« Le prisonnier du Kibu », une aventure de Ginger, par Jidéhem. Chez Joker éditions.
Vous vous souvenez de Jidéhem ? Oui, évidemment. Qui a oublié les chroniques de Starter dans Spirou ? Ou les aventures de Sophie ? Ou encore, justement, celles de Ginger ? Jidéhem -pour Jean De Maesmaker, un nom qui inspira Franquin pour l'un des personnages les plus célèbres de Gaston Lagaffe- a commencé Ginger en 1954, c'était d'ailleurs sa première BD. Deux ans plus tard, il mettait un terme à la série, faute de support, vu la disparition d'Héroïc-Albums où elle était publiée. Passé chez Spirou, Jidéhem assiste André Franquin sur les aventures du célèbre reporter et sur les décors de Lagaffe, lance Starter et Sophie. Puis, en 1979, retrouve son héros de jeunesse, Ginger. Un détective qui, dans cette deuxième vie, reçoit l'appui de Véraline, une blondinette qui rappelle un peu la Seccotine de Spirou et Fantasio. Les éditions Joker ont eu l'idée de rééditer les épisodes des aventures de Ginger datant de cette deuxième période... et d'y ajouter un inédit. Sont ainsi ressortis « Les yeux de feu », « L'affaire Azinski » et « Les mouches de Satan ». Puis, un nouvelle aventure intitulée « Le prisonnier du Kibu ». Pas loin de quarante-cinq ans après avoir créé son héros, Jidéhem s'est replongé dans l'ambiance. A tel point qu'il est allé chercher pas mal d'ingrédients chez les détectives de son époque, les Félix, Marc Jaguar et autres Gil Jourdan. Difficile d'accepter sans ciller que l'enquête de Ginger commence ici presque exactement comme l'une des enquêtes de Jourdan : le frère qui a reçu une lettre codée de son jumeau, scientifique exilé en Afrique. Passé ces « emprunts » (il y en a d'autres, une cascade qui masque une anfractuosité naturelle par exemple, merci Hergé), on retrouve avec plaisir le talent de décorateur de Jidéhem. Son histoire se passe dans un pays imaginaire, le Kibu, dont le nom rappellera bien sûr le Kivu, une région du Congo. Dommage que cette BD soit si bavarde (on croule parfois sous la taille des phylactères) et que Jidéhem ait mis tant de cases sur chaque page (il n'est pas rare d'en trouver de douze à quinze, voire vingt sur une seule planche, comme à la planche 34 !) car son sens des décors fait merveille. L'histoire ultra-classique n'est finalement pas désagréable à lire et dégage un sympathique parfum de nostalgie. Saluons en tout cas l'idée des éditions Joker d'avoir pris le risque d'exhumer les anciens albums et de leur ajouter cet inédit.