Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

Ras l'képi (Hercule) par Thierry Bellefroid
« Ras l'képi », tome 2 de Hercule, par Yannick. Chez Bamboo.

Hercule est de retour, peut-être autant pour les nostalgiques de Pif Gadget que pour les plus jeunes. C'est vrai que le chat facétieux a conquis jadis des millions de petits lecteurs aujourd'hui devenus grands. Yannick ne s'est pas contenté de le reprendre dans Pif de 1976 à 94. Le chat créé par Arnal ayant retrouvé une certaine notoriété grâce au dessin animé, Yannick a remis le couvert. Actuellement collaborateur au Journal de Mickey, le dessinateur publie chez Bamboo son deuxième album d'Hercule. Des gags acidulés, qui sentent bon la BD d'un autre âge, même si les objets les plus modernes (hélico, avion de chasse...) s'y côtoient. Avec son éternel sparadrap sous le nez et son air enjoué, Hercule fait des farces souvent gentilles dont il est parfois la première victime, juste après le gardien de square et son légendaire juron « Bazar de Grumlot !». Rien de bien méchant, une sorte de petite famille qu'on se plaît à écouter nous raconter ses tribulations en sirotant un Citron-Grenadine...
« La force est en lui ! », tome 1 du Nouveau Jean-Claude, par Tronchet et Tripp. Chez Albin Michel.

Alors que Fluide ressort les « années romantiques » en intégrale, Jean-Claude Tergal s'offre une nouvelle carrière sous le pinceau de Tripp, l'homme qui a « story-boardé » le scénario du film imaginé et réalisé par Tronchet. Ce n'est pas une B.O. dessinée. Mais une vraie BD dans des tons chauds à la de Crécy. Jean-Claude est toujours le souffre-douleur idéal de la gent féminine, mais le « Nouveau Jean-Claude » est davantage un garçon pas très chanceux qu'un beauf incapable. Largué en amour, fidèle en amitié, Jean-Claude croise une galerie de personnages plus ou moins attachants parmi lesquels le facétieux chauffeur de taxi Jeff ou le Gang des Voleurs de Pizzas. Moins lourd que son prédécesseur, le Nouveau Jean-Claude est un loser attachant, une sorte de néo-romantique, qui fait rire de ses malheurs et collectionne les baffes dans la gueule comme des perles sur un collier. Mime statufié au parc le jour, livreur de pizzas la nuit, il semble condamné à subir la vie mais sans céder aux accès de misanthropie (ou à tout le moins de misogynie) qui affectaient son prédécesseur. On n'est plus tout à fait dans la farce, il y a de la tendresse dans tout ça !
Celui qui voit (Sam Lawry) par Thierry Bellefroid
« Celui qui voit », tome 1 de Sam Lawry, dans la collection Grand Angle des éditions Bamboo.

Après avoir réussi une belle percée sur le marché de l'humour, Bamboo revoit ses ambitions à la hausse et attaque les grands éditeurs en place sur le marché très porteur de la BD réaliste ado-adulte. A la tête de ce nouveau projet éditorial, le scénariste de ce premier album, Hervé Richez. Il quitte l'humour de « Dirty Henry » pour une histoire qui mêle les éléments d'Histoire sur le Vietnam à un zeste de fantastique. Sam Lawry s'est engagé à la suite d'une sombre histoire de cantiques dont on ne saura finalement rien au terme de ce premier album (et c'est un peu énervant parce que ça donne un côté pesant et gratuit à toutes les allusions à cette affaire, distillées au gré de l'histoire). Lawry a des visions qui lui permettent de savoir à l'avance qui va mourir parmi ses frères d'armes. Si ce postulat de départ n'est pas neuf -il a déjà souvent été employé en littérature-, son application est tout à fait à la hauteur. L'univers de Sam Lawry est crédible, l'histoire bien menée, y compris dans le rythme choisi (deux albums) et les personnages sont suffisamment développés. On regrettera parfois un côté un peu trop documenté qui sonne faussement authentique, notamment dans l'emploi de certaines expressions. Mais l'histoire ne devrait pas manquer d'intéresser un large public. Bref, même si cet album n'entrera pas dans l'histoire de la BD, il peut néanmoins rivaliser avec les productions d'éditeurs beaucoup plus gros ; qu'on pense aux collections Troisième Vague du Lombard ou Bulle Noire de Glénat. Au dessin, Mig s'en tire plutôt bien, lui aussi. C'est très clair, fluide. Il faudra en revanche que le dessinateur fasse attention aux expressions de ses personnages, trop limitées et stéréotypées, car elles ôtent une part de crédibilité à l'histoire. Le reste, ce n'est qu'une question de pratique, qui verra sans doute se corriger les erreurs de proportions et une certaine raideur dans le dessin. Mais là encore, on a vu bien moins abouti chez de grands éditeurs... Au final, une surprise plutôt agréable, donc, que devraient très vite venir confirmer d'autres albums. Le prochain scénario d'Hervé Richez dans la même collection devrait sortir en octobre et clairement loucher sur les univers actuellement explorés par les éditions Glénat avec sa collection Loge Noire ; la série s'appellera « Le Messager ».
Tabasco Blues par Thierry Bellefroid
« Tabasco Blues », par Trillo et Risso. Chez Albin Michel.

Les Argentins Trillo et Risso sont ici au sommet de leur forme. L'héroïne de cette histoire, Alejandra, devenue détective privée par déterminisme familial, est le résultat d'un excellent casting. Eduardo Risso a su lui donner une apparence chétive et grotesque à la fois, collant parfaitement au personnage de fille laide et insipide qu'avait imaginé son scénariste. Dans une New York sordide à souhait, le dessin toujours aussi efficace de Risso combiné aux idées tordues de Carlos Trillo fait merveille. Alejandra est née pour se faire marcher sur les pieds, rouler dans la farine, exploiter sa vergogne. Ce qui ne l'empêche pas de mettre les deux pieds dans la merde des autres, parfois avec plus d'inconscience que de cran. Excellente succession d'histoires policières, ce Tabasco Blues est imparable ; il explore avec délices les recoins tordus de l'âme humaine et on s'en délecte jusqu'à la dernière case. Du vrai roman noir.
Ennemis !! (Sables rouges) par Thierry Bellefroid
« Ennemis ! ! », tome 1 de « Sables Rouges », par Lukinburg et N'Karna. Chez Pointe Noire.

Un dessin d'une grande clarté, extrêmement lisible et très cinématographique. Un propos qui malgré ses côtés convenus au départ ne manque pas de captiver : « Sables Rouges » est une des séries à suivre dans le catalogue de Pointe Noire. Au départ, évidemment, ce réveil d'une espèce inconnue sur Mars dont on retrouve le cocon éventré ne peut que faire soupirer un lecteur déjà abreuvé d'histoires du genre, à commencer par Alien. Mais très vite, on s'aperçoit que les auteurs ont su profiter d'un genre a priori éculé pour développer un talent personnel. Action, suspense, « Sables Rouges » manie les ingrédients avec un certain brio, si bien qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Face à cette efficacité qui se traduit tant dans le dessin que dans le scénario, le lecteur se laisse mener tambour battant jusqu'à la dernière case et se demande ce que lui réserve la suite, qui verra s'organiser la résistance de la colonie humaine face à cet envahisseur apparemment invincible.
Les lettres de mon moulin par Thierry Bellefroid
« Les lettres de mon moulin », d'Alphonse Daudet et Mittéï. L'édition intégrale. Chez Joker.

Thierry Taburiaux, le sympathique patron des éditions Joker, continue une politique éditoriale schizophrénique qui l'amène à publier parallèlement à ses albums « coquins » des rééditions de grands classiques de Spirou et Tintin tombés dans les oubliettes de l'histoire de la BD. Après s'être pris d'amour pour Ginger, après avoir ressuscité Arlequin, Tounga et quelques autres, il publie l'intégrale de ces « Lettres de mon moulin » revisitées par le dessinateur liégeois Mittéï aujourd'hui disparu. Un travail tout en rondeur, en finesse et en amour, que celui de ce modeste artisan, ébloui par la beauté des mots et la poésie du monde de Daudet. Les années ont passé mais ce classique des classiques n'a pas vieilli. Pas plus en littérature qu'en BD, d'ailleurs. Le charme provençal, les portraits à la fois piquants et tendres : tout fonctionne encore parfaitement. Quelques histoires sont particulièrement réussies, comme « Le secret de Maître Cornille » ou « L'élixir du révérend père Gaucher ». Et bien sûr, il y a l'inévitable « Chèvre de Monsieur Seguin ». Mais il y aussi, pour conclure l'album, ce cycle corse plus noir et plus réaliste que Mittéï illustre avec autant de talent que les « Lettres ». Une oeuvre à redécouvrir. 150 pages de bonheur.
« Sam & Twitch, tome 3 », par Brian Michael Bendis et Alberto Ponticelli. Chez Semic.

Et revoilà l'un des meilleurs duo de flics de la BD américaine. Enfin, quand on dit duo, c'est de moins en moins vrai car la légiste qui vit aux côtés de Twitch a désormais plus qu'une place de faire-valoir.
Si le premier diptyque avait commencé comme une enquête policière à la « Seven », cette fois, on annonce la couleur dès le début ; Sam & Twitch font dans le paranormal. Mais pas à la manière d'un X-Files. Ici, c'est davantage de sorcellerie que de forces extérieures qu'il est question. Toutes les sorcières de New York se retrouvent dans la ligne de mire d'un étrange serial killer. Plongée dans le glauque, à la poursuite d'un fameux détraqué. Cadrages toujours aussi redoutables, dialogues ciselés et nombreux (Bendis a une manière de travailler ses dialogues qui s'apparente plus au cinéma qu'à la BD) et surtout, ce découpage hallucinant qui m'avait plu dès les premières pages du premier album. Rien à dire, la série ne faiblit pas, malgré un changement de dessinateur. Elle gagne peut-être même à nous proposer une histoire plus ramassée, en un seul tome. Le suspense est constant et les personnages jouent avec une justesse idéale.
Ange (Charly) par Thierry Bellefroid
« Ange », tome 10 de la série Charly, par Magda et Lapière. Chez Dupuis.

Il a bien grandi, Charly, depuis ses débuts dans « Jouet d'enfer ». L'un des aspects attachants de la série de Denis Lapière et Magda est justement de ne pas avoir figé le héros une fois pour toutes dans une époque. Cela permet aujourd'hui d'aborder des thèmes plus adultes. Charly rencontre sa première petite amie et Lapière n'hésite pas à faire de cette première idylle une histoire forte et « chaude ». En évitant toute vulgarité, l'auteur a tout de même réussi à amener Charly sur un terrain inattendu. Ange est une fille provocante, mystérieuse et va bouleverser la vie de notre héros, pourtant déjà différent des amis de son âge en raison de son passé. C'est justement ce passé, le personnage qu'il s'est construit au travers de ses prémonitions, qui vont attirer Ange vers lui. Mais la jeune fille cache un secret qui fait basculer le récit dans le fantastique. Peut-être Lapière amène-t-il les éléments de ce puzzle un peu trop vite dans le récit, tuant en même temps une certaine forme d'émotion. Toujours est-il que ce dixième tome prouve que le scénariste n'a pas usé toutes ses cartouches et peut encore nous surprendre.
L'oeil Fé (Algernon Woodcock) par Thierry Bellefroid
« Algernon Woodcock : L'Oeil Fé, première partie », par Gallié et Sorel. Chez Delcourt.

Il y a un petit quelque chose de Edgar Alan Poe dans cette nouvelle traduite en bande dessinée. Le climat tout d'abord. Mystérieux, puis inquiétant et enfin, flirtant de près avec le fantastique. L'écriture ensuite. Précise, pour ne pas dire précieuse, un rien désuète, sans qu'il faille prendre ce mot dans son acception péjorative. Pourtant, les auteurs fétiches de Gallié et Sorel seraient plutôt à trouver parmi les Conan Doyle et Robert Louis Stevenson. Quoi qu'il en soit, leur nouvelle série promet d'être au carrefour de la nouvelle fantastique, du roman d'aventures et de la chronique d'un médecin de campagne. Sorel plante le décor avec une justesse magistrale. Ses couleurs et ses ambiances de lande écossaise ajoutent au mystère général. Sa mise en scène vient en renfort sans étouffer ni le texte ni la lisibilité. Quant à l'histoire, elle est tout simplement passionnante et devrait entraîner le lecteur dans une succession de diptyques (quatre en tout) explorant l'étrange personnalité de ce médecin atypique, aussi intelligent qu'il est petit. Un très bon début de série !
Le mauvais oeil (Violine) par Thierry Bellefroid
« La mauvais oeil », tome 2 de Violine. Par Tronchet et Tarrin. Chez Dupuis.

Passée la ressemblance évidente du dessin de Tarrin avec celui de Conrad, on ne peut que craquer pour cette petite Violine. La voilà qui part au Zongo, à la recherche de celui qu'elle pense être son père, le roi Romuald II. L'occasion, pour Tronchet, de faire vivre à cette petite fille qui n'a peur de rien, des aventures plus exotiques que dans le premier album. Le divertissement est réussi, Violine et sa souris mettent un joyeux bordel au village zongolais avant de s'embarquer avec Kombo, le sorcier alcoolique, pour de palpitantes aventures au château (je ne vous en dis pas plus). C'est drôle, plein de trouvailles visuelles, gentiment impertinent. Les pirates du début réapparaissent un peu facilement dans la dernière page et d'autres séquences s'enchaînent un peu trop bien, mais Tronchet n'a manifestement jamais eu pour ambition d'être réaliste dans cette série. Alors, ne boudons pas notre plaisir...
« Coeurs de palmier », une aventure de Samedi & Dimanche, par Vehlmann et Gwen, chez Dargaud.

Album après album, Vehlmann nous confirme son talent. Il nous l'assène, même. On ne s'en plaindra pas. Surtout qu'avec « Samedi & Dimanche », le scénariste explore sa face tendre, drôle et poétique. Sujet de cette nouvelle aventure : le coup de foudre d'un hyper-timide. Samedi est comme Obélix, quand il est amoureux il est maladroit, hébété, mort de trac. Sur fond de révolution entre jeunes turbulents et vieux réacs, cette nouvelle histoire de lézards est un vrai bijou d'imagination et de drôlerie. On cherche vainement le talon d'Achille de ce deuxième volume. On ne le trouvera pas dans un scénario rythmé et touchant, drôle et plein d'énergie. On ne le trouvera pas davantage dans un dessin sensible, épuré et terriblement expressif. On ne le trouvera pas non plus dans les couleurs sans faute de Walter et Yuka. Samedi se prend un éléphant sur la tronche à chaque échec. Mais les auteurs aiment trop leurs personnages pour leur faire du mal. Comme dans un Tom & Jerry, tout peut arriver, rien ne fait vraiment mal, même se prendre un éléphant en pleine poire à intervalle régulier. On est plutôt dans le running-gag, le gimmick humoristique. Et c'est vrai qu'on finit par bien l'aimer, cet éléphant. Comme tous les personnages de cette petite île de papier qui nous enchantent à chaque apparition.
Peurs bleues (Edika) par Thierry Bellefroid
« Peurs bleues », Edika N°27, par Edika. Chez Fluide Glacial.

Il y a dans ce 27ème recueil d'histoires d'Edika tout ce qu'on peut attendre d'un album d'Edika. Bref, de l'absurde (beaucoup d'absurde, même), de la dérision, de l'auto-dérision, du délire total et hallucinogène, de l'imagination débordante, de la fesse, de la lippe et de la forte poitrine. Faut bien le dire, Edika ne s'épuise pas, il reste drôle et il arrive même à nous refourguer de vieilles idées en les justifiant par de savantes mises en abîme. Mais de temps à autre, sa méthode de travail anti-scénarisée peut lasser le lecteur. Les histoires partent dans tous les sens et ne s'achèvent que rarement, presque par hasard. A force, ça use un peu. Que cela ne vous empêche pas de vous ruer sur « Peurs bleues » comme sur ses 26 prédécesseurs ; on a beau savoir à quoi s'attendre, on se fait avoir à chaque fois. Et on en redemande.
Football carnage par Thierry Bellefroid
« Football carnage », par Jampur Fraize. Chez 6 Pieds Sous Terre.

Bon, je sais, la Coupe du Monde est déjà loin derrière et n'a pas laissé que de bons souvenirs, surtout en France. Mais ça n'empêche pas d'en rire. Et c'est ce que nous propose Jampur Fraize avec cet album déjanté qui ne respecte ni les règles du foot ni celles de la bienséance. Dans les matches que se livrent des équipes nationales tournées en dérision, les joueurs ont peur de salir leur maillot, mangent leur coéquipiers pour ne pas mourir de froid ou hypnotisent leurs adversaires, quand ils ne font pas fuir leurs supporters avec leurs brûlures au troisième degré. Le troisième degré, c'est exactement ce qui qualifie cette troisième mi-temps sur papier. Un album à ne surtout pas prendre au sérieux. Et à encore moins prendre pour une ode au foot.
Passion (Flamenco) par Thierry Bellefroid
« Flamenco », par Santos de Veracruz et Jorge Zentner. Chez Casterman.

Paru en même temps que sa nouvelle création en compagnie de Pellejero, ce one-shot de Zentner mérite amplement une lecture. Peut-être le dessin très pictural et bariolé de son complice Santos de Veracruz rebutera-t-il quelques lecteurs. Ils auraient tort de ne pas pousser plus loin. Cette tragédie lumineuse est racontée en expert par Jorge Zentner ; il ménage ses effets, donne de la profondeur à ses personnages, à leur malheur et leurs tourments. C'est toute l'âme espagnole -et principalement celle du flamenco- qu'il a réussi à emprisonner dans ces quelques pages. Dévotion -pour ne pas dire superstition-, fierté, fidélité et jalousie se partagent la vedette. Mais aucune ne peut rivaliser avec le destin. Et encore moins avec le chant de la mort, contenu tout entier dans ce livre tendu comme un archet.
« La lettre », tome 16 de Jérôme K. Jérôme Bloche. Par Dodier. Chez Dupuis.

Jérôme est en prison. Comme Largo Winch. Et comme lui, il y a fort à parier qu'il n'a aucune raison de s'y trouver. Du coup, Jérôme peut difficilement mener lui-même son enquête. Et il doit remettre son destin entre les mains de Babette. Excellente idée qui permet à Dodier de varier sa partition. Babette, détective privée par amour, peut évidemment explorer d'autres voies que son distrait fiancé. Et renouveler la série sans en avoir l'air. Tout cela donne un coup de frais à cet album qui bénéficie avantageusement de la longueur choisie par l'a uteur pour raconter son histoire. En faisant un diptyque -comme Largo Winch, décidément-, Dodier creuse davantage la psychologie de ses personnages et leur donne une épaisseur bienvenue. On ne s'en plaint pas et on achève la lecture de ce seizième album avec le sentiment d'avoir accompli un bout de chemin avec de vieux amis.
Les contes de par-ci par là par Thierry Bellefroid
« Les contes de par-ci par-là », par Escaich, Chen et Marazano. Chez Pointe Noire.

Qu'elle est mignonne, cette BD qui nous présente deux enfants qui n'arrivent pas à dormir parce que leur papa a oublié de leur raconter une histoire et qu'une gentille fée prend en charge. Elle les amène de conteur en conteur, en l'espoir de trouver celui qui parviendra à leur faire trouver le sommeil. Mais Lolo et Lola restent désespérément éveillés. Ca vous dit quelque chose ? Eh oui, c'est un peu le principe des « Contes des Mille et une nuits ». Mais Escaich a su le renouveler totalement et nous livrer par la même occasion un condensé de quelques contes qui empruntent chacun à une culture différente ses propres codes et façons de raconter. C'est vraiment très réussi, sans doute l'un des livres pour enfants les plus sympas de ces derniers mois. D'autant qu'il y a beaucoup d'humour dans tout ça. Le dessin est directement adressé aux enfants : rond, naïf, drôle ; il devrait les ravir !
« L'odyssée du temps - La pierre bleue, tome 2 ». Par Peroz et Graveline. Chez Paquet.

Tom, Stel et Solana -sans oublier Tago, le petit robot volant- continuent leur périple sur une île bien étrange où ils ont échoué au lieu de « L'île Verte » où ils devaient passer quelques semaines au contact de la nature comme tous les enfants de leur âge. Et ils découvrent le pouvoir stupéfiant d'une pierre qui leur permet d'effectuer des sauts temporels. Michèle Graveline, la scénariste, continue cette oeuvre aux accents de Robinson Crusoë du XXIème siècle en BD avec la même légèreté que dans le premier album. Destinée aux 8-12 ans, cette bande dessinée allie poésie, aventure et respect de la nature, puisque c'est l'un des thèmes centraux du projet, soutenu par la Fondation Nicolas Hulot. Au dessin, Maxime Peroz privilégie la lisibilité. Les ados trouveront forcément ça un peu ringard mais les enfants devraient accrocher et poursuivre l'aventure sur une site internet qui leur est entièrement dédié.
« Enfantillages », tome 3 de la série « Le meilleur de moi », par Dumez et Colonel Moutarde. Chez Dupuis.

Le premier m'avait séduit, le deuxième m'avait lassé, le troisième m'emballe. Dumez a choisi de s'éloigner des souvenirs d'adolescence et de la collectionnite aiguë pour se pencher sur les quelques moments de la vie quotidienne qui méritent d'être racontés avec humour. Et de l'humour, il en a. Comme il n'est pas le seul et que Colonel Moutarde ajoute beaucoup de second degré dans sa mise en images de ce carnet de bord du quotidien décalé, on se retrouve au final devant un excellent album. Un ton léger, sans prétention, qui vient confirmer la très bonne impression laissée par une couverture réussie. L'histoire la plus drôle est sans doute « Comédie en sous-sol ». En six pages, Dumez raconte comment un emplacement de parking inoccupé dans les sous-sol de votre immeuble peut vous pourrir la vie. « Enfantillages » est peut-être le plus réussi des trois albums de la série, c'est en tout cas le plus accessible et sans doute celui sur lequel la complicité entre Dumez et Colonel Moutarde est la plus évidente.
Table rase par Thierry Bellefroid
« Table rase », par Thomas Thorhauge, chez Rackham.

Labellisé « Meilleur album de bande dessinée de l'année 2001 » au Danemark, Table Rase a été comparé là-bas à un premier équivalent local à des oeuvres comme « L'ascension du Haut-Mal » ou « David Boring » (enfin disponible en français chez Cornélius, soit dit en passant). A la lecture de cet ouvrage en noir et blanc traduit en français par les éditions Rackham, on peut considérer que les critiques danois se sont peut-être enflammés un peu vite. C'est vrai, il y a une profondeur dans cette histoire qui place Thomas Thorhauge parmi les auteurs à suivre. Le chassé-croisé que se livrent la petite Petra et l'amnésique Mesmer permet de beaux moments. Mais il y a beaucoup d'incohérences dans ce scénario. Le personnage de « méchant » tenu par un certain Zimmermann sort un peu trop facilement de sa boîte et plusieurs scènes sont difficiles à comprendre à la première lecture. Il n'empêche, le propos est intéressant et une petite plongée dans la BD scandinave n'a jamais tué personne. Alors, si vous êtes curieux de savoir ce qui se produit au-delà des frontières de la francophonie, tentez l'aventure. Ces 80 pages en noir et blanc très stylisé, à l'américaine (on pense par exemple à Terry Moore en moins élégant tout de même) ne manquent pas de charme.
L'alliance (Les Aquanautes) par Thierry Bellefroid
« L'alliance », tome 3 des Aquanautes. Par Mallié et Parnotte. Chez Soleil.

Dans toute série, il y a toujours ce que le lecteur un peu déçu appelle un « album de transition ». Ce qui ne l'empêche généralement pas de trouver du plaisir à le lire, ni de garder un intérêt pour l'intrigue et la série elle-même. C'est un peu le cas ici, en ce qui me concerne. Ce troisième volume apporte pourtant des éléments neufs, dont le moindre n'est pas de nous révéler qui sont les meurtriers en série à l'oeuvre dans Physalia depuis le premier album. Peut-être le lecteur sent-il juste un peu trop le temps qui passe, peut-être attendit-il en roue libre qu'on lui apporte la solution, une issue à cette histoire angoissante. Les profils des protagonistes restent soignés, de même que la mise en scène. La relation entre Mikky et Nando est également en constante évolution et nourrit l'album. Quant au suspense, il demeure entier ; la dernière planche relance d'ailleurs totalement l'attention (autant que la tension) du lecteur. Joël Parnotte nous a habitué a ses personnages de caricature -petit corps, grande tête- mais il en remet peut-être parfois un peu trop ici, ce qui ne correspond pas nécessairement au côté oppressant du scénario. En revanche, ses scènes sous-marines sont très efficaces et son découpage reste parfait.
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