Le cri du vampire par Thierry Bellefroid « Le cri du vampire » de Trillo et Bernet. Chez Albin Michel.
Quand un auteur n'arrive pas à rivaliser avec l'un de ces confrères, on ne peut que s'en désoler. Quand il tente de rivaliser avec lui-même, on est forcément encore plus méfiant. Après l'extraordinaire « Je suis un vampire » (trois tomes et un quatrième en préparation chez Albin Michel, dessin de Risso), Trillo s'attaque en effet pour la seconde fois aux vampires, cette fois en compagnie du dessinateur de Torpedo, Bernet. Et s'il n'arrive pas à faire aussi bien, on ne peut que trouver l'histoire au-dessus de la plupart des histoires actuelles inspirées par le vampirisme. Après avoir décliné le thème sur le mode de l'enfance, Trillo le décline cette fois sur celui de l'amour éternel. Deux vampires peuvent-ils s'aimer à travers les siècles sans ressentir de lassitude ? Apparemment non. C'est parce que les paroles « je t'aimerai toujours » lui ont fait peur que Lorenzo Luna a plaqué Ludmila, il y a deux cents ans. L'idée d'un amour qui ne s'éteindrait jamais, jusqu'à consommation des siècles, lui avait semblé insupportable. Mais Ludmila, elle, ne vit que pour retrouver celui qui a été son mentor et son amant. Les retrouvailles sont inévitables. Elles seront à la fois touchantes et tragiques. Trillo joue sur tous les registres à la fois. Et nous montre des vampires déchirés par l'amour, ce qui n'est pas courant. Ceci étant, l'histoire est plus conventionnelle, plus attendue que le précédente. Le dessin de Bernet lui convient bien, sans être aussi exemplaire que celui de Risso. Quant au scénario, il passe assez prês de la banalité dans les premières pages mais se rachète bien ensuite. Il reste toutefois un défaut essentiel : sans doute le personnage du photographe est-il vraiment trop con pour qu'on y croie. Sans lui, l'histoire ne tient plus. Avec lui, elle est presque trop facile.