« Les liens du sang », tome 4 de la série « Le Tueur ». Par Jacamon et Matz. Dans la collection « Ligne Rouge » des éditions Casterman.
Ca bouge, chez Casterman. On a l'impression que l'éditeur a enfin digéré son double rachat et que les errances éditoriales sont passées. La plupart des séries ados-adultes sont regroupées sous le label « Ligne rouge ». Les mauvaises langues diront que comme ça, tout le monde aura son « Repérages » ; Le Lombard avec « Troisième Vague », Bamboo avec « Grand Angle », etc... Mais soyons positifs et saluons un choix éditorial manifestement guidé par davantage de cohérence que feu la collection « Nouvelles Têtes Fortes Têtes »... dans laquelle se trouvait d'ailleurs l'un des séries de « Ligne Rouge », « Mon nom n'est pas Wilson ». C'est vrai que regrouper Fog, Baldwin, Les coulisses du pouvoir, Le cercle des sentinelles et Le Tueur, par exemple, n'est pas une idée idiote, loin de là. Cela n'empêche pas l'un ou l'autre erreur de casting de gâcher cette belle impression. Mais ne nous attardons pas sur les séries les moins prestigieuses de ce nouveau catalogue de collection et allons droit au but.
Le Tueur poursuit sa route, fidèle à son univers et à ses objectifs initiaux. Ou on accepte le récit désabusé, cynique, parfois réac et machiste du héros de Jacamon et Matz, ou on passe sa route. Si on entre dans leur jeu, il faut bien reconnaître que ce nouvel album est au moins aussi réussi que les précédents. L'histoire se corse, le récit se déroule en partie en flash-back et informe le lecteur avec une certaine intelligence, les personnages secondaires prennent de l'ampleur et viennent changer, quelque part, le regard du Tueur sur le monde qui l'entoure. Toujours violent -et même plus que jamais puisque le Tueur s'interroge lui-même sur un acte de violence qu'il n'avait jamais commis auparavant-, le récit est aussi peut-être plus introspectif. La voix off est en tout cas très présente, sans jamais amener le lecteur à s'ennuyer. Quant au dessin de Luc Jacamon, on le préférait moins informatisé, mais il reste d'une qualité irréprochable. Jouant parfaitement de la verticalité et de l'horizontalité pour amener des effets sur les scènes d'action comme sur les visages en gros plan, il sombre peut-être un peu trop souvent dans l'hyper-réalisme qui rapproche trop le dessin de la photo. Dommage, car à ce petit jeu, la BD est perdante à tous les coups.