Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

« Une planète sinon rien », tome 2 de « Cosmik Roger », par Julien et Mo cdm. Chez Fluide Glacial.

Evidemment, entre les expéditions de « Cosmik Roger » et celles du « Lupus » de Frédérik Peeters, il y a un monde, que dis-je une galaxie. Mais porter le second aux nues n'empêche pas d'aimer le premier. Oui, « Lupus » magnifie le genre de la science-fiction pour en faire un outil destiné à nous parler d'hommes et de femmes, nous touchant au passage. Oui, « Lupus » est une oeuvre poétique. Et oui, cela se passe à peu près aussi loin de « Cosmik Roger » que le Népal l'est de la Corse. Donc, dans l'immensité de l'espace-temps bédéïque, il y a de la place pour tout le monde et c'est tant mieux. Pourvu qu'il reste de la place longtemps pour les hilarantes aventures de « Cosmik Roger », l'homme qui n'arrivera décidément jamais à trouver la nouvelle planète parfaite à coloniser, ni à fermer sa gueule quand il le faudrait, ni à boire pour étancher sa soif. Julien et Mo cdm sont parvenus à créer un cliché sur pattes, truffé de références mais jamais dénué d'humour. Le coup du motard dépanné à la page 43 en dit long sur le côté décalé et volontiers absurde que les auteurs ont voulu donner à leur série. Un comique à la fois visuel et débridé qui ne court pas forcément les rues par les temps qui courent...
« Gen d'Hiroshima », tome 3. Par Keiji Nakazawa. Chez Vertige Graphic.

Nakazawa nous emmène aux confins de l'insoutenable. Plus loin. Encore plus loin à chacun des livres nous narrant l'après Hiroshima. Beaucoup auront cru comme moi qu'après l'intensité dramatique du deuxième livre qui narrait les tout premiers jours suivant l'explosion de la bombe, il serait difficile de maintenir un tel niveau. Et ceux qui auront lu ce troisième tome qui se déroule du 10 au 15 août 1945 auront été stupéfiés. C'est une banalité de dire qu'aucun scénariste n'aurait pu inventer pareil récit s'il n'avait pas lui-même vécu une telle histoire, une histoire qui se passe dans les caves putrides de l'Histoire, la grande, celle qui ne retient que les morts. Nakazawa est au nombre des vivants. Tout comme Gen, son double de papier. Et c'est ce que lui reprochent les Japonais, en ces jours qui suivent la première explosion nucléaire guerrière de l'Histoire. Rejetés de partout, les survivants n'ont d'autre ressource que leur instinct de survie. Ce qui nous vaut un livre bouleversant sur les trésors d'imagination que peuvent déployer les enfants lorsque la mort les menace. L'emploi que décroche le petit Gen dépasse en horreur tout ce qu'on pouvait imaginer. Et Nakazawa prépare ses effets, nous laissant d'abord dans l'incertitude, amenant des indices sur ce que Gen va trouver derrière la porte d'une pièce malodorante. Ce qu'il y trouve, c'est un autre rescapé de la bombe, enfermé, abandonné par sa famille à qui il fait honte. A Gen de le soigner, contre trois Yens quotidiens. Et lorsque le lecteur découvre à son tour que le blessé est presque un cadavre, que son corps est couvert de vers, il est glacé d'horreur. Mais Nakazawa ne confond pas les registres. Il ne veut pas seulement provoquer l'effroi. Il veut témoigner, raconter, partager. Faire comprendre l'ampleur du drame que tout le monde a ignoré. Et nous montrer que l'amitié, l'amour, sont les meilleurs instruments de la survie. La lecture de ce troisième volume de près de trois cents pages ne vous laisse pas « intact ». « Gen » est une oeuvre magistrale et il est heureux qu'après trente ans d'attente, le public francophone puisse enfin en prendre toute la mesure. Le propos est si fort qu'on pardonne à l'auteur le manque de nuances de certaines scènes, leur côté un peu caricatural. Le reste est si vrai, si terriblement vrai...
« Princesse Kaguya », tome 1. Par Reiko Shimizu. Chez Panini, dans la collection Génération Comics.

Nouvelle série, une de plus au catalogue de l'éditeur le plus actif en ce moment sur le marché de la traduction. Panini a jeté son dévolu sur une série à succès qui flirte constamment avec le fantastique tout en exploitant une vieille légende japonaise. Les enfants qui se sont enfuis d'une île sur laquelle ils étaient élevés dans le but d'être sacrifiés à la Princesse Kaguya sont devenus des adolescents. Trois d'entre eux se retrouvent dans ce premier livre et s'apprêtent à retourner sur l'île de leur enfance pour en finir avec la malédiction qui semble peser sur eux ; chaque rescapé de l'île a en effet été tué de façon violente peu après ses seize ans. Reiko Shimizu nous emmène donc à la découverte des trois adolescents en question, pris dans une relation équivoque, ce qui permet à l'auteur de travailler leur psychologie en plus de leur histoire. Le lecteur a parfois un peu de mal à comprendre qui est qui, surtout au début, mais une fois les clés en mains, il est accroché par le mélange de fiction fantastique et de thriller psychologique mis en place par Shimizu. L'auteur se « confie » par ailleurs à ses lecteurs en marge de ses pages, lui racontant des choses le plus souvent futiles et peu utiles à l'histoire, mais créant un lien avec son lectorat. Si on ajoute à cela un dessin qui, bien que classiquement japonais, est cependant moins formaté que dans d'autres séries, on tient un premier album réellement accrocheur, auquel on pardonne facilement ses quelques pertes de régime en cours d'histoire. La suite devrait enfin permettre d'entrer pleinement dans le vif du sujet. Tant mieux. Tous les ingrédients sont là pour qu'on ne soit pas déçu.
Le marin par Thierry Bellefroid
« Le marin », tome 1 de John Rohner, par Alfonso Font. Chez Theloma.

On entre dans ce livre sans trop y croire, partagé entre l'impression de retrouver Capitaine Sabre et celle de plonger dans l'univers historique de Robert Louis Stevenson, l'écrivain qui a laissé à la postérité « L'île au trésor ». On en ressort en se disant qu'on a finalement davantage eu l'impression de se rapprocher d'un Corto Maltese. Un peu plus de dix ans après sa confection, ce livre paru pour la première fois en français est un sésame pour la grande aventure, mais une sorte de sésame télescopique. Composé de courts récits qui empêchent parfois le développement des personnages, il se déplie sans cesse pour proposer un ensemble cohérent. Stevenson n'est même pas à proprement parler un personnage secondaire. Rohner prend toute la place et avec lui, ces contrées du Pacifique qui, il n'y pas si longtemps, étaient encore d'une sauvagerie fascinante. Avec un dessin parfois fougeux et une précision dans la mise en scène, Alfonso Font emmène son lecteur très loin sur les océans, pour un série de voyages presque fantasmagoriques. La nouvelle la plus intéressante est sans doute « Les Voleurs d'âmes ». En douze pages à peine, l'auteur raconte une fable sur le mensonge et plante dans le même temps un décor réellement attractif. Malgré quelques chutes de rythme, ce John Rohner est donc une belle surprise.
Pétra (Le Rêve de Pierre) par Thierry Bellefroid
« Pétra », tome 1 de la série « Le rêve de pierres ». Par Collignon et Dethan. Dans la collection « Equinoxe » de Vents d'Ouest.

Un duo féminin aux commandes de cet album. On devrait même parler de trio, car la directrice de collection, Valérie Aubin, parvient à faire régner sur « Equinoxe » un vent teinté de poésie et de fraîcheur qui commence à produire ses effets. Isabelle Dethan a cette fois délégué le dessin. Elle qui aime tant raconter ses propres histoires et les dessine avec le pinceau léger qu'on lui connaît, a pris le risque de s'adresser à une débutante. Débutante, Daphné Collignon ne l'est pas tout à fait. Tout au plus peut-on dire qu'elle est néophyte en bande dessinée. Mais il est évident qu'elle possède déjà une patte et une gamme de couleurs qu'elle emploie judicieusement. Quant à l'histoire que nous propose Isabelle Dethan, elle nous emmène dans un des lieux antiques les plus mythiques, la ville de Petra, sur la trace des archéologues du dix-neuvième siècle. Pour autant, « Le rêve de pierres » ne nous rejoue pas « Le mystère de la Grande Pyramide ». Il y a bel et bien une sombre histoire de malédiction, comme dans tous les récits d'archéologie de cette époque. Mais la malédiction se double ici d'une belle histoire d'amour et de désamour entre jumeaux. La principale protagoniste est évidemment une femme, cela n'étonnera pas. Et de toute façon, il y en a encore bien trop peu sur les étals des libraires de BD, on ne boudera donc pas notre plaisir. Avec délicatesse et sensibilité, les auteurs nous font entrer dans la psychologie de deux êtres qui sont en train de passer de la fusion à la désunion. Les autres personnages sont presque des faire-valoir, si ce n'est le plus mystérieux d'entre eux, la belle Nubayat, que l'on met longtemps à apprivoiser. Une femme au charme immédiat et sauvage, mais qui n'est pas loin de jouer la femme invisible à côté de l'omniprésence de Pauline d'un bout à l'autre du récit.
Sans s'écarter résolument des sentiers battus, Isabelle Dethan et Daphné Collignon construisent une intrigue intéressante et donnent corps à une ambiance gentiment désuète, pleine de poésie, d'ombre et de lumière, de non-dits et de jalousies rentrées. L'album a en outre le bon goût de s'achever sur une véritable fin, ne laissant pas le lecteur en plan jusqu'au tome 2.
L'appât (Bleu Lézard) par Thierry Bellefroid
« L'appât », tome 6 de Bleu Lézard. Par Benoît Roels. Dans la collection Bulle Noire des éditions Glénat.

Depuis ses débuts dans cette collection, Benoît Roels a livré le meilleur de lui-même et prouvé qu'il était capable d'assumer seul dessin et scénario, faisant oublier les séries très moyennes qu'il a dessinées chez Dargaud/Lombard. Mais ce sixième album semble pour autant accuser un coup de mou. Tout commence comme un excellent thriller. Ling est la meilleure amie d'Hélène, l'héroïne infirmière de cette série. La nuit qui suit son accouchement dans l'hôpital où Ellen officie, Ling se fait voler son nourrisson par une fausse infirmière. La police s'égare sur des pistes improbables. Les deux femmes vont se lancer seules à la recherche du bébé, aidées par le hasard et quelques beaux coups de chance. Leur périple les mène en Suisse, sur les traces d'une ravisseuse qui se déplace en Ferrari noire et semble ignorer qu'un bébé ne boit que du lait. Le lecteur est alors confronté à l'inévitable résolution finale... et il est un peu déçu. Certes, ça tient la route, plus en tout cas que les nombreux détails qui clochent dans cette histoire (nourrisson à peine sorti du ventre de sa mère et déjà langé, jeune maman capable de faire une randonnée en haute montagne avec sac à dos et même d'effectuer une descente en rappel trois semaines après l'accouchement...). Mais le lecteur ne peut s'empêcher de se dire « tout ça pour ça ». Et de trouver un peu grosses les ficelles qui sous-tendent ce récit. On dirait qu'à vouloir privilégier l'énigme, l'auteur a négligé le traitement des personnages qui était plus subtil dans ses précédents albums.
L'autre problème, c'est cette apparition de Caroline Baldwin, l'héroïne d'André Taymans. Apparemment, c'est un clin d'oeil de Roels à un collègue et à son univers. Mais alors, pourquoi l'éditeur choisit-il justement d'attirer l'attention du lecteur sur ce cross-over en collant un sticker sur la couverture avec ces mots : « Ellen rencontre Caroline Baldwin » ? Au final, cette rencontre est totalement gratuite, presque sans aucune incidence sur le récit. On ne peut s'empêcher de ressentir la trouble impression d'avoir été trompé sur la marchandise. C'est d'autant plus dommage qu'on se doute que l'auteur n'y est pour rien.
« Boing ! Boing ! Bunk ! », Kid Paddle N°9. Par Midam. Chez Dupuis.

Kid Paddle sera-t-il un jour le Titeuf des éditions Dupuis ? A voir l'ensemble des produits qui débarquent au printemps, cette année, on peut en tout cas penser que c'est ce qu'espère l'éditeur de Marcinelle. Les dessins animés diffusés en France sur M6 et en Belgique sur la RTBF devraient largement contribuer à élargir le public déjà nombreux de cette série. D'autant que d'autres produits dérivés accompagnent cette sortie : livres d'autocollants Panini, romans en Bibliothèque Verte, DVD et VHS, ainsi qu'une nouvelle série BD, « Game over », qui verra le jour sous forme d'album au mois de mai. La famille s'agrandit, donc, et à lire ce neuvième recueil, une chose semble évidente : cela ne nuit en rien à la qualité du travail de Midam. On peut se demander comment un univers aussi restreint que celui de Kid Paddle parvient à fournir tant de gags amusants. Car, après tout, Midam ne joue depuis des années que sur deux ressorts essentiels : les jeux vidéo et les monstres (on peu y ajouter, dans une moindre mesure, les running gags racontant comment Kid tente d'entrer dans les salles de cinéma gore, un peu à l'instar de ce que fait le Petit Spirou de manière plus polissonne). Avec son graphisme immédiatement reconnaissable (tout come celui de Zep), son côté très contemporain (qu'est-ce qui parle plus aux mômes d'aujourd'hui que les jeux vidéo ?) et son humour à la fois irrévérencieux et universel, Midam a réinventé une forme de BD d'humour tout public. Il le fait avec une belle constance. Et un sens du visuel évident.
« Le sommet des dieux », par Taniguchi. Dans la collection « Made in Japan » des éditions Kana.

Taniguchi adapte le roman de Yumemakura Baku. Et il se l'approprie comme personne. Car Taniguchi a cette capacité de projeter le lecteur dans son monde. Avec son dessin très occidental qui en a fait le premier auteur de manga adulte plébiscité par le public francophone, il parvient très vite à rendre crédible le moindre détail de son histoire. Pourtant, à première vue, il ne s'agit que d'une version japonaise de romans à la Frison-Roche. La montagne, à longueur de page. La montagne, ses cîmes enneigées, ses arrêtes saillantes et ses aventuriers qui courent de piton en piton à la recherche d'un impossible rêve. Déjà vu ? Pas comme ça ! Oui, Taniguchi transcende l'escalade, parce que ce sont les hommes qui l'intéressent. Parce qu'il raconte en creux, à travers les yeux de son héros photographe, l'histoire de l'un des plus grands alpinistes japonais. En creux et en prenant soin de plonger le lecteur dans une sorte de suspense ou à tout le moins d'enquête presque policière. On entre dans cette histoire par la petite porte, au pied de l'Himalaya. On y reste le nez sur la roche, collé aux gestes techniques de ces alpinistes qui se cherchent dans l'effort. Les tragédies, les coups du sort, les morts qui se succèdent ne sont là que pour modeler le caractère de « Habu ». Mais qui est « Habu » ? Il faudra encore quatre autres livres de 300 pages, sans doute, pour le savoir vraiment. Quand on pense que ceci est le dernier travail réalisé par Jiro Taniguchi, qui l'a achevé l'an dernier, on se dit que voilà un auteur aussi infatigable que ses héros. Quant au format choisi par Kana pour livrer ces mangas plus adultes, on ne peut que le saluer. Hormis le poids du livre qui est parfois un peu élevé lors de la lecture, il ne réserve que de bonnes surprises. Plus grand, on tombe dans le format franco-belge qu'avait choisi Casterman à ses débuts pour publier Taniguchi et on en perd un peu l'essence japonaise. Plus petit, ce qu'on perdrait, c'est cette puissance du dessin qui vous happe d'un bout à l'autre de ce livre.
« Flic à Tokyo », tome 1. Par Keiichi Suzuki. Chez Declourt.

Disons le tout de suite, « Flic à Tokyo » n'est pas un manga incontournable. Même si la lecture de ce premier tome constituera un agréable divertissement pour les jeunes ados, elle ne se hisse pas à la hauteur de récentes traductions qui ont immanquablement contribué à amener un nouveau public vers la BD japonaise. Un jeune flic ex-voyou met en application des méthodes peu orthodoxes et très personnelles pour mettre fin à la violence et au crime. Il est évidemment en guerre perpétuelle avec sa hiérarchie et pour tout compliquer, une jeune adolescente tombe amoureuse de lui, qui n'est autre que la fille de son supérieur. Pour le reste, « Flic à Tokyo » ne se distingue pas toujours forcément de ce que furent « Les casseurs » aux éditions du Lombard jadis. Une tête brûlée qui casse de la tôle et prend tous les risques, quel qu'en soit le prix, pour arriver à ses fins. Pourquoi est-il si populaire au Japon ? N'étant pas un spécialiste de cette culture, je serais bien incapable de répondre à cette question. Mais de là à nous vendre cette série comme un manga traitant de sujets d'utilité publique, comme le dit l'éditeur Dominique Véret, il y a une marge. Le directeur de collection nous affirme que « Flics à Tokyo » fait partie de ces mangas qui ont une dimension éducative et permettent aux jeunes de retrouver des repères dans la société. Quand bien même cela serait vrai au Japon, l'est-ce pour un lecteur occidental ? J'en doute. Quant à susciter des vocations, comme le souligne également l'éditeur, c'est peut-être vrai. Mais est-ce bien de cette police-là qu'a besoin Tokyo ? A force de vouloir tout traduire et tout vendre au plus grand nombre, y compris aux adultes, on a un peu l'impression que tout ce qui vient du Soleil Levant serait forcément mieux, forcément plus profond, plus sociétal. Calmons les esprits. Et ne vendons pas un chat dans un sac. Quand une BD ne dépasse pas le divertissement, n'en faisons pas un porte-flambeau...
Corps à corps par Thierry Bellefroid
« Corps à corps », de Grégory Mardon. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

Un mois à peine après « Les enfants », l'album très réussi de Stassen, Grégory Mardon propose un livre aussi différent que qualitatif. Il prouve pour la première fois l'étendue de son talent de scénariste en plus de celui de dessinateur qu'il avait déjà démontré en compagnie de Charles Berberian (« Cycloman », chez Cornélius) ou dans son premier projet solo (« Vagues à l'âme », aux Humanos) Un premier projet qui avait suffisamment d'accents autobiographiques pour qu'on ne puisse pas se prononcer sur les capacités de l'auteur à écrire une histoire de fiction pure. Eh bien, nous voilà pleinement rassurés. L'histoire de ce secrétaire médical dans la moyenne (ni beau ni laid, ni malin ni bête, ni héros ni anti-héros...) nous plonge au coeur d'un quotidien d'une belle justesse. Non pas à la manière d'une Vanyda. Plutôt en empruntant des voies similaires à celles du début de « Vitesse moderne » de Blutch. Mais là où Blutch choisit de faire glisser son récit vers une forme de surréalisme, Mardon tire son histoire au cordeau, jouant sur une petite galerie de personnages qu'il fait se croiser avec beaucoup de doigté. Le milieu bourgeois, mère obsédée par son régime, père obsédé par son travail, filles en rupture, est à la fois caricatural et tout à fait crédible. Quant au personnage principal, il est parfait dans son rôle, pathétique jusque dans sa manière de sucomber aux avances d'une femme qu'il sait ne pas pouvoir aimer (à commencer par le fait qu'étant le secrétaire de son chrirurgien esthétique, il sait tout ce que cette femme s'est fait refaire... de quoi vous couper la libido). Tout cela compose un tableau désabusé mais sans noirceur excessive, qui restitue le mal-être d'une époque absorbée toute entière par l'image de la beauté, de la réussite et de l'argent. Même les personnages secondaires sont soignés. Et la mécanique elle-même, qui rappelle certaines pièces de théâtre, vous mène d'un bout à l'autre du récit sans jamais vous lasser. Du très beau travail.
Le trophée d'effroi (Dido) par Thierry Bellefroid
« Le trophée d’effroi », tome 1 de Dido. Par Fahar. Chez Carabas.

Voilà une bien belle surprise dans la BD jeunesse. Le Bruxellois Faha invente une petite communauté de monstres au coeur de la forêt pour qui le principal passe-temps est de faire peur aux enfants du village d’humains le plus proche. Pour être considéré comme un « grand », chaque monstre doit participer au trophée d’effroi. Un concours au cours duquel une pierre attachée au cou de chaque petit monstre mesure la peur qu’il inspire aux humains. Pour Dido, une sorte de monstre parmi les monstres (il est tout rond, tout mignon, on aimerait le prendre dans ses bras ou s’en servir de doudou dans son lit, c’est dire s’il est raté !), l’épreuve revêt un caractère particulier. Non seulement son apparence ne le place pas en position de force (à qui cet adorable petit monstre pourrait-il bien faire peur ?) mais en plus, son physique lui vaut d’être rejeté par ses pairs et raillé au sein de la communauté ; s’il réussit, il retrouvera donc une certaine fierté et sera enfin accepté à part entière. Cette jolie fable sur la différence se double d’un beau conte sur l’amitié. Avec ses épreuves initiatiques, ses moments de mystère et de tension, ses rebondissements. Le tout est dessiné avec -déjà- une belle maîtrise du découpage et du casting. Etonnant, pour un premier album. Et véritablement réjouissant.
La mer de rochers (Natacha) par Thierry Bellefroid
« La mer de rochers », Natacha N°19. Par Walthéry et Peyo. Chez Marsu Productions.

J'ai une tendresse particulière pour Natacha qui me ramène à ces BD tant lues et relues dans mon enfance. Cette tendresse a malheureusement été mise à mal ces dernières années. Malgré toute la bonne vonlonté de François Walthéry, il faut bien admettre que l'âge d'or de la belle hôtesse est derrière elle. Après six albums, tout semblait avoir été dit. Et même s'il y a encore eu des étincelles, elles furent de plus en plus rares. « La mer de rochers » a pourtant quelque chose que n'avaient plus les derniers albums de la série : on y sent le plaisir de l'auteur. Ce plaisir, c'est celui de dessiner une histoire laissée par le grand Peyo, celui qui a tout appris à Walthéry. Mais c'est aussi pour le dessinateur de Natacha, l'envie de transposer ce scénario de manière facétieuse. Pour commencer, il y a le casting. Au moment de choisir ses deux méchants, le dessinateur liégeois n'a pas pioché dans les trognes des films de série B. Il a tout simplement croqué les « gueules » de deux des hommes politiques les plus importants de son pays. L'un est le président du parti socialiste belge (Elio) et l'autre, vice-premier ministre au poste des Affaires Etrangères dans le gouvernement belge (Gros Louis). De toute évidence, une farce qui échappera aux lecteurs français, tout comme les très nombreuses allusions à la culture belge, à ses expressions, à ses chanteurs, etc... qui fleurissent en bas de page. Mais qu'importe, tout cela prouve seulement que l'auteur s'est remis au travail avec un plaisir intact, et cela même s'il lui a fallu pas moins de quatre ans entre la première et la dernière planche du récit. Bien sûr, ce Natacha parlera davantage au public belge qui se délectera des petites choses réservées pour lui seul, comme le faisaient jadis Desberg et De Moor dans « La Vache ». Mais les autes sentiront que ce scénario de Peyo, pour classique qu'il est, rend une certaine fraîcheur, une nouvelle jeunesse même, à des personnages qui semblaient s'être perdus en vol.
Karl (Le Paquebot des Sables) par Thierry Bellefroid
« Karl », tome 1 de la série « Le paquebot des sables », par Arroyo et Hiron. Chez Joker.

La couverture annonce clairement la couleur. Et je ne parle pas que du rouge qui a été choisi pour donner le ton. La couleur, c'est celle des brassards des deux nazis armés de barres de fer qui menacent un jeune hommme à lunettes les mains crispées sur une serviette qu'on imagine emplie d'importants documents. Eh bien, voilà une couverture qui ne ment pas. Elle résume tellement bien l'action qu'on traverse cette histoire sans un poil d'étonnement. Tout y est parfaitement prévisible. Et c'est un peu dommage parce que, au-delà d'un graphisme très débutant et souvent maladroit, l'histoire de ce premier volume du « Paquebot des sables » n'est pas si inintéressante, au contraire. Elle exploite bien le climat qui a régné en Allemagne entre les deux guerres et la main-mise progressive du parti national socialiste sur les cerveaux et les inventions pouvant être utilisées à des fins guerrières. Bref, le scénario est loin d'être bancal. Les personnages sont tranchés. D'un côté, les gentils sont droits, généreux, fidèles. De l'autre, les méchants en veulent au monde entier et ne reculent devant rien. Mais n'est-ce pas dans ce genre de période que ces extrêmes apparemment improbables se rencontrent justement dans la réalité ? Bref, on s'en voudrait de dire que « Le paquebot des sables » n'est que prévisible et un peu maladroit. Jacques Hiron, le scénariste, a en tout cas choisi de raconter cette histoire fictive pour parler d'un paquebot échoué à Barcarès, un authentique bateau qui a commencé sa carrière en 1931 en Australie. Il devrait donc nous emmener aux quatre coins du monde et des océans pour une saga de longue haleine. On attendra le deuxième album pour savoir si elle parvient à vraiment nous étonner. Et c'est tout ce qu'on lui souhaite.
L'homme sans talent par Thierry Bellefroid
« L'homme sans talent » de Yoshiharu Tsuge. Chez Ego Comme X.

Quel bonheur que ces traductions de grandes oeuvres japonaises qui nous arrivent enfin, parfois après avoir attendu des décennies pour trouver un public francophone. Depuis le début de cette année, plusieurs « pavés » de deux cent cinquante à trois cents pages sont arrivés sur les présentoirs, chacun étant plus captivant que le précédent. 2004 sera l'année de la BD japonaise, de la grande BD japonaise. Même si le manga pour enfants ou pour adoss se taille encore la part du lion dans les ventes, la bande dessinée japonaise pour adultes est en train de faire un raz-de-marée éditorial, dépoussiérant les considérations un peu facile que l'on pouvait émettre « sans savoir ». Désormais, il faut compter avec des livres comme celui de Tsuge, qui nous emmènent très loin dans l'autobiographie. D'abord parce qu'ils possèdent un rythme que n'ont pas toujours leurs équivalents francophones. Ensuite parce qu'ils atteignent sans effort l'universalité du propos sans jamais s'éloigner de la vie quotidienne japonaise. « L'homme sans talent » en est la démonstration. Ce pauvre dessinateur de BD convaincu de pouvoir sortir de la misère en vendant des pierres trouvées dans une rivière est touchant de vérité. Pourquoi ? Parce qu'il n'est guère différent de ces losers utopistes qui nous entourent -ou que nous sommes, parfois, à un moment de notre vie. Persuadés d'être dans le bon, ils s'entêtent dans l'erreur, s'endettent inutilement, négligent leurs devoirs familiaux pour mieux revenir vers les leurs une fois riches, pensent-ils. Car ces « héros » ne sont pas vénaux dans l'âme. Leur obsession de la réussite, c'est le besoin de nourir leur famille qui l'entretient. Leur persistance dans l'erreur, c'est leur manque d'instruction, leur crédulité ou leur naïveté qui la provoquent. Ne ratez pas la lecture de ce classique.
Babel par Thierry Bellefroid
« Babel » de David B. Chez Vertige Graphic/Coconino Press.

Faudra-t-il encore vingt ans pour qu'enfin le talent de David B soit reconnu unanimement et récompensé comme il se doit ? A l'évidence, l'auteur de « L'Ascension du Haut Mal » a encore bien des choses à dire et à nous montrer. Son talent de conteur explorant le fantastique pour ne pas dire le fantasmagorique est indéniable. Mais son talent de dessinateur est de plus en plus époustouflant ! Dans ce court recueil d'histoires, de mythologies, de souvenirs et de rêves, David B élève encore le niveau graphique grâce d'une part à une bichromie très réussie et d'autre part, à une recherche constante de l'image qui peut traduire son monde intérieur. Un monde qui échappe à la logique ou en tout cas à la représentation ordinaire. Un monde peuplé, on le sait maintenant depuis des années, de monstres récurrents, du fracas des batailles, de mythes découverts au cours de lectures incessantes. Un monde de chaos et d'introspection, d'interrogations et de colères. Certains trouveront que David B en fait trop. Qu'il n'y avait rien à ajouter à l'autobiographie déroutante et magistrale de « L'Ascension du Haut Mal », que l'auteur se répète. Je préfère pour ma part dire et redire que David B ne nous a pas encore livré le quart de son univers intérieur. Les éléments de Babel se glissent dans les interstices laissés par la narration de « L'Ascension du Haut Mal ». Ils viennent la compléter, la nourrir. Relancer l'intérêt du lecteur pour une oeuvre où chaque nouveau livre est comme une pièce de puzzle. Quand on raconte comme David B, quand on dessine comme David B, quand on est capable de composer une page comme David B, le moindre rêve retranscrit en BD est un bijou.
« La pirate andalouse », tome 1 de la série « Lune d'ombre », par Sylviane Gorgiat et Christelle Pécout. Aux Humanos.

Un peu de l'ambiance orientale de « Djinn », un peu du mystère fantastique de « Candélabres », et par-dessus, un soupçon de Barbe-Rouge au féminin. Pourtant, les lointaines parentés de cette nouvelle série avec d'autres BD ne doivent pas nous leurrer. « Lune d'ombre » propose bel et bien des éléments attractifs, un ton intéressant, un univers neuf. L'héroïne, une pirate qui possède instruction, droiture et pouvoirs secrets. Le contexte, qui à la fin du XIIème siècle, précède de très loin la période de l'apogée de la piraterie généralement exploitée en bande dessinée. Les lieux, puisque cette histoire se passe au large de la Syrie. Et pour nous conter ce récit, trois femmes à la barre : Sylviane Gorgiat au scénario, Christelle Pécout au dessin, Delphine Lacroix aux couleurs. Pour les deux premières, il s'agit d'une toute première incursion dans le monde de la BD. On a vu des premiers albums moins réussis ! Et on le sent déjà, cela devrait déboucher sur un ton différent, pas forcément moins aventureux ou plus romanesque, mais sans aucun doute plus nuancé que dans la plupart des récits de piraterie. Ce premier tome pose en tout cas les bases de l'histoire à travers un découpager réussi. Le passé de Soledad est éclairé à travers deux flashes back bien amenés et bien dosés. Le lecteur en sait suffisamment pour ne pas être perdu, mais dans le même temps, son imaginaire est sollicité. Quant au mélange du fantastique et de la piraterie, il semble jusqu'ici être intéressant. Bien sûr, il est difficile de se prononcer sur la qualité d'une série au vu de ces premières 46 planches. Mais c'est en tout cas bien parti.
Les enfants par Thierry Bellefroid
« Les enfants » de Stassen. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

Tout doucement, Dupuis arrive au bout de sa programmation anniversaire qui voit sortir pendant un an un album par mois dans une collection jusque là très économe. Ce rythme de parution soutenu ne nous a pas valu que des perles. Je dirais même que peu d'albums m'ont enthousiasmé depuis le printemps dernier. Depuis le « Là-bas » de Sibran et Tronchet, celui de Stassen est sans aucun doute celui qui m'a le plus touché. On connaît le travail de cet auteur au trait proche de la peinture naïve, on connaît son attachement à l'Afrique des Grands Lacs, et les causes qu'il défend, de Déogratias, paru dans la même collection, à Pawa, édité l'an dernier en noir et blanc chez Delcourt. Pourtant, on est surpris dès le début de ce livre intense par la justesse de ton et la sensibilité que développe Stassen dans « Les enfants ». En choisissant de donner à travers le dessin une foule d'éléments d'une rigoureuse exactitude mais de gommer dans le récit lui-même toute allusion à l'emplacement précis de l'histoire, Stassen la rend universelle et intemporelle. Nous ne sommes pas dans le « reportage », pas plus que dans le documentaire. Nous sommes dans la fiction. Et aussi bien aujourd'hui que demain, au Congo qu'au Rwanda, nous suivons avec émotion les pas hésitants de coopérants plus ou moins bien intentionnés dans un monde qui a perdu ses repères. Mais avant tout, Stassen nous fait entrer dans l'univers de ces enfants de la guerre, à sa manière, sans prendre de gants. La folie ordinaire et quotidienne, névrotique, obsessionnelle, schizophrénique, même. Le mensonge en guise de système de survie, qui permet à un jeune adolescent orphelin d'avoir le sentiment d'exister à travers le regard des autres garçons. La dépendance, la jalousie. Chaque dialogue, chaque situation, est pour Stassen un moyen d'aller plus loin dans cette description à la fois fictive et précise d'une génération perdue. C'est d'une efficacité sans pareille. Certains choix apparemmment anodins contribuent au succès de ce récit. Ainsi, le fait de donner la primauté à la langue locale sur la langue parlée par les blancs nous donne l'impression que ce sont les coopérants qui parlent « le petit nègre », ce qui, dans la réalité de ces enfants est tout à fait exact... et ce qui renforce donc l'identification du lecteur à ces héros. En même temps, à travers la fiction, à travers l'histoire qu'il raconte, Stassen fait en sorte que « Les enfants » n'apparaissent pas comme un livre à thèse, comme une démonstration. Et c'est là tout son talent. Un très grand livre.
Entre ciel et mer (Armandis) par Thierry Bellefroid
« Entre ciel et mer », tome 1 de « Armandis », par H. Tonton. Chez Paquet.

Pas de doute, Tonton a lu le « Peter Pan » de Loisel. C'en est même un peu gênant au début, tant la parenté graphique saute aux yeux du lecteur. Mais passé cet écueil, la lecture de ce premier volume de la série « Armandis » révèle un univers sympathique, emprunt de poésie et de beaucoup de tendresse. Sans aucun doute, un univers qui devrait plaire aux plus jeunes lecteurs de fantasy, pour autant qu'ils recherchent quelque chose de moins fantaisiste (sic) que ce que propose la concurrence dans ce genre très en vogue. Les héros adolescents devraient favoriser l'identification des lecteurs et la quête de la petite bestiole à tête de fourmi devrait les faire rêver. Il faut dire que l'univers campé par Tonton est à la fois généreux et aventureux. Une petite fille un rien intrépide qui se découvre orpheline en cours d'histoire, un garçon courageux capable de voler des bâteaux, un peuple en péril, une belle histoire d'amitié et des sentiments nobles, Tonton déroule son histoire pour faire osciller son lecteur entre rire à émotion en passant par un brin de suspense. Une belle histoire pour les 8-12 ans
Les rats dans les murs par Thierry Bellefroid
« Les rats dans les murs et autres nouvelles d'après H.P. Lovecraft », par Reinhard Kleist. Chez Akiléos.

Lovecraft a toujours plu aux auteurs de BD. Souvent cité dans leurs lectures préférées au cours d'interviews, déjà adapté à plusieurs reprises, il possède un univers qui s'adapte parfaitement au dessin et au découpage. Reinhard Kleist en apporte la preuve, une fois de plus, avec cette série de nouvelles en noir et blanc -on imagine mal un jour un Lovecraft en couleur- chez Akiléos. Jouant habilement d'une légère bichromie (il ajoute un gris clair en aplat à son trait noir), l'auteur alterne les planches purement narratives et les pleines pages concentrées sur les effets visuels. Le résultat est brillant. Chaque effet atteint sa cible. Dans « Horreur à Red Hook », la deuxième nouvelle, l'auteur joue en outre à se mettre en scène, puisque l'histoire se déroule dans l'appartement de H.P. Lovecraft lui-même. Quant au récit principal de ce recueil, « Les rats dans les murs », son titre parle de lui-même. Il s'agit ici de l'une de ces excellentes nouvelles d'horreur, où Lovecraft interroge sa propre peur et son dégoût. Chez Lovecraft, les monstres prennent toutes les apparences, la mort est parfois préférable à la vie, la peur suinte à chaque page. Chez Reinhard Kleist, c'est la même chose, jusque dans la dernière nouvelle plus dégoulinante encore que les autres. Une adaptation réussie, donc, grâce à un sens du découpage évident, mais aussi, grâce à un dessin qui combine la lisibilité à la noirceur, jouant sur les ombres et les silhouettes étirées, anguleuses, de même que sur certains regards emplis d'effroi.
Shangaï par Thierry Bellefroid
« Shangaï », par Micheluzzi. Chez Mosquito.

Après avoir publié le dernier album inachevé de Micheluzzi (« Afghanistan »), le plus italien des éditeurs français s'attaque aux quatre récits de Roscoe Stenton« Le rouquin » dessinés par un Micheluzzi au sommet de son art. « Shangaï » ouvre le bal, si l'on peut dire, et on n'est pas déçu. Le scaphandrier Stenton est loin du rôle tenu il y a quelques années par Robert De Niro au cinéma. Ici, nous sommes davantage dans l'univers des premiers Bernard Prince de Greg. Mais avec une coquetterie de l'auteur qui s'avère être l'un des ingrédients les plus intéressants de l'album : Stenton dialogue tout au long de l'histoire avec son créateur. Enfin, la plupart du temps, ce serait plutôt l'inverse, Micheluzzi s'ingénie à interpeller son héros, voire à commenter ses actions avec un humour teinté de détachement qui influence porfondément la lecture de cette histoire. Cette BD est un bon moment d'aventure exotique, emmenant le héros bien malgré lui dans une guerre de clans sur le Yang Tsé, mais elle est avant tout un bel exercice de style dans ce genre que peu d'auteurs ont réussi à maîtriser. La voix off de Micheluzzi, son style graphique épuré, les couleurs un rien démodées de l'époque font de cette aventure vieille d'un peu plus de vingt ans un très agréable moment de lecture un brin nostalgique.
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