattendu. Pour les enfants, ça se lit comme un conte et pour les adultes, c'est une bonne BD enfantine. L'irruption des enfants de Diablo et Juliette (qui sont respectivement le bon petit diable et l'ange gardien, pour rappel) a ajouté du piment à la série. Elle permet aussi aux plus jeunes lecteurs de s'identifier plus encore au monde qui y est développé. Mais les parents ne résisteront pas non plus. Rien que pour la qualité époustouflante du dessin, n'hésitez pas, plongez-vous dans cet album !
« La Guilde du Safran », tome 1 de la série « Le prophète de Tadmor », par Gomez, Montero et Tarek. Chez Vents d'Ouest.

Une belle surprise, cette nouvelle série. Projeté dans un futur pas si lointain (l'histoire se passe en 2070), le lecteur découvre un univers imaginaire intéressant. Istanbul, puis Tunis et surtout Dakar offrent des visages inconnus et intriguants. On est parfois proche des visions d'un Sergio Garcia dans les Géographies Martiennes. L'idée d'interdire l'utilisation des épices dans les rites religieux est originale. C'est une variation sur un thème connu, celui de la prohibition religieuse. Mais elle débouche sur une situation bien exploitée par les auteurs qui emmènent leur héros dans des situations troubles et difficiles où il s'aperçoit qu'il y a un prix à payer pour la liberté. Car les personnages de cette nouvelle saga ne sont pas plus sympathiques les uns que les autres, ne fût-ce que par les « gueules » que leur a faites le dessinateur, Ivan Gomez Montero. C'est d'ailleurs le dessin qui m'a attiré le premier. Des cases larges, d'une très grande lisibilité, des couleurs cohérentes et typées à la fois, des personnages aux visages anguleux, coupants, malheureusement trop souvent caricaturaux mais pour autant plutôt accrocheurs. Le côté Iznogoud du physique de Elzar le Mourid me gêne un peu, de même que ses mimiques très dessin animé (mâchoires crispées, dents en exposition) lorsqu'il est en colère ou lorsqu'il se bat, mais bon, ce n'est pas pour ça qu'il faut refermer l'album ! Le crayonné se veut apparent, même après la mise au net, un peu comme celui de Delaby sur le premier Murena. Tout cela confère une atmosphère à cet album. Malgré les quelques passages un peu faciles ou bâclés de l'histoire, on a envie d'en lire davantage, pour confirmer cette bonne impression.
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